1973…aucun souvenir précis de cette année, sauf le Prix de l’Eurovision, Pierre Tchernia ou Cliff Richard.…Je m’en souviens encore. Le souvenir de Gérard Philipe, Vilar, Wilson, Terzieff et Maria Casarès en Avignon cette même année, est plus flou. La représentation des textes de Maïakovski dits entre autres, par Jean-Marie Winling dans son filet tel un acrobate qui hurlait son amour au Palais des Papes, me semble lointain tant l’incroyable charisme que dégageait à l’époque Patrick Juvet et sa tignasse peroxydée a marqué ma mémoire. Tout ces souvenirs d’Avignon 1973 sont d’une importance minime par rapport à Pierre Tchernia qui commentait la plus ringarde des retransmissions télévisuelles en direct d’un pays dont on a oublié le nom….mais qui semble avoir bouleversé Massimo Furlan, « metteur en scène » et «acteur» du spectacle «1973» présenté dans le cadre du festival «in » d’Avignon 2010.
Il nous offre entre deux bouquets de fleurs, sur un plateau doré et kitschissime une copie conforme de ce Concours International. Il se déguise successivement et reprend en play-back les chansons des différents interprètes. Un chanteur, ça va, deux ça passe, trois on commence à bailler, quatre c’est irritant, cinq, on a envie de partir. On constate avec une certaine pointe d’étonnement que les spectateurs applaudissent à tout va à la fin de chaque chanson…..c’est tout juste s’ils ne reprennent pas, en coeur, les refrains en tapant dans les mains. Ça y est, on est chez Michou, avec Madame Arthur qui s’invite chez Pierre Tchernia qui se croit très drôle en comparant la chanson espagnole à « une corrida psychologique ».
Aux sons ringards de ces interprètes sans aucun talent, on se prend à s’ennuyer fortement lorsqu’arrivent sur la scène trois ou quatre personnages clonés qui entourent Cliff Richard, l’idole de Massimo Furlan : Michel Polak, Raphaël Enthoven, Philippe Manoeuvre intellectualisent le Rituel de l’événement en échangeant platitudes et lieux communs.
Ils nous imposent “une idéologie bateau” du chanteur, de showbiz…du rapport de la vedette, tout sur les icônes…un catalogue raisonné des poncifs éculés. On a l’impression d’une joute verbale d’étudiants attardés…
On se demande la raison de ce spectacle : sa place est-elle justifiée dans ce festival ? On reste complètement sidéré, voir anéanti et on ose espérer une seule chose…une suite avec Patrick Sébastien, Guy Lux, quelques philosophes dans la série “La Philo pour les Nuls“…le tout pourquoi pas au Théâtre Municipal.
The show must go on…
À l’année prochaine pour un autre concours.
Francis Braun – www.festivalier.net
“1973” de Massimo Furlan au Festival d’Avignon du 10 au 14 juillet 2010.
Credit photo: Christophe Raynaud de Lage