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ETRE SPECTATEUR PAS CONTENT

A Marseille, théâtres et festivals me découragent.

19h. L’horaire est fatal. À Marseille, c’est l’heure de la congestion, des rues bloquées par des embouteillages monstrueux, faute d’un réseau vertueux de transports en commun.

19h, c’est l’heure où l’on arrive à peine chez soi.

19h, c’est l’heure choisie par certains théâtres et festivals pour programmer leurs spectacles. La Criée, le Festival Dansem, le Festival Actoral, la Minoterie y sont largement abonnés. Tout au plus, concèdent-ils parfois 20h. À plusieurs reprises, épuisé, j’ai du renoncer, prisonnier dans ma voiture. Un trajet Aix en Provence – Marseille dure en temps normal (c’est-à-dire un dimanche matin à l’aube?) trente minutes pour trente deux kilomètres. En semaine, pour être à 19h au théâtre, il faut quitter Aix en Provence à 17h45. Pour ceux qui habitent Marseille, à moins d’être à proximité d’une station de métro, le calvaire est identique.

Mais que cache cet horaire ? Une volonté des artistes ? Une revendication des professionnels ? Une convention collective ? Je n’obtiens jamais de réponse si ce n’est : «à cet horaire, nous touchons un public qui ne vient pas d’habitude». Il permet d’accueillir travailleurs à la retraite, enseignants et professionnels de la culture. Soit. Lorsque je l’ai expérimenté, le résultat n’était pas très probant : des salles à moitié vides…

19h. C’est l’horaire pour rendre service. À quelqu’un. C’est poser une continuité dans une journée de travail. Le spectateur irait donc au théâtre en sortant de l’usine et du bureau, pour se divertir. 19h, c’est prolonger la philosophie du service là où le théâtre requiert probablement un horaire décalé pour laisser du temps au temps. Dit autrement, programmer une oeuvre peut-elle s’inscrire exclusivement dans un acte de service au risque de faire entrer peu à peu la relation à l’art dans la sphère marchande ? Une diffusion à 19h est un acte de communiquant pour nous laisser croire que théâtres et festivals répondent aux besoins imposés par la société consumériste.

19h, ce pourrait être l’heure d’une performance. Mais celle du spectateur découragé.

Pascal Bély, Le Tadorne.

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OEUVRES MAJEURES

D’Ouest en Est, la belle traversée de Cédric Andrieux.

«Cedric Andrieux» par Jérôme Bel est au Théâtre de la Cité Internationale de Paris du 8 au 23 décembre 2011. Nous avions été touchés par ce solo, totalement atypique, tant sur le fond que sur la forme. Pour Bernard Gaurier, c’était en décembre 2009 à Saint-Nazaire lors de la première . Pour Pascal Bély, six mois plus tard au Festival de Marseille en 2010. Regards croisés…

 Bernard : L’homme arrive sur scène, pose son sac, une bouteille d’eau et se positionne face au public. Il regarde en silence un moment avant de nous adresser un « Bonjour » d’une voix douce, presque intimidée.  « Je m’appelle Cédric Andrieux. Je suis né à Brest. J’ai trente-deux ans. Je suis danseur…”. C’est alors que sur ce grand plateau nu, vide de tout artifice et sans autre support qu’une voix et un corps, commence l’ébauche d’un portrait et d’un parcours de Brest à Paris, à Lyon, avec New York en point culte. De l’enfant frêle qui se rêve en artiste, à qui l’on dit qu’il n’est pas fortiche, mais que ça ne peut pas être mauvais pour son développement personnel, à l’homme artiste, objet de toutes les admirations. La voix est posée, toute douce, presque trop parfois, pour nous faire voyager dans la confidence et  partager ce qu’il y a derrière les sunlights.

Pascal : la douceur de la voix et son arrivée ne sont pas sans me rappeler les apparitions du chorégraphe allemand Raimund Hoghe  sur les scènes du festival Montpellier Danse. Avec son survêtement, Cédric me fait penser à un footballeur du dimanche, tandis qu’avec sa bosse dans le dos, Raimund interpelle notre représentation du corps qui danse.  Ce soir, je sens le dialogue possible entre spectateurs et le danseur. D’autant plus que nous en sommes privés à Marseille depuis un certain temps?

Bernard : L’homme est beau, il se montre dans son fragile, le pouce caresse l’index, le regard bleu s’embrume par instants. Il raconte Brest, l’enfant cabotin volontaire déjà tendu vers le dépassement; Paris, le Conservatoire, le jeune homme du solo gagnant, il nous dit ses doutes, ses envies, ses désirs, ses amours, et puis New York, Merce Cunningham, le désir fou du meilleur. Le studio, les répétitions, les voyages de l’amour, le corps qui souffre pour aller au bord de l’abîme, au bout de ses possibles… D’un doigt, il pointe un angle de la scène vide. Merce, 80 ans, là au coin du studio devant l’ordinateur qui supplée à son corps et guidant de la voix le mouvement imaginé, le corps du danseur, le corps encore et encore, qui donne tout pour arriver à faire vie de ce qui n’est que vision sur logiciel et que le corps du maître ne peut plus montrer. Le corps toujours, Trisha Brown qui fait moins mal à danser. Le corps, cet  «outil » que l’homme nous dit trouver souvent pas assez comme…pas assez grand, la taille pas assez fine? et entre ses mots l’homme danse, il montre comme il a fait ici et là? le danseur est? magnifique.

Pascal : Ce moment du spectacle est douloureux.  Ma voisine rit. Elle ne cesse de rire. C’est une danseuse. Elle rit pour se libérer peut-être d’une souffrance trop contenue. Je suis donc entre elle et Cédric. Il danse Merce, elle rit.  À cet instant précis, je comprends pourquoi je n’aime pas la danse de Merce Cunningham. Elle pousse le danseur jusqu’aux limites du supportable or ce n’est pas la représentation que j’ai de la danse contemporaine. Comme la mère de Cédric, je la conçois démocratique. Au service de l’émancipation, de la libération du corps. Et non prisonnière de son « objet ». D’ailleurs, il faudra attendre qu’il danse Trisha Brown pour que ma voisine soit plus calme.

Bernard : Tout est là, l’homme est là, le danseur est là, les mots sont là, mais, l’émotion ne parvient pas à moi… les images ne viennent pas. Je n’arrive pas à m’approcher de l’homme, il reste des mots…

Pascal: pour l’instant, en apparence, nos histoires ne se croisent pas. Mais qu’importe. J’apprends de lui ; son « book » fait histoire de la danse. Ce soir à Marseille, quelqu’un vient parler aux spectateurs abandonnés par les chorégraphes. Cette vision ne me quitte pas, car sa venue est tout un symbole : alors que Marseille Provence 2013 avance, allons-nous retrouver un lien « affectif » à la danse ? Cédric, c’est un cadeau tombé du ciel. Ce sont nos retrouvailles.

Bernard : Sauf…quand, dans le récit, Jérôme Bel prend pla
ce dans le parcours avec sa pièce « The show must go on » dans laquelle participa Cédric alors qu’il était au Ballet National de Lyon à son retour de New York: « Là je vous montre, j’ai fait ça »? Et là…La force de ce moment m’emporte… Ça y est, il est là l’homme… avec le danseur, sans les mots, avec le regard, ici le corps presque immobile et pourtant…tout danse en lui.

 Pascal: Oui, Bernard. Alors que les projecteurs se braquent sur nous, Cédric nous regarde, nous sourit sur un air de Police (« Every Breath You Tak »), flanqué de son short et de ses baskets. Un frisson parcourt la salle. Me revoilà revenu en 2005 où Jérôme Bel présenta « The show must go on » aux Salins à Martigues. Même scène. Alors que les cris fusaient du public (« ce n’est pas de la danse », « c’est quoi ce machin »), je décidais d’écrire sur la danse, de prendre la parole (quelques mois plus tard, le Tadorne fut crée).

Ce soir,  cinq ans apès, Cédric me regarde, je lui souris. Son corps est libéré, je suis le spectateur émancipé. Pour arriver jusqu’à nous, il a fallu que Cédric croise Merce Cunningham. Car, de ne plus bouger pour nous contempler, est en soi un dépassement.

Bernard : Voilà, 32 années ont traversé la scène, que va-t-il faire demain ? De quoi et de qui aura-t-il le désir ? « Show must go on » c’est ce qu’on souhaite à l’homme avec ou sans l’artiste. Et lui demander, pourquoi pas, de venir dans 10 ans, dans 20 ans, nous redire en corps vieillissant ce qui fait l’Histoire de la danse.

Pascal: qu’il revienne en 2013 ! Pour la Capitale.

Bernard Gaurier- Pascal Bély – www.festivalier.net

« Cédric Andrieux» pièce de Jérôme BEL à été présenté en avant première française au LIFE à Saint Nazaire le 12 décembre 2009. Puis au Festival de Marseille le 1er juillet 2010.

Crédit photo: Herman-Sorgeloos.

 

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LE GROUPE EN DANSE OEUVRES MAJEURES

La danse révolutionnaire d’Hofesh Shechter.

Le Théâtre des Salins de Martigues est bondé. Adolescents, adultes et plus âgés, sont réunis pour et par la danse de l’Israélien Londonien Hofesh Shechter. Il nous présente ce soir deux propositions de trente minutes chacune. Je m’imagine dans une salle de concert tant elle est enfumée. Ce brouillard contribue à brouiller la vue pour mieux éclaircir notre vision sur cet espace où chacun pourra projeter une émotion, une image. Je suis tenté d’y percevoir l’atmosphère de guerre «larvée» qui mine tant de démocraties à l’heure des prémices d’un chaos planétaire.

Ce soir, tout semble reposer sur un équilibre précaire, à l’image de l’arrivée des sept danseurs, qui, face à nous, ne tiennent plus que sur une seule jambe. C’est par cette image saisissante qu’«Uprising» commence.

Je suis frappé par la profondeur de la scène : le contraste entre la fumée et l’espace la coupe en deux pour amplifier l’enchevêtrement entre l’ordre et le désordre, le climat de paix et la révolte urbaine, la conscience individuelle et l’inconscience groupale. Mais comment naissent ces groupes que nous voyons dans la rue? Comment émerge la révolte collective?  Sept jeunes hommes s’approprient le plateau pour l’obscurcir et nous éblouir. Hofesh Shechter nous offre sa lecture : la révolte est une danse. Elle se structure à partir d’apparitions et de disparitions où, telles des sauterelles, les corps furtifs véhiculent la vie et la mort, les valeurs du renouveau et le déclin mortifère. À première vue, rien ne change alors que tout se prépare…

Hofesh Shechter ne cesse de jouer sur le contraste entre la forme groupale et ce qui la structure (à savoir le processus d’individuation qui voit la personnalité individuelle se distinguer de la psychologie collective). L’énergie de sa danse est à chercher dans toutes les oppositions qu’il relie. Ainsi le tête-à-tête amical se conflictualise pour finalement se fondre dans le groupe à l’unisson porteur de valeurs. Le corps social se forme parce qu’il exclut ceux qui n’y trouvent pas leur place. Ici, pieds et mains sont liés pour créer la virtuosité d’un groupe qui puise ses mouvements dans un rapport au sol particulier: l’expression «ne pas toucher terre» trouve ici une illustration remarquable.

Puis vient le moment où l’espace s’élargit jusqu’aux coulisses du plateau: l’envers du décor est un désordre bien agencé. Il symbolise le cadre idéologique du groupe qui l’autorise à toutes les manoeuvres, à toutes les stratégies pour enrôler, encercler, terrasser et finir en apothéose,  drapeau rouge sang dressé en étendard. À cet instant prévis, Hofesh Shechter nous offre une danse picturale que j’accroche sur tous les murs où tombèrent ceux qui n’en sont pas revenus.

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Après une pause réparatrice, débute «The Art of not looking back». L’oeuvre réunit six danseuses. Le décor de couleur blanche est beaucoup plus neutre, plus resserré. Tout commence par un cri (celui de la naissance, de la douleur, de la tristesse, du dernier souffle) . L’image de «L’origine du monde» de Gustave Courbet me traverse. Pourquoi? Quel tour me joue l’inconscient? Précisément, cette chorégraphie est l’espace du vide créateur pour celui qui la regarde, un dialogue permanent entre  perception et projection, entre attente du spectateur et action du chorégraphe. Si bien que peu à peu, je vois parce que je ne vois plus.

Ces femmes me plongent dans un espace intrapsychique qui s’approche d’un état hypnotique où je retrouve les sensations du ventre maternel, où je projette mon expulsion lors de la naissance, où je ressens le deuil éprouvé, digéré, mais toujours en moi de celle qui n’est plus. Alors qu’elles désertent le plateau pendant quelques secondes interminables, je ne suis plus là. Ailleurs. Il faut le retour des danseurs d’Uprising pour me sentir à nouveau au théâtre.

Tel un cadeau offert au public, ces femmes et ces hommes donnent naissance à la danse du féminin dans le masculin pour une humanité en devenir.

Pascal Bély, Le Tadorne.

Hofesh Shechter sur le Tadorne: À la Biennale de Lyon, spectateur (r)échauffé par Hofesh Shechter.

«Uprising»  et « The Art of not looking back » d’ Hofesh Shechter au Théatre des Salins de Martigues le 29 novembre 2011.

Tournée:

Du 7 au 10 février 2012 à Sète.

Du 14 au 29 février 2012 au Théâtre des Abesses à Paris.

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LA VIE DU BLOG LES JOURNALISTES! PAS CONTENT

Bloc-Notes / 3615 France3

Quand France 3 créé en 2009 la plate-forme «Culturebox», je me suis réjoui. Le projet vise à mettre en ligne les reportages élaborés par les stations régionales. Souvent d’excellente qualité,  ils proposent un focus sur la vitalité culturelle en région. Pour le Tadorne, c’est une opportunité pour illustrer et prolonger un article. Grâce à Culturebox, l’écrit et l’image s’articulent au profit de la visibilité d’un propos artistique.

Mais depuis quelques semaines, ce lent travail de mise en lien est détruit. En effet, la chaine a décidé de revoir l’architecture du site et son design. Je ne m’étendrais pas sur la qualité graphique, aussi joyeuse que celle d’une entreprise de pompes funèbres. Le problème est ailleurs: Culturebox en a profité pour changer tous les codes d’intégration des vidéos. Dit autrement, les reportages en ligne sur Le Tadorne sont dorénavant illisibles. À la place, un gros carré blanc (à titre s’exemple: Bertrand Cantat, «le condamné» d’Avignon). Postées depuis deux ans, il faudra du temps pour tout réinitialiser. À aucun moment, les techniciens n’ont envisagé que Culturebox était un outil pour les artistes, les institutions et les blogueurs. Ils ont pensé la rénovation du site sans prendre en compte son environnement.

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France 3 ne comprendrait-elle rien à la philosophie de l’internet, où tout est lié? Ils ont redéfini leur site dans une logique descendante et non horizontale. J’y vois la métaphore d’un système où la technique prime sur les dynamiques des liens. Sauf que ce modèle de pensée ne fonctionne plus.

Carré blanc. Carton rouge.

Additif au 10 décembre 2011:

Suite à la publication de l’article et à un message sur le mur Facebook de CultureBox, France Télévisions a réagi pour s’étonner de ce dysfonctionnement puis de reconnaître le problème et le régler.

Toutes les vidéos marchent correctement aujourd’hui.

Merci aux techniciens.

Pascal Bély

Pascal Bély ? Le Tadorne.

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OEUVRES MAJEURES THEATRE MODERNE

Un travail fou.

Ce spectacle est un accueil. Global. Enveloppant. Sécurisant. J’en sors apaisé après de longues journées de travail sur moi, avec et vers les autres. Julie Rey et Arnaud Cathrine ne font pas le même métier que le mien, mais nous appartenons à la même espèce, de celle qui rend visible l’invisible, de celle qui s’appuie sur l’écoute pour une métamorphose. Tous deux ont accueilli la parole de quatre patients rencontrés dans un hôpital psychiatrique (Nora, Kléber, Virgile et Héloïse), pour mettre en scène un spectacle musical.

Le plateau est juste assez grand pour poser une rangée de chaussures (serions-nous sur scène, déchaussés?), un piano, une guitare, un mur amovible où l’on voit à travers, et qui est aussi une toile de projection pour la vidéo. Dedans. Dehors. Entre décor de cabaret et confessionnal, les personnages vont et viennent pour se mettre au(en) travail. Quatre saisons ponctuent cette rencontre qui finit par faire trotter une petite musique dans la tête.  «Il n’y a pas de coeur étanche» est une mélodie pour adoucir notre regard sur la folie, la leur, la nôtre. Elle transporte la poésie des corps brisés révèlée par la mise en scène soignée et respectueuse de Ninon Brétécher.

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Tandis qu’au-dehors, l’Europe perd la tête…

À tour de rôle, Julie et Arnaud endossent les rôles. Il est Arnaud, elle est Héloïse (une mère à la recherche de son fils disparu dans un accident). Il est Virgile (jeune homme qui se vit en femme), elle est Julie. Pour Nora (habité par un profond sentiment de perte de soi),  ils sont Julie et Arnaud.  Tandis que Kléber (psychotique) poétise à coup de jeux de rôles sur l’envers du décor…Mais qui est qui ? Tout semble étanche…«Pourquoi vous ?pourquoi pas nous?» est un refrain  entêtant, dans lequel Nora s’engouffre pour nous murmurer: «ça pourrait vous arriver, nous sommes tous des bilans provisoires». Ce soir, je ressens l’étrange impression que nous sommes tous sur un fil comme si Ninon Brétécher glissait sous nos pas dansants, un filet d’(in)sécurité qui nous rattraperait au cas où…

Au départ, Julie Rey et Arnaud Cathrine nous préviennent : la relation  n’est pas à sens unique. Écouter ne peut signifier s’oublier soi-même. Sage précaution pour éviter de sombrer dans la toute-puissance de l’artiste! La frontière est étanche entre l’écoutant et l’écouté. Je ressens le travail sur soi qu’ils ont du faire chacun pour arriver à restituer une telle écoute. On apprend que Julie voit un psy, en plus de jouer de la guitare! A deux, ils écrivent, chantent et composent les images de scène (superbe vidéo au service du jeu). Un travail de fou ! Le résultat est un espace de dialogue ouvert entre patients, artistes et spectateurs pour que chacun puisse y entendre sa résonance. Pour qu’à la carte de l’hôpital projetée dès le début du spectacle où s’entrecroisent les rues d’un ghetto (telle une «loupe» de notre société, nous prévient Héloïse), vienne se superposer le territoire de nos représentations nourries par cette rencontre.

Car si l’inconscient, cet insondable, est structuré comme un langage,  je remercie Julie et Arnaud d’avoir créé un espace théâtral qui fait langage, capable de jouer avec portes et fenêtres dans un va-et-vient désordonné fait d’ouvertures et de fermetures (à l’image d’une scène truculente du film vidéo où Julie et Arnaud nous font un numéro à la Jacques Tati sous l’oeil amusé d’un patient !)

Tout vole très haut dans ce spectacle. À commencer par les compositions musicales de Julie Rey qui sont d’une telle justesse que j’y reconnais la sincérité radicale d’un Dominique A. A deux, Julie et Arnaud créent un jeu de chaises musicales au service de la relation avec les patients. Et lorsque le plateau sature, la vidéo prend le relais pour ouvrir nos imaginaires dans l’enceinte même de l’hôpital, jamais disqualifié.

Dans ce va-et-vient entre le dedans hospitalier et le dehors du spectacle,

…Viennent s’immiscer des dialogues d’une justesse sidérante, preuve s’il en est que les artistes et les fous nous sauvent d’un dépérissement programmé de la pensée organisé par la sphère médiatique et marchande.

…Viennent s’immiscer les gestes d’Héloïse qui sculpte le visage d’Arnaud et fait apparaître l’image du fils disparu. Émouvant à en pleurer? (à la 3’51 de la vidéo)

…Viennent s’immiscer des perles poétiques qui m’étanchent…

«Je suis trop peuplé, on n’y voit plus rien».

«Je n’ai pas toute ma tête, mais le coeur est plein».

Pascal Bély, Le Tadorne

« Il n’y a pas de coeur étanche » par Julie Rey, Arnaud Cathrine et Ninon Brétécher à la Criée de Marseille du 22 au 26 novembre 2011.

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LE GROUPE EN DANSE OEUVRES MAJEURES

«Révolution» d’Olivier Dubois : Boléro en marche pour onze fois une.

Elles sont onze, elles sont cent, elles sont mille, elles sont une, pour faire gronder la terre depuis le tréfonds des ventres et faire advenir la musique. Il est un et les invite à tonner. Elles se nomment Marie-Laure, Marianne, Karine, Carole, Capucine, Soleil, Isabelle, Clémentine, Aurélie, Stéphanie, Sandra…Elles portent, ensemble et seules, le nom de toutes les femmes qui ont traversé l’H/histoire et  fondent là, une à une, pour toutes, le chant d’une humanité en marche.

Sur une écriture au cordeau, Olivier Dubois magnifie la beauté «simple» du geste ; il emporte le cri frondeur d’une révolution au-delà de nos êtres océans pour l’ancrer au sol d’un être-ensemble, racine de nos singularités. Il joue, pour cela, de nos épidermes et de nos carcans ; si nous ne lâchons pas prise, cette révolution nous laisse sur le bord du chemin. Mais, si nous acceptons le sentier de cette humble «humanitude» en marche, tout est juste, au millimètre près, dans cette invitation à ne jamais lâcher nos utopies; même si ça nous “gratouille”. Mille et une images alors s’éveillent, des flots de sensations s’ouvrent et, l’histoire, les histoires, de nos «héroïsmes» aimés et/ou oubliés, nous rattrape(nt) sur le parcours. Combien d’amour(s) avons-nous laissé, blessé, en «oubliant» de marcher ensemble quand bien même différents ?

Au début du chemin, ces onze femmes nous éblouissent par leur «professionnalisme»; tous les gestes sont parfaits, rien ne dépasse, une technique irréprochable. Mais,une des grandes «beautés» de cette proposition réside dans sa durée…deux heures. Les gestes, par l’épuisement, la tension, vont s’estomper, se troubler, se personnifier pour mieux se singulariser. Elles sont une et elles sont onze fois une, pour faire cet ensemble. Elles fondent chacune la force d’un advenir où toutes seront. Celle qui tombe trouve la fougue de se relever dans/avec/pour l’énergie des autres. Celle qui «s’estompe» réinvente la différence. Celle qui «trouble» un geste invente un concile d’amour.

Avec ce «Révolution», Olivier Dubois poursuit le son du cri d’être; il se fait à nouveau «Faune(s)(1)» de nos «en-droits» et beau trublion gratteur de nos «écorchitudes». Les pas ouverts à ces femmes de chemin grondent d’une humanité à emprunter, quoi que puissent en dire les épidermes bottés.

«Rêve-évolution» : Ils, Elles, Ils/Elles, Ils sous une aile ou Elles sur une île? «Pour tout l’or du monde»(2)?Marchons!

Et, «dé-balisés», nous ouvrirons, peut-être, les serrures de nos hier/aujourd’hui corsetés. 

Bernard Gaurier, Le Tadorne

(1) en référence au spectacle “Faunes” d’Olivier Dubois joué au Festival d’Avignon en 2008.

(2) en référence au spectacle “Pour tout l’or du monde” d’Olivier Dubois joué au Festival d’Avignon en 2006.

« Révolution » de Olivier Dubois ? Festival Mettre en Scène à Rennes du 11 au 13 novembre

 

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OEUVRES MAJEURES Vidéos

Les enfants de Novembre de Josette Baïz.

Cela fait vingt ans qu’elle entraîne avec elle des minots et des plus âgés (amateurs et professionnels) dans ses aventures chorégraphiques. Installée à Aix en Provence, Josette Baïz parcourt la France et l’Europe et nous accompagne à nous projeter dans la danse, cet art qui  véhicule tant de fantasmes,  de mystère, de peurs, de désirs inavoués. Avec Josette Baïz, les enfants sur scène, sont les nôtres, sous la responsabilité de notre regard bienveillant. Parce qu’eux, c’était peut-être nous?

Ce soir, au Grand Théâtre de Provence à Aix, elle nous convie à fêter les vingt ans de sa compagnie. Philippe Découflé, Jean-Claude Gallotta, Michel Kelemenis, Jean-Christophe Maillot, Angelin Preljocaj et Jérôme Bel sont invités à transmettre un extrait d’une oeuvre. Ce choix est pertinent: ils ont  positionné la transmission au centre de leur projet artistique.

Au final, une heure trente où la cohérence est une transe-en-danse : loin d’empiler des morceaux, Josette Baïz créée un fil conducteur pour ne plus différencier les esthétiques, mais pour les articuler. Une transmission sur la transmission, en quelque sorte ! Ce fil, c’est son projet, celui qu’elle tend depuis 20 ans. Seule une pause de quelques minutes me permet d’identifier les deux derniers moments de «The Show Must Go On» de Jérôme Bel, métaphore d’un final ouvert vers le public,  vers un nouveau projet. Ils sont si nombreux à danser «Let’s Dance» de David Bowie, «I Like to move it» de Reel to real ou encore «Every Breath You Take» de Police, que cela en devient étourdissant! Quel âge a le plus petit ? Le plus grand ? Je ne sais plus…Ils sont colorés, ensemble, ouverts pour que nous entrions dans la danse. Ils s’arrêtent puis reprennent le même geste; s’avancent vers nous pour nous fixer du regard, avec détermination, sans bouger. À ce moment, la salle est prête à danser (certains spectateurs, croyant à un final, se lèvent pour applaudir). Mais la force de leur regard est une danse: nous vous confions la puissance que Josette Baïz nous a transmise, afin que cette belle aventure se poursuive, contre vents et marées. Message reçu. La danse est bien une histoire de «fils» et de pelotes dont il faut sans cesse démêler le geste de l’ivresse?

Que retenir de ces transmissions? Malgré le temps qui passe, aucune oeuvre n’a perdu de sa justesse. Ces jeunes enfants, ces adolescents s’en emparent pour s’en amuser jusqu’à moquer le processus dans le duo savoureux de «Mammame» de Jean-Claude Gallotta. «Tu tiens?» dit l’un,  avant de le bousculer pour le faire basculer: apprendre à danser déjoue bien des codes de la pédagogie! Puis vient le collectif où un danseur (incarnerait-il Josette Baïz ?) organise cette cour de ()création, apologie de la diversité des esthétiques où se tresse tant de modalités d’apprentissages que l’on finit par ne plus savoir qui apprend à qui! Dans un duo extrait de «Codex» de Philippe Decouflé, la casquette du rappeur du plus grand se fait coquille pour accueillir le plus petit. À moins que l’un et l’autre ne se transmettent l’énergie de la métamorphose de leurs corps, de celle qui les guidera vers ce faune, chorégraphié par Michel Kelemenis et interprété par Kader Mahammed. Ici, la question du corps dans l’espace lui est transmise, le tout dans une exploration de la musique par le geste. Kader me fait immédiatement penser à la grâce d’Olivier Dubois : ses rondeurs élargissent le cadre pour nous y perdre…
Plus matures, les voici débarquant pour apprivoiser la danse néo-classique de Jean-Christophe Maillot. De nouveau à deux puis en collectif, comme s’il fallait s’écouter dans la relation duelle avant de se fondre dans le groupe. Ici, le duo de Philippe Decouflé se transforme en apprentissage de l’asymétrie dans un interstice entre proximité et distance (“Miniatures“). Émergent alors de belles figures entre tableaux cubistes et mouvements plus attendus.
Ils sont prêts pour oser s’aventurer dans le «Marché noir» d’Angelin Preljocaj. Un adolescent à l’élégance fulgurante transmet une mécanique des fluides à deux jeunes filles, échappées d’une boîte à musique trop longtemps cachée. À trois, l’autonomie de chacun se déploie à partir de rapports interdépendants subtilement dosés. À cet instant précis, le projet global de Josette Baïz prend tout son sens : pour en arriver à une telle justesse et sincérité, ces jeunes gens se sont nourris de différentes esthétiques pour nous transmettre, le gout des autres, le gout de la danse.
Et que croyez-vous qu’un spectateur assis derrière moi eut dit à son voisin euphorique: “Tu vois, la danse c’est pour toi. Maintenant, tu prends un abonnement au Pavillon Noir et tu viens avec moi“.
Pascal Bély, Le Tadorne

« Grenade, les 20 ans » par Josette Baïz au Grand Théâtre de Provence les 18 et 19 novembre 2011. Les dates de la tournée :ici.

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BIENNALE DE LA DANSE ET D'ART CONTEMPORAIN DE LYON LES EXPOSITIONS PAS CONTENT

Bloc Notes / Urgent, la Biennale de Lyon perd ses plumes.

Les 13 et 14 septembre 2011, j’ai visité les expositions de la Biennale de Lyon dans le cadre des rencontres professionnelles. L’accueil y était chaleureux et la déambulation plutôt agréable. Deux mois plus tard, j’y accompagne un ami, mais le contexte a changé : de nombreux visiteurs sont venus. Quelques oeuvres majeures sont détériorées quand ce n’est pas leur sens qui est détourné. Quelques exemples..

– Les céramiques de Katinka Bock sont dorénavant protégées par une ligne blanche et un cordon. Cette oeuvre, libérée des contraintes d’exposition, puisait sa puissance dans son environnement fragile et sombre. Le visiteur pouvait passer à côté ou s’agenouiller. Deux mois plus tard, plus personne ne semble s’arrêter. Sous prétexte qu’on y marchait dessus, la sécurité impose sa vision, détourne le sens. Tout est verrouillé, sous l’oeil d’un agent très amont-bock-24biennale-copie-1.JPG

pointilleux. Qu’importe la finalité pourvu que l’on préserve.  La Biennale ne devrait-elle pas plutôt recruter un garant du sens?

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– Il n’y a plus personne pour accueillir les spectateurs vers l’installation «Breath» de Samuel Beckett par Daniel Thomas. Cette oeuvre théâtrale de quelques secondes nous plonge dans un environnement sonore et visuel saisissant. Mais aujourd’hui, on y entre comme dans un supermarché pour y prendre des photos avec flash. Dans ces conditions, le théâtre n’est plus qu’une attraction.

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-L’oeuvre d’Eduardo Basualdo est monumentale. Mystérieuse. L’artiste a désiré que les spectateurs puissent marcher dans l’eau, seule manière d’en ressentir la profondeur. Cela ne semble plus possible. Sécurité oblige?

– L’oeuvre de Robert Kusmirowski interpelle. En septembre, de cette forteresse, des livres se consumaient laissant s’échapper une fumée saisissante qui enveloppait les oeuvres avoisinantes comme pour les protéger. Mais le personnel et certains artistes se sont plaints. Plus de brouillard. Maintenant, tout est sain. Principe de précaution ?

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– Les oeuvres de Michel Huisman sont fragiles. Nous le savions en septembre. Toutes reposent sur une mécanique. Rien d’étonnant à ce qu’elles tombent en panne. Sauf qu’elles ne sont pas réparées. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Les organisateurs ont-ils la volonté de recruter un horloger, un artiste-artisan pour réparer et veiller sur ces magnifiques oeuvres ?

– L’installation de Diego Bianchi est une métaphore d’un chaos créatif. Un agent d’accueil interpelle un parent : «merci de faire attention à votre enfant, il va abimer l’oeuvre». Le père réplique : «À l’entrée, vous m’avez interdit de venir avec une poussette. Il faudrait être clair sur votre position à l’égard des enfants». Dialogue de sourds. La tension monte. La Biennale a-t-elle  intégrée que des adultes étaient aussi parents ?

– L’installation de Sarah Pierce et la vidéo de ZBynek Baladran sont en anglais. Je n’y comprenais rien en septembre. Deux mois après, aucune traduction n’est proposée. Je questionne une nouvelle fois un agent de surveillance sur cette étrangeté. Mais il me réplique avec aplomb : «mais tout le monde parle anglais maintenant“. Désolant.

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– Les poules de Laura Lima étaient flamboyantes en septembre. Deux mois après, elles ont perdu quasiment toutes leurs plumes colorées. Je m’en inquiète auprès d’un agent de sécurité : «ben non, en septembre elles étaient comme cela». Je sors mon iPhone pour démontrer le contraire. Peine perdue. Les gens disent n’importent quoi, c’est bien connu. Je réitère mon observation à l’accueil du site de l’Usine Taste. Deux agents trop occupés à communiquer vers l’extérieur font semblant de s’en inquiéter avant de répliquer : «de toute manière, ce n’est pas mon taf de m’occuper des poules».

La commissaire argentine Victoria Noorthoorn se questionnait dans les colonnes des journaux : «comment l’art parle-t-il de la condition humaine et de celle de l’artiste ? Quel pouvoir de transformation a-t-il ? L’utopie y est-elle encore possible?» Nul doute que la marchandisation accrue de l’espace relationnel entre le spectateur et l’artiste lui donne quelques éléments de réponses?

Pascal Bély, Le Tadorne.

La Biennale de Lyon sur le Tadorne:

Extra-terrestre Biennale de Lyon.

Arnaud Laporte de France Culture se moque de La Biennale de Lyon.

La Biennale de Lyon donne le vertige.

Tu n’as rien vu à la Biennale de Lyon?

La Biennale de Lyon, jusqu’au 31 décembre 2011.

 

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LA MUSIQUE EST DANSE LE GROUPE EN DANSE

« Poetry » de Maud Le Pladec : en corps sonores, nos traces enfances font «Rock».

Assis, dos à nous, ils semblent contenir, sagement, le bouillonnement qui les lancerait volontiers vers l’homme qui fait musique, assis, lui, face à nous. 

Ils m’apparaissent comme deux enfants, face à une boite à image, comme “robotiques”, bien sages, qui tenteraient de jouer avec les limites d’un «autorisé» pour pouvoir, malgré tout, lancer leur corps dans la «pagaille» qu’ouvre en eux le son. Ils sont comme des «petits» qui doseraient leur bouillonnement pour ne pas risquer de se faire «arrêter» par des adultes trop normés qui auraient «oubliés» les «pulsions, pulsations» des accents rock que porte le corps. 
Ils jouent comme à «Un, deux, trois, soleil» au rythme saccadé des notes qui habitent et habillent leurs gestes, ils entrent dans la musique comme à leurs corps défendus…«Let the sun shine?» 
Jouer, pour explorer les bornes d’être en vie…
Bouge, bouge. Encore, encore. Arrête, arrête. Non…Non ! Stop. 
Ils se lèvent, rangent les chaises et le son prend l’espace pour s’immiscer partout. L’homme musique se fond avec eux en une offrande tribale aux sonorités incorporées. 
Donne le son, donne le son….Donne le corps, donne le corps…
Ils sont complices et ils ne le sont pas ; ils sont proches et ils ne le sont pas, ils sont ensemble, simplement ensemble à jouer en partage la traversée d’un son. 
Leur être des jeux d’enfance retrouve vie par la musique et le son prend racine dans les traces enfantines, les notes relient. Ils s’offrent complices à la partition et s’autorisent, en mouvements libérés, le droit à un endroit de corps en espace vibratoire, singulièrement singulier et pourtant si proche et partagé…
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Un…
Y’a une guitare. Je m’y colle.
Deux…
C’est mon corps. Et ce n’est pas mon corps.
Trois…
Do, ré, mi, fa, sol, la, si? do? Tournent nos rondes enfantines, et viendront s’y poser les oiseaux? 
Soleil !
Au final, une «poéterie» pour un et un qui ferait trois. May be? En corps sonores?
Pour le geste, pour le son, pour les mots, pour le tout, pour le reste…
Moove it again, Professor, and good trip.
«We will, we will, rock you”, Comme une «toune qui groove».
Bernard Gaurier, Le Tadorne
« Poetry » de Maud Le Pladec, Festival Mettre en Scène à Rennes du 3 au 5 novembre
Tournée : TU Nantes le 23/01/12
Ne pas manquer sa première pièce « Professor » 15/05/12 Friche Belle de Mai Marseille
Le diptyque « Professor » + « Poetry » Nouveau Théatre Montreuil Décembre 2012.
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L'IMAGINAIRE AU POUVOIR

Decouflé et ses volatiles se mouillent dans tous les genres.

C’est un «bon» Decouflé à la piscine Saint George (monument aquatique art déco du centre-ville de Rennes). Ce soir, la coiffe (bretonne) est de mise au bord du bassin..

Du clin d’oeil des années Esther Williams, aux fantasmes éveillés par les piscines municipales, des cabines au bassin, d’un bord à l’autre, les genres se troublent et les délires explosent.

De l’accueil au final, un spectacle tiré au cordeau est offert aux heureux spectateurs du festival «Mettre en scène». L’impromptu est annoncé comme un «event», à l’américaine, qui pourra être différent d’un soir à l’autre…En fait, c’est cinquante minutes de “plaisir(s)” qui nous sont proposées. Les poules surnagent autant qu’elles nagent et les coqs volent à vue (ajustez vos lunettes de plongée). Mais, qui est qui? L’impromptu secoue les questions de genre, même s’il ne se glisse pas au-delà d’un «conventionnel». 

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Une jolie longue scène de naïades saphiques mais qui ne trouve guère son pendant,

…bien que Christophe Salengro entame un demi «duel au soleil avec lui»,

…bien qu’un très beau black man trouble le genre, «empérruqué» de rouge ou revêtu/dévêtu des habits de noce rêvés par Barbie girl.

Aucune scène de vestiaire ne se joue au masculin, qu’il soit singulier ou pluriel; quelques mélanges peuvent paraître un peu troubles, mais restent dans tout ce qu’il y a de plus «acceptable» et «convenu», divertissement familial oblige.

Ce spectacle est un déluge d’idées et d’effets visuels. Les images poétiques côtoient les dérapages “loufoques”. Nosfell avec Pierre Le Bourgeois accompagnent le tout de leurs très belles mélodies jouées en live.

Ne boudons pas le plaisir, Phillipe Decoufflé et sa bande ont crées cinquante minutes étoilées, et je vous invite à les vivre. Surveiller vos bassins de proximité.

“Swimming poules et flying coqs”, inversement et réciproquement ?

Piscine pour tout le monde !

Bernard Gaurier, Le Tadorne

«Swiming poules et flying coqs» Un tragique ballet nautique par des plongeurs inexpérimentés de Philippe Decouflé et collectif ? Festival Mettre en Scène à Rennes du 8 au 12 octobre