C'est un peu gênant. Des amis vous offrent une place pour la nouvelle production des Arts Sauts, « Ola Kala ! » et à la fin du spectacle, vous leur lancez : «Je suis consterné ». En écrivant cet article, j'ai bien conscience d'aller à contre-courant de mes amis et du public marseillais qui n'ont pas hésité à applaudir chaleureusement ces “Sauts” dont j’ai cherché le sens.
« Ola Kala ! » est programmé dans le cadre du Théâtre du Gymnase. Je m'attends donc à voir une ?uvre artistique, ou du moins une rencontre entre la performance sportive et l'art (on peut toujours rêver?). Peine perdue. Tout commence par des trapézistes qui font d'interminables allers-retours à partir de quelques diagonales qui ravissent. Il y a bien quelques musiciens perchés avec leur violon et leur contrebasse, une chanteuse dont on dirait qu'elle murmure dans un mégaphone en panne de piles, une musique mi-techno ? mi-opéra, des costumes si laids qu'on les croirait tout droit sortis d'un magasin Gap. Cela donne un vernis culturel aux prouesses physiques, mais c'est insuffisant pour qualifier « Ola Kala ! » d'?uvre artistique. Les trapézistes de la troupe le souhaitent-ils ? D'ailleurs, que veulent-ils ? À compter le nombre de chutes volontaires et involontaires, on se met à douter de leur désir d'être en l'air et sur scène. L'accident grave d'un des leurs l'an dernier, pèse sur la dynamique de groupe à l'image de ce filet qui retient tout. Il y a pourtant une joli moment de poésie entre deux femmes, mais il est noyé au milieu des prouesses masculines répétitives, saluées en continu par le public. L'ensemble est lourd, lent, peu créatif et l'« ange bouffon » avec ses ailes en carton ne peut rien y faire (que fait-il là, d'ailleurs ?).
Au final, « Ola Kala » est un trompe-l’?il qui survole l'art du cirque. Ceci est ma chute et la leur.
Pascal Bély – www.festivalier.net