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La Mairie d’Aix en Provence déshabille la danse

En ce dimanche pluvieux, je décide d’aller au cinéma…”L’enfant” des Frères Dardenne est à l’affiche. C’est un beau film, noir et optimiste qui donne espoir en l’homme…En l’humanité…
Je sors du cinéma…Il est 17h…Que faire dans cette “ville d’eaux et d’arts”? La galerie du Conseil Général est ouverte pour une exposition au titre prometteur: “Deuxième peau…Habiller la danse“. Il s’agit à travers de multiples photos et d’habits de scène de démontrer comment les chorégraphes ont habillés le corps. Les photographies de Laurent Philippe sur les chorégraphies d’Angelin Preljocaj, de Pina Baush, et de William Forsythe sont magnifiques. J’ai l’impression de faire le bilan de mon parcours de jeune spectateur chorégraphique…Quelques costumes de Découflé et de Jean-Paul Gautier agrémentent cette belle exposition…En quittant les lieux, je fais part à l’hôtesse d’accueil d’une erreur dans la légende d’une photographie d’Angelin Preljocaj. Elle ne prend même pas la peine de noter ma remarque: “je ne fais que de la surveillance”. Le Service Public me désespère parfois…En sortant, je croise Angelin Preljocaj qui se rend à l’exposition…!

Cette exposition se tient dans un contexte pour le moins tendu. L’absorption du festival “Danse à Aix” par le Centre Chorégraphique National (Les Ballets Preljocaj) soulève la polémique. Cette décision prise par Mme Joissains, Maire UMP et par la DRAC est inacceptable à plus d’un titre:
– Au regard des procédures de Délégation de Service Public (puisqu’il s’agit de “changer d’opérateur” dixit le Maire, pourquoi n’y-a-t il pas un appel d’offres? C’est une question de transparence et d’égalité.)
– Au regard de l’absence de projet artistique de substitution. Sur quel projet ce transfert s’opère-t-il? Nous n’en serons rien tant le silence des “adjoints” à la culture de Mme Joissains et des Ballets Preljocaj est assourdissant. Pourtant, c’est une question légitime si l’on veux bien se mettre à la place du festivalier contribuable citoyen!
– Au regard des confusions dans les positionnements. Ginette Escoffier, ancienne Directrice de “Danse à Aix” est membre du Conseil d’Administration des Ballets Preljocaj.  Bizarre, non? N’y-a-t-il pas conflits d’intérêts ou tout au moins une éthique à respecter?
Entre:
– L’aberration d’une telle décision d’un point de vue moral, politique et juridique,
– Le piètre bilan artistique de l’édition 2005 de “Danse à Aix” (à lire mon bilan, tellement annociateur de la tempête actuelle!)
– et mon attachement au travail artistique d’Angelin Preljocaj,
…ce soir, je n’arrive pas à être manichéen.
En effet, je me souviens encore de l’édition en mai 2004 de “Corps à coeur”, festival crée par les Ballets Preljocaj ou durant une semaine, j’ai pu découvrir de magnifiques chorégraphes et danseurs venus de l’Europe entière (voir même de Russie avec Olga Pona). Je me souviens d’une belle ambiance parmi le public, ravi de découvrir ces propositions étonnantes (Comment oublier  Lisbeth Gruwez dansant sous une pluie d’huile d’olive dans ” Quando l’uomo principale è una donna” de Jan Fabre). Je rêve donc d’un festival 2006 à l’image de ce “Corps à coeur”…si bien habillé! Je ne saurais trop vous conseiller de vous rendre sur www.ladanse.com. La rubrique sur “Danse à Aix” est éloquente. Les réactions sont violentes, sans distance et sans proposition pour un  projet alternatif.  Il fallait  une autre orientation pour “Danse à Aix”. A force d’isolement, d’enfermement dans des choix artistiques dépassés et d’absence de mise en réseau avec Dansem, Les Hivernales, Objectif Danse, “Danse à Aix” s’est laissé piégé par l’arbitraire.
Les danseurs peuvent aller se rhabiller…
Le Service Public me désespère parfois…Aix en Provence et ses édiles, souvent…

Pascal Bély – www.festivalier.net


A lire sur le même sujet:

Le bilan de “Danse à Aix”, édition 2005.

La fin de “Danse à Aix”…suite!

Danse à Aix: le renouveau?

Danse à Aix : petit enterrement entre amis?


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EN COURS DE REFORMATAGE

“Danse à Aix”: les faux pas de l’édition 2005

CET ARTICLE A ETE ECRIT LE 10 AOÛT 2005.

Avec « Danse à Aix », j’ai une histoire quelque peu particulière. Je suis arrivé à Aix en Provence en 1997 et ce festival a été ma première immersion dans la vie culturelle de la ville. Je venais d’Orange, ville dirigée par le Front National, et les manifestations d’opéra et de danse de l’été 1997 étaient pour moi un bain de jouvence…démocratique ! C’est à « Danse à Aix » que je vis pour la première fois un spectacle de danse (Angelin Preljocaj puis Daniel Larrieu…excusez du peu !). C’est ce festival qui a fait ma culture chorégraphique pour me guider plus tard vers « Les Hivernales d’Avignon », vers « Montpellier Danse » et surtout vers les spectacles de danse du Festival d’Avignon. Ce rappel est important car il situe le contexte du bilan de l’édition 2005 dans une perspective historique.
Autant le dire tout net, l’édition 2005 est la plus mauvaise depuis 1997. L’esprit du Festival s’est éloigné ; le public a déserté de nombreuses soirées au Parc Jourdan et la qualité artistique des propositions a souvent fait défaut.

L’absence de projet global.

Je n’arrive pas à cerner la ligne directrice, le projet global de ce festival. Certains me rétorqueront que le principal est de présenter des spectacles variés, qui plaisent au plus grand nombre ! Sans cette ligne, sans le projet, le spectateur compare, oppose, là où il faudrait relier et mettre en perspectives. Le projet guide le spectateur ; il l’aide parfois à comprendre quand le propos est difficile ou quand les résonances personnelles sont fortes.
Comment comprendre le projet de « Danse à Aix » quand cohabite le raffiné « Steak House » de Gilles Jobin avec l’artillerie lourde de Josette Baiz et la vulgarité chorégraphique de Nathalie Pernette ? A elle seule, la différence ne fait pas lien ! Comment relier les belles « Aphorismes géométriques » de Michel Kelemenis avec l’affligeant spectacle de cabaret «Ca sent l’humain » de Roser Montlo Guberna et Brigitte Seth ? Comment  relier quand, dans la même soirée, cohabite le bouleversant « Welcome to bienvenue » de Xavier Lot et « L’ADAMI Académy » ?
Les slogans publicitaires vide de sens (« Savoir Danser Fort » pour l’édition 2005) ne sauraient masquer l’absence de projet global.

Un festival replié sur lui – même, enfermé dans des schémas répétitifs de   programmation.
Peu de festivals sont aujourd’hui aux mains d’une seule personne. En effet, face à la complexité des propositions artistiques, seule une équipe est en capacité de travailler un projet dans sa globalité. « Avignon » est dirigé par un trio, « Les Hivernales » par une équipe inscrite en réseau dans un projet européen,…A Aix,

Patrice Poyet dirige seul et nous présente chaque année ses goûts personnels. Soit. Ainsi nous retrouvons depuis 2002 des chorégraphes sensibles à la culture gay (Horta cette année, Faizal Zeghoudi en 2004), à l’esprit « Cabaret » (Berrettini en 2004, Roser Montlo Gubernaen en 2005) ; nous retrouvons l’incontournable Josette BaÏz, et les chorégraphes régionaux amis du Directeur, souvent dépourvus d’un propos porteur de sens. En 2005, nous avons eu droit à deux spectacles à l’esprit identique et aux performances artistiques plus que douteuses (Nathalie Pernette et Roser Montlo Gubernaen). La danse "cabaret" est-elle à ce point en vogue pour qu’elle ait une telle place? Je ne reconnais pas dans cette programmation la vivacité de la création en France et en Europe (cf. la programmation des "Hivernanes" en Avignon et du "KunstenFESTIVALdesarts" à Bruxelles).
Au final, le festival semble replié sur lui-même, destiné aux amis des amis. Il suffisait de voir le public pour « Talents Danse » ou les « Aphorismes géométriques » de Michel Kéléménis: tout le monde semblait se connaître ! Dès lors, comment ne pas s’étonner de la désertion de la presse nationale qui a manifestement préféré aller voir ailleurs après les tous premiers spectacles (Robyn Orlin et Nadj chez Baë). Il faut ajouter que pour la première fois,

Patrice Poyet était présent dans une des créations (« Journal d’inquiétude » de Thierry Baë) ; il n’a jamais hésité chaque soir à monter sur scène pour nous présenter le programme de la veille, et du lendemain (quelle valeur ajoutée pouvait bien apporter ces informations si ce n’est de masquer l’absence d’un projet fort…il fallait bien occuper le terrain…)
Un festival à la pédagogie absente.

Pour la première fois,
je n’ai pas pu conseiller à mes amis néophytes un spectacle de l’édition 2005. Cela me semblait révélateur d’une absence de projet pédagogique. Josette Baïz ne pouvait servir à elle seule d’alibi ! A titre d’exemple, j’ai pu faire découvrir la danse à un ami grâce à « La Chambre d’Isabella » de Jan Lauwers au Festival de Marseille.

Il faut retrouver ce lien pédagogique et sortir des effets de modes enfermants qui n’alimentent que leurs auteurs et leurs quelques admirateurs.

Un festival en baisse de moyens.

La baisse des moyens était palpable cette année. De trois représentations à l’Archevêché en 2004, nous n’avons eu droit en 2005 qu’au très consensuel « Ballet du Grand théâtre de Genève ». Deux jours plus tard, le Ballet Preljocaj s’isolait en programmant « Near Life Expérience » en dehors du Festival, alors que sa nouvelle création "Les 4 saisons" etait programmée à Châteauvallon et à "Montpellier Danse"…Cherchez la cohérence!

Le partenariat avec l’ADAMI a permis de  maintenir, faute de moyens, une programmation sur le papier, bien pauvre en propositions innovantes quand elle n’a pas frôlée l’imposture.
En dernier lieu, il faut ajouter les conditions de confort déplorables du Parc Jourdan où le public a du s’asseoir sur de nombreuses chaises cassées, se contorsionner le cou au Château de Trets en l’absence de gradin et recevoir en prime au cours du spectacle, des charmants cailloux envoyés par les habitants de ce village  (qui le restera pour longtemps!)

J’ai découvert grâce à « Danse à Aix » un beau chorégraphe (Michel Keleménis) et un etonnant danseur (Bienvenue Bazié). C’est insuffisant pour sauver l’ensemble de la programmation.

Une autre orientation devra être prise l’an prochain pour la 30ème édition en partenariat avec les Ballets Preljocaj et en réseau avec les compagnies et festivals européens.
Faute de quoi, les festivaliers pourraient faire quelques perturbations chorégraphiques.

A lire sur le même sujet:

La Mairie d’Aix en Provence déshabille la danse".

La fin de "Danse à Aix"…suite!

Danse à Aix: le renouveau?

Danse à Aix : petit enterrement entre amis…

Bernard Menaut assure la sécurité de « Danse à Aix »

William Petit et le « désordre » européen à « Danse à Aix »

Robyn Orlin à "Danse à Aix".

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La fin de Danse à Aix.

Libération à publié dans son édition du 17 octobre 2005 un article sur la disparition dans sa forme actuelle de "Danse à Aix". La Direction du Festival m’a envoyé par mail son communiqué officiel suite à la décision de la Municipalité d’Aix en Provence d’accorder une subvention globale aux Ballets Preljocaj.
Ci-joint ma réponse à l’équipe de "Danse à Aix":
"Depuis 1997 jesuis un fidèle spectateur de "Danse à Aix". C’est grâce à vous et aux BalletsPreljocaj que je me suis ouvert à la Danse (j’avais 33 ans à l’époque!). Cet été, j’ai décidé d’ouvrir un blog pour m’ouvrir aux autres, me mettre en lien. Je n’imaginais pas à sa création que je serais capable d’écrire un article aussi négatif sur l’édition 2005. Vous savez à quel point je n’ai pas approuvé le projet artistique de cet été… Je savais à la fin du Festival que "Danse à Aix" changerait. Face à la droite (…) il fallait unprojet artistique plus ouvert, plus en lien et surtout en réseau avec LesBallets Preljocaj. Cet isolement vous a été fatal ences temps où la culture n’a pas bonne presse. Avec ou sans Preljocaj, votre festival était menacé (…). J’ai souhaité ce rapprochement avec le CDN. Je suis par contre désolé sur la manière dont cela semble se jouer. Je vous soutiens dans votre désir légitime d’être respecté. Cela n’enlève en rien la pertinence de ce projet, prélude d’un renouveau pour votre équipe (est-ce possible?) et pour les spectateurs.  A très bientôt lors de la prochaine édition de "Danse d’Alentours" en décembre 2005. J’y serais…Fidèle à votre équipe et à la danse. Trèscordialement."

A lire sur le même sujet, les specatacles de "Danse à Aix" edition 2005:

La Mairie d’Aix en Provence déshabille la danse".

"Danse à Aix, les Faux pas de l’édition 2005".

Danse à Aix: le renouveau?

Danse à Aix : petit enterrement entre amis…

Gilles Jobin déménage pour « Danse à Aix » !

Rui Horta avec "Set Up" décoince "Danse à Aix"!

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Thierry Baë crée une association inquiétante à"Danse à Aix"

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L’ADAMI et Roser Montllo Guberna enterrent "’Danse à Aix".

"Danse à Aix" cherche les talents!

Xavier Lot et Bienvenue Bazié boulversent "Danse à Aix"

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Danse à Aix: le renouveau?

La messe est-elle dite pour le festival "Danse à Aix"? Lors du bilan de l’édition 2005, je souhaitais une autre programmation pour2006 et un  partenariat avec les Ballets Preljocaj. Libération a publié samedi un cahier spécial sur Aix en Provence. L’image d’Aix ne sort pas grandit des différents reportages sur "la ville d’eaux et d’art"(c’est bien la première fois que Libé publie un bilan aussi désastreux sur une ville!). J’ai tout de même retenu une bonne nouvelle: "Danse à Aix" sera piloté par les Ballets Preljocaj. "C’était la seule chance de survie de ce festival" dixit Nicole Saïd, Directrice déléguée du Ballet. Ouf, je respire! 2006 pourrait être l’année du renouveau…pour la danse à Aix en Provence. Pour le reste,…encore trois ans à supporter "la honte de la droite" (dixit François – Xavier de Peretti, UDF, au sujet de l’équipe municipale UMP actuelle).
A voir:Le site des Ballets Preljocaj.

A lire sur le même sujet:

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"Danse à Aix: le renouveau?"

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Au Théâtre du Gymnase, la nostalgie n’est plus ce qu’elle etait…

Pour la troisième année consécutive, j’ai pris un abonnement au Théâtre du Jeu de Paume – Théâtre du Gymnase. Un exemple quel’axe Aix en Provence – Marseille peut marcher quand on connaît la difficulté qu’ont ces deux villes pour ce doter d’un réseau ferroviaire digne d’un pays européen…J’ai donc assister au concert de Marianne Faithfull au Gymnase le 7 octobre 2005. Le public  est relativement âgé  et heureux de retrouver la  "dame".  J’ai quelques albums de Faithfull, plus par curiosité que par fidélité à sa carrière. Le concert présenté à Marseille est d’excellente tenue: tout est calibré, rien ne dépasse et le rock  vu par Faithfull ne fera lever la salle qu’en fin de concert. Cela tombe bien, je suis fatigué ce soir là après une journée de travail mouvementée. Le tout donne une impression d’ennui comme si le décor quelque peu passéiste du théâtre donnait au rock un sacré coup de vieux.
Quelques jours après, me revoilà à Marseille pour assister à la pièce de Pierre Ascaride, mise en scène par sa soeur, Ariane ("Inutile de tuer son père, le monde s’en charge"). Le contexte ce jour-là à Marseille est particulièrement pesant: grève à la SNCM, dans le métro et les bus.  En me rendant fatigué au théâtre (les kilomètres à pied, ça use, ça use…), je ne me sens pas d’humeur à supporter les pantalonnades marseillaises…J’ai quête de sens, de rêve, d’utopie…! Inutile…
Pierre Ascaride est seul sur scène pour nous conter sa famille (de fous??). Sa souffrance sur scène est visible (comme si les plaies du père autoritaire décédé il y a quelques années étaient toujours à vif); il se dégage de la mise en scène et du jeu d’Ascaride un pathétisme gênant. Le public  rit, applaudit à toutes ses farces marseillaises. Je me sens voyeur, pas du tout à ma place…
Ariane Ascaride échoue là où Philippe Caubère excelle: faire rire sérieusement! "Inutile de tuer son père, le monde s’en charge" s’engage sur la voie d’un règlement de comptes familial, pathétique qui  laisse peu de choix au public: rester pour assister à la chute d’un artiste ou quitter le théâtre au bout d’une heure pour ne pas cautionner cette farce marseillaise au mauvais gout de "théâtre – réalité".
La nostalgie, cela commence à devenir ennuyeux après Avignon 2005!
Pour la troisième année consécutive, j’ai pris un abonnement au Théâtre du Jeu de Paume – Théâtre du Gymnase. Un exemple que  l’axe Aix en Provence – Marseille peut marcher quand on connaît la difficulté qu’ont ces deux villes pour ce doter d’un réseau ferroviaire digne d’un pays européen…

J’ai donc assister au concert de Marianne Faithfull au Gymnase le 7 octobre 2005. Le public  est relativement âgé  et heureux de retrouver la  "dame".  J’ai quelques albums de Faithfull, plus par curiosité que par fidélité à sa carrière. Le concert présenté à Marseille est d’excellente tenue: tout est calibré, rien ne dépasse et le rock  vu par Faithfull ne fera lever la salle qu’en fin de concert. Cela tombe bien, je suis fatigué ce soir là après une journée de travail mouvementée. Le tout donne une impression d’ennui comme si le décor quelque peu passéiste du théâtre donnait au rock un sacré coup de vieux.
Quelques jours après, me revoilà à Marseille pour assister à la pièce de Pierre Ascaride, mise en scène par sa soeur, Ariane ("Inutile de tuer son père, le monde s’en charge"). Le contexte ce jour-là à Marseille est particulièrement pesant: grève à la SNCM, dans le métro et les bus.  En me rendant fatigué au théâtre (les kilomètres à pied, ça use, ça use…), je ne me sens pas d’humeur à supporter les pantalonnades marseillaises…J’ai quête de sens, de rêve, d’utopie…! Inutile…
Pierre Ascaride est seul sur scène pour nous conter sa famille (de fous??). Sa souffrance sur scène est visible (comme si les plaies du père autoritaire décédé il y a quelques années étaient toujours à vif); il se dégage de la mise en scène et du jeu d’Ascaride un pathétisme gênant. Le public  rit, applaudit à toutes ses farces marseillaises. Je me sens voyeur, pas du tout à ma place…
Ariane Ascaride échoue là où Philippe Caubère excelle: faire rire sérieusement! "Inutile de tuer son père, le monde s’en charge" s’engage sur la voie d’un règlement de comptes familial, pathétique qui  laisse peu de choix au public: rester pour assister à la chute d’un artiste ou quitter le théâtre au bout d’une heure pour ne pas cautionner cette farce marseillaise au mauvais gout de "théâtre – réalité".
La nostalgie, cela commence à devenir ennuyeux après Avignon 2005!

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PAS CONTENT

Le theâtre de Cavaillon lance la saison: malaise!

Ce samedi 1er octobre, je me suis donc exilé pour assister au lancement de la saison 2005 – 2006 de la Scène Nationale de Cavaillon ((dois-je rappeler que j’habite Aix en Provence, “ville culturelle estivale”). Le public est là, nombreux. Je revois avec plaisir Marie – José, en pleine forme, pour un nouveau marathon théâtral! Le Directeur du théâtre (Jean – Michel Gremillet) est sur scène pour nous présenter les moments forts de la saison. Cet exercice est difficile…car comment présenter ce qui est en création? Comment informer sur  l’envers du décor? Finalement, quel sens peut bien avoir ce souci de la transparence si ce n’est de donner l’occasion au Directeur et au Maire de Cavaillon de monter sur scène?! Certes, cette présentation m’a permis de programmer un spectacle que je n’avais pas prévu (Denis Plassard et la 16ème promotion du Centre National des Arts du Cirques, les 18 et 19 octobre…les explications sont prometteuses!) mais ce monologue sans interactivité avec le public a des limites. En effet, quand Serge Valetti (dont la pièce Poeub est programmée le 10 avril) prend la parole pour revenir (son courrier publié par le Nouvel Observateur fin juin 2005 est encore dans toutes les mémoires!) sur l’absence de théâtre dans la cour d’honneur lors du dernier festival d’Avignon, je me sens prisonnier de ce dispositif où l’on ne peut pas intervenir. Inutile d’ailleurs de compter sur M. Gremillet, qui ne trouva rien d’anormal à cette attaque en règle, lui qui fustigeait dernièrement les journalistes “poujadistes” du Figaro, de France Inter et …du Nouvel Observateur sur leurs critiques envers la programmation audacieuse des Directeurs d’Avignon. Je ressens difficilement l’intervention de Valetti: sa croyance dans un théâtre cantonné seulement au texte m’insupporte (que fait-il du corps, ce langage de l’inconscient). A la fin de cette présentation, je ne me sens pas très bien…Malaise… Celui-ci sera plus fort à l’issue du spectacle de la Chorégraphe Maguy Marin et du musicien Denis Mariotte (“Ca quand même”). C’est un manifeste, un cri de colère de Maguy Marin sur la société de consommation qui positionne la culture comme produit, sur le public qu’il faut sans cesse satisfaire, sur la précarité des artistes que le conflit de 2003 a encore plus fragilisé et enfin sur les institutions qui ne semblent pas jouer le jeu de la création. Le propos est appuyé par une bande son qui déverse des mots sur une musique assourdissante. Maguy Marin et Denis Mariotte se clonent grâce à des photos grandeur nature posées  sur scène qu’un vent balaiera vers la fin du spectacle. Je suis cloué à mon fauteuil tant je ressens la colère de l’artiste. Mais en même temps, je me sens enfermé. On parle à ma place, on me culpabilise d’être ce consommateur si exigeant et l’attaque en règle des institutions me rappelle beaucoup trop les arguments des tenants du “non” au référendum européen. Lors des applaudissements (gênés) du public, Maguy Marin ne trouve rien de mieux que de se justifier (“J’en ai gros sur le coeur”) comme pour mieux se faire pardonner…La ficelle est un peu grosse. La culpabilisation n’est décidement pas le monopole de l’UMP! Je quitte Cavaillon quelque peu désabusé…Mais la saison ne fait que commencer. Il y aura bien un créateur qui fera confiance au public pour mieux le rendre compétent.

A lire le bilan du Tadorne sur le festival d’Avignon 2005.
A lire sur le même sujet: Florent Marchet quitte…la scéne nationale de Cavaillon

 

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CALI se perd de la scène à l’’écran.

 
 
Il m'arrive de jeter un ?il sur ma télévision. Cet objet m'indiffère souvent tant ce qu'il projette est de piètre qualité! J'apprécie trop le spectacle vivant pour me laisser attirer par des contenus superficiels et si peu créatifs (à l'exception d'ARTE).Ce soir, au hasard d'un zapping aussi délirant que ma migraine, j'ai eu la désagréable surprise d'apercevoir CALI. C'est un magnifique homme de scène et je me souviens encore de sa prestation au Théâtre de Draguignan le 23 novembre 2004. Son dernier album («Menteur ») doit sortir dans les prochains jours et CALI se sent obligé de faire la promotion de sa tête de gondole. Voir cet artiste se fourvoyer de cette façon m'a poussé à laisser ce commentaire sur son blog :
« Cher CALI,Comment expliquez votre participation à cette  lamentable émission qu’est le “Grand Journal de Canal plus”. Vous sembliez gêné…moi aussi. Ce journal est un ramassis de potins, de clichés avec pour décor un public qui applaudit névrotiquement à tout va. Avez-vous besoin de tout cela? Vous avez votre public; il vous est acquit. La scène a fait de vous un bel artiste (j’ai encore  le souvenir merveilleux de votre concert à Draguignan en novembre 2004)… la télévision vous enlaidit. Bonne route.»

Cette lettre, publiée sur www.festivalier.net, sera référencée par les moteurs de recherche. La télévision vit de la publicité. A travers les blogs, rendons la monnaie pour que les artistes cessent d'être un produit. Faute de quoi, nous n'aurons pas fini de les télé?charger.

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LECTURE

Florent Marchet donne aux Correspondances de Manosque ses lettres de noblesse.

 

 

Chaque année, c’est un rituel. A  la fin du périple festivalier de l’été, je pars à Manosque pour réapprendre à lire et à écrire ! Comme s’il fallait s’éloigner du théâtre, pour se rapprocher autrement des mots. Durant une semaine, lectures de correspondances, ateliers d’écriture et concerts littéraires se succèdent. L’ambiance y est chaleureuse loin des mondanités de certains festivals…
Lire sur scène est un exercice difficile. Ce n’est ni du théâtre, ni une lecture mais une pratique artistique encore émergente. Cette année, trois spectacles retiennent mon attention : deux comédiens (Eric Caravaca  et

Guillaume Depardieu) et un chanteur (Florent Marchet).  

 

Une heure après Depardieu, Florent Marchet, jeune chanteur talentueux découvert il a un an et demi avec son magnifique album « Gargilèse », nous propose son spectacle, spécialement conçu pour les Correspondances de Manosque. L’an dernier, son premier ballon d’essai lors d’un café littéraire avait fait l’événement. A ces côtés, le troublant  Erik Arnaud (son premier album en 2002 « Comme je vis » est resté confidentiel) et Arnaud Cathrine (jeune écrivain) et deux musiciens (un batteur et un bassiste). La scène est minuscule et tout au plus une soixantaine de privilégiés sont invités à ce concert! Le thème du couple sert de fil conducteur où alterne lectures et chansons pour la plupart nouvelles (prémices du deuxième album ?).

Florent Marchet réussi là où ses camarades comédiens ont échoués. En premier lieu, il s’est fortement engagé dans l’exercice; cela se sent et se voit!Le groupe a travaillé pour arriver à nous présenter une telle cohérence dans les choix littéraires et leurs illustrations musicales. De plus, Florent Marchet fait preuve tout au long du concert d’un sens de l’humour que je ne lui connaissais pas. Un an après, il a pris de l’assurance et je ressens un artiste en plein travail sur son deuxième album.

Le couple vu par Marchet à travers ses choix littéraires a de quoi troubler : union impossible, viol, inceste, misère sexuelle, masturbation thérapeutique, ennui, mauvaise haleine…Tout y passe et les textes lus par Erik Arnaud et Arnaud Cathrine appuient là où cela fait mal…Seuls les célibataires (dont votre serviteur) sortiront peut-être de cette soirée quelque peu apaisé !!

Au final, Florent Marchet a peut-être donné à la Direction du Festival une image de ce que pourrait être les Correspondances dans l’avenir, à savoir une magnifique articulation entre la musique et la littérature. Le couple chanteur – écrivain pourrait signifier aux comédiens de théâtre et de cinéma que la chanson n’est peut être pas un art aussi mineur que cela.


A lire sur le même sujet: Florent Marchet quitte…la scéne nationale de Cavaillon.

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LECTURE

Eric Caravaca perd sa correspondance à Manosque

 

Chaque année, c’est un rituel. A  la fin du périple festivalier de l’été, je pars à Manosque pour réapprendre à lire et à écrire ! Comme s’il fallait s’éloigner du théâtre, pour se rapprocher autrement des mots. Durant une semaine, lectures de correspondances, ateliers d’écriture et concerts littéraires se succèdent. L’ambiance y est chaleureuse loin des mondanités de certains festivals…
Lire sur scène est un exercice difficile. Ce n’est ni du théâtre, ni une lecture mais une pratique artistique encore émergente. Cette année, trois spectacles retiennent mon attention : deux comédiens (Eric Caravaca  et

Guillaume Depardieu) et un chanteur (Florent Marchet).

Eric Caravaca est un beau comédien ; il a officié auprès de François Dupeyron (« La chambre des officiers » et « Inguelezi ») et dernièrement dans le chef d’oeuvre de Patrice Chéreau diffusé sur ARTE l’hiver dernier (« Son frère »). Cette année, Eric Caravaca lit une correspondance de Franz Kafka à son père. Kafka écrit toute sa souffrance envers un père autocratique et castrateur. Les mots sont justes, souvent violents…Ils peuvent résonner en chacun de nous tant le modèle éducatif de Kafka père n’est pas si éloigné de certaines pratiques d’hier et d’aujourd’hui…Mais voilà, Eric Caravaca fait le minimum. Assis à table, il lit de façon monocorde cette correspondance et trébuche régulièrement sur les mots. Il se lève parfois (ouf…il évite ainsi au public de tomber dans un sommeil profond) mais il ne ressent pas la puissance du texte. Etrange tout de même pour ce comédien sensible et puissant qui m’avait tant ébloui dans le film de Chéreau ! La lecture sur scène ne consiste pas à lire…c’est autre chose…mais Eric Caravaca n’a manifestement pas mesuré la différence…

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LECTURE

Guillaume Depardieu, en service commandé aux Correspondances de Manosque

 

 

Guillaume Depardieu relève le défi pour lire les correspondances d’Hunter S. Thompson , ancien officier dans l’Air Force dans les années soixante puis chroniqueur sportif. Il invente le journalisme « gonzo », où le reporter est à la fois auteur et héros !

On nous annonce que le spectacle est interdit au moins de 13 ans et que les personnes cardiaques feraient mieux de prendre leurs précautions. Je m’attends donc à de l’action, à du bruit afin de réveiller le public manosquin endormi la veille par Caravaca ! Peine perdue…

Guillaume Depardieu est décidemment un comédien paresseux…Sa lecture est impeccable mais il ne prend pas au sérieux cet exercice artistique. Alors que les mots de Thompson sont percutants, souvent drôles, parfois violents, Depardieu se contente de jouer un peu trop facilement l’alcoolique de service.

Une jeune comédienne ( ?) sur scène lui sert la réplique mais elle trébuche également sur les mots. Le public applaudit mais semble déçu tant le talent de Depardieu pourrait être grand d’autant plus que « la mise en lecture » était recherchée (belles lumières, joli décor – tables, fauteuil, papiers et bouteille à terre-  et photos émouvantes projetées en arrière fond).