Les premières notes de la partition de John Cage, interprétées par le violoncelliste Loren Kiyoshi Dempter, fusent et les pensées vont à Merce Cunningham. Cage-Cunningham-Bokaer s’immisce dans cette relation d’autant plus que la pièce pose le postulat de l’héritage et d’une filiation assumés de la danse de Cunningham. Jonah Bokaer prend appui sur ces bases pour les réinterpréter à travers les oeuvres de Lee Ufan. «On Vanishing» est bien plus qu’un solo. Il place le spectateur devant un retable que l’on ouvre et ferme à volonté, laissant apparaître le mystère d’une combinaison mêlant le lieu, l’espace, le temps et le je(u).
Jonah Bokaer se fait sculpteur, modélisant les oeuvres pour inclure le public dans cette spirale. Il se fait le guide de l’exposition ; il est le lien qui nous lie au tout. La nudité de l’espace accentue ses gestes vifs et précis. Il est leur double, il est leur continuité. Les oeuvres de Lee Ufan prennent vie, passant de l’état minéral à une matière organique en mouvement d’où naît l’instant fragile qui fait vaciller le spectateur dans l’état contemplatif devant une sculpture métamorphosée à volonté.
Des oeuvres au chorégraphe, au violoncelliste présent sur le plateau, le regard capte les variations d’intensité, les vibrations rendues palpables pour nous livrer une lecture globalisante d’une oeuvre d’art qui continue à vivre dans la pensée.
Laurent Bourbousson – Le Tadorne.
«On Vanishing» de Jonah Bokaer est présenté à la maison Jean Vilar, Avignon, dans le cadre du festival Les hivernales jusqu’au 3 mars à 13h00.