Ce metteur en scène italien s'est donné comme pari un peu fou d'écrire dans dix villes différentes une tragédie. Point de texte, tout est suggéré à partir de métaphores (lumières, personnages irréels, décors mobiles). Après un temps passé à Marseille, Castellucci nous présente le dixième épisode avec toujours le même tissu opaque entre les comédiens et nous, pour nous aider à changer la perception. « BR.#04 Bruxelles» m'avait glacé, « B.#03 Berlin » m'avait ennuyé, « M.#10 Marseille » me déçoit. En Europe, Marseille est une ville qui peut inspirer la tragédie. Or, Romeo Castellucci semble être amarré au port, presque plongé dans un univers aquatique. J'ai l'impression de couler en voyant tous ces panneaux du décor monter et descendre. L'intensité de la lumière baisse progressivement comme lorsque sous l'eau le temps se met à changer. À peine sort-on de l'eau que l'extérieur est hostile, invisible. Point de comédiens sur scène, tout est suggéré par le son, la lumière, la vidéo et les éléments du décor. Comme lors des épisodes précédents, l'apocalypse fait un bruit du tonnerre et provoque des sursauts et autres clignements de paupières.
Un nouveau monde apparaît alors. Une cantatrice arrive et chante devant la scène où le chaos produit ses effets sur un écran vidéo. C'est beau, mais je ne suis pas touché. Tout est à distance comme si Castellucci avait eu peur de Marseille, aveuglé par la lumière, par la religiosité de cette ville. Je sors de cet épisode avec le sentiment que, décidément, Catellucci ne me touche pas avec son théâtre d'ombres, de sons et de lumières.
J'espérais une émotion avec « M.#10 Marseille ». Amoureux de cette ville, je me sens bien éloigné de ce Roméo, coincé dans le quartier de La Joliette?
Photo : © Annelies Tollet ? Academie AnderlechT.
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