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EN COURS DE REFORMATAGE

Menace catastrophique à Uzès Danse.

En 2009, le festival « Uzès Danse » est amputé d’un week-end. Les restrictions budgétaires commencent donc à produire leurs effets. Après la crise de l’intermittence de 2003, les années 2009-2010 s’annoncent chaotiques et peut-être stimulantes : redistribution des cartes entre institutions culturelles ; émergence de nouveaux collectifs artistiques ; organisations en réseau ; nouvelles articulations entre social, éducation, économie et culture. En attendant, le contexte semble lourd, étouffant. La compagnie d’Anne Lopez ressentirait-elle le danger ? Plus pessimiste qu’ « Idiots mais rusés », son dernier opus, « La menace », offre une vision radicale de notre société, celle où le temps médiatique véhicule une hystérie émotionnelle collective pour au bout du compte produire un capharnaüm monumental.

 

Il y a très peu de répit au cours de cette représentation, retransmise en direct sur internet (www.menace-tv.com). Du bruit, des éclats de voix, des corps écartelés, des têtes privées de visages, un studio télé tout puissant où finalement tout se joue, une presse papier où les pages finissent par s’étendre comme du linge sur une corde. Avec Anne Lopez et sa bande de copains, on ne saisit plus les limites d’un cadre qui ne cesse d’exploser, dans lequel se retrouvent pêle-mêle un imbroglio délirant de situations explosives et de private joke. Alors, comment se parler, s’émouvoir, penser tandis que le temps médiatique fait fit du temps de l’humain ?

Ici, la menace, résultat d’une société d’images, est polymorphe, jusqu’à produire une peur constante. D’habitude anxiogène, Anne Lopez nous en libère par le rire, en multipliant les situations absurdes. Mais elles finissent par menacer le fond qui perd en consistance et produit une proposition joyeuse, mais avec une morale en demi-teinte. Prise au piège d’un propos vertical descendant, elle nous renvoie à notre condition, celle de survivre dans un milieu hostile.

En mai dernier, au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles, le collectif franco-flamand Tristero/Transquinquennal, nous proposait Coalition. Une heure pour comprendre le processus de la catastrophe à partir des écrits de l’urbaniste et essayiste Paul Virilio. De la menace à la catastrophe, il y a ce changement d’échelle qui aurait permis à Anne Lopez d’ouvrir son propos et de protéger sa belle compagnie d’une mise en scène qu’elle a finit par rendre menaçante.

En totale résonance, « Uzès Danse » et Anne Lopez, nous ont fait flipper. La même soirée, Christophe Haleb nous a proposé une éblouissante histoire d’amour.

On finit par s’attacher à ce festival si humain.

Pascal Bély – Laurent Bourbousson

www.festivalier.net

 

“La menace” d’Anne Lopez  par la compagnie “‘les gens du quai” a été présenté le 14 juin 2009 dans le cadre du festival “Uzès Danse”.

 

Anne Lopez sur le Tadorne:

2001 ou la folle odyssée d’Anne Lopez.


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FESTIVAL D'AVIGNON

Festival d’Avignon 2009 : réservons!


 

La billeterie du Festival d’Avignon “In” ouvre le 15 juin (04 90 14 14 14). Il n’y en aura pas  pour tout le monde, vu le succés rencontré par  certaines pièces lors de l’ouverture de la vente aux avignonais le 13 juin. Petit rappel d’une programmation prometteuse (les liens renvoient vers des critiques déjà parues).  
Le Festival d’Avignon sera l’une des rares manifestations où les citoyens vont pouvoir discourir sur l’état du monde sans être pris en flagrant délit d’intelligence. Pour cela, la Direction a choisit d’élargir notre regard sur le théâtre par de multiples articulations avec le cinéma (Amos Gitai avec « la Guerre des fils de la lumière contre les fils des ténèbres Â»), avec les nouvelles technologies (Denis Marleau avec « Une fête pour Böris Â»),  et en donnant au récit sa fonction de relier l’intime et le sociétal. Sur ces différents registres, l’argentin
Federico Leon avec « Yo en el Futuro Â» a divisé le public lors du dernier KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Qu’en sera-t-il à Avignon?

Entre Beyrouth et Montréal, Madagascar et Le Caire, Anvers et Marseille, Varsovie et Buenos Aires, Gand et Haïfa, Nantes et Brazzaville, Séville et Modène, jamais le festival ne m’est apparu aussi cosmopolite, ouvert sur les réalités d’un monde complexe. Pour appréhender la crise globale, le Festival nous offre l’opportunité de développer notre vision globale, en multipliant les angles de vue et les territoires. Ainsi, nous pourrions nous retrouver collectivement dans une “clairière“, espace émergeant qui échappe, d’après Wajdi Mouawad (l’artiste associé), à la maîtrise de l’homme et permet l’art de la conversation.

On commencera probablement par scruter le ciel de la Cour d’Honneur tout au long d’une nuit proposée par Wajdi Mouawad pour l’intégrale de ses trois pièces (« Littoral Â», « Incendies Â», « Forêts Â») avant de voir la quatrième (« Ciels Â») dans l’espace déshumanisé du Parc des Expositions de Chateaublanc (attention, jauge très limitée!). Cette « traversée Â» donnera  l’opportunité à Mouawad de remettre en question ce quatuor. Le public d’Avignon participera à coup sûr à ce processus !

L’intention est-elle la même pour le Marseillais Hubert Colas ? Il présentera sa trilogie (« Mon Képi Blanc », « Chto » et « Le livre d’or de Jan Â»). Les deux premières pièces furent jouées dans le cadre de l’excellent festival marseillais « Actoral Â». C’est certain, Colas rencontrera le public d’Avignon.

À peine intronisé lors de l’édition de 2004, Jan Lauwers nous revient cinq ans plus tard avec lui aussi sa trilogie. Deux pièces sont déjà connues (dont la magnifique « Chambre d’Isabella »). On sera attentif à « La maison des cerfs », sa dernière création pour vérifier si Lauwers peut encore nous parler du monde en stimulant notre imaginaire. Mais qu’est-ce qui justifie de programmer l’indigeste « bazard du homard »?

Entre intime et sociétal, Pippo Delbono sait créer les passerelles. Avec « La menzogna », j’entends d’avance l’enceinte de la Cour du Lycée Saint-Joseph résonner. Du spectacle vivant. Hurlant.

Tout comme le chorégraphe Rachid Ouramdane qui avec « Des témoins ordinaires Â» et « Loin » évoquera sur scène la mémoire des exilés et des torturés. Beau partage en perspective. Autres plaies, avec le québécois Christian Lapointe qui avec son « CHS Â» donnera à voir et à entendre le corps brûlé. Les corps de Nacera Belaza avec “le cri » risquent par contre de provoquer le débat sur la relation particulière qu’elle entretient entre la danse et le public. On n’ose encore imaginer ce que nous prépare Maguy Marin. Mais du débat, du conflit, il y aura et l’on ne se privera pas de faire quelques liens avec le propos percutant que nous promet Jan Fabre avec son « orgie de la tolérance ». Le chorégraphe canadien Dave St-Pierre viendra poser par la suite un baume chorégraphique sur nos plaies ouvertes avec « Un peu de tendresse, bordel de merde ! Â».

Vous l’aviez rêvé, le Festival programme le polonais Krzysztof Warlikowski dans la Cour d’Honneur avec « (A)pollonia Â» pour y dévoiler la complexité de notre humanité à partir d’extraits d’Euripide, Eschyle, Hanna Crall… On nous promet une ?uvre pluridisciplinaire. Ce sera aussi un détour par les Grecs pour Joël Jouanneau avec « Sous l’?il d’?dipe Â» d’après Sophocle et Euripide, avant que nous plongions dans l’atmosphère de crise sociale et amoureuse de « Casimir et Caroline Â» par Johan Simons et Paul Koek dans la Cour d’Honneur.

La crise de civilisation va donc s’incarner cet étÃ
©. La France ne sera pas en reste avec Jean-Michel Bruyère et « Le préau d’un seul Â» qui mettra en scène l’outil policier qu’est le camp de rétention. On reviendra avec Thierry Bedard et l’écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana sur les massacres de l’armée française à Madagascar en 1947 et sur le caractère inextricable des conflits au Proche-Orient avec Lina Saneh et Rabih Mroué (« Photo-Romance Â»). Après Berlin en mars dernier où il a déçu, le collectif Rimini Protokoll avec « Radio Muezzin » tentera d’humaniser notre vision sur l’Islam tandis que Christoph Marthaler (futur artiste associé en 2010 avec l’écrivain Olivier Cadiot) posera un regard poétique et provocateur sur une humanité déclassée avec « Butzbach-le-Gros, une colonie durable Â».

Cette programmation ouverte nous permettra de saluer le retour de Claude Régy avec « Ode Maritime Â» de Fernando Pessoa, d’accueillir pour la première fois le cinéaste Christophe Honoré  (« Angelo, Tyran de Padoue Â» de Victor Hugo) et le flamenco décapant d’Israel Galvan. Avec une telle traversée, se perdre risque d’être jouissif.

Pour le “off”, le programme est en ligne depuis le 15 juin. L’intégralité des 980 spectacles répertoriés est consultable via de multiples entrées qui, pour la première fois dans l’histoire du Off, font du programme en ligne un excellent outil de recherche. L’édition papier  sera envoyée par voie postale à partir du 29 juin, et distribuée à Avignon partir du 1er juillet.


Pascal Bély

www.festivalier.net

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Le Festival d’Avignon sur le Tadorne:



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ACCUEIL DES LIEUX CULTURELS PAS CONTENT

Le Théâtre du Merlan vagabonde et se perd.

Pour clôturer sa saison, le Théâtre du Merlan à Marseille, scène nationale, « vagabonde » pour y faire « résonner » des oeuvres sur l’amour. Direction le Vieux-Port. Le quartier populaire où il est installé n’est sûrement pas assez glamour, mais cela ne l’empêche pas d’utiliser un vocabulaire emprunté à la précarité. Car « vagabonder » n’est quand même pas le sport favori des riches.  Avec une telle politique, les publics des quartiers nord souvent exclus de la programmation du Merlan, le sont encore plus. Mais quel sens peut donc avoir ce déplacement forcé ? Loin de mixer les publics, cette opération n’a qu’un seul but : faire de  la communication publique.

  

 Le Fort Saint Jean, à l’entrée du Vieux Port, n’a pour ouverture que la mer. Le Merlan souhaite le transformer « en lieu de vie, de bien-être, d’échanges ». Est-ce sa mission ? Comment est-il possible de tolérer une telle dérive de langage et de projet ? Quelques transats nous attendent et le rouge, couleur du logo du Merlan, est partout. La rhétorique publicitaire fait office d’oeuvre culturelle. Bientôt, les responsables de la communication s’occuperont des relations avec le public. Les nombreux artistes plasticiens marseillais qui auraient pu s’emparer du lieu devront patienter.

À notre arrivée, le « camp » est étrangement désert. Glacial. Sans ambiance. À côté, le Théâtre National de Chaillot à Paris est un dancefloor.  La directrice du Merlan, Nathalie Marteau, n’a pas son pareil pour accueillir ses hôtes. À croire que c’est elle qui “reçoit”. L’estrade, qui longe la bâtisse, donne l’impression au spectateur qu’il est l’acteur d’un défilé.

Parle-t-on seulement d’amour du théâtre ? Jamais. Ce n’est pas dans le vocabulaire de la maison. L’amour est mis à distance. Cela se ressent et se voit. Nous entrons dans un bâtiment où l’intérieur de la salle fait plutôt penser à une MJC des années 70 en voie de désamiantage. À l’heure où de nombreuses communes en France s’interrogent sur l’opportunité de construire un équipement culturel, ici on quitte ce que l’on a pour aller vers ce que l’on ne voudrait plus subir: une scène minuscule pour un confort minimaliste. Seule l’architecture métallique qui supporte les lumières semble neuve (combien d’euros ?). Le lieu manque de profondeur. Qu’importe. La thématique sur l’amour fait sens. La com’, toujours elle, est toute puissante.

Nous commençons la soirée avec « Manteau long en laine marine sur un pull à l’encolure détendue avec un pantalon peau de pêche et des chaussures pointues en nubuck rouge » de et par Delgado Fuchs (comprenez Nadine Fuchs et Marco Delgado). Cette chorégraphie est un moment à la fois amusant et apprenant. Elle positionne la danse au coeur du corps social en prenant pour figure Barbie et Ken. Tout n’est que mécanique, le désir n’est que jouet et la peau forme la pellicule de nos clichés. Notre couple s’acharne à véhiculer du sens, mais semble perpétuellement rattrapé par son incapacité à faire du mouvement un geste dansé. C’est alors que cette oeuvre résonne particulièrement avec les choix artistiques du Merlan et la relation qu’il entretient avec son public : la forme touche le fond et la tendance se confond avec l’émergence.  

Le deuxième spectacle de l’italien Massimo Furlan (« Make Noise, Be a girl ») est un ovni théâtral qui s’écrase en plein vol. Le public décroche littéralement au bout de vingt minutes et laisse dériver cette troupe dans son délire « bo bo », entre provocation facile et désinvolture.

Ce soir, nous avons tout perdu en route.

La rencontre,

L’errance,

L’amour.

Ce soir, le Théâtre du Merlan pense qu’il est à lui seul objet de désir. Il se regarde vagabonder. Tel Narcisse, il tombe amoureux de son propre reflet.

Il ne sait pas encore qu’il dérive.

Pascal Bély – Le Tadorne

“Manteau long…” de Delgado Fuchs et “Make noise, be a girl” ont été présentés dans le cadre du cycle “Parlez-moi d’amour’, en vagabondage, par le Théâtre du Merlan le 5 juin 2009 à Marseille.

 

 

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EN COURS DE REFORMATAGE

A Marseille, le foot a ses secrets.

Rien ne laisser présager que je quitterais cet espace d’art contemporain aussi troublé. Parce que la fatigue d’une journée de travail et la lassitude d’être si rarement enchanté par les propositions artistiques des programmateurs marseillais. Parce qu’il fallait oser entrer, dans ce lieu, anciennement bains douches, dans le quartier animé de La Plaine.

Ils sont dix, isolés. Ils forment une carte invisible reliés par des itinéraires que personne ne connaît. Ils sont couchés, debout, collés au mur, au sol. Ils ne parlent pas et font la pose. Suis-je le peintre ? Aucun n’adopte la même posture, mais tous semblent liés par un lien fraternel, à la fois déterminés à en découdre et profondément unis. La guerre serait-elle passée par là tant ils paraissent asphyxiés ? La blancheur du lieu contraste avec le patio où, à travers les vitres, des négociations semblent avoir lieues entre artistes et producteurs. Ce « dedans-dehors » me trouble : au patio, espace végétal et vivant, répond la galerie, lieu d’exposition de soi, minéral, où l’artiste creuserait sa tombe avec les mots. Mais est-ce si sûr ?


Je marche, comme s’il s’agissait de reconnaître les corps après une catastrophe. Je les regarde. Ils sont beaux ; ils ne parlent pas, à peine déstabilisés par les photographes qui mitraillent. Le médiatique est décidément partout. Comment s’avancer vers eux ? Le lien entre le public et l’artiste n’est pas donné ; il est à construire. Je suis spectacteur, sujet autonome. Je reconnais Clara Le Picard et Robin Decourcy, deux artistes marseillais soutenus par Le Tadorne, mais je reste mutique, comme paralysé : nos corps entrent en résonance sans trop savoir pourquoi. Commencée à 18h30, la performance collective de Leopold Pan Football ») n’a pas, au bout de quarante minutes, révélée tous ses secrets. L’humain a besoin de temps au moment où nos sociétés nous précipitent dans l’immédiateté.


C’est alors qu’un bras bouge ici, qu’un corps se déplace là, qu’une posture change de forme. Des mots sur le mur, sur le sol apparaissent comme si les expressions (« le corps parle », « je l’ai dans la peau », « c’est lourd à porter ») prenaient sens. Je découvre un morceau du puzzle de leur histoire à l’image d’une autobiographie que l’on effeuille (« La mort subite de ma mère me laisse encore vide d’une présence fantasmée »). Le viol, la mort, le secret, les désirs empêchés ponctuent ma déambulation. Ils ont tous la trentaine, mais la violence familiale n’a cure de l’époque. Les enfants seront toujours en proie à la fureur des adultes. Malgré Dolto. Les mots prolongent leurs corps et mon imaginaire les fait danser. Je m’attarde sur une main dont les mouvements dessinent la souffrance du poète. L’instant est précieux, unique. Autour des corps, l’espace social se crée. Les performeurs se lèvent, vont et viennent, reprennent leurs postures. On s’assoit à côté d’eux, on échange quelques mots, verre de vin à la main. Loin de la connivence, spectateurs et artistes font bloc. N’avons-nous pas tous ce soir-là de lourdes histoires familiales à porter ? C’est ainsi qu’une performance collective crée l’espace de la résonance.

Jamais, il ne m’a été donné à voir un tel processus de transformation, d’inclusion, de partage.

De fraternité.

On y revient. La famille est partout. 

Ce soir, les artistes marseillais, se sont tous donnés rendez-vous pour se mettre en jeu à dix. Les spectateurs dans les tribunes ont finit par envahir la pelouse et jouer dans l’herbe encore fraîche, mouillée et piquante de l’enfance.

Pascal Bély

www.festivalier.net


« Football », performance collective et individuelle de Leopold Pan a été présentée à la Galerie les Grands Bains-douches à Marseille.

Photos d’Emilie Prin-Derre avec son aimable autorisation.

Prolongations de FOOTBALL jusqu’au 18 juin à la galerie les Grands Bains Douches à Marseille.

 

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Yves-No no !

Après un premier article sur la dernière pièce d’Yves-Noël Genod jouée actuellement au Théâtre National de Chaillot (et sa réaction pour le moins surprenante de la part d’un homme de l’art), Elsa Gomis apporte sa contribution. A suivre…


Mimer une course à cheval sur un tuyau de canalisation,

Faire une glissade, nue, devant la scène,

Décrire une tentative de meurtre,

Cracher du Champagne,

Commander un kebab,

Clamer des vers d’Oncle Vania et de Roméo et Juliette,

Boire un Martini

S’apitoyer sur son sort

Enfiler une tête d’âne

Aspirer son visage avec un aspirateur

… 

Voici dans le désordre une liste de ces instants passés au Studio Théâtre de Chaillot, à contempler le travail d’Yves-Noël Guénod. 

Ainsi que la presse le définit ou plutôt, refuse de le définir, ce spectacle éponyme est inclassable. 

Style décousu. Apartés avec le public. Réflexions à haute voix des acteurs. Conversations off sur scène en début et fin de représentation. Inversion de la disposition acteurs / spectateurs à l’entracte.

Et pour finir, la bouteille de Champ tendue aux spectateurs.

Comme pour briser les conventions théâtrales… 

Plus généralement, dans cet inventaire à la Prévert que semble être la pièce, tel est sans doute la ligne directrice : être anticonformiste dans la forme. 

On reste souvent dérouté devant ces surprises scéniques et pourtant, on ne s’ennuie pas.

On reste parce que cette succession de provocations, de gags, de monologues incompréhensibles, fascine.

Assez étrangement, du rejet de toute continuité dans le récit, du bouleversement de la forme, naît le sens. 

N’allons pas plus loin, avec Yves Noël Guénod, la forme c’est le fond !

Alors nous restons, voyeurs, pour profiter de la performance.

Elsa Gomis – www.festivalier.net.

 

“Yves-Noël Genod” au Théâtre National de Chaillot à Paris jusqu’au 6 juin 2009.


Photo Patrick Berger. 
Felix M. Ott.

Yves-Noël Genod sur le Tadorne:

Au Festival Actoral, l'acte anal d'Yves-Noël Genod.

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Yves-Noël Genod: …:)!?!?,….,…;-(?

Cette femme distinguée a l’air surprise quand je lui avoue : « c’est la première fois que je viens au Théâtre National de Chaillot ». Elle se méfierait presque de moi! L’endroit évoque les années glorieuses du Théâtre Français ; il s’impose, intimide avec ses hauts plafonds et ses dorures. La France d’en haut m’écrase. Pour la pièce d’Yves-Noël Genod, il faut se rendre au sous-sol. L’auteur, étrangement déguisé avec un bonnet en côte de maille, nous accompagne. S’il salue chaleureusement ses hôtes, il peine à transformer ce moment en acte poétique.

En entrant, on se croirait dans la cave d’un immeuble désaffecté. C’est la France d’en bas. Celle des artistes et des précaires qui, souterrainement, poursuivent leur travail. Malgré tout. Malgré eux. Toujours est-il que la culture institutionnalisée semble avoir quelques difficultés à assumer Yves-Noël Genod, si « underground » qu’on lui réserve un lieu si souterrain.  « Sous les escaliers du palais » comme se plaît à préciser dès le début du spectacle, cet artiste décidément inclassable. Les institutions  belges seraient avec lui bien plus courageuses !

Nous sommes donc une cinquantaine à nous asseoir sur un tout petit gradin. Autant rester groupé.  Les acteurs arrivent un par un, s’installent symétriquement face à nous.

Eux, c’est nous.

Ils sont isolés, presque tristes. Le champagne ne tarde pas à couler. Elle vide son sac. Cela semble lui faire du bien. Se déshabille et enfile un masque de vieille femme. « Viens voir les comédiens » qu’il chantait ! L’ami Charles ne pensait probablement pas à ces acteurs-là !

Pour nous emmener, ils sont prêts à tout. Le grotesque est envahissant. Est-il nécessaire qu’elle se vautre sur une scène maculée d’eau pour nous plonger dans les méandres de ses largeurs ? On  préfère quand il arrive nu, pour s’asseoir et sculpter délicatement son corps. La poésie est dans ces plis là.  On est radicalement suffoqué alors qu’un autre s’accroche à une rambarde, bascule puis disparaît. Le courage est alors un acte artistique. Il illumine cette ?uvre avec son accent germanique, ses yeux de poète fatigué et ses gestes « spidermaniques » !

Ici, les corps flottent, se fracassent. Les langues se délient, avant qu’un couteau tranchant ne coupe la parole. Rien n’est lisible, tout n’est que chaos et abandon dans un espace où la singularité se voit, mais ne s’entend plus.

Mais pourquoi nous laisser avec ce miroir déformant qui éblouit parfois, mais n’éclaire pas. Le burlesque suffit-il à élargir la focale ? L’épais brouillard qui finit par envahir la scène n’est-il pas un écran de fumée d’un univers artistique qui sépare bien plus qu’il enveloppe ? Comment donner du sens à cette ?uvre « sans nom » dans ce lieu parisien fortement connoté ? Je finis par ne plus savoir pourquoi je suis là sauf à démissionner : qu’importe le sens et que vive l’ivresse de faire partie du cercle d’initiés parisiens facebookés !

J’ai fui ce théâtre. La culture n’a pas vocation à m’emprisonner. Même dans l’un des plus beaux palais de Paris.

Pascal Bély – www.festivalier.net


“Yves-Noël Genod” au Théâtre National de Chaillot à Paris jusqu’au 6 juin 2009.


Photo Patrick Berger. Marlène Saldana.

Yves-Noël Genod sur le Tadorne:

Au Festival Actoral, l'acte anal d'Yves-Noël Genod.

 


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Au KunstenFestivalDesArts, “plus belle la vie”.

À Bruxelles, le Festival des Arts bouscule, évite la provocation disqualifiante et ne cède à aucune tendance. En témoigne, la pièce de l’Américaine Young Jean Lee, « The Shipment », qui a pris par surprise bon nombre de spectateurs sans toutefois leur couper la parole. L’intention était de nous faire voir le monde autrement qu’en noir et blanc ; au final, nous quittons le théâtre, « déplacé », commotionné.

Ils sont cinq, quatre hommes, une femme. Tous noirs. Au cours d’une première partie (comme lors d’un concert, pour préparer le public), un comédien s’approche sur la scène dépouillée, tel un chauffeur de salle. Il vient fouiller notre « caca » de blanc, dépoussiérer notre vision de la négritude, démonter mot à mot notre position haute. L’homme n’a pas peur même si nous tremblons sur nos bases. Il faut coûte que coûte rééquilibrer la relation. L’énergie qu’il déploie pour aller nous chercher est impressionnante. Pour réduire la distance, il provoque le conflit afin de bousculer nos représentations. Sur ce terrain psychologique, il choisit l’attaque et l’humour pour nous aider à repérer ce qui se joue alors que nous continuons à voir le monde en blanc et noir. Avec d’autres acteurs, il démontre la mécanique implacable produite par cette vision clivante, alimentée de stéréotypes, qui transforme un rappeur nourrit d’intentions artistiques louables en dealer de drogue.

Loin de tomber dans la caricature, les acteurs jouent de ce clivage parce qu’ils s’y incluent. Preuve en est la chanson qu’ils interprètent tout en nous regardant : l’humain, dans toute sa complexité, reprend ses droits. Young Jean Lee réussit le tour de force : jouer de l’exclusion pour nous aider  à penser les stratégies d’inclusion.

La deuxième partie a pour décor, un appartement de la middle class. Ils sont tous là, en smoking et robe de gala, invités à une soirée d’anniversaire. Le jeu de rôles s’emballe très vite. Les rapports sociaux ne sont que manipulation, contrôlés à l’extrême. On joue de l’autre à défaut de se questionner. Une impressionnante mécanique de la domination se met en place où les représentations « normalisées » rigidifient l’interaction. Progressivement, le théâtre prend des allures de sitcom où le processus, sous contrôle, développe une vision « clivée » de la société, propice aux stéréotypes et où le racisme, l’autoritarisme n’ont plus qu’à s’immiscer tranquillement.

 

Soudain me revient une scène, interprétée par le couple Sarkozy, face à des « journalistes » de Femme Actuelle. Alors que Carla Sarkozy joue le stéréotype de la femme au foyer, son mari débarque à « l’improviste ». La sitcom est en marche. Le « politique » contrôle la scène, normalise à outrance, réduit la sphère publique à des considérations privées. Cette vidéo, loin d’être anodine, démontre comment un Président, en jouant sur ce registre « théâtral », développe le clivage, le stéréotype et à terme une vision uniformisée de la société française.

« The Shipment » est donc une pièce qu’il faut voir pour nous voir en scène.

Une ?uvre pour lâcher prise, pour déconstruire nos représentations, pour oser changer d’époque, celle où le métissage sera la relation créative.


Pascal Bély

www.festivalier.net.


La pièce sera jouée au Festival d’Automne à Paris du 4 au 8 novembre 2009.


« The Shipment » par la Young Jean Lee’s Theater Company a été joué du 18 au 21 mai 2009 dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

 

Le KunstenFestivalDesArts sur le Tadorne:

Catastrophique KunstenFestivalDesArts.

Bruce Gladwin sidère au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

Ma quête d'Europe au KunstenFestivaldesArts de Bruxelles.

Au KunstenFestivalDesArts, Federico León: no future.

Au KunstenFestivalDesArts, chercheurs-artistes: le Nouveau Monde.


Crédits photos:

© Academie Anderlecht – Tracy Richards.

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Au KunstenFestivalDesArts, chercheurs-artistes: le Nouveau Monde.

Il y a des spectacles que l’on n’est pas prêt d’oublier. « Smatch » de Dominique Roodthooft est de ceux-là. Présenté au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles, on se prend à rêver qu’elle trimbale sa machinerie et ses chercheurs-artistes aux quatre coins de l’hexagone. Car, il y a urgence. La France n’écoute que sa plainte; les corporatismes n’ont jamais été aussi puissants ; l’émiettement est devenu une stratégie pour bloquer les processus d’innovation. La recherche, stigmatisée par le pouvoir, se coupe progressivement de la société. Après avoir été le moteur de la modernisation du pays après la guerre, elle ne sait plus très bien quel rôle « politique » jouer dans un environnement mondialisé, au c?ur d’une crise systémique. De son côté, la Belge Dominique Roodthooft nous propose une articulation prometteuse entre artistes et chercheurs pour nous aider à ouvrir les possibles, à penser différemment le complexe autrement qu’en utilisant les modèles rationalistes usés de l’ère industrielle.

La première scène donne le ton. Trois comédiennes et un vidéaste-performeur se penchent sur une carte de la Belgique, projetée sur grand écran. La partie supérieure, coloriée de couleurs chaudes, est divisée entre les provinces flamandes, tandis que le côté inférieur (la Wallonie) est d’un bleu uniforme et imprécis. Est-ce la mer, un lac ? Avec les frontières, l’un d’eux s’amuse à dessiner un animal pour changer le regard. Rires dans la salle. En effet, le clivage a fini par s’imposer à tous (même aux auteurs de cette carte !) et nous empêche de voir la Belgique dans toute sa complexité. Dit autrement,  « si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré ».

Après avoir transformé la scène en espace bifrontal pour y installer un laboratoire, nos artistes-chercheurs vont pendant deux heures nous projeter des  interventions (la philosophe Vinciane Despret, un couple d’éleveurs de vaches, un informaticien, un juriste, un imitateur du cri du cochon) tout en prolongeant le propos sur leur minuscule scène artistique! Tous démontrent avec pédagogie et créativité, que la réalité n’existe pas : elle n’est qu’une construction. C’est le regard que nous portons sur les animaux qui les rendent bêtes. C’est notre vision de la dune comme mouvement submersible qui nous empêche d’imaginer qu’elle puisse faire de la musique. Elle finit même par nous conduire à construire des murs pour nous en protéger plutôt que de lui offrir des chemins de traverse ! C’est ainsi que l’expression « ce n’est pas possible » est elle aussi une construction, une paresse de la pensée qui nous interdit d’imaginer que le changement est une dynamique et pas uniquement une logique verticale descendante.

À mesure que « Smatch » avance, la jubilation augmente. Notre imaginaire est sans cesse stimulé (à l’image de ces ampoules qui pendent, transformées en aquarium, car l’électricité n’est pas là où l’on croit !) afin que le discours du chercheur trouve ses prolongements, ses résonances chez l’individu et le collectif. Le spectateur est inclut dans un changement de représentation parce qu’accompagné à se projeter dans l’articulation chercheur – artiste, métaphore d’un nouveau paradigme.  La scénographie donne à la pensée complexe le cadre qui lui manque tant dans nos sociétés : fini la spécialisation des savoirs, vive les savoirs qui relient, qui ouvrent les possibles, qui déploient la créativité !

Avec « Smatch », on s’autorise à inventer d’autres histoires que celles que l’on voudrait nous faire jouer ; on peut créer les nouveaux territoires qui nous permettent de voir ce que nos répétitions cartésiennes nous empêchent d’appréhender.

Avec « Smatch », on se prend à rêver qu’un ministère de la recherche et de la culture européen soit installé symboliquement sur la frontière. Pour la faire bouger.

Pascal Bély

www.festivalier .net


« Smatch » de Dominique Roodthooft a été joué du 17 au 23 mai 2009 dans le cadre du KunstenFestivalDesArts.


Le KunstenFestivalDesArts sur le Tadorne:

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EN COURS DE REFORMATAGE

Au KunstenFestivalDesArts, Federico León: no future.

Voilà une ?uvre qui provoquera de nombreux débats et agacements lors de sa programmation au prochain Festival d’Avignon. Le jeune cinéaste et metteur en scène argentin Federico León  présente au public patient du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles, « Yo en el futuro ». Rarement, je ne me suis senti aussi vide à la sortie d’un théâtre comme si cette proposition se jouait en dehors de moi.

Trois enfants, trois adolescents et trois personnes âgées regardent un écran de cinéma, télécommande à l’appui. Ils se ressemblent étrangement et l’on imagine aisément qu’ils sont de la même famille, d’une tribu identique. Un film familial des années 50 tourné par le patriarche (lui-même projeté dans la famille des années 70) finit par être vu sur la scène du théâtre. C’est une mise en abîme sans fin, à l’image d’un miroir dans le miroir. Le cinéma s’invite donc au théâtre : pluridisciplinarité, transdisciplinarité ? La feuille de salle pose quelques questions passionnantes:

« Que se passe-t-il lorsque des jeunes d’aujourd’hui actent à l’identique, ce que leurs ancêtres ont acté avant eux » ; « Qu’est-ce qui change réellement et qu’est-ce qui se répète ? » ; « Qu’est-ce qui se transforme et qu’est-ce qui s’oublie ? ». Annoncé initialement pour une durée de 85 minutes, le spectacle ne dure que 45 minutes à l’image d’une ?uvre qui explose en vol. Aux interrogations prometteuses, Federico León ne répond pas (ou si peu). Empêtré dans cet enchevêtrement, il semble préoccupé pour donner du sens à sa mise en scène alors que le film (de toute beauté) transcende à lui seul les générations avec une force incroyable. Le théâtre finit donc par regarder le cinéma, mais ne s’y projette pas. Les corps sur scène se statufient, comme tétanisés en l’absence d’une direction d’acteurs à la hauteur des intentions de l’auteur.  Un chorégraphe aurait peut-être pu travailler la dynamique du changement et de la  transformation. Mais ici, le théâtre est un écran (de fumée) qui nous isole du film : symboliquement, nous aurions pu protester pour que le rideau se lève!

La scène est autre chose que le prolongement linéaire d’un plan de cinéma : elle donne à voir le « jeu », “l’implicite”  dont la transmission des codes culturels. Au lieu de cela, les acteurs passent leur temps dans les coulisses. Federico León ne sait plus quoi nous dire à partir de cet enchevêtrement, parce qu’il ne pose jamais un contexte aux différents cycles vitaux de la famille. Tout semble hors du temps en l’absence d’un propos qui traverserait les époques.

Federico León a fait un très beau film et a réussi à positionner de très attachants spectateurs sur scène. Quant au public, il m’est apparu exclu du théâtre, perdu dans cette articulation.

Que ferons , en 2029, de ce processus, la prochaîne génération de spectateurs  ?

Pascal Bély

www.festivalier.net

 

“Yo en el futuro” de Federico Leon a été joué du 18 au 22 mai 2009 au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. A voir au Festival d’Avignon du 20 au 23 juillet 2009.

 

 Crédit photos: ®Wim Pannecoucke

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LES EXPOSITIONS

Admission free.

J’ai été récemment interrogée en visitant la  Whitechapel Gallery à Londres. La crise a eu pour effet positif de faire redécouvrir l’opportunité artistique de proximité, à peu de frais, en offrant aux visiteurs la gratuité de lieux d’expositions. Ainsi, l’âme peut flâner à plaisir devant des ?uvres, en des lieux, pour l’ambiance, pour être ensemble. Même si nous savons tous que ces lieux sont des lieux de grande sociabilité, en plaise à Bourdieu, la Culture de l’art reste un domaine à démocratiser. La représentation d’une ?uvre appartient à tous, mais sa connaissance en reste un langage savant. Là les institutions s’imposent : faire naître l’intérêt et la compréhension d’une ?uvre, jusqu’à tirer le novice dans la perversion du besoin de voir toujours plus loin.

Mes pas s’égarent dans la Whitechappel . Je ne suis pas saisie de ces potentielles offres, plutôt intéressée par d’étranges scènes. Mon regard, de ce qui m’était offert de voir, a glissé vers ceux venus voir. Des familles aux enfants intrigués, le solitaire ruminant sa rêverie devant sa contemplation, le pas éteint de celui qui se promène, et simplement celui qui regarde les autres pour comprendre. Jolie toile dans la toile ! Et si l’art était ce qui tirait la réflexion vers la résurrection d’une société en péril, en quête d’identification? Rappelons aimablement que Warhol a décrié l’acte absurde de consommer, au travers de toiles pop. Outre le fait d’extase devant une couleur criarde, à effet décoratif pour certains, vivons le propos peint. Nous sommes dans l’outrance d’un système de consommation invisible et perverse, qui a su habillement polluer l’essentiel de nos quotidiens. Traçons Basquiat. Nous ne pilotons plus nos propres désirs. On les décide pour nous jusqu’à nous faire taire ce que nous sommes.

L’art nous permettra-t-il de nous regarder au plus profond de nous-mêmes ? De nous sauver de cette crise sociale en attente de mutation ? Utopie ? J’ose y croire et  m’interroge encore.

Diane Fonsegrive

www.festivalier.net