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KLAP, MARSEILLE LES JOURNALISTES! PAS CONTENT

Le Nouvel Observateur insulte la danse.

A la lecture du dernier article du «journaliste» Raphaël de Gubernatis, j’ai la nausée. Il me l’avait déjà donnée en 2011 alors qu’il tenait des propos racistes en «critiquant» un spectacle de Faustin Linyekula (lire: l’article incacceptable de Raphaël de Gubernatis)

Lors d’une soirée en févier dernier à Klap, Maison pour la danse à Marseille, il fut l’envoyé spécial du Nouvel Observateur. Deux spectacles furent proposés au  public : «My way», une création de Michel Kelemenis (directeur de Klap) présentée à 19h et «Christoffa» de Davy Brun à 20h30.  L’analyse minutieuse de l’article ne m’a pas échappé tant je suis extrêmement vigilant sur cet homme sulfureux, craint et détesté, qui a sa carte de presse et tous les honneurs qui vont avec.

Dès le début de l’article, Raphaël de Gubernatis se retient de vomir. Mais il a le hoquet. «Quelques mois après son inauguration, la Maison pour la Danse, située à Marseille, vit à plein régime. Le vaste hall d’entrée qui dessert les deux salles de spectacles (l’une d’entre elles, possédant une magnifique scène, attend que l’on soit en fonds pour garnir de sièges les gradins) est plein de monde. On présente ces jours-ci, en avant-première, un ouvrage de Michel Kelemenis dont l’opiniâtreté et la présence à Marseille depuis des lustres sont à l’origine de l’établissement, mais aussi l’essai d’un ancien danseur du Ballet de Lyon qui se lance dans la création chorégraphique.». J’informe les lecteurs que ce journaliste paresseux n’a pas assisté à la représentation de Davy Brun (qu’il ne nomme même pas, le qualifiant par son ancien statut de danseur). Certes, la salle de création de Klap n’a pas encore de sièges et je m’en réjouis. Enfin un lieu qui n’aligne pas les spectateurs où rien n’est permis! A Klap, on peut s’étaler pour admirer la danse et se laisser aller. Mais Monsieur de Gubernatis est probablement habitué aux fauteuils moelleux qu’il confond avec des chaises à porteurs.

Son hoquet vagal se poursuit :

Ce sont là deux des fonctions assignées à cette Maison pour la Danse commanditée par la Ville de Marseille : abriter les spectacles de son instigateur, mais plus encore ceux produits par les nombreux artistes chorégraphiques que l’on qualifiera “d’intérêt local”, et qui se sont multipliés à Marseille comme dans le reste de la France. L’avenir dira si la Maison pour la Danse n’est pas plus belle que les productions de ceux qui vont en bénéficier.»

Je vous laisse apprécier l’appelation «intérêt local». C’est le propos réactionnaire d’un journaliste qui disqualifie les programmes de décentralisation culturelle. Ignore-t-il que les grands chorégraphes français ont souvent débuté en région ? Qu’aurait-il écrit en 1979 sur  Jean-Claude Gallotta qui fonda à Grenoble, le Groupe Émile Dubois pour s’insérer en 1981 dans la Maison de la Culture de Grenoble? Comment peut-il qualifier Michel Kelemenis d’ »instigateur» de Klap alors qu’il en est l’inventeur, le bâtisseur (il le sait puisqu’il était présent à la conférence de presse d’octobre 2011 lors de l’inauguration de la Maison)? Cet homme maltraite les mots, car il ne peut écrire avec raison.

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Alors qu’il aborde «My way», Raphaël de Gubernatis commence à se vomir dessus :

«Visiblement ébloui par la grâce juvénile du jeune homme, Benjamin Duc, lequel a des atouts pour devenir plus tard un bon, voire un excellent danseur, Michel Kelemenis a l’imprudence de le précipiter dans un rôle qui n’est pas de son âge».

Je note d’emblée la mauvaise orthographe du danseur (il s’agit de Benjamin Dur). Lapsus révélateur qui le voit métamorphoser un danseur en duc (duc, du latin dux, ducis signifiant « meneur, chef », est le titulaire d’un titre de haute noblesse attribué par plusieurs monarchies européennes depuis le Moyen Âge). Premier éblouissement.

«On ne demande pas à un garçon sortant visiblement de l’adolescence d’assumer un rôle de séducteur avec le cynisme que cela induit. Benjamin Duc a la gaucherie, et sans doute l’innocence de son âge. Le jucher sur le haut tabouret d’où il joue brièvement un rôle de créature aguicheuse propre à l’univers du cabaret;  le faire se dévêtir sur scène et du coup porter le spectateur à une position de voyeur : voilà qui semble malsain. Ce jeune homme est bien trop vert, bien trop immature, comme danseur et comme acteur, pour assumer le rôle qui lui est dévolu. C’est le déflorer que de l’y pousser.»

Raphaël de Gubernatis a des pulsions qu’il ne contrôle plus. Entendons-nous bien. Cela m’arrive d’avoir d’étranges pensées lors d’un spectacle de danse. Mais cela relève de mon intimité, de ma relation à la scène, au corps. Il me faut en général quelques secondes pour revenir au propos. Or, dans le cas présent, Raphaël de Gubernatis est si ébloui par la beauté dure de ce garçon qu’il ne se contrôle plus jusqu’à perdre tout sens critique et accuser Michel Kelemenis de pédérastie. Mais qui donc avez-vous défloré, monsieur De Gubernatis, pour que ce souvenir vous aveugle ?

Ce n’est pas fini. Son délire se poursuit. Il s’imagine tête de réseau d’agents artistiques sulfureux :

«Et devant ces trois jeunes gens, trop frais, à la technique non encore maîtrisée totalement, on ressent le même malaise que devant ces petits garçons qu’on avait coutume, naguère, dans certains milieux populaires, de déguiser en petits adultes, ou devant ces fillettes que l’on laisse s’habiller en femmes et qui singent inconsciemment la vulgarité de leur mère.»

De mon expérience de spectateur de danse, je n’ai jamais lu un article aussi dégueu
lasse, mal écrit, à la rhétorique réactionnaire et obscène.

J’accuse formellement le Nouvel Observateur de détester la danse pour laisser ce journaliste de caniveau insulter artistes et spectateurs. J’informe ici programmateurs et chorégraphes « institutionnels » que je ne resterais pas inerte dans le cas où vous lui réserveriez, en ma présence, quelques privilèges qu’il vous réclame probablement à corps et à cris.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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L’article inacceptable de Raphaël de Gubernatis dans le Nouvel Observateur

À l’attention de Laurent Joffrin, directeur du Nouvel Observateur..

Monsieur,
Nous sommes plusieurs spectateurs, lecteurs, artistes, à être infiniment choqués par le ton et la teneur des propos tenus par le critique Raphaël de Gubernatis(1), dans les colonnes de votre journal, à propos de la pièce de Faustin Linyekula, «Pour en finir avec Bérénice» jouée au Théâtre de Chaillot à Paris.
Il ne s’agit pas de défendre le spectacle (parmi nous certains l’ont apprécié, d’autres pas du tout), mais de dénoncer un état d’esprit qui permet à Éric Zemmour, à Jean-Paul Guerlain et à John Galliano de déborder pour polémiquer. Cet article est réactionnaire parce qu’il prend racine dans un paradigme que l’on aimerait dépassé. C’est une pensée raciste, dans le sens où elle admet une hiérarchie des cultures : «Il est assurément de notre devoir d’Européen de tendre la main et d’aider avec vigueur des artistes issus de pays comme le Congo qui ont traversé une guerre effroyable du fait de leurs propres tyrans». Cette phrase est inacceptable. Elle sous-tend qu’un artiste congolais, africain ne peut être programmé parce qu’il est talentueux. Pourquoi toujours renvoyer les créateurs «africains» à leurs origines ? Les Européens auraient donc un devoir envers eux comme le sous-entendait Jules Ferry lorsqu’il justifiait la colonisation : «Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures.».
La suite n’est pas plus brillante. Raphaël de Gubernatis affirme (sans conditionnel) que le Théâtre de Chaillot n’a pu annuler ces représentations par le jeu des coproductions, ce qui sous-entend que la structure ne défend pas le spectacle. C’est une accusation grave. D’où tient-il cette  “information» ?

Si le spectacle est raté pour certains, pourquoi ne pas le considérer simplement comme tel ? Certes Faustin Linyekula évoque son pays, à partir de son histoire. Mais tous les artistes le font. Il parle d’en finir avec Bérénice, comme symbole de la violence de la colonisation par le langage et montre la difficulté à dire cette langue imposée. Monsieur de Gubernatis n’a pas compris le spectacle : il en a le droit. Mais sa position autorise-t-elle à un tel  mépris de l’artiste jusqu’à écrire un pamphlet malodorant ?

Nous sommes d’autant plus choqués que cet article est sur le NouvelObs.fr. Tous les commentaires ne sont pas publiés et l’auteur ne répond pas à ses contradicteurs. La liberté d’expression des lecteurs n’est pas totalement respectée privant  Monsieur de Gubernatis d’échanger pour être plus constructif.

Nous vous demandons d’ouvrir le dialogue avec vos lecteurs et d’autoriser toutes les contributions, sans censure, afin d’être en cohérence avec les valeurs de démocratie et de respect dont se prévaut votre journal.

Il en va de la vitalité de notre démocratie postcoloniale.

Nous vous prions d’accepter, Monsieur, l’expression de nos salutations les plus distinguées.

Eva Doumbia, metteure en scène.

Pascal Bély, spectateur, Le Tadorne.

 

(1) Spectacle : Pour en finir avec la complaisance

Il est assurément de notre devoir d’Européen de tendre la main et d’aider avec vigueur des artistes issus de pays comme le Congo qui ont traversé une guerre effroyable du fait de leurs propres tyrans, sans doute soutenus en sous-main par des intérêts occidentaux. Ces artistes assurément sont le signe d’un espoir de dignité retrouvée et de recul de la barbarie. Et ils ont droit à toutes les attentions comme aux aides que nous pouvons leur fournir.

Un trio miraculeux

Parmi ces artistes, le Congolais Faustin Linyekula bénéficie de la bienveillance multipliée des milieux culturels français. On l’avait naguère découvert lors des premières Rencontres chorégraphiques africaines, alors organisées à Luanda (Angola) par “Afrique en création”, et depuis reprises par Cultures France. C’était en 1988 et il apparaissait, sous les couleurs du Kenya, avec le mime Piyo Okach et la danseuse Afrah Tenanbergen dans un miraculeux trio tout baigné de poésie dont la beauté et la spiritualité avaient alors bouleversé et laissaient entrevoir un fabuleux renouveau pour la danse africaine. Ce renouveau a existé, il a permis l’émergence de remarquables personnalités, mais on en a découvert désormais les limites lors des dernières et désastreuses Rencontres chorégraphiques qui se sont déroulées à Bamako (Mali) en automne dernier.

“Bérénice”

Faustin Linyekula, quant à lui, après avoir été convié à monter une “Bérénice” de Racine à sa façon, pour la Comédie française (Studio du Louvre), une “Bérénice” conçue de façon assez gratuite, il faut le dire, et qui a horrifié bien des spectateurs, Faustin Linyekula s’est vu invité par le Festival d’Avignon 2010 à donner un spectacle joué par les jeunes gens avec qui il travaille à Kisangani, au nord-est de la république “démocratique” du Congo.

Piètres débutants

Le travail qu’il y mène est sans doute honorable. Plus que cela, essentiel dans un pays où la guerre a ruiné la société et la culture. Et il est sans nul doute important qu’on l’aide en ce sens. Mais fallait-il faire venir en Europe ce spectacle conçu par Faustin Linyekula et donné par des “comédiens” qui ne sont jamais que de piètres amateurs ou alors des débutants sans talent particulier ?

N’y a t il pas une frontière à maintenir entre travail social, aussi remarquable soit-il, et travail artistique présenté dans de hauts lieux du théâtre?

Exécrable

Le spectacle de Faustin Linyekula, intitulé “Pour en finir avec Bérénice”, et dont il serait trop long d’évoquer ici les sources, ce spectacle est tout simplement exécrable. La dramaturgie comme la mise en scène n’offrent aucun intérêt, ou alors tellement mince ;  la partie chorégraphique interprétée par le metteur en scène et chorégraphe est parfaitement insipide et s’insère dans le spectacle sans nulle pertinence. Quant aux “comédiens”, ils sont proprement atterrants. Il s’agit là d’un travail de patronage où les quelques vers de Racine qui  subsistent sont massacrés, ânonnés de façon affligeante par des “acteurs” qui font peine à voir et dont il est proprement indécent d’exhiber la faiblesse en public. Cela de surcroît dans le cadre d’un festival de théâtre qui se veut le plus brillant du monde. Et aujourd’hui dans celui du Théâtre de Chaillot.

Cycle infernal

Le cycle infernal des coproductions conduit effectivement ce désolant spectacle à être présenté au Théâtre de Chaillot qui n’a pas pu, ou pas osé, l’annuler. On va demander à des gens de payer (ou ils seront invités) pour voir du travail d’amateurs sur une dramaturgie immature. Car tout cela est d’un niveau proprement infantile. Et tout cela se fait avec la coupable complaisance de milieux culturels où l’on raisonne (si l’on ose employer ce mot) de façon démagogique ou sentimentale ou condescendante, sans imaginer qu’exhiber ainsi des Congolais dans une situation aussi défavorable ne fait que renforcer les préjugés dont on accable déjà l’Afrique et ses habitants.

Raphaël de Gubernatis – Nouvelobs.com