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ETRE SPECTATEUR L'IMAGINAIRE AU POUVOIR LES FORMATIONS DU TADORNE

“Dis-Sème le Service Public du Théâtre!” : prototype à l’intention des spectateurs, des artistes et des professionnels de la culture.

Lorsque le 1er janvier 2014,  Marie-José Malis, metteuse en scène, fut nommée à la Direction du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, tous les contributeurs du Tadorne furent confiants dans sa capacité à réinventer le lien entre le théâtre et le peuple.

Forts de nos métiers et de nos expériences, nous étions prêts à l’accompagner dans cette tâche. Deux rendez-vous avec elle, des heures de travail d’échanges et d’écritures, donnèrent naissance en février 2015 à la formalisation d’un prototype que nous décidons, un an après, de rendre public. En effet, Marie-José Malis ne donna pas suite à cette proposition de travail que nous estimons essentielle au regard de la fracture abyssale entre les politiques dites culturelles et l’état moral de notre société.

Nous vous proposons ce prototype. Pour le soumettre à votre regard. Pour qu’il circule.

Pour qu’il se dis-sème…

Un avant-propos

Le prototype « Dis-Sème la Commune ! » se propose de nouer de nouvelles interactions entre le Théâtre de la Commune et les habitants d’Aubervilliers.

Dire-Semer, c’est mettre en jeu la parole et le geste, le sens et la semence, la culture et la nature, le maintenant et l’horizon. C’est concevoir un schéma de type nouveau, un prototype à venir, de relation créatrice et bourgeonnante, artistique et politique.

Politique parce qu’il s’agit de faire venir au théâtre des personnes qui n’y vont pas alors qu’elles y ont toute leur place.

Artistique parce qu’il s’agit de faire oeuvre de ce mouvement.

Nous proposons d’orienter ce projet vers une ou plusieurs structures sociales, aux prises avec des problèmes réels, concrets, que peuvent vivre certains habitants d’Aubervilliers. Ce pourrait être des structures d’accueil, éducatives, de prise en charge de la précarité, de la petite enfance…toutes celles qui font de l’humain un enjeu central et qui, pour cela, sont ouvertes à des questionnements innovants.

Par cette mise en relation, nous pensons donner au théâtre la dimension la plus noble : celle du « soin » de l’esprit et du corps. La créativité au service du corps social.

Librement inspiré de La Dissémination de Jacques Derrida, ce projet envisage de disséminer le Théâtre de la Commune dans la ville d’Aubervilliers. D’ouvrir, de démultiplier les singularités humaines, mais aussi de sens, de corps, de schémas…du Théâtre de la Commune à la commune d’Aubervilliers afin de créer du commun.

La dissémination permet de sortir du cadre, de l’institution, des lieux de pouvoir : elle institue un hors-cadre, un hors-champ, seul mouvement susceptible d’accueillir les altérités.

Sortir des positionnements binaires (théâtre-spectateurs), exige donc de questionner le cadre du théâtre comme lieu et comme espace mental. C’est de même une exigence fondamentale, celle d’ouvrir les lieux qui abritent les structures sociales.

Nous projetons donc de « faire entrer » ces structures sociales (personnes suivies/accompagnateurs) au théâtre…et de disséminer le théâtre (professionnels des relations publiques/artistes) en leur sein. Nous envisageons ce mouvement en deux temps : tout d’abord jouer le rapport Professionnels des Relations Publiques/artistes pour ensuite ouvrir à la relation théâtre-structures sociales.

En ce sens, le projet porte en germe l’idée de création commune. Nous nous associerons aux artistes programmés au Théâtre de la Commune, soucieux, comme nous le sommes, de relier la création et profondeur humaine. Nous rêvons d’un travail avec des artistes qui donneraient une forme saisissante, sidérante, à ce processus.

Quelle(s) trace(s) aurai(en)t cette ou ces création(s) ? Quelle(s) en serai(en)t la forme ? Représentation théâtrale ? Captation vidéo ? Cela reste à déterminer. Le processus de dissémination empêche de constituer un sens a priori, avant l’expérience que nous pourrions mettre en oeuvre.

Sortir d’une constitution de sens enclavée, rationalisée, parfaitement délimitée, pour permettre au contraire sa circulation au grès des gestes et des mouvements, tel est le sens du projet que nous présentons. Pour reprendre ce mot de Derrida : « Perdre la tête, ne plus savoir où donner de la tête, tel est peut-être l’effet de la dissémination. » Perdre le chef, le sens absolu, ouvrir à des singularités multiples, à des altérités, jouer les différences, s’orienter vers une politique et une esthétique du don…ce pourrait être une merveilleuse chorégraphie !

Un projet participatif complexe

Avec « Dis-Sème la Commune ! », nous proposons de créer une esthétique de la rencontre, celle d’un projet participatif où l’on co-produit de la formulation, où s’inventent des vouloirs, où l’individu s’inscrit dans un processus qui l’invite à expérimenter de nouveaux positionnements.

« Dis-Sème la Commune ! » est donc un manifeste esthétique où l’espace transversal rend possible la rencontre entre l’art et la société, parce que débarrassé des postures de pouvoir qui imposent une esthétique dépassée de la communication descendante.

« Dis-Sème la Commune ! » permettra de ressentir et de penser l’art comme un processus de transformation et d’interroger les nouvelles interactions d’un théâtre public à l’heure de la décentralisation.

« Dis-Sème la Commune ! » permettra la rencontre entre des professionnels des relations publiques, des artistes, des habitants et des professionnels des relations humaines (travail social, éducation).

Ensemble, ils élaboreront ce prototype relationnel qui se déploiera en fonction des processus développés.

Un trio de disséminateurs…

Il y a 10 ans, Pascal Bély, consultant depuis 1994 auprès du secteur public et associatif (Cabinet TRIGONE) créait un blog, “Le Tadorne”, visant à faire entendre une parole de spectateur, à retracer un cheminement de pensée, par l’art, loin des codes de la critique académique.

Sylvain Saint-Pierre, enseignant, et Sylvie Lefrère, directrice d’une structure de la petite enfance, ont rejoint ce projet avec l’intention de nourrir la démarche par la création d’espaces physiques de rencontre avec les spectateurs.

Après une expérience d’articulation entre un service de relations publiques et des spectateurs au Théâtre des Salins, Scène Nationale de Martigues (“Il y a des Ho! Débat!”), puis au Festival Faits d’Hiver à Paris (“Le Tadorne sort de sa toile”), nous avons proposés au Festival OFF d’Avignon, un prototype pour un espace critique interactif et vivant. Le projet “Les Offinités du Tadorne” vise à réunir des personnes de régions, de milieux, et d’âges différents qui ont toutes le souci de travailler la relation humaine.

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Ainsi, en 2014, nous avons  accueilli 8 groupes de spectateurs pour vivre au cours d’une journée, un cheminement, où l’art a été ressenti comme un mouvement, comme un vecteur d’enrichissement de la relation humaine. Deux spectacles (un le matin, un l’après-midi) ont ponctué la journée. La pause déjeuner a inclus un temps de partage au jardin du Cloître des Carmes où le groupe a mis en mouvement ses ressentis, prélude à un temps de création en public, à 17h, au Magic Miror avec le chorégraphe Philippe Lafeuille.

La majorité des groupes ont été articulés aux missions de Pascal Bély auprès des collectivités locales et du CNRS qui visent à penser l’action publique à partir d’articulations créatives (art et projet éducatif global, art et toute petite enfance, art et travail social, art et recherche, …). Avec “Les Offinités”, les processus relationnels par l’art des institutions accompagné par TRIGONE se sont disséminés dans le OFF d’Avignon, pour une pensée complexe en mouvement.

En 2014, nous, Tadornes avons pris connaissance de la lettre adressée par Marie-José Malis, nouvellement nommée comme directrice, au public du Théâtre de la Commune. Le propos était en phase avec le chemin que nous empruntions:

Je crois à l’égalité de tous devant la beauté…Je crois aussi à l’égalité de tous devant le vide de notre époque : il nous faut repartir vers un travail nouveau, dont personne n’a la clé, mais tous la capacité…Maintenant, le monde a besoin de nouvelles formules, de nouveaux lieux véridiques. Et nous, c’est à ça que nous devons travailler, des lieux où se réinvente la discipline du désir, des lieux où se reformule et se réorganise le travail de la pensée….Nous y constituerons donc l’idée que l’art nouveau que nous souhaitons ne va pas sans une population à qui il s’adresse, sans une population dont la vie même sera matière à une nouvelle beauté”.

La lettre était belle et nous renforçait dans notre détermination à oeuvrer avec les spectateurs du OFF. Notre réponse publique à Marie-José Malis était une invitation à la dissémination: “Spectateurs actifs, nous sommes Tadorne lorsque nous œuvrons dans nos activités professionnelles respectives (la petite enfance, l’éducation, le handicap, la chorégraphie du corps social) pour essayer de les faire déborder et de les mettre en relation avec les enjeux artistiques qui nous touchent. Sensibles aux idées, nous cherchons à interroger le propos d’un artiste pour le relier avec un moment vécu. Ainsi, nous espérons décloisonner les espaces et les esprits, ouvrir de nouveaux champs à la perception, instituer de nouveaux rapports entre les acteurs sociaux et artistiques. Car si la société actuelle nous apparaît comme figée, compartimentée, il nous appartient de réfléchir à un nouveau modèle de relation au spectacle vivant.

Nous sommes Tadorne lorsque nous vivons un spectacle et lorsque nous l’écrivons. Mais aussi et surtout, lorsque nous rencontrons d’autres spectateurs, désireux de s’affranchir des postures et des rôles préétablis. Nous sommes donc Tadorne dans notre façon de travailler le collectif, de le mettre en jeu et en mouvement, afin de rendre vivants les arts qui ne le sont parfois plus. Nous croyons, avec la chorégraphe Pina Bausch, que la scène donne à vivre quelque chose d’indéfinissablement doux et profond, qu’on pourrait appeler «tendresse». C’est cette tendresse artistique, non dénuée de virulence parfois, que nous voulons vivre, et que nous voulons partager. Pour ce faire, nous serons des accompagnateurs désireux de faire émerger une nouvelle relation au Off.”

Aujourd’hui, c’est vers la Commune que notre énergie aimerait se déployer. Pour un prototype capable de célébrer les 50 ans de ce théâtre et de réinventer « une discipline du désir ».

La démarche du prototype

Cette démarche est un prototype. Elle sera largement modifiée à l’issue d’un séminaire où l’équipe du Théâtre élaborera une représentation collective de la dissémination et de sa démarche.

Temps 1 – Explorer la commune d’Aubervilliers par les chemins de la relation transversale

Avec les professionnels des relations publiques, nous cheminerons pour devenir des créateurs de relation.

Nous imaginons une immersion créative dans la commune pour vivre une expérience, un parcours artistique, qui nous conduira à dessiner la ville à partir de notre relation à l’art. Nous nous déplacerons là où l’art est en jeu : une crèche, un atelier dans un centre social, une école, un hôpital, un lieu d’art contemporain.

Nous organiserons des espaces inédits de rencontre avec des professionnels des relations humaines, là où cela se joue. Nous établirons des liens entre ce parcours et les spectacles de la programmation du Théâtre. Peu à peu, au hasard des rencontres, le groupe s’élargira, dévoilera un paysage inédit de chemins de traverse redessinant la commune d’Aubervilliers

Marie-José Malis accueillera notre vision du paysage et la mettra en forme, en dialogue.

Cette forme nous permet d’imaginer un théâtre en résidence dans une structure sociale et une structure sociale en résidence dans un théâtre.

Temps 2 –Des rencontres Commune(s)

Les processus d’élaboration de la première forme du prototype nous permettrons  de nous relier au projet d’une structure sociale.

Nous proposons une co-formation incluant les professionnels des relations publiques du théâtre, le management de la structure sociale, les professionnels en travail social, et les  habitants (spectateurs de la Commune et ceux qui ont d’autres pratiques).

La formation visera à formuler un modèle relationnel fondé sur la rencontre entre l’art vivant et les enjeux sociaux du territoire. Dit autrement, nous accompagnerons ce collectif transversal.

Ce sera un projet social global par l’art, dont l’enfant sera le vecteur parce qu’il facilite la communication circulaire, parce qu’il est créateur pour des adultes créatifs…

Au cours de cette formation créative, le groupe dessinera un nouveau paysage de la commune en se déplaçant là où l’art est en jeu.

Un artiste associé mettra en forme l’articulation entre la vision du paysage et le modèle relationnel qui l’accompagne : le projet social global deviendra peu à peu le prototype de « Dis-Sème la Commune ! »

Ce prototype sera en mesure de s’inclure dans le projet du service des relations publiques du théâtre : le groupe imaginera des médiations créatives avec le public, proposera des articulations innovantes entre la programmation de la Commune et le projet social global.

Peu à peu, le prototype se transformera…Une action de communication sur le prototype pourra alors être envisagée…Une pièce d’actualité ?

Temps 3 – Le prototype à l’Oeuvre.

«Dis-Sème la Commune ! » est un bien commun. Il dessine un nouveau service public de la culture. Il est prêt à se transformer encore et encore parce qu’il est un modèle ouvert. A l’image des logiciels libres sur internet, il est la propriété de tous à condition d’en être le contributeur.

Un collectif pilotera la dissémination. Formulons un rêve : le prototype est maintenant au service d’une politique globale qui relie l’art, le travail social et l’éducation. Il est transformateur de société.

Le positionnement des Tadornes

Quels rôles jouerons-nous, nous Tadorne ? Spectateurs acteurs, professionnels couvrant des champs tels que le management, la petite enfance ou l’éducation, nous nous plongerons tout d’abord en immersion pour partager les expériences vécues et participer directement au processus de création. Nous serons dans une position d’accompagnement, non dans une posture illusoire de dépassement ou de résolution des tensions. Notre rôle sera de contribuer à une mise en mouvement créative, aussi bien à l’échelle interne (théâtre, structure sociale) qu’externe (leurs interactions). Nous nous associerons pleinement aux différents acteurs de la chaîne : direction-professionnels des relations publiques-artistes-travailleurs sociaux-personnes suivies.

Pascal Bely est le consultant, l’accompagnateur dans le changement et initiateur de créativité. Il construit l’ingénierie de projet et régule sa dynamique avec la direction de la Commune et l’équipe managériale; il est l’intercoluteur des partenaires institutionnels et associatifs; il anime la formation.

Sylvain Saint-Pierre, enseignant de Lettres Modernes à la fois dans un établissement de type REP (Réseau d’Education Prioritaire) du Secondaire (Collège Paul Eluard, Evry-91), et dans le Supérieur (Université Paris II Panthéon-Assas). Co-auteur du projet,  co-animateur des groupes, il reformulera les processus de changement pour décloisonner les représentations.

Sylvie Lefrere, directrice d’une structure d’accueil de la petite enfance, ville de Montpellier. Co-auteure du projet, elle sera l’exploratrice de nos imaginaires et de nos ressentis, qu’elle mettra en mots dans des écrits de projet pour la Commune et le Tadorne.

Nous évaluons le budget entre 12 000 et 14000 euros, incluant les honoraires de Pascal Bély, les vacations de Sylvie Lefrère et Sylvain Saint-Pierre – Incluant frais de déplacement et d’hébergement. Hors rémunération artistique.

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ETRE SPECTATEUR LES FORMATIONS DU TADORNE PETITE ENFANCE

Quels théâtres pour Charlie?

Le désir n’y est pas. Depuis le 7 janvier 2015, mon engagement pour le théâtre a perdu de sa superbe. En période « normale », la vie culturelle marseillaise est souvent terne. Depuis quelques semaines, elle me paraît anecdotique, comme si l’art était réduit à des chiffres de fréquentation et ne trouvait sa légitimité que dans un rapport publié en 2013, vantant la contribution du secteur culturel à la bonne santé de l’économie française.

Depuis le 7 janvier 2015, ma relation à l’art s’est déplacée vers les processus complexes de la liberté d’expression. Je ne me reconnais plus, pour l’instant,  dans celle revendiquée par les artistes, trop liée aux lois du marché et dépendante du réseau de l’entre soi. Comme me le faisait remarquer Romain à propos des attentats : « la réalité a dépassé la fiction ». Cette liberté, je l’ai ressentie quand des millions de Français ont tendu un crayon comme seule réponse. J’y ai vu un symbole pour que s’invite, enfin, le temps du sens. J’y ai perçu un geste de revendication pour que l’art (ici celui de la caricature) puisse nous relier et qu’il s’inscrive dans le sens de nos actes quotidiens. Ce geste a étouffé la parole d’acteurs culturels toujours prompts à nous faire la leçon sur la fonction de l’art, réduite dans un rapport condescendant entre ceux qui « savent » et ceux qui devraient ne rien « rater » de ce qu’il leur est si « gentiment » proposé. Le sens de ce crayon est allé bien au-delà de notre douleur collective. Pendant un court instant, ce crayon a effacé avec sa gomme, notre égocentrisme tant célébré par les réseaux sociaux et certains artistes qui occupent le plateau comme d’autres coupent la parole pour avoir le dernier mot.  Cette douleur collective est allée bien au-delà d’un entre-soi culturel qui se croit encore visionnaire parce qu’il tire les ficelles de la programmation artistique. Le sens a émergé dans ce nouage créatif entre douleur personnelle, art et liberté d’expression pour venir nourrir nos visions asséchées par des spécialistes qui pensent dans un rapport vertical, l’interaction avec le peuple.

Inutile ici de revenir sur les créations théâtrales vues à Marseille depuis le 7 janvier. Toutes ennuyeuses, déplacées, sans vision. Ce que je ressens est au mieux confus, au pire vissé à une approche verticale d’une représentation du monde (probablement inspirée d’un dogme mélanchonien, très en vogue dans le monde artistique). Ce théâtre de l’offre vissé aux années quatre-vingt ne peut rencontrer ma demande d’un art plus interactif, propice à m’accompagner dans ma réflexion sur la complexité. Comment analyser autrement notre modèle sociétal après les attentats ? Comment repenser la laïcité comme paradigme majeur pour créer de nouvelles solidarités collectives ? De tout cela, le monde artistique n’en dit rien :  a-t-il seulement effleuré le sujet ? Les gestes de la chorégraphe Maguy Marin manquent cruellement, tout comme les répliques salvatrices du théâtre de chair et de sang des metteurs en scène Pippo Delbono et Angélica Liddell.

Comme consultant, je pars avec ma valise, remplie de livres d’art et de programmes de théâtres. Elle m’accompagne dans tous mes déplacements. Je pose tout sur la table. Aux professionnels du travail social, de l’éducation, de la culture, du sport, de la toute petite enfance, d’évoquer leurs désirs de projet en reliant leur contexte aux visions de Picasso, Matta, Miro, Bagouet, Preljocaj, Forsythe. À eux de parcourir les programmes culturels, de les déconstruire,  pour nous proposer leur festival de la créativité, leur festival « des arts en mouvement », leur projet artistique global pour relier l’art et les citoyens. À eux d’écrire sur leur dynamique de changement et de proposer un article pour Charlie Hebdo. À eux de proposer un art participatif capable de faire dialoguer leurs visions et les visées du management. À eux de créer leurs œuvres avec trois bouts de ficelles, une pelote de laine et des images pour donner à penser la complexité de leur projet global, celui où l’art décloisonne, où il est le vecteur d’une liberté d’expression retrouvée contre les murs de glace imposés par des manageurs sans visées.

À eux de penser autrement la place des enfants dans une éducation artistique qui englobe éducateurs et parents.

À eux, professionnels de la relation humaine,  de nous aider à formuler un projet culturel ascendant, celui qui reliera nos crayons, les artistes et le peuple sensible.

Pascal Bély – Tadorne

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LES EXPOSITIONS LES FORMATIONS DU TADORNE

Le management est un art du mouvement…

Comment ouvrir les lieux d’art pour les projeter dans de nouvelles articulations au profit de projets innovants? Comment relier l’art à d’autres systèmes complexes? Comment désacraliser le rapport à l’art (enfermé dans l’expression clivante de culture) pour l’inclure dans une relation au sensible ? Depuis un an, deux associations qui fédèrent les structures médico-sociales (FNARS PACA et URIOPSS) élaborent avec mon cabinet (TRIGONE), un projet, « L’art et la manière pour un management créatif ». La finalité est d’offrir un espace pour penser le management à partir des pratiques créatives des manageurs et de leurs équipes dans un contexte qui appelle des projets transversaux et une communication circulaire.

Avant l’été, nous avions fait le pari de présenter la formation dans un lieu d’exposition d’art contemporain, car nous voulions poser un postulat : ce projet ne peut s’inscrire que dans une interaction créative.

C’est ainsi qu’une douzaine de manageurs intéressés par la formation ont répondu à notre invitation et ont arpentés les différents espaces cloisonnés de l’exposition Art-O-Rama à la Friche Belle de Mai à Marseille avec une question : « quelles oeuvres symboliseraient une formation sur l’art et le management ? ». Intrigués, les médiateurs culturels d’Art-O-Rama observent ces visiteurs d’un nouveau genre sans toutefois oser se mêler à eux.

Trente minutes plus tard, la visite commence. Deux manageurs présentent trois œuvres et posent déjà les premières bases de la formation qui débutera le 20 novembre 2014.

Au flou ressenti de l’œuvre de Florian et Michael Quistrebert  (symbolisant la difficulté d’appréhender concrètement le contenu de la formation), répond la sculpture rassurante de Mick Peter, métaphore du pédagogue en mouvement, en dialogue avec le positionnement créatif des participants. Je rappelle qu’au cours de la formation, le flou, le non-savoir, sont à l’origine de la rencontre : nous n’avons rien à transmettre, mais tout à co-construire.

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«L’art et la manière de manager» s’appuie donc sur une approche systémique, pour une approche de la créativité à partir de l’art, afin d’ouvrir les langages techniques qui peinent à traduire les processus complexes du management (à l’image du dessin de Dog Républic).

Il s’agira d’aller puiser les ressentis des stagiaires, informations du contexte de chacun, pour les mettre en lien, et qui, par la magie que procure l’art permettront d’ouvrir des espaces de « jeu »  à l’image de l’installation de Peter Robinson. Celle-ci symbolise l’ensemble des outils du manageur des plus techniques, aux plus relationnels, en passant par ceux offerts par le contexte qui, mis en lien, relient, assemblent, développent la créativité des équipes.

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Mais cela requiert de changer de point de vue, d’appréhender les systèmes humains à partir d’une approche globale, transversale et relationnelle de l’action. La formation proposera une approche multidimensionnelle (théorie de la communication, de la complexité ; méthodologie du projet global) pour développer les regards (à l’image de l’oeuvre photographique de Constant Dullaart où c’est en se déplaçant que l’œuvre se dévoile sous des aspects à chaque fois différents).

 

C’est ce déplacement qui permet d’accroître la capacité d’un système à proposer des choix et la possibilité pour l’individu d’affronter ces choix et tolérer consciemment ceux des autres. C’est ce déplacement qui nous aide à questionner autrement des bouteilles qui serait soit à moitié vide, soit à moitié pleine ; une poêle trouée qui n’est plus une poêle, mais un dialogue entre ses trous et nos ouvertures ; un gros cube à priori inamovible, mais qui produit du mouvement si nous acceptons la possibilité que l’art nous déplace par un dialogue continu entre forme et matière.

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Ainsi, la formation questionnera la construction de « l’œuvre » où les savoirs de chacun se situent en position de ressource et non d’expertise et alimentent l’espace relationnel du groupe (équipe, service, institution…)

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Cette interaction entre l’individu et le groupe est le fondement de notre travail : « l’art et la manière » permettra aux manageurs d’apprendre sur le collectif en institution à partir des processus du groupe en formation que nous travaillerons tout au long des huit journées du cycle. Ainsi, à l’image des avions de Samuel Trenquier (« Missiles »), nous apprendrons à relier ce qui à priori séparé, à assembler des matières improbables afin d’aider l’encadrement à retrouver le geste de créer.

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Au final, à l’image de l’œuvre d’Erica Baum, la formation sera un cabinet des curiosités (partie droite de la photo) qui, mobilisées, offrira au manageur de nouvelles perspectives car l’art est notre réel.

Pascal Bély, consultant, TRIGONE, Marseille.

« L’art et la manière : une formation pour relier l’art et le management », du 20 novembre 2014 à avril 2015, organisée par la FNARS PACA et l’URIOPSS. Conception: Catherine Méhu et Pascal Bély.

Le programme à télécharger : ici.

 

 

 

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ETRE SPECTATEUR LES FORMATIONS DU TADORNE PETITE ENFANCE Vidéos

En avril 2014, 4ème édition de la formation “L’art et les tout-petits”.

Depuis 2010, j’accompagne, via mon cabinet TRIGONE, la mise en oeuvre d’un projet autour de «l’art et les tout-petits» visant à créer un modèle de relations contributives entre professionnels de la toute petite enfance, artistes et opérateurs culturels. C’est ainsi qu’un réseau s’est formé, composé du Théâtre Massalia, des directions de la toute petite enfance des villes de Fuveau, Martigues, Vitrolles (bientôt les Pennes Mirabeau)  et des associations de crèches privées, la Maison de la Famille et Balou à Marseille. Trois cursus (2011, 2012, mars 2013) ont permis à 45 professionnels et artistes de se former à «l’art et les tout-petits» auxquels s’ajoutent des réunions où le management des structures relie les actions artistiques de terrain à un projet éducatif global.

Depuis 2011, cette dynamique de réseau a permis de :

– Diffuser des spectacles et d’cccueillir des résidences d’artistes au sein des établissements de Fuveau et de la Maison de la Famille en étroite collaboration avec le Théâtre Massalia.

– Mettre en oeuvre en 2012 une formation en intra à Martigues. Le projet “A tout petit pas dans l’art, un grand pas dans l’humanité” a ainsi vu le jour et va se déployer  en 2013 en s’articulant aux évènements de Marseille Provence 2013.

– Rencontrer le 4 octobre 2012 la ville de Charleroi et le Théâtre de la Guimbarde pour croiser et relier les expériencesles  lors du festival «Pépites» prévu en 2013.

– Associer Klap, Maison pour la Danse à Marseille et le Théâtre de Fontblanche de Vitrolles au programme de la  formation.

– Organiser lors des Offinités du Tadorne, des journées au Festival d’Avignon («Le grand Off du tout-petit») où professionnels et artistes débattent sur des propositions artistiques.

Projet Enfant Phare avec Philippe Lafeuille et le cabinet TRIGONE pour la ville de Vénissieux.

Pour 2013, un troisième cursus de formation a débuté en mai 2013. Un cursus est prévu en 2014:

– La plaquette de la formation est en ligne ici avec l’inscription: ici.

– Un retour de professionnelles sur la formation 2012:  L'art et les tout-petits, une formation à PART! L’art et les tout-petits, une formation à PART!

– Un article de Piccolo sur la formation.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter au 06 82 83 94 19 ou par mail (pascal.bely@free.fr).

À très bientôt.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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LES FORMATIONS DU TADORNE

En 2013, à Marseille, une formation vers l’art chorégraphique pour médiateurs et travailleurs socio-éducatifs.

En 2013, Marseille Provence sera capitale européenne de la culture. Tout au long de l’année, la danse traversera la programmation en association avec différents partenaires, dont KLAP, la nouvelle Maison pour la Danse inaugurée en octobre 2011.

En écoutant attentivement les médiateurs et les travailleurs sociaux-éducatifs, on est sidéré par la créativité dont ils font preuve pour vitaliser la relation du public à l’art, au beau, au sensible à partir d’actions collectives. Ainsi, des innovations se créent, mais malheureusement ne s’écrivent pas et ne font pas patrimoine par manque d’espaces appropriés qui puissent les recevoir et les inscrire. Or, l’inclusion de l’art chorégraphique rend lisibles ces pratiques en leur donnant des fondements théoriques et méthodologiques indispensables pour qu’elles se déploient vers un projet durable et pérenne. En effet, il permet de comprendre certains processus à l’oeuvre dans le travail social par une vision globale de la communication, par une mise en perspectives des ressentis, par un regard pluridisciplinaire pour approcher la compléxité.

2013 marseille

2013 offre une opportunité unique pour fédérer les professionnels en les positionnant comme des «ambassadeurs» de l’articulation entre l’art et le social à partir de la programmation de la capitale européenne. D’où cette propositon d’une formation innovante qui viserait à :

– Mettre en réseau des travailleurs sociaux, des éducateurs et des médiateurs actuellement séparés par des dispositifs pour les relier autour d’un projet global de médiation dans le cadre de la Capitale Culturelle.

-Développer un imaginaire commun au service de stratégies co-construites de médiation pour un renouvellement des publics dans les lieux de spectacles ;

-Renforcer la qualité des partenariats existants en articulant les projets.

-Transmettre une culture chorégraphique pour mieux se positionner dans l’accompagnement des publics vers la création.

Nous visons la constitution d’un groupe de quinze personnes (travailleurs sociaux, animateurs, agents culturels, enseignants, éducateurs, médiateurs?) pour un cursus de huit journées à Marseille d’avril à décembre (avec un temps fort lors d’Août en Danse, du 24 au 31 août 2013).

Tout au long de la formation, les participants expérimenteront des médiations créatives en s’appuyant sur la programmation de Marseille Provence 2013 et la dynamique de réseau qu’elle suscitera entre institutions culturelles, chorégraphes et partenaires du champ social et éducatif.

Le cursus de formation alterne des modules sur le positionnement, sur une vision globale du paysage chorégraphique et sur des méthodologies créatives de médiation. Les participants  assisteront à des spectacles pour nourrir  leurs regards.

L’équipe pédagogique est à l’image du projet de formation, pluridisciplinaire et passionnée :

Catherine Méhu, psychologue, psychanalyste et consultante pour le service public (Vence)

–  Pascal Bély, consultant et animateur du Tadorne (www.festivalier.net), blog de spectateurs. (Aix en Provence)

Joëlle Vellet, Maître de conférences en danse à l’Université de Nice.

Vanessa Charles, Conseillère DRAC Danse à la région PACA (Aix en Provence)

Michel Kelemenis, chorégraphe et directeur artistique de Klap, Maison pour la Danse à Marseille.

La plaquette est en ligne ici: DANSE MP13 DANSE MP13

Pour vous inscrire, un téléphone : Pascal Bély (06 82 83 94 19 ; pascal.bely@free.fr) ou Vanessa Charles (06 11 01 42 45 ; vanessa_charles@hotmail.com )

 À très bientôt,

Pascal Bély, Le Tadorne vers Trigone.

Crédit photo: Philippe Lafeuille.

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LES FORMATIONS DU TADORNE PETITE ENFANCE

À Marseille, une formation autour de l’art et les tout-petits ouverte aux compagnies, aux professionnels de la petite enfance et du spectacle vivant.

En mai 2010, j’ai publié sur le Tadorne un article pour inviter les artistes, professionnels de la culture et de la petite enfance à imaginer un modèle de relations contributives. Dès l’automne 2010, je rencontrais le Théâtre Massalia de Marseille pour leur proposer une démarche de formation capable d’élaborer ce modèle. Ainsi fut créé un cursus de huit journées, en collaboration étroite  avec la Maison de la Famille à Marseille, les villes de Fuveau et de Martigues.

Des réunions réseau ont venues compléter le dispositif afin d’associer le management à la démarche globale de formation et faire émerger un projet à multiples facettes :

> Une charte pour l’accueil de spectacle en structure d’accueil a été élaborée.

> La programmation de spectacles petite enfance est renforcée pour la saison 2011-2012 du Théâtre Massalia, en collaboration étroite avec les structures.

> Une résidence de la compagnie Skappa! débutera au premier semestre 2012 dans les crèches de la Maison de la famille à Marseille.

> En 2013, une manifestation ouverte aux familles («les bébés défrichent la friche») est envisagée à la Friche Belle de Mai.

> Des passerelles avec le festival Off d’Avignon et celui de Charleroi sont déjà programmées.

> Un projet de formation intra à la ville de Martigues est envisagé pour 2012 dans le cadre du projet culturel global de la direction de la petite enfance.

Pour 2013, la Maison de la Famille et le Théâtre Massalia souhaitent programmer un troisième cursus. Six à sept places sont réservées aux professionnels du spectacle vivant, de la petite enfance et de la culture: il est à ce jour complet.

Pour répondre à la demande, un quatrième cursus débutera en octobre 2013. La plaquette est en ligne ici.

À très bientôt.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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LES FORMATIONS DU TADORNE

Travailleurs sociaux, éducateurs, médiateurs, chargés de développement des publics : une formation pour se relier autrement.

En mars 2012,  “La Cité,  Maison de Théâtre organise à Marseille la première Biennale des Écritures du Réel (théâtre, danse, cinéma, documentaire). En résonance avec les spectacles, cette manifestation sera également un espace de rencontres autour des nouveaux enjeux de la médiation.

En effet, à Marseille comme ailleurs, médiateurs, travailleurs sociaux, éducateurs, professionnels du développement des publics  proposent des actions innovantes qui permettent, sur un territoire, la rencontre entre artistes et habitants. Ainsi se créent des innovations qui malheureusement  ne s’écrivent pas et ne font pas patrimoine par manque d’espaces appropriés qui puissent les recevoir et les inscrire.

Fort de mon engagement de spectateur depuis 2005 et de mon expérience de consultant auprès des services sociaux et éducatifs depuis 1993, La Cité et mon cabinet (TRIGONE) ont souhaité proposer une formation transversale et décloisonnante capable d’accompagner les professionnels à s’inscrire dans un réseau de compétences.

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Cette action n’est pas une formation sur la médiation (il y en a d’excellentes) mais un espace pour relier les pratiques existantes à partir d’une approche systémique de l’interaction et du projet.

Le programme: formation médiation-copie-1 Formation Biennale.

La pré-inscription est en ligne.

À très bientôt,

Pascal Bély, Le Tadorne.

www.trigone.pro

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ACCUEIL DES LIEUX CULTURELS ETRE SPECTATEUR LES FORMATIONS DU TADORNE

Chroniques d’un spectateur engagé et contributeur: Le projet avec la Scène Nationale de Martigues.

J’inaugure cette semaine une série d’articles autour de mes rencontres avec des établissements culturels. Depuis 2009, j’ai proposé différentes actions visant à développer un modèle de relation contributive entre  professionnels du spectacle, de l’éducation, du social, artistes et spectateurs. Premier retour avec la Scène Nationale de Martigues.

C’était au départ une idée originale et courageuse. Préoccupée par la volatilité des spectateurs, Annette Breuil, directrice du Théâtre Des Salins de Martigues, souhaitait engager un dialogue différent avec le public en posant un cadre sans expert et hiérarchie pour l’écouter. Dès 2009, je proposais d’organiser une série de débats participatifs (“que voulons-nous faire ensemble ?”). Je formulais une première  hypothèse : renforcer un service public de la culture suppose de privilégier des relations contributives entre professionnels, artistes et spectateurs (de plus en plus « cultivés » et en réseau via internet notamment). La première saison de «Y’a des Ho! Y’a débat!» pouvait commencer! Le premier rendez-vous en septembre 2009 sur la place du spectateur et du programmateur a quelque peu déçu : il n’a pas réussi à dépasser le schéma descendant entre le public et Annette Breuil. Malgré tout, le besoin de libérer une parole autour des choix de programmation était palpable.

Quelques semaines plus tard, le débriefing a permis de formuler une seconde hypothèse: ouvrir la relation à l’externe suppose d’amplifier la communication à l’interne. J’ai proposé à l’équipe de s’approprier le projet (qu’il ne soit plus centré sur Annette Breuil ou moi-même) et de partir à la rencontre des spectateurs avec une caméra vidéo et une question en tête, thème du deuxième débat («le Théâtre des Salins est-il un lieu d’échanges?»). Un émouvant reportage a fait l’ouverture de la rencontre et permit à l’équipe de créer les conditions d’un échange sincère avec le public. L’intervention par téléphone du chorégraphe Michel Kelemenis sur sa conception d’un théâtre ouvert a offert une perspective passionnante. Au final, la forme de ce rendez-vous (film, débat, interview téléphonique) a multiplié les angles, fluidifié la communication et renouvellé le genre.

Lors d’une réunion bilan, l’articulation «Y’a des Ho ! Y’a débat!» avec un travail d’équipe a été validé (cela crée le «ciment» à partir d’un temps collectif où la recherche du sens  par le langage symbolique et métaphorique garantit la vision globale). La réflexion sur le lien entre nouvelles technologies et théâtre a été jugée pertinente, car elle permet de réfléchir sur le sens de la communication. La dynamique autour de ces débats a interrogé le positionnement des professionnels en envisageant des ouvertures dans un contexte où la relation avec les spectateurs évolue en permanence (billetterie sur internet, nouvelles pratiques culturelles, concurrence accrue de l’offre de spectacles).

Mais pour penser les futures actions envers les spectateurs, l’équipe devait consolider ses fondements à partir de trois axes :

1. Identifier les valeurs de son projet et savoir le communiquer en interne et en externe

2-Travailler  sa dynamique relationnelle pour décloisonner les fonctions et les métiers.

3. Relier les actions de médiation et de communication pour créer des passerelles, des mises en réseau, susceptible de développer qualitativement les publics.

A ce stade du projet, j’ai formulé une troisième hypothèse : un formation pourrait accompagner l’équipe à  définir son socle de valeurs à partir des processus du management participatif.

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Celle-ci n’a pas vu le jour. J’ai proposé à Annette Breuil de poursuivre la démarche en redéfinissant la relation avec le public par l’artistique et le festif. Ainsi est né, «Faire la fête à la Scène». Profitant de la semaine où les Scènes Nationales vont fêter leur 20ème anniversaire en mars 2011, j’ai suggéré d’enclencher avec l’équipe une série d’actions symboliques pour libérer la créativité des spectateurs et des professionnels. En étroite collaboration avec un collectif pluridisciplinaire d’artistes et l’Ecole de Danse de la ville, chacun expérimenterait de nouvelles modalités de communication (Flash mob, bal, mapping vidéo, parcours artistique au sein du théâtre, ateliers d’écriture avec un plasticien et mise en mouvement par un chorégraphe). A ce jour, le Théâtre des Salins a retenu la journée du 18 mars 2011 pour qu’on lui fasse la fête.

L’équipe vivra une expérience unique qui lui donnera, sans aucun doute, l’énergie pour penser un projet global de développement : qualitatif, ouvert, inscrit dans la durée, innovant et démocratique.

Pascal Bély -Le Tadorne.

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ETRE SPECTATEUR LES FORMATIONS DU TADORNE

Indisciplinons-nous!

Depuis 1994, je suis « profession libérale ». Au coeur de ce statut, j’ai rapproché mon métier (je suis consultant et formateur auprès des institutions publiques et privées) et mon environnement (personnel, social, sociétal et terrien). Loin de cloisonner vie privée et professionnelle, j’ai au contraire amplifié les liens pour nourrir mes identités et donner du sens à mes actions de conseil et formation.

Changer mon rapport à la culture s’est naturellement imposé lorsque j’ai orienté mes interventions pour accompagner les collectifs à questionner les valeurs, délaissant les recettes managériales centrées sur la recherche de « la » solution. En 2005, en créant le blog «Le Tadorne»  pour écrire autour des formes contemporaines de l’art, j’ai puisé les ressorts créatifs pour dépasser ma posture de “spectateur consommateur” . Ceci m’a permis d’ouvrir mes pratiques de consultant en posant la transversalité comme vecteur de sens et de communication.

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En faisant le pari d’exposer ma subjectivité sur les oeuvres de danse, de théâtre et d’art contemporain, je savais qu’elle s’articulerait tôt ou tard avec mon métier.  Après une période où j’ai volontairement  très peu communiqué sur lui pour laisser le temps au Tadorne d’être légitimé, des ramifications apparaissent peu à peu. Aujourd’hui Tadorne et mon cabinet Trigone se relient à partir de deux axes qui s’inscrivent pleinement dans les principes de l’Agenda 21 de la Culture tels qu’ils ont été définis en 2004 à Barcelone par le premier Forum Universel des Cultures . Ils répondent aux souhaits des spectateurs qui sont pour certains d’entre eux des professionnels du lien social :

« L’appropriation de l’information et sa transformation en savoir par les citoyens est un acte culturel. Par conséquent, l’accès sans distinction aux moyens technologiques, d’expression et de communication, ainsi que l’élaboration de réseaux horizontaux, renforce et alimente la dynamique des cultures locales et enrichit le patrimoine collectif d’une société fondée sur le savoir. »

 Développer une communication créative autour du spectacle vivant.

La culture n’est pas un produit. Elle crée du processus. Or, la communication des institutions culturelles, orientée vers des transactions de masse, est majoritairement axée sur du contenu, du visuel, du résultat alors que les formes pluridisciplinaires, les propositions théâtrales interactives modifient en profondeur la relation entre le public et la scène. Il convient d’amplifier la communication créative pour rendre visible et lisible ce qui n’entre pas dans les codes classiques de l’information et qui pourtant légitime dans la durée tout projet de développement culturel. Dit autrement, il faut  substituer à la liste descendante du générique d’un film, la vision dynamique de sa production.

La programmation des institutions culturelles peut se lire comme un roman, un poème, une épopée. Elle provoque chez chacun de nous des réactions engagées. Elle suscite des choix, nous positionne comme spectateur actif. Nous programmons aussi! Mais comment dynamiser ce processus au-delà des présentations de saison et des rencontres après spectacle avec les équipes artistiques? N’est-il pas temps de créer des espaces de communication créative entre spectateurs, artistes et professionnels (aller au-delà des logiques binaires) à partir d’un cadre contenant et souple?

Pourquoi ne pas imaginer à l’instar des artistes associés, un groupe de spectateurs associés chargé de restituer une vision dynamique d’une programmation à partir d’un imaginaire partagé ? Comment développer un langage de spectateurs (par le corps ?) pour ne plus entendre « je n’ai pas les codes pour en parler » à la fin de tant de représentations ? Tadorne peut alors créer l’espace pour faciliter l’expression tandis que Trigone accompagne l’équipe de professionnels de la structure à s’approprier la démarche dans le cadre d’un projet global de développement des publics.

N’est-il pas temps d’écouter le public sur la place qu’occupe l’art chorégraphique dans notre société (le moins médiatisé et probablement le plus fragilisé par le contexte de crise) ?  Des «Etats Généreux de la danse” peuvent s’organiser où spectateurs, professionnels, artistes échangent leurs souvenirs, leurs représentations, leurs pratiques, leurs projets autour d’un art qui relie, quoiqu’on en dise. Tadorne créé le concept avec chaque institution et supervise l’animation tandis que Trigone accompagne le comité d’organisation pour impulser la dynamique de réseau, socle du projet.

Ces deux actions amplifieront des processus qui permettront aux institutions culturelles de communiquer en horizontalité à partir notamment des outils numériques (blogs et réseaux sociaux). Tadorne peut apporter son expérience de blogueur tandis que Trigone forme une équipe pluridisciplinaire à s’approprier les processus d’un internet chaleureux.

Saisons, festivals et écoles: pour de nouveaux espaces de formation continue.

Alors que la société de la connaissance requiert d’articuler créativité, savoirs et expertises, il nous faut inclure les institutions culturelles dans des réseaux plus larges comme le recommande  l’Agenda 21 de la culture :

– Amplifier les relations entre les équipements culturels et les organismes travaillant dans le domaine de la connaissance.

– Favoriser la mise en place d’instances de coordination entre les politiques culturelles et les politiques éducatives.

–  Encourager le développement de la créativité et de la sensibilité ainsi que le lien entre la vie culturelle du territoire et le système éducatif.

Il est également précisé que « le travail est un des principaux espaces de la créativité humaine. Sa dimension culturelle doit être reconnue et développée. L’organisation du travail et l’implication des entreprises dans la ville ou sur le territoire doivent respecter cette dimension, comme un des éléments fondamentaux de la dignité humaine et du développement durable ».

Ces principes généraux peuvent inspirer des politiques de formations innovantes. Ils sont au coeur du croisement entre un Tadorne et un Trigone !

– De nombreux professionnels sont aujourd’hui propulsés dans des ensembles «englobant» (pôle, réseau, intercommunalité,…), dont ils finissent par perdre la finalité. Les organisations créent de l’hyperstructure, sans travail d’amplification du sens. Or, définir le projet global de ces ensembles revient à développer la  vision globale des professionnels. Ils puiseront dans leurs liens à l’art et la culture un sens unificateur, capable de rapprocher les «cases». Dès lors, une formation «Créativité et développement de projets transversaux» peut s’articuler aux programmations des théâtres et des festivals et relie les lieux de cultures aux domaines de la connaissance.

– Mon expérience de consultant et de spectateur me conduit à formuler l’hypothèse que les professionnels en lien direct avec le tissu social (travailleurs sociaux, éducateurs, médiateurs) sont tout aussi «intimidés» par l’art que les personnes qu’ils accompagnent, d’autant plus que le langage du social n’est pas celui des professionnels de la culture. J’ai expérimenté avec la ville d’Aubenas, un dispositif de formation-action (« le partage des médiateurs ») dont la finalité a été de créer un réseau d’acteurs capable de développer des projets permettant d’accompagner vers la culture des publics éloignés. L’intervention d’artistes dans le cursus et les sorties théâtrales les jours de formation ont introduit un travail sur le positionnement tout en ouvrant le regard sur l’articulation entre le travail social, l’éducatif et la culture. Auparavant «pourvoyeurs de publics», ce réseau est aujourd’hui partie prenante des projets culturels de la ville.

– Les écoles de musique et de danse sont des lieux d’apprentissage et de lien social. L’apparition sur la scène européenne de formes pluridisciplinaires devrait pouvoir se traduire par une sensibilisation aux formes hybrides. À partir de mon expérience avec les établissements de la ville de Martigues dans le cadre d’un rapprochement des deux écoles, Tadorne et Trigone proposent des séminaires destinés aux enseignants, aux enfants et aux parents autour d’un «projet pédagogique indisciplinaire» qui traverserait les cursus.

Au croisement du Tadorne et du Trigone, il y a des ponts pour traverser nos archipels de créativité.

Au plaisir de vous y croiser…

Pascal Bély

www.festivalier.net / www.trigone.pro

06 82 83 94 19 / pascal.bely@free.fr

 

 

 

 

 

 

 

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LES FORMATIONS DU TADORNE PETITE ENFANCE

Artistes, professionnels de la culture et de la petite enfance : tous ensemble!

Depuis quelques mois, le monde de la petite enfance est en émoi : un décret actuellement en préparation organise la baisse de la qualité d’accueil du jeune enfant et de sa famille. Le 6 mai, les professionnels de la culture et de la petite enfance ont défilé dans les rues séparément. Pourquoi ? Quelle est donc cette frontière ? Et si l’on en finissait avec les mots d’ordre corporatistes qui freinent toute vision à long terme?

Nous sommes l’un des rares pays en Europe où la petite enfance est quasiment exclue de tout débat politique sur l’éducation comme si celle-ci débutait à la maternelle ! Et pourtant. Le premier rapport de la commission Attali « pour la libération de la croissance française » publié en 2008 préconisait comme première mesure (parmi 300 !), « d’améliorer la formation des éducateurs et éducatrices de crèche, des assistantes maternelles, revaloriser leur diplôme et en augmenter le nombre » parce que « l’acquisition de la confiance se fait pour les deux tiers de tous nos enfants, quels que soient la culture et le niveau social, lors des dix premiers mois, bien avant le début de la parole. Pratiquement tous les enfants épanouis se trouvent dans des milieux affectifs et sociaux stables : lorsqu’arrive l’âge de l’école, ils sont les mieux préparés à en profiter ». Une politique de la petite enfance est donc un enjeu sociétal majeur alors que nous entrons dans la civilisation de la connaissance. Mais pour cela, il faut l’ouvrir à d’autres services publics, car le cloisonnement dessert le politique, et ne permet plus d’identifier ce qui fait « politique ». Il est urgent de traverser les frontières si l’on veut que l’altérité se substitue à la défiance et mette fin aux logiques corporatistes qui émiettent toutes les politiques publiques.

D’un autre côté, les professionnels de la culture ressentent le besoin de décloisonner leur stratégie de conquête des publics. L’articulation entre  la culture et la petite enfance est prometteuse si l’on en juge par le nombre croissant de participants lors de colloques sur le sujet (festival « Reims Scène d’Europe » en décembre 2009, journée organisée par la CAF de l’Isère en mars 2010, …)  et les retours d’expériences d’acteurs engagés (saluons David Chauvet de la Scène Nationale de Cavaillon, la compagnie Skappa ! et les  professionnels de la petite enfance de la communauté de communes « Provence-Luberon – Durance qui depuis quatre ans ont mis en oeuvre un projet global autour du spectacle jeune public).

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Invités à développer leur créativité en situation d’incertitudes, à accueillir l’enfant et sa famille, à s’ouvrir vers des réseaux, auxiliaires de puériculture, puéricultrices, éducatrices de jeunes enfants trouvent dans l’art bien des ouvertures. Car l’enjeu est de communiquer sur les pratiques qui facilitent l’éveil culturel de l’enfant, de les rendre visibles au moment où les théories comportementalistes investissent le champ de la petite enfance.  Or, c’est vers « l’autre » différent que nous communiquons le mieux, où les finalités sont précisément décrites, bien plus qu’entre « pairs ». Cette ouverture vers les artistes et les structures culturelles positionne les professionnels sur des dynamiques de développement, au-delà des logiques de diagnostic où la difficulté finit par faire sens.

Toujours soucieux de décloisonner les publics, les professionnels de la culture ont la possibilité de créer des liens durables entre artistes, enfants, familles, éducateurs. Car les logiques qui visent à rechercher des « pourvoyeurs de spectateurs » les éloignent durablement du sens de leur métier.  En acceptant de co-construire des projets artistiques, de médiation (et non de présenter une plaquette pour recruter), théâtres, centres chorégraphiques, lieu d’art contemporain approchent le « spectateur » en devenir dans un contexte élargi puisqu’il intègre la famille et ses éducateurs. C’est l’articulation entre ces différents langages qui créée pour chaque acteur un nouveau lien à la culture. En apprenant ensemble à se connaître, se développe des processus durables de médiation avec des familles et des professionnels qui vont peu ou plus dans des lieux de culture. D’autant plus que les artistes trouveront dans les structures d’accueil de la petite enfance la motivation pour s’engager dans un projet artistique participatif, un désir d’être  accompagné pour ressentir les processus de créativité et s’éloigner du positionnement peu enviable de « consommateur » de spectacles collé au calendrier (Noël, Pâques et fin d’années).

En articulant « culture » et petite enfance, on pense le spectateur en mouvement. Ici, le lien se construit par la culture (et non plus seulement à partir de logiques normatives) et encourage une responsabilité partagée autour du tout petit. Le projet pédagogique n’est plus déconnecté de ce qui fait lien, les pratiques de guidance se substituent aux stratégies de prise de pouvoir où accompagner n’est plus surveiller.

Nous avons tous besoin de développer nos pratiques de coordination. Or, plus habitués à piloter du haut vers le bas, les projets complexes se nourrissent de maillages, d’amplification du collectif, d’intelligence par le réseau. Quand professionnels de la petite enfance, de la culture, du social et les artistes co-construisent, ils transmettent au tout-petit un mode de gouvernance qui le préparera à affronter les défis posés par la mondialisation. Et je formule un rêve : que les lieux d’éducation soient des résidences d’artistes. La croissance durable est à ce prix.

Pascal Bély – Le Tadorne