Avec « Duplex » de Josette Baiz, le Pavillon Noir d'Aix en Provence est cohérent avec l'ensemble de sa programmation, plus proche d'une compilation d'?uvres assez mineures que de prises de risques assumées. Dédié « lieu de la danse», ce Pavillon navigue à vue sans ambition artistique. Une partie du public continue d'applaudir bruyamment comme s'il récompensait une prestation de la « Star Academy », alors qu'une autre salue, sans enthousiasme débordant. Paradoxalement, Aix en Provence semble devenir une ville fermée à une danse plus exigeante, rarement ouverte vers l'Europe (pour cela, il faut se rendre à Marseille, Martigues ou Cavaillon) et surtout privilégiant les ?uvres ou les auteurs reconnus médiatiquement. « Duplex », c'est neuf danseurs isolés dans un lieu clos et blanc au c?ur de ce Pavillon Noir, lieu retranché à quelques semaines de la fin de sa saison. Si le thème est ambitieux, le résultat est prétentieux. À aucun moment, Josette Baïz ne donne une puissance à sa chorégraphie, s'enfermant dans une mise en espace répétitive. Les danseurs se fracassent sur les murs comme s'ils ne pouvaient jamais aller au bout de leur propos. Alors, on gesticule beaucoup, on habite la danse de cris, de mots censés accentuer l'enfermement (en allemand, des envies de nourriture en français impossible à satisfaire). Ce « loft story » dansé fait mal à voir pour ces artistes qui méritent sûrement mieux. Ils sont réduits à mimer les pulsions au détriment de mouvements porteurs d'intelligence collective.
À l'issue d'une heure bruyante sans émotion, le Pavillon retrouve sa noirceur et je repars libre de cet enfermement de pacotille.
Pascal Bély
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