Le ton se veut plus léger quand Chéreau (le maître) et Calvario (le valet) lisent «Mon Valet et moi». C’est toute la force tragi-comique de l’écriture d’Hervé Guibert qui se trouve alors merveilleusement interprétée. Troublant…
Mais le moment le plus émouvant, le plus beau est sans aucun doute un extrait de «La mausolée des amants» lu par Calvario : dans un train, deux hommes se regardent et s’aiment déjà, alors qu’à l’arrêt, l’un descend, l’autre pas. Je frissonne en écoutant ce concentré d’amour, d’érotisme, et de mort. C’est à ce moment précis que la lecture – spectacle trouve toute sa force pour nous faire (re)découvrir le talent de cet écrivain. Troublant…
La lecture se termine sur «Les secrets», comme elle avait commencée, par le duo Chéreau – Calvario . Nous sommes mis dans la confidence et la transmission s’opère. Hervé Guibert fait partie maintenant de mon univers littéraire. Il fallait ce duo complémentaire pour que le lien s’opère entre Guibert et le public à l’image d’une transmission, d’une génération à l’autre. La salle (à moitié vide) applaudit et les lycéens, d’habitude présents à chaque représentation théâtrale, sont absents. L’homosexualité de l’auteur doit encore effaroucher nombre d’enseignants, toujours prompts à dénoncer les injustices. Cette absence en est une.
Pour cette transmission là, il faudra attendre…Le VIH, lui, continue.
Troublant…
Pascal Bély- Le Tadorne