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L’ADAMI conjuguerait-elle les talents ?

Iriez-vous dans un jury régional comme spectateur pour participer à la sélection de deux danseurs parmi onze audités dans le cadre d’un concours national, « Talents Danse », organisé par l’ADAMI? Quand la Compagnie Kelemenis, mandatée pour coordonner l’audition à Marseille, m’a contacté, je n’ai pas hésité une seconde : c’est oui ! Il y avait dans cet accord, un désir : évaluer mon regard de spectateur après trois années d’écriture sur le blog et ressentir le contexte de la danse contemporaine, à partir de cette modeste audition. Car « Talents danse » est un concours attrayant : il évalue la posture du danseur-interprète dans son lien avec le chorégraphe.

Le jury, composé de Mireille Guerre (Directrice du Théâtre des Bernardines), Deborah Larry, Santiago Congote (danseurs), Patrick Servius (Chorégraphe) et Nathalie Ducoin (administratrice de la Compagnie Kelemenis) créé rapidement un climat de confiance propice à des échanges argumentés, éloignés du jugement de valeurs (j’aime, je n’aime pas) mais toujours attentif à porter un regard sur le positionnement du danseur. Soucieux de faire un retour à l’issue de la prestation, nous mesurons les enjeux d’un tel concours pour des jeunes interprètes le plus souvent assis sur quelques certitudes, parfois enfermés, mais habités par une énergie créative qui ne tarde pas à nous contaminer. Mais surtout, la danse fédére notre jury, par le consensus pour laisser notre perception individuelle évoluer à mesure de la complexification de nos échanges. Oui, la danse est l’art du fragile, du tissage, de l’articulation entre le conscient et l’inconscient. Communiquer sur le mouvement me guide personnellement vers un langage partagé.

Les candidats envoyés par des écoles paraissent souvent isolés, pris dans un rapport quasi fusionnel avec leurs enseignants (qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à nommer « chorégraphe »). Transgressant la règle du concours (à savoir présenter un extrait d’une ?uvre d’un chorégraphe), ils nous jouent leur création personnelle. L’interview révéle une quasi-ignorance des courants chorégraphiques actuels, ne fréquentant que trop rarement les théâtres. Le syndrome « Star Academy » semble inspirer certaines écoles qui transforment leur centre en château fort coupé du monde. C’est ainsi que j’ai parfois envie de les envoyer tous à Paris pour opérer un déconditionnement, les sortir de cette « folie douce ». Les festivals de danse seraient bien inspirés de se rapprocher de ces écoles pour créer quelques passerelles et ouvrir ce qui n’aurait jamais dû se verrouiller.

D’autres danseurs, s’il maîtrise une belle technique, semblent peu habités par la dimension complexe de l’art chorégraphique. L’?uvre s’impose, comme s’ils ne s’autorisaient pas de la prolonger. Le rapport est tout aussi vertical que celui cité précédemment. C’est inquiétant à l’heure où les jeunes danseurs flamands sont plus affranchis des formes verticales, plus émancipés, donc plus créatifs.

Mais nos deux lauréates sont là, alors qu’une troisième nous fait douter. Fragiles et éclatantes, habitées par leur projet de s’émanciper. Quand l’une s’affirme sur le terrain d’une recherche, l’autre déboule jusqu’à nous « éclabousser de son intégrité », tandis que la troisième est lumineuse dans sa quête d’ouvrir des portes pour créer des ponts, des articulations entre théâtre et danse.

À les voir, on se rêve chorégraphe pour qu’elles interprètent, là, notre désir de vouloir les “faire monter à la capitale“.

Suite le 13 décembre 2008 à Paris à Micadanses.

Pascal Bély
www.festivalier.net


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À l’endroit de l’objet, renversante Clara Le Picard.


Où voir du théâtre ce soir, à Marseille, alors que la plupart ne proposent quasiment rien en cette période de vacances “s©olaires” ? Une librairie « l’Histoire de l’?il » relève le défi. Située dans le quartier de « la plaine », elle donne du relief à cette soirée qui s’avérera bien morne par la suite.

En arrivant, nous sommes une vingtaine à patienter tout en compulsant frénétiquement les livres posées sur les présentoirs. L’objet occupe toute sa place : se nourrir, se remplir, absorber. Toucher, il faut toucher… Rares sont ceux qui ne font rien en attendant l’actrice Clara Le Picard. Puis vient le moment où elle nous invite dans l’arrière-boutique pour un exposé sur l’objet, « un solo pour comédienne, ordinateur et vidéo-projecteur ». Tout est dans le titre. L’objet est en haut de l’affiche pour une conférence de 55 minutes chrono. Habillée comme une petite fille qui aurait grandi trop vite, la voilà qui arpente le minuscule bout de scène qui nous sépare d’elle. La proximité la rend si accessible, son corps paraît si fragile, qu’elle en épouse le propos ! Conférencière-objet, je jubile de la voir jouer cette pantomime où la vidéo est le décor d’une commedia dell’arte. Nous voici spectateur de nos névroses, où l’absurde exerce sa fonction, nous soigner de ce rapport quasi fusionnel avec les objets. L’écriture millimétrée de Clara Le Picard ne souffre d’aucune contestation dans le propos : intelligent et intelligible, cette conférence à l’humour presque british, nous fait oublié le temps de cette échappée que si l’objet peut avoir du sens, c’est toute notre créativité qui lui donne ce supplément d’âme.

Ps: “L’endroit de l’objet” est exclusivement en tournée dans nos appartements ! Pour une conférence chez vous, écouter les modalités ici!

 Pascal Bély – www.festivalier.net


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Si j’étais vous…

« Ceci, il ne faut pas le rater », « Lui, il faut aller le voir », « Là, c’est si génial ». Je bouillonne à l’idée de vous faire partager mes coups de foudre théâtraux pour qu’ils résonnent dans le contexte chaotique de ce mois de novembre.

En finir avec l’ère Bush
Cap sur le Japon avec une ?uvre qui restera un choc esthétique pour longtemps. C’est à Paris, dans le cadre du Festival d’Automne. Lui, c’est Toshiki Okada, jeune metteur en scène découvert à Bruxelles en 2007. Avec « Five days in march » (photo), il signe une mise en scène époustouflante où les mots et les corps se suffisent à eux-mêmes pour mettre en abyme la guerre en Irak et le dés?uvrement d’une jeunesse en quête de valeurs. Comment pourriez-vous passer à côté de ce chef d’?uvre ? C’est au Théâtre2Genevilliers et on y court (du 17 au 22 novembre).
Il vous restera beaucoup d’énergie pour franchir le périphérique et vous rendre au «104» pour la deuxième pièce d’Okada (« Free time ») du 25 au 29 novembre. Ici, recentrage sur la famille japonaise. Elle manque d’air au risque de vous étouffer. Tenez jusqu’au bout, car Okada a du souffle.
Au Théâtre de la Colline à Paris, jusqu’au 27 novembre, « Face au mur », mise en scène d’Hubert Colas sur un texte de Martin Crimp devrait aussi vous réjouir. Des comédiens exceptionnels pour trois textes percutants sur notre époque en fin de cycle. Le final musical d’Arcade Fire prouve, s’il était besoin, qu’Hubert Colas est un metteur en scène sur le coup.

Se questionner sur le pouvoir.
« Le silence des communistes » de Jean-Pierre Vincent devrait faire grand bruit dans trois villes (Blois, Nancy, Belfort). Outre que ces acteurs sont épatants de vérité, le débat qui accompagnera la pièce devrait mettre pas mal d’ambiance. À ne manquer sous aucun prétexte à l’heure où le Parti Socialiste cherche sa voie.
Le débat devrait trouver son prolongement avec « Mefisto For Ever » de Guy Cassiers où un directeur de théâtre « collabore » avec les nazis puis avec les alliés. Spectacle troublant, magnifique qui devrait provoquer des échanges nourris entre acteurs culturels et spectateurs sur le rôle de la culture en ces temps troublés. Alors que l’affaire de la Comédie Française et de la MC93 fait grand bruit, l’?uvre de Guy Cassiers fait du vacarme dans un pays sourdingue (à voir les 7 et 8 novembre à Reims, 13 au 15 novembre au MC2 de Grenoble, 25 et 26 /11 à Martigues)


Oups
envoyé par vlalavouivre

Faire tomber le masque.
« Une île » de François Cervantes sera présentée les 21 et 22 novembre à Gap. Beau spectacle où votre imaginaire pourrait bien divaguer, doucement, à la frontière de la mort et de la folie. La comédienne Catherine Germain y est exceptionnelle.
  “Ne pensez-vous pas que le cerveau est la partie la plus sexy du corps humain ?” demande Jan Fabre dans un dialogue avec le biologiste Edward O. Wilson, “Pourquoi ?” demande le biologiste. “Parce qu’il est le siège de l’imaginaire“. « Oups + Opus » de la Compagnie La Vouivre est l’une des révélations sexy de l’année. Beynes, La Tronche, Grenoble, Rouen accueillent cette pièce hors du commun des mortels.
Plus sexy encore, “Domestic Flight” de la Compagnie La Zouze, tombent les masques au Théâtre des Bernardines de Marseille les 19 et 20 novembre 2008. Le chorégraphe Christophe Haleb signe là un ovni chorégraphique sur le genre qui ne manquera pas de vous trans – former. Le succès du Festival Off d’Avignon.
Vanessa Van Durme a tombé le masque depuis bien longtemps. Le corps c’est toute sa vie ! « Regarde maman, je danse » est une ?uvre sensible, émouvante dans la description minutieuse et ironique du processus de transformation d’un homme en femme. De passage à Gap les 28 et 29 novembre.

Rendez-vous donc en décembre pour refaire le point. Il y aura peut-être de la neige à Noël.

Pascal Bély – www.festivalier.net

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Les enfants de novembre.

« Ceci, il ne faut pas le rater », « Lui, il faut aller le voir », « Là, c’est si génial ». Je bouillonne à l’idée de vous faire partager mes coups de foudre théâtraux pour qu’ils résonnent dans le contexte chaotique de ce mois de novembre.

En finir avec l’ère Bush
Cap sur le Japon avec une ?uvre qui restera un choc esthétique pour longtemps. C’est à Paris, dans le cadre du Festival d’Automne. Lui, c’est Toshiki Okada, jeune metteur en scène découvert à Bruxelles en 2007. Avec « Five days in march » (photo), il signe une mise en scène époustouflante où les mots et les corps se suffisent à eux-mêmes pour mettre en abyme la guerre en Irak et le dés?uvrement d’une jeunesse en quête de valeurs. Comment pourriez-vous passer à côté de ce chef d’?uvre ? C’est au Théâtre2Genevilliers et on y court (du 17 au 22 novembre).
Il vous restera beaucoup d’énergie pour franchir le périphérique et vous rendre au «104» pour la deuxième pièce d’Okada (« Free time ») du 25 au 29 novembre. Ici, recentrage sur la famille japonaise. Elle manque d’air au risque de vous étouffer. Tenez jusqu’au bout, car Okada a du souffle.
Au Théâtre de la Colline à Paris, jusqu’au 27 novembre, « Face au mur », mise en scène d’Hubert Colas sur un texte de Martin Crimp devrait aussi vous réjouir. Des comédiens exceptionnels pour trois textes percutants sur notre époque en fin de cycle. Le final musical d’Arcade Fire prouve, s’il était besoin, qu’Hubert Colas est un metteur en scène sur le coup.

Se questionner sur le pouvoir.
« Le silence des communistes » de Jean-Pierre Vincent devrait faire grand bruit dans trois villes (Blois, Nancy, Belfort). Outre que ces acteurs sont épatants de vérité, le débat qui accompagnera la pièce devrait mettre pas mal d’ambiance. À ne manquer sous aucun prétexte à l’heure où le Parti Socialiste cherche sa voie.
Le débat devrait trouver son prolongement avec « Mefisto For Ever » de Guy Cassiers où un directeur de théâtre « collabore » avec les nazis puis avec les alliés. Spectacle troublant, magnifique qui devrait provoquer des échanges nourris entre acteurs culturels et spectateurs sur le rôle de la culture en ces temps troublés. Alors que l’affaire de la Comédie Française et de la MC93 fait grand bruit, l’?uvre de Guy Cassiers fait du vacarme dans un pays sourdingue (à voir les 7 et 8 novembre à Reims, 13 au 15 novembre au MC2 de Grenoble, 25 et 26 /11 à Martigues)


 

Oups
envoyé par vlalavouivre

Faire tomber le masque.
« Une île » de François Cervantes sera présentée les 21 et 22 novembre à Gap. Beau spectacle où votre imaginaire pourrait bien divaguer, doucement, à la frontière de la mort et de la folie. La comédienne Catherine Germain y est exceptionnelle.
  “Ne pensez-vous pas que le cerveau est la partie la plus sexy du corps humain ?” demande Jan Fabre dans un dialogue avec le biologiste Edward O. Wilson, “Pourquoi ?” demande le biologiste. “Parce qu’il est le siège de l’imaginaire“. « Oups + Opus » de la Compagnie La Vouivre est l’une des révélations sexy de l’année. Beynes, La Tronche, Grenoble, Rouen accueillent cette pièce hors du commun des mortels.
Plus sexy encore, “Domestic Flight” de la Compagnie La Zouze, tombent les masques au Théâtre des Bernardines de Marseille les 19 et 20 novembre 2008. Le chorégraphe Christophe Haleb signe là un ovni chorégraphique sur le genre qui ne manquera pas de vous trans – former. Le succès du Festival Off d’Avignon.
Vanessa Van Durme a tombé le masque depuis bien longtemps. Le corps c’est toute sa vie ! « Regarde maman, je danse » est une ?uvre sensible, émouvante dans la description minutieuse et ironique du processus de transformation d’un homme en femme. De passage à Gap les 28 et 29 novembre.

Rendez-vous donc en décembre pour refaire le point. Il y aura peut-être de la neige à Noël.

Pascal Bély – www.festivalier.net

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En attendant Barack…

1er novembre.
Déjà deux mois et je cherche toujours l’étincelle, le sursaut de créativité, la nouvelle forme, l’événement.
Deux mois et j’aspire à être bousculé, étonné.
Deux mois et j’attends de vous faire partager une émotion, mon engagement pour les artistes.
Deux mois et tout me paraît uniformisé, anesthésié.
Les théâtres et les Scènes Nationales dans la région PACA me semblent ne plus rien avoir à proposer. Les ?uvres assurent la billetterie et rassurent en provoquant le consensus mou. Où est donc passée la prise de risque, la prise de position assumée ? Jamais une rentrée théâtrale ne m’est apparue aussi triste, sentiment accentué par la désertion de la danse de la majorité des programmations.
Alors, je me suis accroché. Au Festival marseillais ACTORAL d’Hubert Colas, l’un des rares metteurs en scène et directeur à assumer quelques prises de risques. J’ai suivi le début des « Rencontres à l’échelle » pour me rassurer qu’il se tramait quelque chose. J’ai fait le voyage jusqu’à Paris pour goûter au théâtre japonais et désirer que le projet de Pascal Rambert pour le Théâtre2Genevilliers puisse un jour s’exporter ici. J’ai rêvé de Marseille, capitale européenne de la culture en …2013
Mais au final, l’ennui. Même mon activité de blogueur m’apparaît bien fade si je la compare à 2007. Je feuillette les programmations et l’envie ne vient pas. Il n’y a pas de projet. Dans un contexte de crise, l’absence de créativité des programmateurs est encore plus visible. Les structures se rassurent comme elles peuvent alors qu’elles se sentent menacées par un pouvoir méprisant. Quant aux spectateurs, nous sommes toujours peu sollicités, sauf quand la menace arrive pour signer des pétitions et alimenter le système en confortant des directeurs « aux pleins pouvoirs ».
Je m’accroche tout en fixant un agenda culturel décidément bien vide. J’écris pour poser un ressenti, tenter de le mettre à distance pour réanimer ma créativité et celle de mes lecteurs , décidément bien silencieux depuis deux mois aussi…

Pascal Bély – www.festivalier.net

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A « TRAMA» musique low-cost contre théâtre de bonne compagnie.

Avec les low cost, les festivals européens se font plus proches tandis que d’autres, en France, nous éloignent, faute de se renouveler et de jouer leur rôle de défricheurs. Cette année, le jeune festival portugais « Trama » de Porto surprend, avec toutefois moins de force qu’auparavant. En effet, si l’édition 2007 avait réussi le subtil maillage entre danse, performance et musique, 2008 a cloisonné ces disciplines. Les concerts de « Shit and Shine », de Philipp Quehenberger et de Ben Frost ont franchement déçu comme si la performance consistait à pousser le son jusqu’aux limites du supportable. Une musique moderne à bout de souffle, dépassée, repliée pour mélomanes autistes. Nous aurions supporté plus d’audace. Il ne fallait pas compter sur un duo californien (Lucky Dragons) pour relever le défi sauf à accepter d’être plongé dans un mouvement hippie sauce « Nature et Découvertes » ! Il nous aura fallu quitter le festival pour apaiser nos sens : l’Orchestre National de Porto jouait à 18h du Wagner dans la magnifique Casa de Musica !
La surprise musicale nous est venue d’Italie, plus précisément de Sicile avec Ernesto Tomasini, accompagné du bassiste Fabrizio Palumbo. Avec sa voix de chanteur d’opéra, ou de rocker ténébreux, c’est une atmosphère tout à la fois lourde (poids des traditions siciliennes ?) et libérée qui nous est restituée. On s’immisce d’autant plus dans cet univers musical que le charisme du chanteur impressionne, droit dans ses bottes et fragile sous une jupe qu’il retourne sur ses épaules, la transformant ainsi en costume militaire ! À écouter un jour en France…

Côté performances, outre le beau défilé de Blanche-Neige orchestré par Catherine Baÿ, Rebekah Rousi a connu des hauts et des bas avec sa lecture marathon d’un Powerpoint. Appréciée au KunstenFestivalDesArts à Bruxelles en mai dernier, elle a dû affronter le premier jour l’amphithéâtre de l’École des Beaux Arts. Ce changement de décor l’a propulsé comme actrice, masquant la performance sous des effets de scène un peu vains. Le lendemain, elle se montra plus à l’aise dans une salle de cours classique, mais face à un public très clairsemé.

« Jerk », mise en scène par Gisèle Vienne à partir d’une nouvelle de Dennis Cooper a séduit le public portugais et d’une façon générale l’ensemble de la critique européenne. Dont acte. Je me suis ennuyé. Joué en anglais (le français a perdu de sa superbe au Portugal !), je suis passé à côté malgré tout le talent du marionnettiste Jonathan Capdevielle. L’univers de Gisèle Vienne (celui des marionnettes), de la pédophilie, de la violence des textes de Cooper ne me touche pas. Comme en 2005 lors du Festival d’Avignon, je ne me reconnais pas dans ce théâtre qui dicte ce que l’on doit introspecter de ses fantasmes. J’ai un problème avec Gisèle Vienne…

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=0jylzf-tPis&w=425&h=344]

Après Sofia Fitas découverte l’an dernier à Marseille, une autre chorégraphe portugaise surprend.
Tânia Carvaho
promet si l’on en juge par ces trois moments dansés (« Movimentos diferentes, para pessoas diferentes : ?1 Ricardo, ?2 Ramiro, ?3 Bruna »). Trois solos d’une puissance étonnante où le corps fragilisé, tordu, spasmodique dégage la force du modèle face au peintre. Une danse performative, perforante. A suivre en 2009 lors du Festival Uzès Danse.
Porto est en passe de devenir une ligne régulière
.

Pascal Bély – www.festivalier.net

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“Trama” sur Le Tadorne:

Pendant “TRAMA”, Porto, ville assiégée.
A Porto, le festival « Trama » laisse des traces.


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EN COURS DE REFORMATAGE

Pendant “TRAMA”, Porto, ville assiégée.

Comment s’imprégner d’une ville? Suffit-il d’en visiter les principaux monuments au risque de n’y rencontrer que ses semblables ? Et si un festival était le voyage permettant l’immersion dans le réel tout en élargissant les frontières ? À Porto, le festival TRAMA (des « Arts Performants ») autorise ce tourisme de l’imaginaire, d’autant plus qu’il investit des lieux improbables. Catherine Baÿ, chorégraphe française, a créé l’événement au cours des trois journées de festivités.
Imaginez seize Blanche – Neige, recrutées à Porto, mitraillettes à la main, qui arpentent les sites symboliques de la ville à pas cadencés, où le bruit des robes jaunes en plastique amplifie l’écho des bottes, de sinistre mémoire. En prenant d’assaut, un samedi matin, le « Mercado de Bolha?o » (magnifique marché traditionnel menacé de destruction pour y implanter un centre commercial), elles quadrillent cet ensemble fragile pour mieux le protéger. Les personnes âgées sont sidérées, apeurées, alors que les plus jeunes mitraillent ces insoumises de leur appareil numérique, arme médiatique par excellence. Tout est danse dans les mouvements de ces femmes, nourris de leur ressenti du contexte et de leur écoute mutuelle pour créer des formes apaisantes et poétiques. Alors qu’elles se dirigent vers la gare, elles s’emparent d’une esplanade désertée. A Porto, elles sont toutes des places de pouvoir, dans une ville où policiers et agents de sécurité envahissent les rues et le métro. Elles font donc la guerre au sentiment sécuritaire en réinvestissant l’imaginaire. C’est presque gagné alors que les habitants commencent à sourire, à jouer avec elles, à se moquer de leurs postures guerrières. On se ressent protégé, enseveli par leur poésie. Mais Catherine Baÿ ne recule devant rien : en fin d’après-midi, elle fait ouvrir les coffres forts (vides !) d’une ancienne banque (transformée en centre culturel !) pour y cacher trois Blanche – Neige, une à terre (le mythe est-il mort ?) pendant que l’autre plie des (faux ?) papiers et qu’une troisième surveille. À l’heure où la crise financière vide les caisses, un nouveau totalitarisme diffuse la peur, empêchant toute rébellion, aidé par des figures mythiques recyclées en doctrine. Effrayant.

Le lendemain, les étudiants de la ville de Porto envahissent places et trottoirs pour leur fête annuelle. Les aînés sont habillés de noir avec une cape alors que les plus jeunes sont affublés de canettes de soda des pieds à la tête. Tandis que les premiers surveillent, les autres confectionnent leur déguisement (métaphore de l’esclavage moderne ?). La forme hiérarchisée du rassemblement, le contraste entre l’uniforme du chef et le ridicule du jeune étudiant de base, effraient. On aurait aimé voir surgir nos Blanche – Neige pour qu’elles transforment ces rituels en chaîne humaine autour du « Mercado de Bolha?o » afin de revendiquer son classement comme patrimoine mondial de l’humanité.

Pascal Bély – www.festivalier.net


?????? Project Blanche – Neige”  de Catherine Baÿ a été joué le 26 octobre 2008 à Porto dans le cadre du Festival “TRAMA”.
Un extrait vidéo lors du Festival Arborescence d’Aix en Provence en 2005..


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“Trama” sur Le Tadorne:
« Trama » entre recyclage et découverte.
A Porto, le festival « Trama » laisse des traces.

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THEATRE MODERNE

« Les Bancs Publics », le labo libéré.

Nous sommes quelques-uns à attendre ; certains fument sur le trottoir tandis que d’autres se restaurent. Tout le monde semble se connaître jusqu’à former un archipel d’acteurs culturels ! Nous sommes réunis le temps d’une soirée pour ces «Rencontres à l’échelle» où l’on expérimente ce que l’on pourrait bien retrouver sur nos scènes dans quelques années. L’endroit, « Les bancs publics » paraît fait de bric et de broc, à l’équilibre précaire. Ce lieu est en soi un décor de théâtre où se jouent des oeuvres entrées par effraction dans un paysage culturel pour le moins déstabilisé.
Elle, c’est Emy Chauveau. Pas plus haute que trois barreaux d’échelle, elle a tout l’air d’une grande. Avec un magnétophone à cassettes tout pourri, un bureau récupéré dans une administration décadente, un micro, des feuilles écrites et quelques livres, elle nous livre sa « Lecture activée ». Sa table est sa surface de récupération, de réparation: là des sons (cut-up sur K7, voix et radio), ici des fragments des « Cahiers » de Vaslav Nijinski ou ses propres carnets. Car Emy Chauveau est une belle plume sonore et écrite. Elle mixe le sens, les émotions, ses enchantements et pas mal de désillusions. Elle provoque, se perd parfois quand elle pousse la performance jusqu’à se disqualifier. Mais qu’importe : on se laisse emporter par une vague de mots sonore qui n’est pas sans rappeler nos déconstructions par chaos créatif, par gros temps amoureux. Emy Chauveau est un bateau ivre sur la mer calme de nos certitudes.
Lui, c’est Nicolas Ferrier. Ici, c’est une « performance conférencée » ! Retenez cette appellation, elle pourrait bien envahir nos universités et nos théâtres dans quelque temps. À ceux qui se demandent comment réunir artistes et chercheurs, Guillaume Quiquerez, l’auteur de cette idée originale, a créé cet espace stimulant. On oubliera vite le titre (« Nous sommes de toute manière toujours déjà trop vieux – non, ce n’est pas tout à fait ça- ») pour se concentrer sur cet étudiant qui soutient par anticipation sa thèse sur les situationnistes et le théâtre. Trente minutes d’un éloge du savoir, dynamique, engagée, engageante, où la vidéo, les déplacements calculés de notre homme, confère à cette antithèse les propriétés d’une pédagogie ingénieuse. Ici, on apprend à partir de son ressenti ; les mots de Nicolas Ferrier se relient à notre expérience de spectateur ; la vidéo nous met dans la posture de nous observer au théâtre, devant la télévision, au cinéma, en méta vision. La pensée de Guy Debord trouve ici un espace « théâtral » finalement éloigné de la société du spectacle qu’il dénonçait. On quitte la salle heureux d’être en définitive un spectateur post-moderne.
Elles, c’est Anaïs Durin et Olivia Sabran de la Cie 21.29.7. « Essai de rêves avec chiens » est l’une des propositions les plus stimulantes qu’il m’ait été donné de voir cette année. Plus de quarante-cinq minutes d’une plongée dans un enfer anthropophagique ! À notre arrivée (décidément, il se passe toujours quelque chose alors que les spectateurs s’installent), deux femmes, à peine éclairées par une lampe, petrissent la pâte. Un four chauffe déjà à nos pieds pour qu’à l’issue de la représentation, la multiplication des petits pains se substitue aux applaudissements de rigueur ! Maternantes et endiablantes au départ, elles posent sur leur visage cette pâte, peau, masque. Vieilles femmes, elles finiront chiens par la grâce d’un intervalle où entre scène de théâtre et espace vidéo, elles nous font cauchemarder sur la perte d’identité. La mise en scène d’Anaïs Pélaquier est un bijou d’ingéniosité pour nous aider à ressentir avec précision, le processus complexe d’un cauchemar éveillé.
Cette année, ces « Rencontres à l’échelle » dégagent l’horizon pendant que le sol craquelle. A suivre jusqu’au 25 octobre à Marseille.

Pascal Bély
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La critique fait la couverture des Rencontres à l’Echelle.

Il y a des soirées qui font basculer, qui ouvrent l’espace là où tout semblait verrouillé. Il y a des acteurs culturels qui décident de se positionner autrement en temps de crise ,en proposant d’autres formes, non par facilité, mais pour éveiller notre créativité. Ce soir, à Marseille, dans le cadre des « Rencontres à l’échelle » organisée par les Bancs Publics, il s’est passé un événement à la marge, mais qui pourrait bousculer bien des équilibres précaires.

En entrant, le danseur et chorégraphe Haïm Adri est déjà sur scène. Habillé de blanc, il porte un masque d’une mélancolie contagieuse, entre figure mythologique et celle de nos angoisses contemporaines. Il danse sur sa couverture alors que résonnent derrière lui les sons et les images d’un monde en ébullition où l’on passe sans le voir, où l’on s’arrête pour évoquer questionnements et souffrances. Autant de paroles résonantes. Sa danse est son territoire ; sa couverture, le prolongement du corps, d’un au-delà. Entre lui et moi, il y a la distance : lui à terre, moi sur le banc. Le « je » est un « autre » : peut-il se jouer ? Puis-je rester de là où je suis ? Alors qu’il se lève pour faire danser sa couverture, je m’approche, je m’accroche. Voilà les marionnettes de l’enfance puis la danse des désirs d’un imaginaire possible. Les mouvements évoquent notre lien entre lui et nous, entre attraction et peur. Haïm Adri n’est plus très loin, car nous communiquons, loin d’une communion judéo-chrétienne (après tout, la référence au sans domicile fixe m’a effleuré dans un contexte anxiogène de crise). Il faut toute la force de la poésie pour entrer en résonance avec cette homme qui, dépossédé de ses habits blancs, endosse les nôtres, veste et pantalon trempés. Pendant que les gouttes tombent, je lâche. Essoré.
C’est alors qu’elle arrive, maladroite, timide, provocante. Haïm Adri enlève le masque pour l’introduire. Marie Mai Corbel, auteur et journaliste de la revue Mouvement, nous propose une « performance critique ». Elle parle tout bas, presque sur le registre de la confidence. Je ressens la tension monter dans la salle. Quelle est donc cette intrusion alors que nous n’avons pas eu le temps de nous extraire de l’?uvre ? Elle évoque notre positionnement de spectateur (que venons-nous chercher ici ?). En utilisant la métaphore, elle réduit la distance entre la profession critique (si décriée par ces temps où il s’agit de ne pas se « prendre la tête ») et nous. Elle met des mots sur le processus qui vient de se jouer précédemment avec Haïm Adri. Elle expose son regard, sort de sa revue, ose affronter un public, sur scène, sur le territoire de l’artiste. Elle réussit à s’immiscer dans cet interstice entre le danseur et nous, où elle relie le contexte géopolitique, l’artiste et la possible résonance du spectateur. La démonstration est magnifique, percutante, sidérante, suffisamment interpellante pour nous donner de la compétence. Cela ne dure que quinze minutes. Un temps volé au zapping. On aurait juste aimé réagir, loin d’un débat, pour poser un ressenti, quelque part. J’ai le blog, mais les autres ? Je les imagine écrire ici, sur Le Tadorne, et faire leur performance de blogueurs!

Artistes, critique et spectateurs ont trouvé ce soir l’espace qui nous manque tant. Celui où le territoire de l’imaginaire, la recherche d’un sens global, la résonance peuvent s’articuler, loin des cases où chacun finit par s’enfermer pour tirer la couverture à soi.
Le masque d’Haïm Adri n’a pas fini de nous hanter.

Pascal Bély

www.festivalier.net

Ps : à lire le regard de Guy Degeorges sur la création d’Haïm Adri.

?????? ” Quelle est l’utilité d’une couverture” d’Haïm Adri, incluant la perfomance critique de Marie Mai Corbel. 

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Rencontrer Oriza Hirata.

C’est un choc. Une pièce que vous gardez là. Quelques jours après, je la vois encore ; j’en ressens le mouvement. Seule la rencontre peut chambouler à ce point. La musicalité des mots japonais résonne toujours et mon imaginaire continue de divaguer dans cette mise en espace exceptionnelle. « Tokyo Notes » d’Oriza Hirata restera l’un des événements du Festival d’Automne de Paris.
C’est un dimanche doux et gris. J’aurais pu aller au musée, mais c’est au Théâtre2Gennevilliers qu’a lieu la rencontre. Il faut monter au premier étage. « Tokyo Notes » prend ses quartiers dans une salle de lecture aménagée pour la circonstance. La jauge est petite face à une distribution exceptionnelle : pas moins de vingt comédiens qui vont défiler de gauche à droite, de haut en bas, avec l’ascenseur sur le coté, balcon et escaliers latéraux au premier étage. Le décor plus réel que nature renforce la dynamique qui sied aux rencontres d’un jour, à celle des retrouvailles, à ce moment si particulier où toute une vie bascule. Seuls quatre bancs font office de mobilier avec une poubelle en acier où l’on jette son gobelet de café, comme un rituel, pour signifier au spectateur que l’on change de tableau !
Nous sommes dans le hall d’un musée de Tokyo qui organise une rétrospective Vermeer. Une famille s’y donne rendez-vous à l’initiative de la s?ur aînée. Un couple s’y sépare, le temps d’une visite. Deux amies étudiantes déambulent pour y retrouver leur ancien professeur. Une jeune héritière rencontre le personnel du musée avec son avocat pour préparer une donation. Les personnages défilent, se croisent, s’entrecroisent, s’entrechoquent. Leurs liens, déjà fragiles, entrent en résonance avec le rapport que chacun entretient avec l’art, rendant poreuse la frontière entre les tableaux de Vermeer et le jeu des acteurs. L’art autorise toutes les reliances au moment où chacun cherche un lien pour faire face à l’absence, à ses difficultés de communication.
Ensemble, ils forment la toile de l’artiste, la toile du cinéaste, la dramaturgie de la rencontre, celle où les arts se croisent pour créer une maïeutique envoûtante. Le théâtre se fait toile et Hirata est le peintre de nos angoisses familiales, de nos remords passés, de nos désirs enfouis. Comme un miroir dans le miroir, la mise en espace de «Tokyo Notes» m’engloutit dans un intervalle où je tisse les interrelations entre les personnages et les lieux (où le musée japonais se fond dans le théâtre dirigé par le metteur en scène Pascal Rambert, métaphore d’une ouverture du théâtre français vers le monde, à partir d’un lien transversal, dans un contexte de restriction budgétaire).
L’exceptionnel dernier tableau où les deux s?urs, yeux dans les yeux, tombent le masque, finit par me projeter dans le hall des théâtres où je pourrais créer ma toile, du blog vers vous.

Pascal Bély – www.festivalier.net

?????? “Tokyo Notes” de Oriza Hirata  est joué du 10 au 19 octobre 2008  au Théâtre2Genevilliers dans le cadre du Festival d’Automne de Paris.

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Au Festival d’Automne, Jennifer Lacey et ses assistantes familiales.