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Pour la France de Madame Ségolène Royal.

Willem nous a proposé hier dans le Journal Libération la vision d'électeurs de gauche sur le pays de Ségolène Royal. Beau pays?Ce sera ma France.

Ce sera ma France, dirigée par une femme, portée par une vision ouverte sur l'Europe.

Ce sera ma France, redevenue ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : un pays qui replace l'humain au c?ur de tout.

Ce sera ma France dirigée par une femme issue du désir des Français et non crée par l'appareil d'un parti verrouillé par une approche masculine du pouvoir.

Ce sera ma France, métissée, reliée, où l'enfant fera l'objet de toutes les attentions et tous les projets éducatifs transversaux.

Ce sera ma France, pays des créateurs de toutes sortes où le Web 2.0 est le support de nouveaux liens sociaux.

Ce sera ma France, celle qui protège, sécurise, ouvre les possibles.

Ce sera ma France, celle qui met en réseau les expériences innovantes en Europe.

Ce sera ma France, celle des femmes, accompagnées par des hommes ouverts à la complexité.

Ce sera ma France, dansante, à l'image du pays d'Anne Teresa De Keersmaeker.

Ce sera ma France celle où les artistes sont les éclaireurs de notre terre patrie.

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EN COURS DE REFORMATAGE

Le Théâtre du Merlan manque d’Oxygene.

En quittant le Port Autonome de Marseille, je me doute bien que mon blog m'aiderait à structurer ma pensée. Il est 22h et je ne ressens rien, pas d'affect, juste une douce confusion qui semble ne pas perturber l'agencement de mes neurones. Le Théâtre du Merlan de Marseille vagabonde toujours, de lieu en lieu, dans l'attente de la réouverture de sa salle rénovée. Il a choisi le décor improbable du Port pour installer la petite troupe de Galin Stoev, metteur en scène de la compagnie Fraction, basée à Bruxelles. « Oxygene », texte du russe Ivan Viripaev, est jouée dans une gare d'embarquement avec pour paysage, les grues, la mer, les mouettes.

 

Emitoufflée dans la couverture, j'assiste intéressé à cette mise en scène pour le moins décomplexée. La pièce évoque ce que sont devenus les dix commandements de Moïse à l'heure du terrorisme mondial, de la globalisation et du vide affectif que vivent des millions de couples. De l'infiniment global à l'infiniment petit, la pièce fait des allers ? retours incessants qu'un duo d'acteurs (prénommés Sacha et Sacha) animent, accompagnés d'un DJ collé à son iMac, et d'un troisième, assis au fond de la scène, à la fois bruiteur et perturbateur. Pendant plus d'une heure, les mots s'accélèrent pour se perdre et se télescoper. Je cède à plusieurs reprises et seul Antoine Oppenheim me relie au texte. Il est charismatique lorsqu'il épouse les mots avec son corps, et vous fixe d'un regard appuyé pour ne pas vous lâcher. La scène où, allongé à terre, il évoque son impuissance sexuelle avec Sacha, est éblouissante, touchante d'humilité. C'est d'ailleurs l'un des rares moments où nous prenons un peu d'oxygène. En effet, cette mise en scène s'articule au rythme donné par la forme (debout, micros à la main, fond sonore déstructuré) au détriment de la musique des mots. Je m'interroge sur ce choix alors que ces deux acteurs sont si beaux, comme s'il fallait masquer l'impuissance (sic) de Galin Stoev a créer son art transdisciplinaire à l'image de la danse, qu'il ne fait qu'effleurer. Au final, la prouesse des comédiens empêche d'apprivoiser le texte d'Ivan Viripaev et j'ai la « douce » sensation d'être définitivement lâché lors du dernier tableau. A vouloir coller à la modernité, Galin Stoev en a oublié l'essentiel : notre cerveau est humain, pas encore i-podisé.

Pascal Bély
www.festivalier.net

 

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EN COURS DE REFORMATAGE

Lljir Sélimoski, théâtralement modifié.

Il me faut fuir les propos nauséabonds d'un candidat à l'élection présidentielle. À chaque phrase sur la génétique ou sur l'identité nationale, il salit les consciences, piétine l'intelligence et fait de son inculture une vérité qu'il assène, signe de son impuissance à comprendre la complexité. Il me faut m'évader, juste une heure. Ce soir, le Théâtre des Salins de Martigues sera mon refuge. À peine entré, la directrice du théâtre (Anette Breuil) s'avance vers moi pour me parler de la production qu'elle présente. Elle me raconte la genèse de la pièce. C'est une belle histoire : ses mots, ses gestes, le ton de sa voix traduisent un engagement d'une femme de culture, courageuse, à l'écoute du monde et des artistes. Notre dialogue est un pied de nez à la société prônée par Sarkozy. Ce soir, le Théâtre des Salins est mon théâtre. Notre France.

 

Pendant deux ans, Lljir Sélimoski, « né au bout des pistes d'Orly », a partagé devant les passants, à la gare d'Uzès, dans les rues de Paris, le texte de Bernard ? Marie Koltès, « La nuit juste avant les forêts ». Ce texte évoque un homme qui parle de son univers de banlieue et de sa quête d'amour. Pour passer de la rue à la scène du Théâtre des Salins, Lljir a rencontré le regard bienveillant de Jean-Louis Trintignant le recommandant auprès d'Annette Breuil qui lui choisit la metteuse en scène Catherine Marnas. A eux quatre, ils formèrent une jolie chaîne qui permit pendant deux années de métamorphoser Lljir en comédien. Habité par le texte de Koltès, il devra dorénavant faire de la scène son décor imaginaire. Au final, le résultat est prodigieux  

Il est là, face à nous, marchant sur l'eau (magnifique décor). Nous voilà plongés au sous-sol de ce théâtre pour nous immerger dans le texte de Koltès, pour approcher la métamorphose de Lljir (l'un est dans l'autre et inversement). Ce double regard est tout de même exceptionnel au théâtre, où l'auteur transforme la vie de l'acteur ! Quelle belle métaphore de ce que la culture peut faire. C'est ainsi que j'écoute le destin de Lljir pour ressentir la puissance de Koltès. De le voir faire ses ronds dans l'eau, de l'entendre décliner ce texte, alors que la vidéo projette notre environnement urbain et nos silhouettes (de spectateurs ?), tout semble fait pour que nous approchions Lljir, là ou la rue nous l'éloigne. Catherine Marnas lui donne de la voix, guide son corps au gré des rencontres. Elle l'habite d'amour quand il n'y croit plus ; elle l'ouvre lorsque les murs l'enferment. Elle réussit à ne jamais nous distancer de son histoire comme si elle hésitait à le conduire comme un comédien. C'est alors que la fragilité de la mise en scène est une force et fait de « La nuit juste avant les forêts » un manifeste d'humanité.
Votons!


Pascal Bély
www.festivalier.net

 


Vous avez vu ce spectacle? Nous vous invitons à participer au palmarès du blog Scènes 2.0 en votant ici!


?????? “La nuit juste avant les forêts” de Bernard-Marie Koltès a été joué le 10,11 et 12 avril 2007 au Théâtre des Salins de Martigues.

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La Saison 2006 – 2007 du Tadorne.

 

Pour lire les critiques, cliquez sur le nom de la pièce.

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Guerre et paix Théâtre de la Criée.
Concert de Dominique A Théâtre des Salins.
“Gente di plastica” – Pipo Delbono – Théâtre des Salins.
Picket klunchun and myself – Jérôme Bel Théâtre des Salins.
“Walsa – Entrelacs” Héla Fattoumi et Eric Lamoureux” – Théâtre d’Arles.
“La cantatrice chauve” – Jean-Luc Lagarce – Théâtre d’Arles.
“Empty Moves” Angelin Preljocaj – Pavillon Noir.
Epilogos, confessions sans importance. Brigitte Seth et Roser Monttlo Guberna, Festival Faits d’Hiver.
IndigoPaco Decina-Festival Faits d’Hiver.
SWAN LAC – Andy de Groat – Festival des Hivernales.
Steve Reich Evening – Anne Teresa De Keersmaeker – Scène Nationale de Cavaillon.
May B Maguy Marin – “Danse en Mai ” – La Penne sur Huveaune.
And Then – Eszter Salamon – KunstenFestivalDesArts – Bruxelles.
Five days in march – Toshidi Okada / chelfitsch – KunstenFestivalDesArts – Bruxelles.

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Concert de Jean-Louis Murat – Espace Julien – Marseille.
Long life” – Nouveau Théâtre de Riga- Théâtre des Salins.
“Le revizor” – Nicolas Gogol – Théâtre des Salins.
La nuit juste avant les forêts – Catherine Marnas- Théâtre des Salins.
Richard Siegal- Pavillon Noir.
“Hamlet”Hubert Colas – Théâtre de la Criée.
Belladonne– Evénement chorégraphique – Théâtre du Merlan. Marseille.
Le spectacle dont vous êtes le héros Pierre – Johan Suc et Magali Pobel,Festival Faits d’Hiver.
Regarde maman, je danse – Frank Van Laecke..Théâtre d’Arles.
“Petit psaume du matin” – Joseph Nadj -Théâtre d’Arles.
Danse de Pièze – Hélà Fattoumi et Eric Lamoureux – Théâtre d’Arles.
IT’S ONLY A REHEARSAL Ina Christel Johannessen – Festival des Hivernales.

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« Santa Sofia, el solo d'una ignorant » de Sofia Asencio! Festival Dansem.
“Le pur Hasard” – Nazera Belaza – Festival Dansem.
«Poussée» de Nejib Ben Khalfallah- Festival Dansem
Bien des choses” – François Morel et Olivier Saladin – Théâtre des Salins.
“Held” – Australian Danse Theatre – Théâtre des Salins.
Tonight! Josette Baïz – Festival Faits d’Hiver.
Je ne suis pas un artiste.Geisha Fontaine / Pierre Cottreau, Festival Faits d’Hiver.
Taxidermie – Compagnie “Projet in situ” – Théâtre du Merlan.
Oxygene Autonome de Marseille / Théâtre Le Merlan,
My dinner with André – TG Stan – Théâtre d’Arles
A quoi tu penses? .Dominique Boivin – Festival des Hivernales.
IN THE WIND OF TIME Isabella Soupard – Festival des Hivernales.
REPRODUCTION INTERDITE – Bruno Pradet – Festival des Hivernales.
Pas de deux – Rita Cioffi – Montpellier Danse.
The N.Y.C. Players – Richard Maxwell – KunstenFestivalDesArts – Bruxelles.
Telling Stories – Mpumelelo Paul Grootboom –
KunstenFestivalDesArts – Bruxelles.
Annonciation” – Angelin Preljocaj – Pavillon Noir – Aix en Provence.



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La favola Esplosa de Giorgio Rossi – Théâtre d’Arles.
Manu Katche’s Neighourhood Théâtre du Jeu de Paume.
Des gens qui dansent – Jean – Christophe Gallotta – Pavillon Noir.
Centaures” – Angelin Preljocaj – Pavillon Noir – Aix en Provence.
Electre – Philippe Calvario – Théâtre de Chateauvallon.
Holeulone – – Karine Ponties- Festival des Hivernales.
The ice – Alvis Hermanis / New Riga Theatre – KunstenFestivalDesArts – Bruxelles.

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U.I.A.R – Andréa Sitter – Festival des Hivernales.
WHAT YOU WANT ? Thomas Lerbrun – Festival des Hivernales.
Tragedy ou la nécessité des clowns dans l’humanité – Cartoon Sardines Théâtre – Théâtre du Gymnase.
Philippe Saire (création 2006) – Pavillon Noir.

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Christian Ubl – Pavillon Noir.
“Noces” – Angelin Preljocaj – Pavillon Noir.
Eldorado (Sonntags Abschied)” – Angelin Preljocaj – Pavillon Noir – Aix en Provence.
Et maintenant il colle son oreille au sol – Thierry Baë – Pavillon Noir.
L’histoire des enfants des voisins d’à côté – Pascal Montrouge – Pavillon Noir.
“Duplex” – Josette Baïz – Pavillon Noir.

“La peau dure” – Compagnie Fraction -Théâtre des Salins.
Matri(k)/s – Abou Lagraa – Théâtre des Salins.
Konnectings Souls – Franck II Louise – Scène Nationale de Cavaillon.
« La surface de divagation » de Montaine
Chevalier et d'Elodie Moirenc. Festival Dansem.

FLUX2 Jean Gaudin – Festival des Hivernales.
“I want to go home”-Guiherme Botelho Festival des Hivernales.
DEROLES Denis Palssard – Festival des Hivernales.
SUPER ! Maria Clara Villa – Lobos Festival des Hivernales.
Miossec en concert – Espace Julien – Marseille.

Bach – Maria Munoz- Théâtre d’Arles.
K.O.D – Isabella Soupart – KunstenFestivalDesArts – Bruxelles


Les Théâtres du Jeu de Paume et du Gymnase casent le public.
Le Pavillon Noir à Aix en Provence et le Théâtre d’Arles ouvrent les territoires du Tadorne.
Les festivals feront-ils le printemps 2007 du bloggeur?


Pascal Bély
www.festivalier.net

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EN COURS DE REFORMATAGE

Anne Teresa de Keersmaeker, belle de nuit.

La Scène Nationale de Cavaillon accueille la dernière création d'Anne Teresa de Keersmaeker, « Steve Reich Evening ». Ce musicien m'est totalement inconnu et pourtant, il est l'un des pionniers de la musique minimaliste et répétitive. Une fois de plus, la danse m'ouvre un nouveau territoire pour m'enrichir de sensations qui forgent pas à pas ma culture transversale.
Tout commence étrangement. Deux micros pendent du plafond pour frôler deux enceintes posées au sol, dans un mouvement de balancier qui va durer dix minutes.
A chaque extrémité de la scène, deux danseurs assis fixent ces allers ? retours mécaniques. Mes yeux suivent les micros, se détachent et je plonge dans une confusion où je ne maîtrise plus mes sens. Hypnotisé, cette séquence me prépare à accueillir avec ouverture quatre autres tableaux. Fatigué, j'entre pour ne plus en sortir.
C'est ainsi qu'Anne Teresa de Keersmaeker nous propose une des danses les plus articulées à un univers musical. Tout est une invitation à circuler, à s'arrêter, pour mettre le temps en sourdine, à l'arrêt comme autant de secondes volées à la vitesse de nos sociétés modernes. L'espace scénique est délimité en plusieurs bandes, telles des notes de solfèges accrochées aux lignes d'une partition. Il est parfois circulaire pour se laisser envahir par un groupe de femmes ; à d'autres moments, il cherche ses limites à l'image de ce petit groupe d'hommes à l’affût de nouvelles articulations. L'espace est profondément relationnel où le spectateur est inclus, où il peut entrer et sortir à sa guise. C'est une sensation très étrange de ressentir de son fauteuil une telle proximité avec les danseurs. Mais ce n'est pas tout. Anne Teresa de Keersmaeker nous offre un mur où se projettent les corps animés des danseurs montés sur des ressorts mécaniques comme les petites poupées de notre enfance. A d'autres moments, le mur prend les couleurs d'une friche industrielle (déjà remarquées dans sa création « Un soir, un jour »), soulignant l'atmosphère enfermante et pourtant si ouverte de l'?uvre de Steve Reich. Le mur devient alors une fresque où les corps et la musique ne font qu'un. Sublime.
Et puis il y a ces moments de forte intensité où Anne Teresa de Keermaeker s'appuie sur la musique de Steven Reich pour mécaniser les silhouettes féminines, accentuer leurs gestes répétitifs. Mais c'est sa danse qui leur procure la rage pour s'en émanciper. Progressivement la scène est le théâtre d'un monde ouvert, où les femmes guident les hommes vers le chaos pour les arracher à leur rationalité. Ces mouvements deviennent alors cinématographiques et je me sens emporté par la fluidité des rapports humains, par la puissance de leurs intelligences. Tout prend sens : Anne Teresa Anne Teresa de Keersmaeker nous émancipe en nous donnant les clefs pour entendre la musique déconstruite de Steven Reich et pour voir autrement nos sociétés globalisées, porteuses d'ouvertures et animées par des forces créatives.
En quittant le Théâtre, habité par l'énergie de cette ?uvre, j'ai fais un rêve?

Pascal Bély
www.festivalier.net


?????? “Steve Reich Evening” d’Anne Teresa de Keersmaeker a été joué le 31 mars 2007 à la Scène Nationale de Cavaillon.

NB: En juillet 2005, jécrivais mon premier article de danse sur ce blog. C’était pour Anne Teresa de Keersmaeker.

En ce 4 avril 2007, j’écris mon 100ème article de danse. Il est pour elle. La magie des chiffres.

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CONCERTS

The Arcade Fire annule sa tournée.

J'avais rendez-vous le 31 mars 2007 à Lyon avec ce groupe canadien exceptionnel. Après Bruxelles et Nantes en 2005, j'étais excité à l'idée de les retrouver à Lyon. Et puis, la nouvelle est tombée sur le site des Inrocks :

« C'est en effet un Win Butler exténué qui, ce week-end, a annoncé l'annulation de l'ensemble des dates européennes de Arcade Fire. « Je souffre d'une infection des sinus et des bronches depuis trois mois, et hier, à Stockholm, j'ai trop forcé sur ma voix, et poussé mon corps plus loin qu'il ne pouvait aller » a déclaré Butler dans un message posté sur le site officiel du groupe, avant d'ajouter « nous essaierons de revenir aussi vite que possible ».

En attendant, voici un extrait vidéo de leur concert à l'Olympia (superbe “Neon Bible” dans l’ascenseur!). Ce mois de mars est décidément glacial pour les chanteurs et le Tadorne?

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CONCERTS

Miossec ou l’ivresse perdue.


Il faut attendre 21h30 pour voir enfin Christophe Miossec monter sur la scène de l'Espace Julien, à Marseille, dans le cadre du Festival « Avec le temps ». Au commencement, je ressens ce concert comme une épreuve : titubant, Miossec s'accroche au porte – micro, à l'image d'une béquille. Il ne la lâchera plus jusqu'à la fin. Il chante au ras du sol, comme un enfant accroupi, jouant à construire et défaire ses châteaux de sable. Sa voix est couverte par des musiciens peu inspirés et habillée par des lumières aveuglantes, sans créativité. Quelques références à « l'eau impropre en Bretagne qui m'oblige à boire d'autres liquides » et « au nucléaire, concept communiste, puisque nous sauterons tous ensemble », viennent ponctuer ce tour de chant pathétique. Je me sens loin de ce chanteur qui m’a pourtant procuré une belle énergie vitale, avec son dernier album (l'Étreinte). À l'issue d'une heure quinze, la troupe part, en laissant le public marseillais sur la touche, un peu sonné par cet abandon. Miossec ne s'est jamais appuyé sur nous préférant se cantonner à sa petite scène, à son porte – micro qui lui résiste, à ses instruments qu'il jette à terre avec désinvolture.

  À la différence du spectacle vivant, les chanteurs se permettent un tel irrespect. Il y aura toujours un public et une presse pour trouver cela « rock and roll ». Miossec s'est éloigné de son art pour s'approcher de la déchéance. La décadence de Gainsbourg est loin.


Pascal Bély
www.festivalier.net


?????? Miossec en concert à l’Espace Julien de Marseille, le 24 mars 2007, dans le cadre du Festival “Avec le temps”.

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EN COURS DE REFORMATAGE

Rita Cioffi abandonne.


J'ai envie de danse. En déplacement professionnel, il est temps de sortir de cette chambre d'hôtel déshumanisé où la télévision fait office de fenêtre vers l'extérieur. L'air est glacial et j'entre me réchauffer au « Chai du Terral », beau théâtre de l'agglomération de Montpellier. Rita Cioffi présente « Pas de deux », duo dansé sur le couple à partir duquel « les processus d'identification et de différenciation créent l'identité et construisent l'individu ». Ambitieux programme. Inutile d'aller chercher dans la confrontation des deux danseurs une quelconque métaphore du couple amoureux. Je n'y trouve rien. Trop loin de moi, peut-être?Est-ce la rencontre entre l'homme et une femme ? Difficile à cerner tant ils me paraissent asexués. Lui est fort, elle plus frêle. A quoi bon de les voir ainsi ? Cela n'a toujours pas de sens?Alors ? Je m'accroche moi aussi à leurs vêtements : ils ont une fonction essentielle quand ils se relient à partir de la poche de leur jean's, glissent leurs mains dans les plis d'un tissu rebelle, s'engouffrent dans le t-shirt de l'autre. Le textile est alors cette seconde peau que nous cherchons en l'autre, en soi, avec peur, colère, désir et détermination. Leur danse, parfois mécanique, les transforme en statue, comme si le corps était matière dont nous serions le sculpteur par nos regards furtifs ou appuyés. C'est beau et profond. Nous aurions pu en rester là. Mais voilà qu'une vidéo de Roberto Sacova vient ponctuer ce « pas de deux ». Avec nostalgie et tristesse, le film normalise leurs rapports, joue sur les ralentis et annule le lien que je construisais pas à pas avec ce couple. Je déteste la vidéo quand elle prend le pouvoir sur le vivant.
Je quitte le théâtre avec un goût d'inachevé. De retour à l'hôtel, j'avais laissé la télévision allumée. Un homme et une femme s'affrontent. J'éteins.


Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Pas de deux” de Rita Cioffi a été joué le 22 mars 2007 dans le cadre de Montpellier Danse au Chai du Terral à Saint Jean de Védas.

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A lire aussi la critique d’une autre création de Rita Cioffi.


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Le projet culturel de François Bayrou: l’art de l’égocentrisme.

La culture arrive donc à petits pas dans la campagne. Après l'interview de Ségolène Royal dans les Inrocks, c'est au tour d'ARTE d'interviewer les candidats dans le « Journal de la culture ». François Bayrou ouvre le bal. Fatigué et sans beaucoup d'inspiration, nous avons droit à quinze minutes assez ennuyeuses. L'homme aime l'écriture et nous rappelle qu'il a écrit sur Henri IV, car il “n’a pas assez d'imagination pour inventer lui-même des histoires ». Cela a le mérite d'être clair ! Pour ne pas faire oublier qu'il est anti système, il se déclare hostile au comité de soutien composé d'artistes, mais patine un peu pour expliquer le sens de cette position ! Dès le début de l'interview, Bayrou pose toujours le même cadre, quelque soit d'ailleurs les émissions : il ramène le sujet à une vision égocentrique pour l'élargir à une approche « extremo ? centrique » !

 

L'émission ne nous donne pas le projet culturel global du candidat. Si l'intention est acceptable (« Je veux une culture d'ouverture pour le plus grand nombre »), il reprend à son compte les propositions de Ségolène Royal pour pérenniser le régime des intermittents, pour repositionner l'enseignement artistique au c?ur de l'éducation, et pour encourager le patrimoine linguistique de la France. Pour le reste, deux propositions ont retenu mon attention :

 

Une loi programme sur le spectacle vivant. François Bayrou est inquiet du décalage entre les moyens alloués à la production et la diffusion des ?uvres. Combien d'entre elles ne sont diffusées qu'une ou deux fois alors qu'elles sont de qualité ? La réponse est à trouver du côté de la décentralisation et dans la recherche de nouveaux publics, mais nous n'en saurons pas plus?

 

La culture doit être au c?ur du lien social. Il propose que des jeunes artistes communiquent sur leurs créations lors du service civil qu'il nomme d'ailleurs « service humanitaire » dès qu'il s'articule à la culture. La voilà relayée au rayon des ?uvres charitables?

 

L'intervention de François Bayrou se conclut par une proposition (« car tout le monde la fait ») : la TVA à 5,5% pour les biens culturels. Mais il rappelle qu'il « n'aime pas faire des promesses financières en cette période de dette ». Cette phrase sonne comme un couperet: elle nous empêche de nous projeter et de finir sur une note d'ouverture. La politique de Bayrou est sûrement à trouver dans la structure de cette émission : l'homme n'a décidément pas beaucoup d'imagination pour inventer une nouvelle histoire de France.

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Le projet culturel de Ségolène Royal pour s’affranchir des clichés.


Vendredi 9 mars, je mettais en ligne sur ce blog le magnifique appel de la cinéaste Pascale Ferran lors de la Cérémonie des Césars. La culture a fait ainsi une entrée remarquée dans la campagne sans pour autant que les grands médias interpellent les projets des candidats. Je sentais qu'il se préparait quelque chose, que les mots de Pascale Ferran trouveraient un écho.
Ségolène Royal a donc remis la culture au centre : d'abord lors d'une réunion face à 1000 intellectuels (artistes, juristes, écrivains, philosophe, ?) au Gymanse Japy le 11 mars puis dans une longue interview dans les Inrocks de cette semaine. Pour la première fois depuis 1981, une candidate à l'élection présidentielle fait de la culture un projet politique global. Loin d'une vision de la (bonne) culture dictée par le haut, elle préfère la relier au social, à l'économie, à l'éducation. Parmi les mesures symboliques et porteuses de sens, je retiens l'introduction de l'art à l'Éducation Nationale par la rencontre avec les artistes, la refonte du Conseil Economique et social pour y rajouter la culture, l'ouverture du chantier de l'emploi culturel (« après avoir soigné les blessures liées au conflit de l'intemittence »). Elle propose la création d'un Conseil Supérieur des savoirs, des arts et des sciences directement placé auprès du Chef de l'Etat. Toutes les autres propositions visent à décloisonner la culture car pour Ségolène Royal, « l'enjeu n'est plus seulement l'accès illimité, mais le choix éclairé ».
C'est ainsi qu'à la lecture de cette interview, vous aurez la douce sensation d'assister à l'émergence d'une politique culturelle ouverte, créatrice de passerelles inédites et profondément modernes. C'est une femme « affranchie » qui nous la propose. Ce n'est peut-être pas un hasard.

 

 

 

A noter, la création d’un “Carré Culture” sur le site de Désirs d’Avenir.

A lire, l'émouvant compte ? rendu de Pierre Bastogne sur la réunion au Gymnase Jappy sur le site Bétapolitique.

A lire l'intégralité de l'interview, sur le site Désirs d'Avenir.