Ce rendez-vous des Offinités publiques au Festival Off d’Avignon est notre projet de spectateurs. Depuis 2005, à travers ce blog, nous nous glissons dans le paysage culturel français, non sans mal, mais avec détermination. Comment nous faire entendre, nous, masse anonyme, qui applaudissons, faisons la queue, achetons, achetons…? Comment faire entendre un regard critique en dehors des logiques promotionnelles et des jeux de pouvoir qui freinent l’expression? Car le regard critique (qui ne consiste pas à dénoncer, mais à relier pour questionner le sens), est capital pour un jeu démocratique ouvert, pour un art vivant. Car il n’y a pas de spectacle vivant sans regard critique. Comment nous faire entendre dans le brouhaha du marché où le slogan réducteur fait office de pensée, où la communication consiste à nous empêcher de communiquer?
Ce rendez-vous, ce sont nos Offinités, à lire dans tous les sens, du off dans du on, du in dans du off. Nous l’avons construit à partir de nos questionnements nés de rencontres avec des spectateurs et des artistes. Nos Offinités nourriront l’utopie de Jean Vilar pour qui «le public est l’artisan de son théâtre».
Ce rendez-vous, c’est notre ciel d’Avignon. Le seul regard vertical ne suffit pas pour le scruter. Car notre ciel, est horizon. Il est profondément horizontal. Il est nuage qui englobe…il est étoile qui file pour relier…il est éclair pour éclairer…il est matière pour donner du fond aux formes…il est un cadre pour le contourner…
Je suis arrivé le vendredi 5 juillet. En quittant ma voiture, un passant m’a lancé : « bienvenu au Tadorne ! ». J’y ai vu un signe. Du ciel? Non… plutôt de la terre d’Avignon que j’ai tant labourée depuis des années, grâce à ce blog. Depuis cinq jours, mon ciel d’Avignon est celui d’une pensée en mouvement. D’abord avec Angelica Liddell au Festival In. Elle seule peut, à partir de son corps d’actrice, mettre en scène le monde tel qu’il va et ne va pas. Elle seule peut exprimer la douleur intime pour évoquer la douleur du monde. Elle relie l’esprit et la matière du corps. C’est cela mon ciel d’Avignon…A côté d’Angélica, j’ai rencontré deux jeunes femmes évoquant notre histoire commune (celle de la France en Algérie) dans « Je vous ai compris », actuellement à la Manufacture.
Mon ciel d’Avignon, c’est une farouche détermination à ne pas me laisser enfermer dans des logiques mortifères. A faire le pari d’un théâtre qui se régénère à partir du chaos ambiant pour nous offrir une utopie joyeuse à l’image de ce jeune collectif (la compagnie NivaTyep dans « Quelque chose de commun » à l’Adresse).
Mon ciel d’Avignon se dévoile peu à peu. Jeudi 11 juillet, ce sera une journée avec les tout-petits et les professionnels de la toute petite enfance actuellement en formation. Vendredi, ce sera un parcours avec des spectateurs du matin à minuit.
Avec ces Offinités Publiques, mon ciel d’Avignon va s’horizontaliser…parce que vos nuages porteurs de sens vont me relier un peu plus à cet art qui se régénère par la rencontre, par ce geste, celui d’aller vers…sans savoir toujours où…
Mon ciel d’Avignon, est fondamentalement composé d’un off dans du in vers du on…
Car le poids est dans l’air,
Car le minéral solide s’oppose au gaz et crée une nouvelle matière,
Car l’esprit est dans la matière,
Car des paroles parsemées, par l’effet du collectif réuni, forment un paysage d’ombres et de lumières.
Pascal Bély – Le Tadorne – 10 juillet 2013, 11h30
Quelques paroles de spectateurs au cours de l’Offinité Publique du 10 juillet…
«Ici, à Avignon, la force des femmes et leur capacité à faciliter la remise en question des hommes est perceptible dans «Oléanna» à 12h30 au Théâtre Girasole. »
«Au théâtre, le miroir se brise…on peut aller voir derrière ce qui se passe»
« Mon premier coup de cœur du festival : Zabou Breitman au Chêne Noir à 18h dans «La compagnie des spectres». Sa performance est époustouflante. Sur un tout autre registre, «Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux» de Natéi Visniec décrit avec justesse les affres de la guerre civile en ex-Yougoslavie. L’interprétation des acteurs est magistrale.»
«Aller au théâtre, c’est se densifier, se dissoudre, s’infuser…Justement, dans “Quelque chose de commun“, des comédiens jouent aux danseurs…au départ, on ne sait pas très bien où l’on va…puis on se dissout totalement avec eux, dans leurs mouvements, leurs gestes…leurs mots»
Les spectacles évoqués et fortement conseillés par les Tadornes et les spectateurs présents.
«Le mardi à Monoprix» par la compagnie Le Théâtre Dû – Grenier à sel-13h05- p 219.
«Je vous ai compris» par la compagnie Groupov- La Manufacture- 11h – p 261.
«Quelque chose de commun» par la compagnie Nivatyep – L’Adresse – 21h25 p 30.
“SMATCH[1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré” par le Corridor -Théâtre des Doms- 17h30 p 173
«Silence encombrant» par la compagnie Kumulus – La Manufacture- 18h30 p 263
«Pinocchio» par la compagnie Caliband Théâtre – Présence Pasteur – 12h20 p 311
«Frozen» par la compagnie Théâtre du Centaure- Présence Pasteur – 10h30 p 311
«Oléanna» à 12h30 au Théâtre Girasole- P 210
«Qui sommes je ?» de Ludor Citrik – Espace Vincent de Paul – Île Piot- 15h30 – P 196
«Les beaux orages qui nous étaient promis» – Collectif Petit Travers – Espace Vincent de Paul – Île Piot- 17h – P 196
«Le mot progrès dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux» de Natéi Visniec – Théâtre des Lucioles – 11h30 – p 242
«La compagnie des spectres» avec Zabou Breitman- Chêne Noir – 18h- p 132
« Bruits d’eaux» – Théâtre Alibi – Au Girasole – 15h55 – P 210
«Gerro, Minos and Him (version courte)» de Simon Tanguy, Roger Sala Reyner et Aloun Marchal – La Parenthèse – 10h – Jusqu’au 14 juillet. P 284
Retrouvez toute la sélection du Tadorne, ici.
Les prochains rendez-vous avec les Offinités publiques.
11 juillet, 16h, « Le grand off du tout-petit » par les professionnels de la toute petite enfance du réseau « Art et tout-petit »
12 juillet du matin à minuit, «Une performance de spectateurs».
Rendez-vous à 10h au Village pour vivre un parcours avec les spectateurs Tadorne (tarifs d’entrée entre 6 et 8 euros)
10h40 – La Manufacture – « Discours à la Nation » d’Ascanio Celestini
15h55 – Le Girasole – « Bruits d’eaux » – Théâtre Alibi.
17h55 – La condition des Soies – « Absente: rendez-vous avec Sophie Calle » de Shakespeare’s Wild Sisters Group.
19h50– Présence Pasteur – « La jeune fille et la morve » de Brigitte Nielsen.
21h45 – La Manufacture – « Nightshots 4″- Compagnie Akté.
14 juillet à 11h30, le retour sur notre performance de spectateurs du 12 juillet Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre – Tadornes.