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EN COURS DE REFORMATAGE

Au Festival d’Automne, les assistantes familiales de Jennifer Lacey.

En période chaotique, un festival  permet de se rapprocher pour échanger sur le sens, la forme, le propos d’une ?uvre et échapper au « réductionnisme » ambiant, à la peur de l’autre (ne parle-t-on pas de crise de confiance des marchés ?). Réunis à Paris, nous sommes cinq à faire le choix de nous rendre au Centre Georges Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne de Paris pour « Les assistantes » de la chorégraphe Jennifer Lacey et de la scénographe et plasticienne Nadia Lauro. Dans la salle, nous nous séparons. Parents d’un côté, frère et s?ur trois rangs plus haut. Forme classique verticale…
Neuf femmes dansent, chantent, écrivent, coupent et découpent du papier, avec un bonnet sur la tête, habillées de robes à carreaux avec petit tablier sur le côté, devant ou derrière. C’est selon la nature de la tache. La scène est en aluminium, éclairée de projecteurs grossissants échappés d’un blog opératoire. À moins que l’on ne soit au sauna, lieu communautaire, interdit aux hommes, mais ouvert à tous les corps. Il est fort possible qu’elles émergent des entrailles, des tuyaux du Centre Georges Pompidou. Quatre-vingt-dix minutes où j’ai tout lâché d’une semaine de crise globale, où un modèle semble s’effondrer sous le poids de la spéculation et du mensonge. Ici, « Les assistantes » inventent la société postmoderne, vue du côté de la danse. C’est réjouissant, car jamais enfermant. Elles préviennent dès le départ : « vous pouvez partir mais ce n’est pas mieux ailleurs ». Bien joué !
A les voir déambuler ainsi sur la scène, on devine facilement leur improductivité. Lorsqu’elles s’inscrivent dans la société industrialisée, c’est sur le côté, pour découper du papier. On les croirait au musée du « travailler plus pour gagner plus ». Elles n’ont pas d’objectifs si ce n’est de créer le mouvement circulaire du lien et puiser dans leur unique ressource : leur créativité. Elles deviennent alors ces exploratrices dont nous aurions tant besoin aujourd’hui : elles expérimentent, se plantent, se rattrapent, s’isolent, jouent le collectif. Elles dansent et se mettent en mouvement dans un dedans dehors impressionnant. Là où nos sociétés rigidifient pour maîtriser, elles lâchent prise pour fluidifier. Avec elles, savoir n’est pas primordial. Elles s’essayent à des disciplines : nous sommes bien loin de la toute-puissance des experts. Leurs instruments de musique sont si petits qu’elles ne peuvent pas créer une symphonie, juste une mélodie cool pour calmer nos angoisses face à l’imprédictibilité de ce Nouveau Monde. La danse individuelle et collective permet la transition entre les séquences : elle est passerelle. Cela en est donc fini de l’appellation « danse contemporaine » !
Avec « Les assistantes », construire du lien social est une performance, qui nous englobe dans un rapport donnant – donnant, où le pouvoir s’inscrit dans le jeu. C’est l’utopie d’une société différente. Je me sens prêt à m’y inclure, avec elles comme éclaireuses.
A la sortie, notre groupe se forme pour se réformer. Des liens se créent, d’autres se renforcent. Nous goûtons, le temps d’une soirée, à notre famille recomposée.
Le délicieux goût des autres.

Pascal Bély
www.festivalier.net

Ps : à lire le magnifique article, si apaisant de « l’assistant » Guy Degeorges.

Photo par Laurent Philippe, avec l’aimable autorisation du festival d’automne à Paris

Voir aussi Vincent Jeannot-Photodanse

?????? ” Les assistantes” de Jennifer Lacey et  Nadia Lauro a été joué le 10 octobre 2008 dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.

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EN COURS DE REFORMATAGE

A ACTORAL, “Le Grand Nain” se guignolise.

On a frôlé l’explosion. La révolte. L’envahissement du plateau. Au Théâtre du Merlan, il se passe toujours quelque chose. On a hâte d’être en 2013 quand Marseille sera capitale européenne de la culture ! Pensez donc. Alors que « Le Grand Nain » de Philippe Eustachon et Jambenoix Mollet, programmé dans le cadre du Festival ACTORAL, est terminé depuis dix minutes, les enfants emmenés par leurs instituteurs et professeurs continuent de manifester bruyamment. Certains adultes se plaignent : «mais enfin, on ne peut pas les faire taire pendant le spectacle ?». Cette ?uvre, largement soutenue par la critique (Télérama, Mouvement), est bousculée ce soir par des enfants et des handicapés mentaux qui à coups de cris et de remarques intempestives ont métamorphosé cette pièce, rencontre de Robinson Crusoé et de Vendredi par temps de catastrophe, en théâtre de guignols (happenings et jeux de cache-cache compris). Les gosses se marrent, certains adultes beaucoup moins. Là où les enfants m’invitent, j’ai préféré rester à côté malgré les vingt premières minutes prometteuses.
À l’heure où la crise actuelle nous engloutit un peu plus chaque jour de son cortège de chiffres et de prophéties apocalyptiques, cette maison de bric et de broc, traversée d’un torrent de boue, habitée par un « grand nain » divaguant comme s’il était monté sur ressort, est la jolie métaphore de notre contexte. Alors qu’il range obsessionnellement ses objets dans ce chaos (image de notre société rationnelle apeurée), ce personnage séduit, attendri. Les enfants y voient une marionnette, là où j’aime y déceler un mouvement de cirque dansé dans l’espace de nos folies contemporaines, où le chaos ambiant éclaire ce que nous sommes en train d’ensevelir.
Je m’accroche, mais les enfants crient de plus en plus fort. L’arrivée de l’étranger (Vendredi) ne change rien, bien au contraire. Il amplifie la peur. La scène est alors la caisse de résonnance d’un public qui joue avec les acteurs  d’un jeu vidéo dans un combat entre la musique du dedans et la furie du dehors. Le plateau déborde vers la salle comme si la frontière entre les comédiens et les spectateurs devenait poreuse, à l’image d’une mise en scène et en espace bien trop fragile, plus assez contenante pour ce type de public.
En miroir avec la scène, nous devenons tous des “grands nains spectateurs“. Je finis par démissionner, par goûter ce raffut, cette ébullition.
Quelles étaient les intentions du Merlan en invitant tant d’enfants ? Comment faire de la mixité du public un ressort créatif pour chacun plutôt que ce chaos qui décourage.
Qu’en pensent ces deux acteurs, grands nains aux pieds d’argile ?

Pascal Bély – www.festivalier.net

?????? “Le Grand Nain” de Philippe Eustachon et Jambenoix Mollet  a été joué le 9 octobre 2008 dans le cadre du Festival ACTORAL.

Laurent Bourbousson, spectateur et contributeur du Tadorne a également vu « Le Grand Nain »

“Encéphalogramme plat”.

Tout commence par un bruit assourdissant et une explosion. Le chaos frappe à nos portes. Il s’agit d’une catastrophe, d’un tremblement de terre, d’un “tsunami”. Il arrive, lui, l’informe, le difforme, le nous. Au milieu de sa pièce dévastée, il nous regarde, range ses affaires en désordre, ouvre ses placards d’où proviennent des sons de rues, de radio. Tout n’est pas mort. Ouf, nous sommes sauvés. Lui, c’est le “Grand Nain”. Nous sommes chez lui, du moins ce qu’il en reste, ce qui reste de notre monde.
Invité à revisiter le mythe de Robinson avec la compagnie Anomalie, j’avoue patauger dans l’incompréhension avec cette entrée en matière. Je ne sais plus quelle direction prendre pour donner du contenu à ce début périlleux, ni quoi raconter de mon histoire pour m’intéresser à la scène. Tout me semble cinématographique dans cette proposition. « Le Grand Nain » m’évoque Pingouin dans “Batman“, sa voix métallique à celle de Wall-E, et l’atmosphère à un film de peur, genre “La colline à des yeux“, ou autres titres de films de série B.
L’apparition de l’autre, dont le corps est découvert sous un amas de terre, n’arrange rien. Je poursuis alors mes liens cinématographiques : je l’imagine Mowgli dans “Le Livre de la jungle” ou dans “L’enfant sauvage” de François Truffaut.
Je reste sur le côté à écouter les dires du public scolaire qui forme le plus gros des spectateurs.
Définitivement à côté.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL ACTORAL

L’Islam est-il soluble dans la démocratie participative?

Il y a comme une contradiction. D’un côté, le spectateur est de plus en plus sollicité lors des performances d’artistes afin de se questionner. De l’autre, on le prie de rester à sa place pour ne pas déranger les institutions dans leur organisation souvent pyramidale et s’immiscer dans le regard critique, chasse gardée des journalistes, seuls compétents.
Vendredi dernier, dans le cadre du Festival ACTORAL à Marseille, je fus sollicité, interpellé et c’est tant mieux. Mais je cherche l’espace où je pourrais donner mon retour. A qui ? Comment ? Les festivals n’ont toujours pas intégré ce processus : paresse, manque de créativité ?
À l’entrée de la salle de Montévidéo, trois hommes nous attendent. Nous sommes priés de nous déchausser, façon de créer une intimité où les trous de nos chaussettes signent notre vulnérabilité ! Yan Duyvendak est Suisse hollandais tandis qu’Omar Ghayatt est Égyptien (il est accompagné d’un traducteur). Différents fragments forment «Made in paradise» (certains sont aboutis, d’autre pas). La version définitive de l’ensemble sera présentée en 2009 à Lausanne. Ce soir, notre duo teste leur démarche sur le public marseillais. Pour que l’on ne perde pas totalement notre statut de spectateur actif, ils introduisent les thèmes des fragments pour les soumettre à notre vote ! Trois séquences de quinze à vingt minutes sont choisies par l’assemblée. Ce couple artistique, métaphore du lien entre l’Orient et l’Occident, ne va pas de soi si l’on en croit la présentation des fragments : comment communiquer, se comprendre, alors que l’Islam provoque tant de peurs ?
La première séquence revient sur les événements du 11 septembre. Les images hallucinantes des corps tombés du ciel au milieu de feuilles volantes sont inscrites dans notre imaginaire. En faisant voler des photocopies de texte (supposés) et de photos prises ce jour-là, le duo propose un moment d’une grande poésie. Le sol de la salle est ainsi parsemé de papiers tandis que la sculpture de nos corps de spectateurs, assis à terre, forme inconsciemment un paysage de guerre. C’est court, émouvant, incluant.
La suite va provoquer un certain malaise. Sans rien dévoiler ici, notre duo nous prend au piège de nos formatages, de nos représentations rigides sur l’Islam, voire de notre racisme larvé. C’est efficace même si l’on frôle la caricature : en effet, le duo interprète alors que nous n’avons rien dit ! Le deuxième fragment («Boom») nous donne l’opportunité de nous lâcher. Je ne m’en prive pas en endossant la fonction du laïc intransigeant ! Je prends goût à jouer dans ce jeu de rôles. Nos deux acteurs observent, contents de leurs effets. C’est assez contenant même s’ils ne font rien de nos paroles fragmentées.
Le dernier fragment (“Ma vie secrète“) s’étire en longueur au sujet de la vie sexuelle d’Omar. L’approche narrative et finalement assez peu symbolique finit par m’ennuyer comme si ce théâtre-réalité ne parvenait pas à transcender le propos.
Au final, un goût d’inachevé et des questionnements sur la démarche. Ne sommes-nous pas en présence d’un duo qui démontre ce qu’il sait faire ( la communication entre un Suisse et un Égyptien fonctionne) en prenant une position haute, presque donneuse de leçons ? En même temps, leur performance aide à se positionner et invite le spectateur  à réfléchir sur ses processus.
La limite vient de la difficulté d’articuler les trois fragments. Notre duo pourrait inviter les spectateurs de Lausanne à opérer cette reliance en créant une oeuvre métaphorique.  Les oeuvres des spectateurs pourraient par exemple circuler sur internet. Car comment changer les représentations à un niveau local (le théâtre) si la parole des spectateurs ne circule pas à un niveau global?  Comment faire pour que les ressentis des spectateurs marseillais rencontrent ceux de Paris, Lausanne, …?  N’est-il pas du ressort des artistes, des institutions, des spectateurs de faciliter la communication entre ces différents niveaux? La démocratie participative dans les théâtres y trouverait peut-être une forme pour le moins originale.
En quelque sorte,
un “paradis” démocratique au dessus des religions.
Chiche!
Pascal Bély, le Tadorne

 Made in paradise”  de Yan Duyvendak et Omar Ghayatt a été joué le 3 octobre 2008 dans le cadre du Festival ACTORAL de Marseille. En tournée: à Paris le 15 octobre 2008 au Théâtre de la Coline. D’autres dates: http://www.duyvendak.com/rubrique7.html.
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EN COURS DE REFORMATAGE

Manon et Jean de Florette au Merlan: petits moments entre amis.

Quel plaisir de retrouver le Théâtre du Merlan en vagabondage et des amis rencontrés deux ans auparavant sur le Vieux Port de Marseille avec la Compagnie Marius, célèbre troupe belge, experte dans le théâtre de rue!
Nous avouons notre nostalgie de la période où Le Merlan nous baladait dans Marseille, et l’on se souvient des itinéraires préparés par Mappy avec cette impression de partir à l’aventure pour mériter « le » spectacle au bout du chemin.
Filer en direction d’Allauch, plus précisément au Domaine de Pichauris, en ce dernier dimanche de septembre, a été notre « madeleine de Proust ». Une excitation étrange nous a alors envahi au fur et à mesure des kilomètres avalés (nous n’habitons pas le département) où l’apparition des fléchages avec le logo des portes roses du Merlan dans le domaine départemental provoque la joie des retrouvailles.
Les acteurs de la compagnie Marius sont nos amis de théâtre. Avec “Marius“, “Fanny“et “César“, joués en 2006, ils nous avaient emballé. Avec “Manon” et “Jean de Florette“, nous sommes conquis.
Avec deux fois rien (casseroles chinées et portes de bois récupérées), c’est un théâtre de brique et de broc qui prend forme sous nos yeux. Tout est inventif dans cette forme périlleuse où il faut jouer avec l’extérieur, avec le public, inventer, créer sans cesse et improviser (« Je crains dégun » du Papet, phrase déjà culte !). Le deux fois rien se transforme en un immense chantier théâtral remarquable.
L’énergie débordante et communicante des comédiens instaure une relation de confiance avec le public. Nous redécouvrons tout naturellement les aventures pagnolesques de Manon, Hugolin, le Papet et Jean de Florette à travers nos yeux d’adultes, mais avec nos souvenirs d’enfants. Cela fonctionne, car l’humanisme de la mise en scène soutient des acteurs respectueux de l’?uvre.
En s’appuyant sur notre mémoire collective (le patrimoine cinématographique de Pagnol dont les tirades culte de Daniel Auteuil), la compagnie Marius décortique l’?uvre, dépasse son cadre culturel et finit par illustrer le concept de l’appropriation où nous redécouvrons notre richesse littéraire.
A méditer…

Laurent Bourbousson – Diane Fonsegrive / www.festivalier.net

 

??????Manon” et “Jean de Florette” ont été joué du 17 septembre au 5 octobre au Domaine de Pichauris dans le cadre de la programmation du Théâtre du Merlan – Scène Nationale

 

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EN COURS DE REFORMATAGE

A ACTORAL , même loin de Demorand, les mots cognent.

Je sature. Je n’arrive plus à écouter Nicolas Demorand sur France Inter le matin. Dès qu’il parle, c’est pour m’envoyer une baffe. Ali Baddou sur France Culture à la même heure ? C’est pire : ses invités, il les choisit pour réviser ses cours de fac. Au final, la crise financière est partout et nulle part : les mots pour la décrire perdent leur sens dans la peur, la technique et le sensationnalisme. Le capitalisme financier a donc gagné : tout en s’écroulant, il arrive à s’immiscer dans notre vision du monde pour imposer ses grilles de lecture et ses mots bien calibrés. Je suis “chaos”, mais debout. Comment s’élever ?
Après mon escapade à Manosque dimanche dernier pour les “Correspondances“, j’arpente la rue Breuteuil à Marseille, direction la petite maison de Montévidéo, où se déroule une partie du Festival International ACTORAL qui offre aux mots, une ouverture suffisamment large pour qu’ils se cognent, s’accélèrent, se redéfinissent. Tel un espace de parole, ACTORAL soigne les maux des mots et donne au spectateur la compétence de les entendre dans toute leur complexité. Démonstration.
Robert Cantarella et sa performance « Auras comprises » positionne le spectateur au c?ur d’un dispositif qui n’est pas sans évoquer un espace thérapeutique où l’on soignerait notre peur à l’égard des personnes âgées atteintes d’Alzheimer. Le dispositif scénique nous permet d’entendre ce flot de paroles comme un patrimoine historique, une ?uvre artistique où l’acteur nous le donne à entendre, en décalé, avec empathie et justesse. Cette parole déconstruite est ainsi réintroduite dans notre quotidien, pourtant submergé d’informations bien plus déstructurées. Pendant trente minutes, la réalité psychique de ces hommes et femmes est passionnante. Avec Cantarella, la réalité est multiple.
Autres mots d’amour. Elle nous vient de Montréal. Renée Gagnon est debout, derrière son pupitre, à nous lire son recueil de poèmes, “Projet McQueen“, tandis que défilent sur un écran de nombreux extraits de films avec…Steve McQueen. On passe ainsi une heure à écouter tous les hommes d’une femme, incarnés par cette icône quasi religieuse ! C’est souvent drôle. Cela percute comme une relation de couple où la fusion et la séparation sont des processus si imbriqués que l’on finit par perdre son latin québécois ! Renée Gagnon a non seulement une belle plume, mais aussi un art du montage qui n’est pas sans rappeler l’esprit des dessins animés de Tex Avery.

Fanny de Chaillé
se prépare au combat. Puisqu’il faut en passer par là. Elle s’offre un plateau en forme de ring, enfile la posture de la rockeuse. Tout est prêt pour sa «Gonzo Conférence». Pendant que sa partenaire lit sur un pupitre un texte recherché sur le rock et sa différence avec le théâtre, elle danse, mime, se jette dans le public. Tout est mis en perspective pour nous expliquer ce qu’est le rock et où il va. Nous voilà propulsés dans un espace à plusieurs dimensions où le savoir, le corps, la place des spectateurs (assis par terre ou debout comme dans un concert) forment un tableau théâtral réjouissant. Alors que le rock s’assagit, le Théâtre est toujours là, plus actuel que jamais. J’ai enfin compris pourquoi je n’aime que les concerts théâtralisés ! Fanny de Chaillé vient peut-être d’inventer un concept qui dépasse de loin le cadre du concert littéraire si cher aux Correspondances de Manosque. À quand le prochain « Gonzo » ?
Elie Hay est interprète chez Gisèle Vienne et ancien élève du CDC. Il a un look sympa.

Avec « I like him and he likes me », ils provoquent la sidération du public. Pensez donc. Vingt minutes à se castagner avec Lorenzo de Angelis et nous, public, à les entourer, comme au bon vieux temps des jeux du cirque. Je ne sais plus où me mettre. J’ai peur d’en prendre une. À côté, Nicolas Demorand est un ange et le capitalisme financier, un concept bisounours. C’est une danse, sans aucun doute. Sauf que l’on ne peut se l’imaginer sur scène. Ailleurs oui, dans la rue, au cinéma, au PS, mais pas ici. Et pourtant, je n’en ai pas dormi de la nuit. Cela m’a cogné. L’art débusque toujours où on ne l’attend pas. Qu’ais-je donc pris dans la tête ?
7h. le radio-réveil s’allume. Nicolas Demorand vient de m’en mettre une autre.


Pascal Bély
www.festivalier.net

Crédit 1ère photo: Marc Domage

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Actoral
2007 sur le Tadorne:
Au Festival ActOral, ?Mon képi blanc?, le beau monologue du pénis d’Hubert Colas.
Au Festival Actoral, l'acte anal d'Yves-Noël Genod.
Au Festival Actoral, Martine Pisani liquéfie les mots.

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CONCERTS

Aux Correspondances de Manosque, Florent Marchet provoque le krach.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=sLXSOjG8mJ0&w=425&h=344]

A l’entrée du Théâtre Jean Le Bleu de Manosque, deux agents de sécurité surveillent. Métaphore d’une société qui n’accueille plus, même lors du pacifique festival « Les Correspondances ». Cette entrée en matière n’est rien à côté du concert littéraire, «Frère animal», écrit par Arnaud Cathrine, orchestré par Florent Marchet en compagnie des chanteurs Valérie Leulliot et Nicolas Martel. En ce dimanche soir, ils nous invitent au boulot, plus précisément à la SINOC (Société Industrielle Nautique d’Objets Culbuto), entreprise installée au fin fond de la France du journal de 13h de TF1. Différents personnages circulent (Thibault, son père, Julie la petite amie, des copains, l’agent d’accueil, le DRH), sur cette scène minuscule, à peine éclairée par des projecteurs fatigués en forme de drapeaux.
Alors que le contexte de crise financière plombe notre avenir immédiat, « Frère animal » dénonce ce que nous savons trop. L’entreprise exploite, manipule, réduit, détruit. Quand elle fait corps avec la famille de Thibault, elle en épouse le fonctionnement symptomatique. Le concert est une suite de textes chantés, où les voix cassent, cisèlent. Nos quatre trentenaires en ont gros sur leur c?ur. Leur colère sourde est palpable. Ils en veulent à la génération de leurs parents d’avoir participé à ce type de relations sociales, mélange de paternalisme et de productivisme acharné. Je ne suis pas loin d’étouffer et je m’accroche à eux, cherchant ici ou là, un geste, une intonation pour respirer.
Je ressens l’angoisse monter dans la salle. Avons-nous besoin de cela en ce moment ?
C’est Valérie Leulliot (ex « Autour de Lucie ») qui apporte une douceur contagieuse, presque mélancolique au moment où le concert quitte la SINOC pour s’immiscer dans le fonctionnement de la famille de Thibault. Chacun se métamorphose, donnant de l’ampleur à son personnage, à l’exception d’Arnaud Cathrine, attachant dans sa rigidité. Les mélodies se font plus harmonieuses, les corps empruntent des mouvements chorégraphiques. Mais le malaise persiste. « Frère animal » est un texte usé, lessivé par la logorrhée d’un Besancenot et maintes fois dépeint par les sociologues d’entreprise. Cela ne remet pas en cause la pertinence du fond, mais ce concert littéraire colle  un peu trop au propos ; le ton employé et la mise en scène sont parfois en position haute , à l’image d’une gauche bien pensante.
Seulement voilà. Le talent de Florent Marchet opère (on ne le dira jamais assez ici, c’est un musicien exceptionnel) ; Nicolas Martel libère un charisme troublant et Valérie Leulliot nous envoûte de sa voix posée. Ce quatuor ne se compromet pas dans la facilité. Raison de plus pour leur souhaiter de revenir nous chanter leurs utopies nautiques culbutantes.

Pascal Bély
www.festivalier.net


?????? “Frère animal” d’Arnaud Cathrine et Florent Marchet a été joué le 28 septembre 2008 aux Correspondances de Manosque.

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Florent Marchet sur le Tadorne:
Florent Marchet donne aux Correspondances de Manosque ses lettres de noblesse.

Florent Marchet quitte la Scène de Cavaillon.

Un reportage sur “Frère Animal” sur France 24.

 

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LES EXPOSITIONS

Le « Printemps de Septembre » de Toulouse change d’époque.

Il n’est pas facile d’évoquer l’art contemporain en France sans entendre une remarque amusée ou sarcastique. Mais rassurons-nous, la crise financière actuelle achève peut-être un cycle qui a trop longtemps réduit l’imaginaire à une fonction divertissante.
Écoutez plutôt cette phrase : « Là où je vais, je suis déjà ». Ce n’est pas un slogan creux. Ni le thème d’une programmation théâtrale. C’est une invitation, ouverte, chaleureuse, émouvante. Elle recouvre les affiches du Festival de création contemporaine, « Le Printemps de Septembre », à Toulouse. Ces mots résonnent encore, quelques jours après avoir arpenté les différents lieux d’exposition d’une ville décidément trop rose. Elle part de nous, parle de moi, viens vers vous. Le Directeur artistique, Christian Bernard (actuel directeur du MACMO à Genève), a créé l’un des itinéraires les plus ouverts qu’il soit, où l’art ne nous disqualifie pas, mais puise dans nos ressorts créatifs pour que chacun soit capable de créer sa route, prendre des chemins de traverse, se perdre dans le réseau. Nous ne sommes plus statique mais toujours au centre dans une communication circulaire entre l’artiste et nous. L’immatérialité se matérialise par le lien que chaque spectateur peut entretenir avec l’?uvre. Avec cette édition, « Le Printemps de Septembre » guide chacun d’entre nous à se repérer dans cette époque post-moderne naissante alors que la crise financière actuelle enterre une certaine approche de la modernité. Petite sélection d’un grand festival populaire.


À l’Église des Jacobins, certains visiteurs pleurent, tandis que d’autres se déplacent pour mieux coller leur oreille aux enceintes du ch?ur polyphonique de Janet Cardiff, «The Forty Part Motet». Nous sommes inclus dans les processus complexes de la musique (« Spem in Alium » de Thomas Tallis, 1573) : c’est le corps tout entier qui fait caisse de résonance. Jamais je n’ai écouté à ce point mes ressentis. La postmodernité est là : l’émotion peut-être un vecteur d’épanouissement, dépouillé des croyances religieuses et sociétales qui dicteraient ce qu’il faut entendre et éprouver. Un grand moment.

Tout comme l’exposition de Claude Lévêque, à la Maison Éclusière. Avec «Rendez-vous d’Automne», attendez-vous à ressentir  un espace particulier. Alors que l’on marche sur un sol de brindilles et de feuilles mortes, que l’automne nous envahit, nous faisons un voyage entre la vie et la mort, où les fantômes de nos nuits et de nos jours peuvent à tout moment surgir. C’est forcément émouvant, car Claude Lévêque convoque à la fois les bruits, les sons, les odeurs, d’un rite initiatique que l’on ferait dans la maison de son enfance. Sauf qu’ici, nous perdons toute temporalité pour nous retrouver au centre d’un espace imaginaire qui fait de nos pas, de nos souffles, de nos frissons, de nos rires une ?uvre d’art.
C’est confiant que j’entre au Musée « Les Abattoirs », lieu d’Art Contemporain. Christian Bernard précise avec pédagogie son intention1 (la modernité vivrait-elle ses derniers instants ?). Dans plusieurs salles, les murs tapissés (métaphore de la toile internet ?) accueillent différentes ?uvres puisées dans le patrimoine des musées toulousains. L’artiste John M. Armeleder a été chargé de mettre en mouvement cette mise en abyme. Dans chaque pièce, les ?uvres se répondent : là un détail trouve un prolongement ici. Mon regard se nourrit de mes liens. Je ne cherche plus à comprendre, je relie. Je construis ma toile dans une dynamique si transversale que j’en oublie l’approche verticale (qui est l’auteur ? Quelle année ?). J’entre dans l’histoire de l’art comme si j’en faisais partie ! Je passe de salle en salle pour jouer encore et encore. A ce stade-là, l’exposition devient ludique. Les visiteurs s’observent, se sourient. Nous sommes à deux doigts de nous parler et de faire la fête. L’hédonisme a franchi l’espace trop souvent fermé des lieux d’exposition. Jouissif !

Ces trois voyages nous conduisent tout naturellement à l’Hôtel Dieu pour oser toucher les objets glissants et usés par la société de consommation de Laurent Faulon; à nous exposer, grâce à l’artiste suisse Delphine Reist, à la brutalité d’un pouvoir masculin pour ressentir avec émotion la détermination féminine. Et comme nous en voulons encore, nous allons à l’Espace Ecureuil regarder le film « Shifting » d’Alex Hanimann où un chien plutôt dangereux a priori devient peureux par le seul fait qu’une caméra le braque. Vingt minutes où l’on se surprend à vouloir zoomer avec la focale alors que nous sommes simplement voyeur de nos peurs. Époustouflant.
La peur encore au ventre, nous partons vers le Château d’Eau pour entrer dans le monde en 3D du duo de photographes italiens Botto e Bruno. Avec eux, l’espace urbain défiguré de nos villes est une toile de maître, où les photos froissent notre regard formaté pour oser voir ce que nous refusons d’admettre : la créativité est partout.
Même en Afghanistan. Pour le croire, rendez-vous à l’Espace EDF Bazacle. Quatre vidéos vous attendent, filmées par Lida Abdul. On peut s’asseoir au centre et visionner en même temps ces quatre moments volés à la guerre. Cette mise en abyme donne l’espoir que même l’automne de Claude Lévêque puisse effacer les traces d’un printemps noir.

Pascal Bély
www.festivalier.net

1. « Dans l’archipel de l’art contemporain, rares sont devenus les artistes qui se réclament du moment moderne. Presque tous se vivent comme relevant de la « condition post-moderne » ou mieux, désormais, comme ressortissant d’un destin mondialisé, plus déterminé anthropologiquement et géographiquement qu’historiquement. Pourtant, beaucoup des formes proposées au nom de l’art (d’)aujourd’hui sont manifestement très informées des lexiques et des scansions majeures de la modernité. Certes, elles en jouent au moins au second degré, mais les échos ou les réactivations décalées qu’elles en proposent montrent que subsiste un régime « anamnésique » de l’art, une forme de prospective nostalgique qui continue de relever le paradoxe des modernes, condamnés, comme le pointait Roland Barthes, à faire du nouveau avec de l’ancien ».

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“Le Printemps de Septembre” jusqu’au 19 octobre 2008.

 Sur Le Tadorne, les articles de l’édition 2007:

La jeunesse se réfugie au ?printemps de septembre? de Toulouse.

Les hirondelles Katharina Ziemke,Daniel Dewar et Grégory Gicquel au “printemps de septembre” de Toulouse.

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LES EXPOSITIONS

Avignon, c’est aussi en automne.

Diane Fonsegrives habite Avignon. Elle écrit pour le Tadorne. Des « Rencontres photographiques d’Arles » l’été dernier à l’exposition de Douglas Gordon actuellement à l’affiche en Avignon, je prends toujours beaucoup de plaisir à lire ses chroniques. Respirez, là voilà qui nous guide…
Pascal Bély – Le Tadorne.

Et si la gloire de se croire visionnaire n’était pas ? Et si la photographie était « Nous », aveugle et déconcentrée, née d’une angoisse de ne pas avoir vu l’instant, de l’avoir vécue sans en laisser de trace dans nos souvenirs ? Une mort stupide, car nous ne sommes pas, puisque non conscient de l’acte. Et pourtant nous sommes, car nous nous voyons tels que nous ne sommes pas, même si notre réalité physique nous rappelle cela à chaque jour. “Those I have forgotten but will never remember” est écrit sur le mur.
C’est à travers des supports photographiques et vidéo que Douglas Gordon nous impose notre vraie dimension, non celle qui nous sert de repère parce que l’on se l’est simplement imaginée. Il décompose le mouvement des corps à l’infini, trace dans le geste la violence de nos êtres, l’amour, la haine, la mort qui nous dessinent. Sommes- nous être ou pulsion ? Regard ou Regardé ? Et si le mouvement composait uniquement la symphonie de nos existences sans consistance sur terre, sans vie, sans que nous en soyons totalement maître parce que l’on n’en a pas conscience. C’est ce que Maître Gordon semble vouloir nous chuchoter à l’oreille en nous demandant de nous voir simplement dans le miroir de la vérité et de regarder notre beauté (Si Dieu l’estime), celle de la vie. 

Diane Fonsegrives – www.festivalier.net

“Douglas Gordon” à la Collection Lambert en Avignon, jusqu’au 2 novembre 2008.

Ps : et aussi, j’ai fait la nouvelle collection du petit palais en Avignon. Une nouvelle collection de la peinture religieuse au XVème. Nous changeons de registre, mais je suis toujours autant fascinée par ce travail d’orfèvre. D’abord, on constate le travail de préparation technique des couleurs sur le support surface bois. Puis on y compte les formes rondes, les auréoles, les visages, les anges, les douleurs. Tout est très essentiellement rond. Pas parfait mais rond. Arrivent alors les couleurs qui vous obligent le regard au coeur même de leur âme. Vous êtes stupéfaits. Saisis. Le détail arrive. L’oeil le capte. Les costumes, les arches, les cieux, les dorures de la luxure de la contemplation. L’orfèvrerie de la peinture oblige votre respect. Ensuite l’histoire. Car chacune des oeuvres conte la culture chrétienne à qui veut bien lui créditer un peu de morale. Pour les passions de notre passé de civilisation, pour nos pêchés actuels, pour le plus grand des ravissements A vivre et à revivre inlassablement pour n’admettre enfin que l’art aujourd’hui trouve racine en leur pair.

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EN COURS DE REFORMATAGE

A Aix en Provence, la danse défie les bouchons.

La résistance est là, au coin de la rue. La créativité aussi. Pendant que la Mairie UMP d’Aix en Provence organise « la fête des déplacements » pour nous faire croire qu’elle est à la pointe du développement durable, le cours Mirabeau est bloqué par un embouteillage monstre où paradent les 4×4 bling-bling. Alors que le haut du Cours fait la fête, le bas continue de circuler en bagnole comme si de rien n’était, à l’image d’une municipalité UMP qui ne voit pas plus loin que le bout de l’événementiel.
Soudain, l’imprévisible surgit. Le chorégraphe Bernard Menaut et sa troupe viennent perturber ce non-sens pour introduire du sens, de l’humain, de la poésie. Deux danseurs et trois musiciens endimanchés se déplacent dans une course folle avec des chaises de bureau et provoquent une bien jolie pagaille sur le Cours bouchonné. Des insultes fusent de la part de conducteurs pris à leur propre piège. À cinq, ils ridiculisent nos comportements individualistes. Les corps sont cassants, rigides, mécaniques. C’est totalement absurde, mais le miroir est saisissant : les deux voies de la rue sont à l’image des deux hémisphères de notre cerveau de conducteur!
Pendant que les musiciens (magnifiques) jouent avec leurs sons chaotiques, les deux danseurs paradent, se déplacent sur un bout de trottoir. Les corps sont tout à la fois pont-bascule, rue étroite, et boulevard. Dès que la voie est libre, l’absurde en profite pour s’y glisser. Ce n’est pas seulement drôle. C’est beau et notre imaginaire se régale d’autant plus que certains spectateurs sont mis à contribution. En les intégrant, le groupe fluidifie les liens, les mouvements se font plus harmonieux. À la mécanique des premiers gestes, surgissent la ronde, le train : l’énergie de nos déplacements se trouve dans ce lien solidaire et créatif. Bernard Menaut et sa troupe incarne alors les valeurs du développement durable.
La danse réussit là où l’événementiel échoue : nous faire voir autrement ce que nous réduisons pour ne pas changer.


Pascal Bély – www.festivalier.net

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