C’est une rencontre qui datera. J’ai découvert la danse en 1998 à l’occasion d’un spectacle d’Angelin Preljocaj. Depuis, les festivals ont modelés mon regard, mes attaches. Hier soir, au Théâtre d’Arles dans le cadre des « Hivernales », j’ai fais une magnifique rencontre : Susan Buirge, chorégraphe américaine, installée en France depuis 1970. C’est une danse minimaliste mais qui dégage une énergie étonnante, touchante, généreuse.
Le premier solo « En allant de l’ouest à l’est » par Nicole Piazzon déroute. Elle traverse horizontalement la scène. Elle avance pas à pas, déterminée. Ses mains dansent, son corps l’accompagne sans s’écarter d’une raie de lumière guidant son chemin. Il y a dans ces gestes une précision toute féminine et une force propre à ceux pour qui rien n’est tracé à l’avance. C’est une danse sur la vie. Merveilleux.
Le deuxième solo, « Danse Nord », par Taoufiq Izeddiou m’emporte. Accompagné par un gong, il danse tout autour de cette scène par des gestes d’une précision d’orfèvre. Ses bras dessinent le monde, son corps le transporte et sa danse est une ode à la générosité, au don de soi. Il faut le voir s’allonger à terre et se relever pour poursuivre sa route, m’emportant dans ce merveilleux voyage tant intérieur qu’extérieur. Bouleversant.
Le troisième solo, « La terrasse à l’ombre de la lune », par Young-ho Nam accompagnée au birbyne par Carol Robinson, est une danse entre lumière et obscurité, entre conscience et inconscience. Je me suis surpris à décrocher, à revenir, à me perdre, à retrouver le fil. C’est tout à la fois lent et rapide. Et toujours cette générosité qui provoque chez moi un enchantement, une force que la fatigue d’une journée de travail ne peut empêcher.
La salle s’allume ; le public applaudit chaleureusement. Au final, monte sur scène Susan Buirge, une dame d’un « certain âge », rayonnante, belle, à l’image de sa danse.
Je quitte Arles ému, déterminé, apaisé. Merci aux Hivernales de transmettre une telle énergie.
Le bilan des"Hivernales d’Avignon 2006" par le Tadorne!