Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

Geneviève Sorin malaxe. Jouissif.

Il y a des chorégraphies qui peuvent marquer durablement la vie d’un spectateur. C’est souvent mystérieux comme processus et je n’ai pas fini d’être étonné sur ce qui peut m’émouvoir, là où d’autres seraient plus à distance. Depuis 1998, je découvre la danse…et chaque spectacle est pour moi un nouveau champ à explorer.
Samedi soir, j’étais donc curieux d’accueillir le langage chorégraphique de Geneviève Sorin au Théâtre de la Joliette à Marseille, pour « ¾ face ». Voilà donc 4 danseurs (deux hommes, deux femmes), 3 tabourets, une chaise pliante, un fond blanc et une pianiste. C’est une histoire de … communication où ce quatuor se fait, se défait, se recompose comme un processus qui pourrait ne jamais s’arrêter ! Le spectateur est sans arrêt sollicité dans ce mouvement perpétuel comme si « eux » étaient « nous » et inversement (suis-je clair ??). Le spectateur n’est pas observateur mais fais partie de ce quatuor, comme un 5ème élément. Car tout est en lien avec Geneviève Sorin et son talent de chorégraphe donne à la création sonore (mention toute spéciale à Bastien Boni) une dimension qui n’est pas qu’un bruit d’accompagnement mais une communication sur la communication (je sais, cela parait complexe mais comment l’écrire autrement ?!!). Elle arrive à créer des contextes différents, à sculpter la matière « relationnelle » (certaines formes du quatuor épousent le lien… éblouissant !). Elle donne aux relations homme – femme une forme de tendresse infinie, une recherche permanente où rien n’est figé, où tout est possible tant que le désir est là. La relation entre les deux hommes sème le trouble (comme d’habitude, me direz-vous !) mais Sorin est loin de nous en donner une forme précise (à nous d’en faire notre propre interprétation). La pianiste suit à distance l’évolution de ce quatuor en se transformant elle aussi comme si elle donnait le « la» !
J’ai rarement assisté à une telle évocation de la relation sur une scène de danse. Geneviève Sorin pourrait incontestablement faire penser à certains thérapeutes qui aident le couple, la famille à structurer autrement la relation, à créer d’autres modalités de communication.
« ¾ face » n’est donc pas qu’une chorégraphie. C’est autre chose…un OVNI que l’on prend en pleine face, avec plaisir, heureux d’avoir participé à ce joli mouvement relationnel que rien n’empêche de continuer ailleurs…

A lire sur les dernières créations de la Scène Marseillaise:

La compagnie « Skappa ! » avec « Et à part çà, tu fais quoi pour vivre ? » enfile de jolies perles !

« Le parlafon » de François Bouteau où comment danser pour ne rien dire !

"Les songes-creux" de Christophe Garcia: on croit rêver…

Avec « Le rêve de Jane » de Jean-Jacques Sanchez, "Marseille Objectif Danse" propose un moment de grâce ! A voir d’urgence…

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

“La fausse suivante” par Guillaume Vincent: chevalier sans peur et quelques reproches!

Souvenez-vous…En décembre dernier, la Direction du Théâtre des Salins de Martigues prévenait ses abonnés concernant « la Fausse Suivante » de Marivaux par Guillaume Vincent. Par précaution, Annette Breuil, la Directrice, nous prévenait que Guillaume Vincent avait « choisi une mise en scène effrontée où le baroque côtoie le grotesque sans jamais déflorer la langue de Marivaux ». Cette missive en novembre 2005 m’avait profondément agacé ; cette infantilisation du public trouvait une résonance particulière dans une société rongée par la peur. Deux mois plus tard, je suis donc prévenu! Je vais donc voir cet étrange ovni de la mise en scène… Je suis assis au deuxième rang du Théâtre des Salins avec une vue imprenable sur le « baroque », « le grotesque » et tout le reste. Autant le dire tout net, rien ne justifiait un tel courrier ! Guillaume Vincent a incontestablement de la suite dans les idées mais Olivier Py est quand même le maître en la matière ! Certes, sa mise en scène donne de la profondeur à tous les personnages (gravité et humour un peu potache se côtoient sans jamais s’annuler) et le mouvement des décors soutient le rythme tragi-comique (certains jeux de lumière sont éblouissants notament quand Le Chevalier et Lélio s’affrontent!). Guillaume Vincent appuie parfois là où cela fait mal (« Qui est qui ? » comme dirait Barbara) et soulève chez le public quelques manifestations pudibondes ! Guillaume Vincent en jouant Frontin tout en se tenant hors de la scène n’est pas sans m’évoquer une position…quelque peu psychanalytique. D’où me viens cette analogie qui ne me quitte pas depuis vendredi soir ? Mystère…et j’aurais bien aimé trouver une explication à vous fournir (genre, lisez ma belle trouvaille !)…Peine perdue. Malgré tout, Guillaume Vincent ne va pas jusqu’au bout de ces délires ! Quand il nous fait croire que l’ambiance est à la fête techno où quand Trivelin s’inquiète de la fin prochaine de son abonnement à Télérama, il aurait pu avec des tels comédiens et décors, rendre la pièce de Marivaux bien plus actuelle à l’heure où la fracture sociale ne cesse de s’agrandir et où les mensonges de certains décideurs menacent la démocratie. C’est peut-être la limite de ce metteur en scène; sa créativité n’est finalement pas si moderne que cela! Allez donc d’un pas tranquille voir « La fausse suivante » sans vous inquiéter outre mesure ! Avignon a déjà fait scandale et Sarkozy n’est pas encore ministre de la culture. Quoique…

A lire sur le même sujet:
 "Le Théâtre des Salins applique le principe de précaution".

Par curiosité:
 "Olivier Py, le beau vainqueur d’Avignon".

Catégories
LES JOURNALISTES!

“César”, bimensuel sur l’actualité culturelle: journal gratuit…

En parcourant le journal “César”, bimensuel régional sur l’actualité culturelle régionale, gratuit n° 228 du 11 au 25 janvier 2006, j’ai eu la désagréable surprise de lire sous la plume d’Agnès Freschel une critique de “One More Time” de Jean-Charles Gil, évoqué sur ce blog: “un placement classique, avec des pointes et en-dehors, allié à une énergie contemporaine et une construction abstraite, fondée sur la succession des lignes et des formes: le résultat est ébouriffant”. En résumé, Agnès Freshel nous fait un cours de technique de danse pour signifier la pauvreté du discours artistique! Elle poursuit sur le même tempo avec la lcritique sur “Les Songe-Creux” de la compagnie “La parenthèse“: “en renonçant à l’appellation de “ballet” pour s’orienter vers une danse – théâtre jugée plus “contemporaine”, Christophe Garcia entraîne sa compagnie vers des techniques théâtrales qu’elle maîtrise mal, pariant sur un texte indigent et des clichés scénographiques. La danse reste belle, quand elle s’impose“.
Voilà ce que produit la presse gratuite. Du technique, sans fond. Florence Aubenas journaliste à “Libération” proposait lors d’une assemblée générale la gratuité pour sortir son journal de la crise. Techniquement recevable…

Catégories
OEUVRES MAJEURES

Un beau pas de deux, avec Pippo Delbono dans “Le temps des assassins”.

Ce mardi 10 janvier 2006 signe le jour des retrouvailles avec le public du Théâtre des Salins, avec mes escapades théâtrales et…Pippo Delbono! Au Festival d’Avignon en 2002, je me souviens avoir été profondément ému et bouleversé par trois spectacles de cet artiste hors normes («La rabbia» ; «Guerra», «Il silenzio»). En 2004, toujours au Festival d’Avignon mais à la Carrière Boulbon , «Urlo» m’avait laissé perplexe. Je me sentais à distance comme si l’immensité du lieu m’avait éloigné  du propos de Pippo Delbono.
Trois ans plus tard, «Le temps des assassins», pièce créée en 1987, se joue dans un contexte totalement différent (un théâtre en hiver, deux acteurs au lieu de la troupe habituelle de Delbono, composée d’une dizaine de personnes). Je me prépare à voir cette pièce autrement, en dehors d’un festival, plus à distance que d’habitude. Finalement, j’accueille cette oeuvre dans toute sa complexité comme si j’apprivoisais au fil du temps le style artistique de Delbono. Il a de quoi dérouter : est-ce du théâtre ou de la danse-théâtre comme le suggèrent les deux acteurs vers la fin du spectacle ? Comme quoi, dès 1987, Pippo Delbono posait les termes du débat qui ont tant enflammé le festival d’Avignon l’été dernier.
Que nous racontent ces deux acteurs (Pippo Delbono et Pepe Robledo, magnifiques)? S’en tenir au texte est une gageure (l’accent italien ne permet pas de tout comprendre) ; s’appuyer sur l’histoire l’est tout autant. Quand à la chorégraphie, là n’est pas le propos principal! Alors, qu’écrire, qu’en dire ? Ce sont deux histoires (l’un est italien, l’autre est argentin) qui s’entrechoquent, se lient, se défont…Chaque histoire est illustrée par des danses, des cris, des objets (la petite poupée, Pinocchio,..). Ces histoires pourraient être les nôtres ; ces deux acteurs nous montrent la difficulté de communiquer quand tout est souffrance, quand on est à la limite de la folie, de l’exclusion. La scène où Pippo Delbono danse, ligoté à sa chaise, nous oblige à affronter la différence. Bouleversant.
Le public réagit parfois (faut-il rire ou pas ?)et la tension dans la salle est palpable. Je reste accroché à ces deux histoires et c’est le talent de Delbono de nous relier de la sorte. Il y a une puissance émotionnelle dans «Le temps des assassins» qui en fait une oeuvre majeure et intemporelle. Malgré tout, je ressens la difficulté d’écrire, comme si Delbono touche l’intime et m’empêche de me livrer sur ce blog.
Je garde donc précieusement ce lien au fond de moi et je vous invite à vivre cette relation unique avec ce « théâtre à l’estomac » comme le dit si bien Pippo Delbono.
Je vous souhaite une belle année…qu’elle soit liante…
Pascal Bély – Le Tadorne

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

Le bilan des festivals.

Retrouvez le bilan des festivals:

Montpellier Danse 2006
Festival de Marseille 2006.
Festival "Les hivernales d’Avignon" 2006.
Le KunstenFestivalDesArts de Bruxelles 2006
Festival d’Avignon 2005.
Danse à Aix 2005.

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

Pascal Rambert, Gisèle Vienne méchamment soutenus par Les Inrockuptibles.

Je suis abonné depuis maintenant deux années aux Inrocks. J’ai abandonné Télérama après 15 ans de fidélité pour un hebdo plus ouvert aux tendances culturelles du moment, plus « politique » et loin de la pensée unique du « Monde » propriétaire de l’hebdomadaire. Grâce aux Inrocks, j’ai découvert des artistes que je n’aurais jamais rencontrés autrement (cf. mon prochain bilan 2005).
En recevant hier le n°527, le titre était prometteur (« Théâtre et Danse 2006 ; les meilleurs spectacles du début de l’année"). Différentes œuvres sont sélectionnées et je sens bien que la France est dans une période artistique florissante. Et puis…LE CHOC…Trois spectacles, trois cauchemars d’Avignon 2005, sont sélectionnés par « Les Inrocks » :
Les deux spectacles de Gisèle Vienne : « Une belle enfant blonde » et « I Apologize ». En  juillet 2005, j’écrivais: « la cohabitation entre des poupées pré pubères et des acteurs jouant leur perversité me met très mal à l’aise. C’est du théâtre de Backroom pour public averti… ».
Certains y avaient vu une apologie de la pédophilie et j’avoue avoir eu envie de vomir (au sens strict du terme) à la vue de ces œuvres dégoulinantes de cruauté. Gisèle Vienne n’a pas rencontré le public d’Avignon, même le plus fervent de la ligne adoptée par les directeurs du Festival (dont je suis). "Les Inrocks" trompe ses lecteurs en donnant à Gisèle Vienne une publicité loin d’être à la hauteur de son "talent". Dois-je comprendre qu’il y a entre certains auteurs et critiques une promiscuité quelque peu inquiétante ?
– Le troisième spectacle retenu est le célèbre « After / Before »  de Pascal Rambert. Les  Inrocks" souligne : « Reprise attendue du spectacle le plus méchamment massacré lors de sa création au Festival d’Avignon 2005 ». On pourrait à juste titre se demander :
1- Mais par qui est attendu ce si mauvais spectacle ?!
2- Que veux donc bien dire l’expression « méchamment » ?
L’auteur de cet article sous entend que spectateurs et critiques auraient été cruels avec ce metteur en scène soi-disant si tendance !
En juillet 2005, j’écrivais : « Au commencement de cette œuvre, une question très linéaire que Rambert pose à des terriens au hasard de ses rencontres à travers le monde: « En cas d’une grande catastrophe, d’un « nouveau déluge », qu’emporteriez-vous surtout du monde d’avant pour le monde d’après ? ». A cette question d’une paresse intellectuelle effroyable, les terriens s’efforcent de donner des réponses complexes, drôles, réfléchies, percutantes, jamais ennuyeuses au cours d’un film projeté au début du spectacle. On y entend les réponses intelligentes d’Olivier Py et de Christine Angot. Une jeune fille souligne tout de même que l’on ne peut prendre un élément en dehors de son contexte ; Olivier Py évoque l’impossibilité d’isoler un élément d’un tout (à croire qu’ils ont tous lu Edgar Morin !). Une femme émouvante parle du temps à ne plus perdre, de la communication à ne plusdisqualifier. Bref, ces terriens sont formidables ! Ils sont tous porteur d’un tout, d’une globalité. Ce film est un petit bijou ; la pièce aurait pu s’arrêter là et ARTE aurait signé pour le diffuser au cours d’une Théma ! Mais Pascal Rambert a une toute autre idée de la question et des réponses (après tout c’est son droit). Son point de vue consiste à recycler les paroles des terriens! Pour cela, il démonte les paroles, coupe, remonte à sa guise. Les jeunes comédiens sont isolés chacun dans une rangée où trône à la fin une personne plus âgée. Les deux générations essayent bien de communiquer, mais en vain (On est loin de« Trois Générations » de Jean-Claude Galotta). Tout est cloisonné, les paroles sont isolées de leur contexte (seule la Télévision sait faire aussi bien !), voire disqualifiées (la réponse d’Olivier Py est ridiculisée). Un chien sur le plateau fait diversion et amuse un public manifestement désemparé pour en rire! Non content de s’en tenir à cette première relecture des « terriens », Rambert nous remet le couvert avec une mise en musique et donc en paroles ! Et là, l’apocalypse, le vrai déluge de Rambert sous nos yeux…Les comédiens chantent faux, dansent comme à l’école primaire, se déguisent pour un carnaval funèbre. Des cris fusent du public (« Rendez-nous le chien » !);  j’ai honte de cette création et pitié pour ces comédiens ! A sa propre question, Rambert n’emporte même plus les paroles des terriens et engloutit la création du festival d’Avignon dans un océan de ridicule… »
Derrière l’expression « méchamment », "Les Inrocks" se moque bien du public d’Avignon.
Finalement, qui est le plus méchant ??

A lire:

Gisèle Vienne au Festival d’Avignon: faut-il être sado – maso pour rester?

Le bilan du Tadorne sur le festival d’Avignon 2005.

Pour réagir, cliquez ci-dessous sur "ajouter un commentaire". Une fenêtre s’ouvre alors. Tapez votre texte puis recopiez les trois lettres qui vous sont proposées dans la petite case. A bientôt de vous lire.

Pour revenir à la page d’accueil, cliquez ici.

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

Le Ballet d’Europe de Jean-Charles Gil à la Friche Belle de Mai: l’imposture rêvée.

 
 
 
 


Après « Les songe-Creux » (lire l’article précédent!), la soirée consacrée au “rêve” continue à La Friche Belle de Mai et le réveil est brutal! Le Ballet d'Europe (quelle appellation prétentieuse?) de Jean-Charles Gil nous propose dans ce hangar frigorifique, deux spectacles, coup sur coup?
Le premier, « Rêve » est une chorégraphie de Jorma Uotinen?C'est un spectacle finlandais? froid comme de la glace. C'est de la danse esthétisante à l'image du papier glacé d'un magazine de mode. Cela plait à ce public largement composé d'institutionnels (je reconnais Michel Pezet du Conseil Général) et d'amis des danseurs. Il n'y a aucun propos dans cette danse pretentieuse…Juste de jolis corps bien conservés par la température?
Le deuxième spectacle est un supplice pour Le Tadorne, qui n'est pas loin de perdre ses plumes au milieu de ce public de fans? « One more time » d'une chorégraphie de Jean-Charles Gil est un hommage à Alfred Hofkunst (je découvre son existence?ignare que je suis?). C'est nul, affligeant, pauvre artistiquement. Je ne pense pas que ce type de danse puisse encore exister de nos jours. C’est un mélange de danse en “tutus” et de mouvements qui se veulent contemporains.
On se croit parfois dans un film de série B (genre péplum) tant tout y est ridicule.
C'est de la danse de salon, pour courtiser le Roi et sa cour. Si l'Europe est à l'image du Ballet du même nom, c’est à désesperer du rôle de la France…Il va de soi que ce ballet ne dérange rien, encore moins les institutions qui le financent.
« Les Songes-creux », spectacle franco – québéquois, a donc sauvé cette soirée, modestement, loin de ce ballet de pacotilles?qui reçoit les beaux hommages des institutions.
Vive le Quebec Libre!

A lire les nombreux commentaires en bas de cette page dont le dernier sur la programmation de ce spectacle au cours de la saison 2006 – 2007.

Pour réagir, cliquez ci-dessous sur “ajouter un commentaire”. Une fenêtre s’ouvre alors. Tapez votre texte puis recopiez les trois lettres qui vous sont proposées dans la petite case. A bientôt de vous lire.

Pour revenir à la page d’accueil, cliquez ici.

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

“Les Songe – Creux” de Christophe Garcia et Stéphanie Chaudesaigues: on croit rêver…

Il y a des spectacles qui sont des petits cadeaux ; des petites attentions qu’une personne un peu lointaine aurait pour vous…Par gentillesse, par tendresse…  « Les songe-creux », chorégraphié par Christophe Garcia et mise en scène par Stéphanie Chaudesaigues est de ceux là. J’étais heureux hier soir d’être accompagné de deux oisillons venus accompagner le Tadorne dans sa migration hivernale ! C’était aussi un joli cadeau…
Programmé à la Friche Belle de Mai dans le cadre des « Soirées de rêves » organisées par le Ballet d’Europe de Jean-charles Gil, « Les Songe-Creux » est un bien joli rêve. Six danseurs – comédiens sont sur scène, aux accents franco – québéquois, signe que le rapprochement entre continents facilite le lien entre la danse et le théâtre ! On pourrait croire à une famille (un peu déjantée certes…comme beaucoup de familles d’ailleurs !), à un groupe d’amis ou d’exclus de la société. Ils ont tous en commun d’avoir des rêves, d’y croire encore malgré la cruauté d’un corps qui ne l’entend pas de cette oreille, malgré les difficultés de communication…Ces six personnages forment un tout qui pourrait être à notre image à un moment ou un autre de notre vie. Le texte est beau, fait de petites phrases métaphoriques, joliment mises en mouvement par une chorégraphie légère comme un rêve éveillé ! Le dernier solo d’une femme vêtue de noir, à l’image de nos peurs, de nos rigidités, est d’une beauté époustouflante…
Les deux spectacles de Jean-Charles Gil qui suivront cette oeuvre d’une belle profondeur seront d’un creux rarement égalé de nos jours! A demain pour connaître la teneur de ce cauchemar!
A lire la critique enthousiaste de Christophe d’Agenda-culturel.com.

A lire sur les dernières créations de la Scène Marseillaise:
La compagnie « Skappa ! » avec « Et à part çà, tu fais quoi pour vivre ? » enfile de jolies perles !
« Le parlafon » de François Bouteau où comment danser pour ne rien dire !
Geneviève Sorin avec « ¾ face » malaxe. Jouissif !

Avec « Le rêve de Jane » de Jean-Jacques Sanchez, "Marseille Objectif Danse" propose un moment de grâce ! A voir d’urgence…

Pour réagir, cliquez ci-dessous sur "ajouter un commentaire". Une fenêtre s’ouvre alors. Tapez votre texte puis recopiez les trois lettres qui vous sont proposées dans la petite case. A bientôt de vous lire.

Pour revenir à la page d’accueil, cliquez ici.

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

Florent Marchet quitte la Scène de Cavaillon.


Ainsi va la vie culturelle en région PACA…
Après la disparition de « Danse à Aix », la programmation sans surprise du Toursky à Marseille, les précautions du Théâtre des Salins de Martigues pour un public effrayé par son ombre (!), le chanteur Florent Marchet (ou du moins son producteur) décide d’annuler la résidence qu’il avait prévu à Cavaillon dès janvier 2006. J’avais pas mal d’attentes après son beau premier album et ses prestations réussies aux "Correspondances de Manosque". Il avait prévu de préparer son deuxième album à Cavaillon.
Ci-joint les explications de Jean-Michel Gremillet, directeur de la Scène Nationale de Cavaillon :
« En créant il y a une dizaine d’années les résidences de création chanson, l’un des objectifs du Ministère de la Culture était de créer les conditions d’un dialogue entre public et privé, entre des théâtres comme le nôtre, et des producteurs dont les logiques sont souvent plus industrielles que culturelles. La résidence que nous avions imaginée début 2005 avec le chanteur Florent Marchet et son producteur était pleine de ces utopies qui auraient séduit un large public. Mais voilà, la seule dynamique de la Scène nationale n’aura pas suffi, et nous avons fini par renoncer.
Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est le même producteur qui nous a privé, avec une trentaine d’autres villes, et sans raison véritable, de la venue de la chanteuse Camille.
Un autre hasard ? Le Ministère de la Culture vient de décider de transférer au Centre national des variétés, un organisme privé, les fonds attribués aux résidences chanson. Le service public de la culture traverse une drôle d’époque
 ».
Cette annulation s’inscrit dans des difficultés de positionnement de la Scène Nationale de Cavaillon. Les baisses de subventions ont entraînées l’annulation de certains spectacles dans un environnement politique local et national délétère. Ce contexte conduit le directeur de Cavaillon dans l’excés quand il affirme que le Centre National des Variétés est un organisme privé! C’est faux! Le CNV est un EPIC (Etablissement Public Industriel et Commercial au même titre que Météo France). Ce raccourci vise à faire croire aux spectateurs de Cavaillon que Florent Marchet ou Camille seraient vendus aux lois du marché! Il n’en ai rien comme en témoigne les statuts du CNV:
« Le CNV est un établissement public industriel et commercial, placé sous la tutelle du ministre chargé de la Culture.
Il a pour missions principales de soutenir les entreprises de spectacles, sur les fonds collectés par la taxe sur les spectacles de variétés, de développer des activités commerciales dans l’intérêt collectif de la profession, et de mettre en oeuvre un Centre de Ressources sur l’environnement artistique, économique, social, technique et patrimonial du spectacle vivant dans le secteur de la Chanson, des Variétés et du Jazz. ».
A la rubrique « aides accordées », vous aurez la surprise de constater que le CNV aide de nombreux artistes souvent confidentiels (tel le bien nommé Nicolas Bacchus) et des lieux de spectacles. La Scène Nationale de Cavaillon n’a donc pas pour mission d’aider la production musicale; elle n’a pas le rayonnement national qui permettrait à Florent Marchet d’assurer la promotion de ce deuxième album.
Il faut peut-être arrêter de se moquer du public. Celui-ci peut très bien mener ses investigations (via l’Internet). Le départ présumé de Florent Marcher pour le CNV semble être cohérent avec son parcours et son projet. Il n’allait tout de même pas s’enfermer dans un théâtre militant pour spectateurs acquis aux logiques anti- industrielles !  

A lire: Florent Marchet donne aux correspondances de Manosque ses lettres de noblesse.

Catégories
EN COURS DE REFORMATAGE

« La fin des terres » de Philippe Genty enveloppe le public du Toursky…

Inutile de poursuivre la polémique d'Avignon?Il y a bien un théâtre sans texte et nul doute que Philippe Genty s'inscrit dans la lignée de Roméo Castellucci et de Jan Fabre. A la différence près que «La fin des terres» ne provoque pas la polémique. C'est un très beau spectacle sans message politique, ni provocation et loin d'une explosion de substances corporelles…
« La fin des terres », c'est  un (long) poème sur la rencontre d'un homme et d'une femme au sein d'une société où communiquer s’inscrit dans un parcours complexe. Par mail ou par courrier, tout se perd, tout se cherche. La relation amoureuse est semée de bonnes intentions mais aussi de cauchemars, de peurs d'enfant.
 
«La fin des terres» replonge les spectateurs dans un état entre conscience et rêverie jusqu'à calmer le public marseillais habituellement bruyant du Toursky. Mais Philippe Genty brouille la rêverie en parsemant son spectacle de multiples et beaux effets spéciaux qui rajoute de la métaphore à de la métaphore (la scène des « lettres enroulées » frôle parfois même le ridicule). A croire que Philippe Genty ne fait plus confiance à la magie du corps, à la  relation humaine. Ce soir, la technique envahit la communication entre les artistes et les spectateurs, allusion à peine déguisée à l'Internet. Philippe Genty croit-il encore à la danse comme art du langage ? J'en doute?La présence sur scène des trois techniciens auprès des danseurs lors du salut final finit de me déboussoler.
Il va falloir s'y habituer : les nouvelles technologies côtoient sur le même plan le comédien, le danseur. Le Festival d'Avignon a ouvert la voie l'été dernier. Philippe Genty surfe sur la vague quitte parfois à plagier Roméo Castellucci. Malgré tout, les occasions de rêver se font rares au théâtre. « La fin des terres » est un spectacle à voir juste pour ressentir le rêve éveillé et croire encore à l'exception culturelle française…à l'heure où la question des intermittents n'est toujours pas réglée alors que le protocole de 2003 prend fin dans quelques jours. 
“La fin des terres”…titre prémonitoire?

Pascal Bély – Le Tadorne.

«La fin des terres” de Philippe Genty a été joué en décembre 2005 au Théâtre Toursky de Marseille.