Le festival « Tanz im August » à Berlin avait-il prévu un tel buzz en programmant Cecilia Bengolea et François Chaignaud avec « Pâquerette », danse pénétrante munie d’un godemichet ou d’un sex toy (à chacun d’apprécier) ? Toujours est-il que la presse berlinoise a largement relayé « l’événement », augmentant la frustration du public qui n’a pu trouver de place (deux représentations et une toute petite jauge à Tanzfabrik).
Est-ce un événement, une nouvelle approche du corps dansé, une révolution ? J’attends de ces deux explorateurs d’être bousculé et étonné. À l’issue des trente minutes, je quitte le lieu circonspect alors que des rires bien gras résonnent dans les allées. Je ne suis pas plus avancé : s’introduire un objet dans l’anus ne fait pas (encore) une danse.
Pourtant, le premier quart d’heure est prometteur. Habillés de longues robes aux motifs orientaux, nos deux danseurs, telles des statues religieuses, ne tardent pas à fissurer le ciment de nos représentations puritaines. Leurs corps s’étirent puis éructent : on les imagine pénétrés et toute l’intensité dramatique est là. La danse est à ce moment précis l’espace où nous projetons nos fantasmes, où notre imaginaire se nourrit de cette part de mystère (mais qu’il y a-t-il donc sous leurs robes ? Que suis-je finalement venu voir ?), où la relation entre les deux danseurs s’interpénètre.
Est-ce un événement, une nouvelle approche du corps dansé, une révolution ? J’attends de ces deux explorateurs d’être bousculé et étonné. À l’issue des trente minutes, je quitte le lieu circonspect alors que des rires bien gras résonnent dans les allées. Je ne suis pas plus avancé : s’introduire un objet dans l’anus ne fait pas (encore) une danse.
Pourtant, le premier quart d’heure est prometteur. Habillés de longues robes aux motifs orientaux, nos deux danseurs, telles des statues religieuses, ne tardent pas à fissurer le ciment de nos représentations puritaines. Leurs corps s’étirent puis éructent : on les imagine pénétrés et toute l’intensité dramatique est là. La danse est à ce moment précis l’espace où nous projetons nos fantasmes, où notre imaginaire se nourrit de cette part de mystère (mais qu’il y a-t-il donc sous leurs robes ? Que suis-je finalement venu voir ?), où la relation entre les deux danseurs s’interpénètre.
Alors qu’ils quittent leurs habits, nous découvrons leur corps d’où surgit un sex toy transparent, telle une torche prête à s’enflammer. L’objet, dans l’anus, semble les bloquer dans une équation insoluble : comment danser le plaisir anal tout en prolongeant le mouvement ? La réponse ne vient pas malgré les efforts du couple à danser ce qui les unit. Le corps n’est qu’une matière manipulée, où l’objet est incapable de s’immiscer ailleurs que dans un orifice. Alors qu’ils finissent pas se séparer de cet objet finalement très encombrant, ils tentent à nouveau la performance d’une danse « doigtée » qui n’apporte rien de plus.
Pour faire oeuvre, « Pâquerette » devait transgresser certains codes de la danse. En introduisant le sex toy par des mouvements « classiques » de la danse contemporaine, François Chaignaud et Cecilia Bengolea ne change pas la forme (qui aurait pu véhiculer des valeurs différentes que la seule transgression). L’anus introduit bien d’autres éléments (sociologiques, culturels, psychologiques) qu’un simple objet ne peut transcender.
La voie est donc ouverte pour créer le mouvement d’un dedans vers un dehors, pour qu’une muqueuse rendre poreuse les frontières. Alors que certains artistes s’intéressent à l’interaction homme – machine, rendons hommage à ces deux danseurs d’explorer les possibles de l’humain.
Avec le temps, cette pâquerette mérite de s’introduire dans un joli bouquet.
Pour faire oeuvre, « Pâquerette » devait transgresser certains codes de la danse. En introduisant le sex toy par des mouvements « classiques » de la danse contemporaine, François Chaignaud et Cecilia Bengolea ne change pas la forme (qui aurait pu véhiculer des valeurs différentes que la seule transgression). L’anus introduit bien d’autres éléments (sociologiques, culturels, psychologiques) qu’un simple objet ne peut transcender.
La voie est donc ouverte pour créer le mouvement d’un dedans vers un dehors, pour qu’une muqueuse rendre poreuse les frontières. Alors que certains artistes s’intéressent à l’interaction homme – machine, rendons hommage à ces deux danseurs d’explorer les possibles de l’humain.
Avec le temps, cette pâquerette mérite de s’introduire dans un joli bouquet.
Pascal Bély
www.festivalier.net
« Pâquerette» de Cecilia Bengolea et François Chaignaud a été joué le 24 août 2008 dans le cadre du Festival “Tanz im August” à Berlin.