Le collectif GdRA, animé par Christophe Rulhes, Julien Cassier, Sébastien Barrier, semble placer au coeur de leurs “Singularités ordinaires”(série de trois portraits) une pensée de Paul Ricoeur : les individus ont tous une histoire qui, pour être viable, doit être simple pour ne pas la subir.
Il y est question de corps, de cadre identitaire, de personnalité, de quotidien, d’usure du temps, de rêverie ; le tout est acidulé de créations vidéo, d’envolées musicales, de chants et de trampoline. Tout se prêtait à faire de ce spectacle, une fiche de lecture, mais alors que je rassemblais mes idées sur le contenu…le grand vide.
La mise en lumière des trois portraits (un cultivateur fou de musique, une ancienne danseuse étoile retraitée qui trouve sa voie dans le post-modernisme, une femme d’origine algéro-togolaise des quartiers nord de Marseille qui refonde sa famille avec les personnes du bar où elle travaille), avec pour chacun un titre en forme de question (Folklore ?, Classique ?, Populaire ?) me laisse perplexe.
Pour un spectacle bravant la transdisciplinarité, le classement des individus selon des critères sociologiques flirte avec une politique de quotas. Même si le quatrième volet nous propose une vision commune (fabuleuse performance de Christophe Rulhes), sommes-nous tous des « Muriel » pour autant (titre de la conclusion), attendant un quelque chose, un meilleur, un mieux ou un pire?
“Singularités Ordinaires” laisse entrevoir la possibilité de faire des individus des stars d’un soir, tel un Loft Story, et de les renvoyer à leur condition, sans rien en retour, juste de nous avoir montré ce que nous savons déjà : “c’est la vie”.
Une vidéo ici.
Et un article de “Clochettes” là.
Laurent Bourbousson
www.festivalier.net
“Singularités Ordinaires”, par le collectif GdRA (C. Rulhes, J. Cassier, S. Barrier) a été vu au Théâtre d’Arles, le 23 janvier 2009.