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EN COURS DE REFORMATAGE

La France a du talent, loin, très loin de la poésie Villepetainiste.

Il y a de jolies coïncidences. Alors que la France entre petit à petit dans le chaos social et politique, Michel Kelemenis présente ce samedi 1er avril à la Penne sur Huveaune (entre Aubagne et Marseille) ses « Aphorismes géométriques ». J’ai vu ce spectacle l’an dernier lors du feu « Danse à Aix » dans des conditions de confort difficiles.
La dernière création de Kelemenis est un chef d’œuvre et je m’interroge sur les raisons pour lesquelles ce spectacle tourne si peu en France. Samedi soir, annulez tout et plongez-vous dans l’univers de ce chorégraphe atypique, unique (réservation
au 04 91 24 70 42).
Puisque l’heure est grave, cap sur la bande dessinée! Aix en Provence accueille actuellement les « Rencontres du 9ème art », alors que la Marie Sarkosiste réduit l’art chorégraphique aux Ballets Preljocaj (il n’y aura pas de festival de danse cet été…un scandale). Parce qu’il est nécessaire de relier les disciplines,  Emilio Calcagno et Olivier Dubois (anciens danseurs des Ballets Preljocaj) proposent « En sourdine » les 30 et 31 mars à l’Amphithéâtre de la Verrière. Ils nous promettent une mise en scène de l’univers de Stéphane Blanquet, dessinateur. Cela pourrait nous faire du bien (réservation au 
0811 020 111)

Et parce que plus rien ne sera comme avant, le talentueux Dominique A nous offre le plus bel album qui soit (« L’horizon »). Cet artiste est unique en France…il finira par rencontrer Michel Kelemenis.

L’horizon s’éclaircit ce matin pour Le Tadorne.

Restons groupés…Les porcs s’approchent du pouvoir…

Ps: Deux heures après l’écriture de cet article, je reçois dans ma boîte aux lettres "Aix en dialogue", journal de propagande de la Maire d’Aix en Provence. Elle y dresse son bilan à la culture. En photo de couverture, les Ballets Preljocaj.

Coup de bec du Tadorne à prévoir dans les prochains jours!

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LECTURE

Patrice Chéreau et Philippe Calvario pensent à Hervé Guibert.

Sur le programme distribué à l’entrée du Théâtre des Salins de Martigues, on peut lire une citation de l’écrivain Hervé Guibert, mort en 1991 : «Tant de gens pensent à moi que je n’ai presque plus besoin d’exister maintenant». Patrice Chéreau et Philippe Calvario ont pensés à cet écrivain dont le SIDA a marqué, vers la fin de sa vie, l’œuvre littéraire.
La lecture – spectacle «Le mausolée des amants» qui nous est proposée ce soir est un bel hommage. Sur la scène, un grand bureau avec deux chaises à leur extrémité. L’éloignement entre les deux artistes métaphorise leur distance affective à l’égard d’Hervé Guibert. Si Chéreau l’a connu personnellement, Calvario s’approche de l’écrivain en tant que lecteur,  engagé dans la lutte contre le Sida. Cet éloignement n’est qu’apparent tant la complicité est évidente entre ces deux metteurs en scène: ils habitent à tour de rôles Hervé Guibert. C’est troublant et parfois très émouvant lors de la lecture d’extraits de «Cytomégalovirus». A travers ce passage, c’est toute une génération des années 1985 – 1995 qui revit l’enfer du Sida, l’exclusion qu’il provoquait et le manque d’humanité du système hospitalier. Je pense à Thierry.

Le ton se veut plus léger quand Chéreau (le maître) et Calvario (le valet) lisent «Mon Valet et moi». C’est toute la force tragi-comique de l’écriture d’Hervé Guibert qui se trouve alors merveilleusement interprétée. Troublant…

Mais le moment le plus émouvant, le plus beau est sans aucun doute un extrait de «La mausolée des amants» lu par Calvario : dans un train, deux hommes se regardent et s’aiment déjà, alors qu’à l’arrêt, l’un descend, l’autre pas. Je frissonne en écoutant ce concentré d’amour, d’érotisme, et de mort. C’est à ce moment précis que la lecture – spectacle trouve toute sa force pour nous faire (re)découvrir le talent de cet écrivain. Troublant…
La lecture se termine
sur «Les secrets», comme elle avait commencée, par le duo Chéreau – Calvario . Nous sommes mis dans la confidence et la transmission s’opère. Hervé Guibert fait partie maintenant de mon univers littéraire. Il fallait ce duo complémentaire pour que le lien s’opère entre Guibert et le public à l’image d’une transmission, d’une génération à l’autre. La salle (à moitié vide) applaudit et les lycéens, d’habitude présents à chaque représentation théâtrale, sont absents. L’homosexualité de l’auteur doit encore effaroucher nombre d’enseignants, toujours prompts à dénoncer les injustices. Cette absence en est une.
Pour cette transmission là, il faudra attendre…Le VIH, lui, continue.

Troublant…

Pascal Bély- Le Tadorne

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EN COURS DE REFORMATAGE

« A posteriori » de Georges Appaix : à priori, une antiquité.


Comment écrire sur l’ennui, le bâillement, les jambes lourdes?


« A posteriori » a donc fini par me donner la migraine. C’est un bavardage chorégraphique où la pièce fondatrice de Georges Appaix (« Antiquités »)  se mélange à une nouvelle création (« Posteriori »), toutes les deux basées sur le même thème. Vous suivez ? Moi pas, ou plus ! Est-ce à dire que Georges Appaix répète un peu la même chose, se perd , n’arrive plus à relier la danse, le théâtre, les vers d’Homère et le reste ! Pendant plus d’une heure, je subis cette pièce ; le lien ne se fait pas même si je souris à quelques clins d’œil. Pour le reste, la compagnie regarde son passé, nous sort ses vieilleries et semble s’en amuser. Pourtant, ces cinq personnages pourraient paraître attachants avec leurs histoires  atypiques, mais la mise en scène, la chorégraphie, empêchent toute possibilité de reliance. Tout est coupé, morcelé, dans une sorte de logorrhée verbale insupportable. Ce n’est ni beau à voir, ni beau à entendre. A vrai dire, je me sens progressivement exclu de ce nombrilisme enfermant.
Les applaudissements sont polis car Georges Appaix ne bouleverse rien.
Que le bavardage produise du non-sens, que le présent interprété à partir du passé ne soit pas porteur d’avenir, je ne l’ai pas attendu pour le savoir! Après tout, cette compagnie me paraît un peu jeune (1985) pour demander son classement comme monument historique!
La distribution
à la sortie du spectacle d’un petit livret sur "a posteriori"  donné comme un échantillon de lessive en dit long sur la perte de sens et de créativité de certains chorégraphes.
J’imaginais la "Friche Belle de Mai" à Marseille un peu plus subversive…

Voir également l’article de "Clochettes"

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Russell Maliphant, chorégraphe lumineux.

Il faut nous voir tous les trois, Anne-Laure, Marie-José et moi-même quitter le Théâtre de Cavaillon après les deux chorégraphies de Russell Maliphant, « Transmission » et « Push ». Quelque chose vient de nous arriver, comme un moment de grâce qui suspend, rend heureux, et fait de nous des spectateurs plus en lien que jamais.
Tout a commencé après le rituel du Directeur.
« Transmission » (titre si cher au festival « Les Hivernales » d'Avignon) voit quatre danseuses se métamorphoser sous nos yeux. On ne sait plus très bien qui fait corps : la lumière ou l'artiste ? Les deux s'articulent et donnent à ce quatuor des formes inédites. Le plus merveilleux dans ce spectacle est de ressentir le processus de transmission entre ces 4 danseuses et nous. Maliphant nous englobe. Mais il ne chorégraphie pas la fusion comme pourrait le laisser croire certains passages mais la transmission transversale. 35 minutes de bonheur!
L'entracte de 20 minutes me permet de remettre en mouvement mon corps maltraité par les sièges du Théâtre et de déambuler au milieu de ce public chaleureux (il recevra bientôt une palme du Tadorne !).
« Push » débute. Alexander Varona et Julie Guibert sont sur scène. La lumière s'allume puis s'éteint. Elle sur lui, lui pour elle. Différents tableaux alternent. Puis, lentement, « Push » dévoile le jeu, le lien. Dansent-ils l'amour ? Oui. Assurément. Que peuvent-ils danser d'autre pour que l'émotion me submerge ? Tout est fluide, les corps coulent, me touchent. L'espace scénique est peu utilisé comme si Maliphant choisissait un autre espace, celui de la relation. C'est d'autant plus magnifique que les escalades du départ (c'est vraiment le cas de le dire?) deviennent mouvements circulaires, attachements, détachements, relliance.  Comme pour « Icare » de Claude Brumachon présenté aux Hivernales en février dernier, je suis sidéré par cette danse porteuse d'un nouveau langage.
Russel Maliphant cohabite dorénavant avec “Icare” dans la mémoire du Tadorne. Les liens se complexifient…La danse est décidement un art majeur.

A lire, “l’After / Before” du spectacle!

Les dates de la tournée.

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After,Before, à La Scène Nationale de Cavaillon.

Before…
J’ai rendez-vous ce soir au Théâtre de Cavaillon pour faire la connaissance de Russell Maliphant, chorégraphe anglais, pour deux pièces de son répertoire : « Transmission » et « Push ».
Mais avant d’assister à ce spectacle si attendu, j’ai droit à un rituel : le discours introductif du Directeur, Jean-Michel Gremillet. Son postulat doit sûrement être le suivant : le public du théâtre ne lit pas les journaux, ne regarde pas la télévision et Daniel Mermet de France Inter est le philosophe des temps modernes. C’est à partir de ces hypothèses que le discours se structure : nous avons droit à une lecture partielle et partiale des négociations en cours sur le protocole d’indemnisations des intermittents. Nous ne savons rien du « jeu » sauf que le MEDEF bloque tout. Le public écoute, passif, à l’image d’une réunion d’un chef de service qui parlerait à la place de son équipe. Dans ce type de configuration, le public est coincé : son positionnement est celui d’un spectateur; or il est sollicité comme citoyen sans que le cadre lui permette de l’être. Inutile de préciser qu’intérieurement, je bouillonne. Ma timidité m’empêche de l’interpeller sur ce paradoxe et de lui poser quelques questions utiles : où sont les intermittents ce soir ? Combien travaillent pour la Scène Nationale de Cavaillon ? Qu’on-t-ils à nous dire ? Qu’attendent-ils de nous ? Que pouvons-nous créer ensemble pour faire entendre leurs revendications légitimes ? Comment pourrions-nous communiquer autrement que par lecture de communiqués réducteurs et lus dans la verticalité? Pourquoi le SYNDEAC (syndicat de directeurs), à travers un de ses membres,  parle-t-il au nom des salariés? Pourquoi, alors que nous sommes qualifiés en longueur d’édito dans « Chut » (la revue du théâtre) de "spectateurs citoyens", nous n’avons jamais la parole ?


Le spectacle s’apprête à commencer ; le directeur nous invite à signer la pétition du syndicat. C’est alors qu’un jeune spectateur pose sèchement la question : « Qu’est ce que le Syndeac ? ». Quelque peu gêné aux entournures, le Directeur répond en donnant la définition de cette structure pyramidale (la France manque d’imagination sauf  dans la création des   corporatismes rendant le dialogue social quelque peu figé). A côté de moi, deux spectateurs belges rencontrés aux Hivernales semblent se perdre dans ces nuances et me chuchotent à l’oreille : « Qu’est-ce qu’un intermittent ? ». Les bras m’en tombent…

After…
Quelque peu apaisé par Russell Maliphant, je quitte la salle en compagnie de Marie-José et Anne-Laure. Mes voisins belges me remercient chaleureusement de les avoir conseillé sur ce spectacle lors de notre rencontre hivernale du mois dernier. C’est alors qu’un dame d’une cinquantaine d’années nous interpelle sur  Maliphant : « Vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose d’étrange dans ce spectacle ? ». Je sens le piège… « N’avez-vous pas remarqué que c’est toujours l’homme qui soutient la femme. En tant que féministe, cela me gêne ». Les bras m’en tombent…

Nous sommes sur le parking. Marie-José revient sur le sujet…de cette femme : « Alors que nous parlions sexe dans la queue avant le spectacle avec cette dame… ». Nous éclatons de rire !

C’etait donc une chronique "After / Before". Pas de quoi en faire un spectacle (que Pascal Rambert se rassure…nous lui laissons la paternité  de sa pièce…) mais ce moment de vie me semble assez révélateur d’une société française quelque peu déboussolée.
Russel Maliphant a-t-il seulement ressenti que nous étions vieux ?

A lire, "Russell Maliphant, chorégraphe lumineux".

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“Sainte Jeanne des Abattoirs” par Catherine Marnas: Tous ensemble! Tous ensemble!,…

La pièce va commencer. Annette Breuil (Directrice du Théâtre des Salins de Martigues) et Catherine Marnas (metteuse en scène) prennent le micro et exposent leurs préoccupations sur les négociations en cours avec le MEDEF au sujet du protocole de l’assurance chômage des intermittents. L’inquiétude est lisible sur le visage de ces deux femmes engagées dans la création théâtrale. Les applaudissements sont nourris et le contexte est posé : « Sainte Jeanne des Abattoirs » de Bertolt Brecht est toujours d’actualité…

Cette œuvre retrace le contexte économique d’un abattoir de Chicago au cœur de la crise de 1929. Nous assistons aux spéculations boursières du riche patron Mauler flanqué de son courtier et soutenu par l’église, pour qui la multiplication des pauvres légitime l’appel à Dieu. J’assiste pendant 2h15 à la charge féroce de Brecht contre un système qui traite la main d’œuvre comme de la viande. Le texte est loin d’être léger : les mots pèsent comme pour mieux accentuer la perversité sans fin du système capitaliste.
A l’image du décor, Catherine Marnas a vu les choses en grand  : longue passerelle métallique qui cisaille la vue, imposantes lames de plastique d’une chambre froide qui permettent d’apercevoir en fond les ouvriers maltraités. Sur scène, comédiens professionnels et amateurs forment un collectif impressionnant. Des micros pendent ici et là, accentuent le bruit de la colère et permettent aux spéculateurs de mieux se faire entendre.
Comme une musique grave que l’on me ferait écouter avec un son poussé au maximum, je quitte le Théâtre des Salins migraineux, sonné. Catherine Marnas, loin d’alléger et de fluidifier le texte de Brecht, charge le propos. Il y a trop de cette musique répétitive qui rend inaudible le texte, trop de scènes d’hystérie. Il y a trop de caricatures de la caricature, trop d’effets de scène empruntés aux comédies musicales, trop de comédiens sur scène, trop de ces sacs plastiques volant censés tomber comme la neige ! Tout me semble démesuré pour ces comédiens qui peinent à porter leur personnage (à l’exception notable de Guillaume Clausse, magnifique). D’ailleurs, Catherine Marnas n’élude pas le problème ! Le narrateur (et oui, parce qu’il faut bien nous guider dans ce fatras) signifie aux comédiens qu’il est temps d’écourter le jeu et d’être plus clair dans le propos. Apparaît alors une pièce dans la pièce… !
A ce rythme là, la mise en scène épuise l’œuvre de Brecht. Les cercles concentriques voulus par Catherine Marnas se juxtaposent et donnent à l’ensemble une lourdeur, à l’image d’un bœuf que l’on traînerait à l’abattoir ! Quelques beaux moments m’aident à sortir de ma torpeur (notamment les rencontres entre Jeanne et Mauler) mais l’ennui me gagne…La colère de Catherine Marnas contre le capitalisme alourdit le jeu et m’éloigne des comédiens.
Le contexte de création de cette pièce la sauve. En effet, les comédiens amateurs sont issues des villes où « Sainte Jeanne » tourne : Gap, Martigues, Cavaillon Cannes. On ressent l’engagement de ces amateurs et c’est peut-être de cela qu’il s’agit ! S’engager…pour résister. Cette troupe, c’est du lien social au cœur des territoires et cela se voit. C’est une réponse à la brutalité d’un capitalisme qui ne connaît que fusions, spéculations et précarité à l’image d’un gouvernement Villepin qui conduit le pays vers le chaos social. A sa façon, Catherine Marnas donne au MEDEF, au Gouvernement et aux citoyens une réponse : publics et comédiens peuvent se relier et faire du bruit jusqu’au…vacarme. Il n’y a pas d’un côté le public et de l’autre la précarité des intermittents. Tout cela forme un tout.

Oreilles sensibles d’abstenir…

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LES EXPOSITIONS

Eric Boudet, chorégraphie les belles images de danse.

 

Il m'arrive d'observer les photographes de danse au cours des spectacles. Je suis parfois près d'eux, quelques sièges nous séparent. Le bruit de leur appareil rythme le spectacle et m'intrigue.
Depuis l'ouverture de mon blog, publier une photo est un exercice délicat. Issues pour la plupart des sites des festivals ou des compagnies, elles sont choisies à partir de critères techniques (capacité à s’intégrer dans le format d’un blog!).
Et puis, au hasard d'un voyage sur le site « Belles images de danse », je découvre les oeuvres d'Eric Boudet. Photographe entre autre sur le feu « Danse à Aix », je reconnais certains spectacles et les sensations de l'été dernier refont surface, à l'image d'un album de photos de vacances que l'on aurait oublié au fond d'un tiroir. Les photos d'Eric Boudet sont à elles seules un ?uvre chorégraphique : les contrastes provoquent le mouvement, les danseurs s'envolent comme suspendus dans le temps et l'espace, conférant aux images une fragilité troublante.
Eric Boudet joue sur les asymétries pour mieux capter le lien entre les danseurs. Les éléments du décor ne sont jamais en arrière plan mais intégrés dans le propos du chorégraphe. Ainsi, les grilles du Parc Jourdan d'Aix en Provence se transforment en barreaux de prison où le beau danseur Bienvenue Bazié tente d'échapper. Il se dégage des photos d'Eric Boudet une émotion, un lien, comme s'il photographiait simultanément le chorégraphe et le danseur.
Cet artiste met en mouvement nos images de spectateur. Eric Boudet est un chorégraphe de notre mémoire. Inoubliable.

A voir:
Le beau site d’Eric Boudet.
– Un article sur l’exposition “Danseurs noirs contemporains”.


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EN COURS DE REFORMATAGE

“L’histoire de Ronald, le clown de Mc Donald’s” de Rodrigo Garcia : à voir, à éviter, à méditer…

“L’histoire de Ronald, le clown de Mc Donald’s” de Rodrigo Garcia fait une halte au Théâtre du Merlan à Marseille les 3,4,5, et 6 mai 2006. Ce spectacle avait fait scandale au Festival d’Avignon en 2004. Je me souviens avoir été choqué. Je n’etais pas prêt ce soir là pour accepter ce déferlement de violence. 2 ans après, il en serait peut-être autrement. En 2005, Garcia a fait une halte au KustenFestival des Arts de Bruxelles. Mon amie Peggy y etait. Je la remercie de m’envoyer ce qu’elle avait écrit à l’époque.
Réservation indispensable au 04 95 04 95 70 et commentaires appréciés dès le 4 mai!

Dur dur de comprendre ce qui bouleverse tant dans “la Historia de ronald el payaso de Macdonals”. Le show est une épreuve pour le spectateur qui, perdu dans un malstrom de marques, références à des périodes peu glorieuses de l'histoire de l'humanité et autres dénonciations de la dictature McDo, suit tant bien que mal ces trois jeunes dont la performance est étourdissante.
Rodrigo Garcia exploite à merveille la bonhomie des trois garçons dont les considérations ne volent guèrent plus haut que pipi-caca et dont on voit soudain les corps pliés et meurtris par la tyrannie de la mal bouffe. Certaines images sont extrêmement dures ou très vulgaires. On spéculera notamment sur l'utilité de cette scène où la nudité des acteurs est d'autant plus dérangeante que tout deux miment dans de grands éclats de rire une scène ultra obscène. La violence est omniprésente, servie à satiété par ce contraste entre les envolées tordantes des protagonistes et, une fois les masques tombés, des images d'orgies et d'apocalypse.

Rodrigo Garcia balance sa critique de la société McDo sans trop l'organiser. Il n'empêche que l'émotion ressentie est forte, le spectateur tombe sous le charme des trois jeunes, qui portent avec brio ces deux heures de diatribe, et quitte la salle en contemplant une scène aux effluves nauséabondes parce que jonchée de bouffe.

Perso, j'ai adoré.

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THEATRE FRANCAIS CONTEMPORAIN THEATRE MODERNE

« Face au Mur » d’Hubert Colas : une « Buscherie » théâtrale.

En arrivant au Théâtre du Gymnase, l’ambiance est feutrée pour la dernière création d’Hubert Colas, trilogie composée des courtes pièces de Martin Crimp, « Whole blue sky », « Face au mur » et « Tout va mieux ».Pendant que le public s’installe, un jeune acteur cravaté au regard froid attend sur une scène parsemée de ballons blancs. D’emblée, j’ai l’impression de me retrouver l’été dernier dans l’attente des spectacles de Roméo Castellucci lors du Festival d’Avignon. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si « Face au mur » est une co-production d’Avignon 2005. Le décor minimaliste d’Hubert Colas semble signifier une rupture, à l’image de certaines oeuvres de l’été dernier. Je m’attends donc à passer un moment…tragique!

Dès « Whole blue sky », je suis happé par le texte de Crimp et le jeu des comédiens. Le texte percute car il parle tout à la fois de notre intimité (l’amour, la famille,…) et de notre société. Le style de Crimp par ce jeu rationaliste et froid de questions-réponses entre les acteurs, m’évoque le modèle libéral de l’Angleterre de Tony Blair. La violence décrite par Crimp est souterraine, imperceptible à l’oeil nu, peu médiatisée mais elle ronge notre société à l’image du corps des acteurs bien qu’immobiles, semblent gagnés par la rage. Je ressens viscéralement le texte de Crimp car, loin du bruit médiatique, il parle de cette société qui, pas à pas, se dirige vers la violence la plus ordinaire, vers le fascisme le plus édulcoré, à l’image de ce militaire, mirage de cet océan de ballon blancs qui clôt la pièce. Le décor minimaliste est un leurre comme ce que nous donnent à voir les médias et les politiques. Loin de nous aider à lire ce monde chaotique, ils alimentent cette violence pour mieux nous délivrer les remèdes les plus simplistes. Pour accentuer ce trait, la mise en scène d’Hubert Colas comportementalise le jeu des acteurs. Elle est à l’image d’une société qui, pour soigner la violence, codifie les comportements pour mieux les contrôler. La force de la mise en scène de Colas est de positionner la trilogie de Crimp dans cette sorte d’immobilité apparente alors que ce trame des processus d’une violence inouïe.. Il arrive que le public rit par facilité mais la tension est palpable dans la salle. Le final avec la sublime musique d’Arcade Fire renforce l’aspect dramatique de la pièce et positionne pour longtemps « Face au mur » dans la postmodernité.

C’est une pièce politique. Aussi précieuse qu’un édito de Philippe Val dans Charlie Hebdo. Et ce n’est pas une caricature.

Pascal Bély – Le Tadorne

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EN COURS DE REFORMATAGE

Rodrigo Garcia au Théâtre des Salins : attention, produit périssable.

   Puisqu’il faut écrire ainsi… Rodrigo Garcia, adepte de la provocation, n’a manifestement plus grand-chose à proposer. « Borges + Goya » emprunte les modes d’expression qui ont fait scandale en Avignon l’été dernier, le talent en moins, la caricature usée en plus. Ce spectacle réduit à l’état de marchandise Borges et Goya. Soit. Comme tout artiste, notre société de consommation marchandise tout. On le savait déjà et il n’y a pas grand monde pour s’offusquer d’une telle prise de position. Garcia s’essaie à la vidéo : encore une fois, l’utilisation de ce support sur une scène de théâtre en lieu et place d’artistes vivants n’apporte rien. Elle ne fait qu’accentuer ce malaise où le public se retrouve dans une position passive comme devant son poste de télévision. J’en ai assez de voir ces vidéos avec toujours les mêmes effets (ralentis, gros plans,…). Comme vous le constatez, je n’évoque dans ce modeste papier que la forme, puisque Garcia y attache tant d’importance. Le fond est maltraité. Même au premier degré, je n’arrive pas à rire des pitreries de café-théâtre de Nicolas Bouchaud qui nous avait habitué à un autre jeu lors de « la vie de Galilée » l’été dernier en Avignon. Au second degré, je suis consterné de voir ce public (20 – 25 ans !) rire gras comme il le ferait face à Arthur ou à un autre animateur marchandisé. Le propos est peut-être là! Le public devient lui aussi marchandise.
Au final, l’équation « Borges + Goya » est un jeu à somme nulle. Garcia est devenu un quelconque produit de l’alter mondialisation !

Pascal Bély
www.festivalier.net


A lire aussi sur ce blog:

Au Festival d'Avignon, la défiance envers Rodrigo Garcia.

Au Festival d'Avignon, Garcia se carbonise.

“L’histoire de Ronald, le clown de Mc Donald’s” de Rodrigo Garcia : à voir, à éviter, à méditer…