Ce soir-là je m’aventure vers un lieu encore inconnu, je trouve à l’arrivée un accueil chaleureux dans un tout petit endroit bien sympathique.
La proposition de Bruno Dairou est de qualité. Un théâtre du je, de l’implication, de celui qui ne cède pas à combattre encore. Deux textes, « Les cimetières du nord » et « C’était hier », très beaux, on pense à Koltès. Deux excellents comédiens, Laurent Ciavatti et Antoine Robinet portent le premier, ils nous baladent au-delà de la ville avec brio. Dans le second Antoine Robinet incarne seul un propos engagé, il habite les mots qui sortent à notre adresse dans un jeu sans esbroufe.
S’il est là, question de différence, de celle qui porte des hommes à aimer d’autres hommes ; ce qui prime, à l’écoute et au souvenir, est d’un ordre bien plus large. On entend ici le rapport à l’autre, on reconnaît la fragilité de ce qui pourrait ouvrir ou fermer le désir, on entend les chemins de la violence, de la tendresse et de la dignité. On perçoit au-delà des failles, des blessures, des peurs et des différences, la nécessité d’un être ensemble, essentiel pour que les arbres puissent encore pousser et qu’au-delà des murs on entende toujours un lieu où rentrer chez soi.
Ne vous arrêtez pas au sous-titre « Chroniques des temps de Sida », ces deux textes méritent qu’on ne les réduise pas à cet aspect, ni même à un choix de sexualité et qu’on ne réserve pas leur porté. Laissez-vous plutôt aller à ce que le vent peut murmurer à votre oreille ce soir-là…
Pour finir, un petit «conseil », pour « C’était hier » évitez le premier rang, assis là, on prend le risque de se laisser happer par la beauté du comédien…
Bernard Gaurier – www.festivalier.net
« Parce que ce soir-là il y avait du vent » de Bruno Dairou au Vieux Balancier à 23h jusqu’au 31 juillet 2010.