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EN COURS DE REFORMATAGE

Avec « Elephant people », le théâtre « bling bling » de Renaud Cojo.

 

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Peut-on confier le corps à n’importe qui, pour n’importe quoi ? « Elephant people » de Renaud Cojo est une oeuvre encore inclasssable. La liste des co-producteurs qui défilent sur l’écran est impressionnante (collectivités territoriales, scènes nationales, ministère, théâtre national, Adami, …):

Comment expliquer cette union « sacrée » pour une ?uvre aussi tragique sur la perte du sens ? Est-ce cela que l’on nous promet pour « démocratiser » le spectacle vivant ?  Et que penser de cette formule publicitaire idiote trouvée dans le programme du Théâtre du Merlan pour présenter le spectacle de ce soir :”…Allons à la rencontre du monstre, celui qui est en chacun de nous ! ” Mais pour quoi nous parle -t-on comme cela?
À défaut de diffuser le travail des chorégraphes (ils ne sont sûrement pas assez marketing), il est plus rentable de promouvoir la « pluridisciplinarité », mélange d’un groupe rock (avec tubes à la clef pour vendre la bande-son à la sortie), de vidéo , de théâtre (avec texte poétique pour rassurer l’intello de « Télérama » et des « Inrocks »), d’une « star » déchue de la télé-réalité pour faire tendance  (ici, Vincent Mc Doom, ex « célébrité » de TF1).
Par paresse (sûrement calculée), Renaud Cojo plaque au monde contemporain (la télévision) un thème porteur, « les monstres », qui soulevaient les foules dans les foires d’antan. Dans le rôle de l’animateur « monstrueux », un clone de Jean-Luc Delarue fait défiler les « monstres » d’aujourd’hui si « chers » à son émission. Quelle trouvaille ! Le tout joué et filmé façon talk-show avec vue sur les coulisses. On agite le plateau comme une bouteille d’Orangina afin de créer du désordre, un zapping dilueur de sens où les comédiens ne sont que des pantins téléguidés. À ce rythme, nous n’avons plus qu’à nous laisser porter dans cette parodie où tout est si facile à décrypter (plus c’est gros, plus ça passe !). Le plateau, sans cesse manipulé, rarement transcendé, est ramené à la portion congrue, envahi par l’orchestre et les machines, ce qui a pour effet de réduire l’effort d’une mise en scène.
Renaud Cojo s’évite tout propos politique, préférant le limiter au lien « coupable »  que nous aurions à ces monstres exhibés en longueur de journée dans les émissions de télévision. C’est de la sociologie sur scène, là où on aimerait y voir de l’art.
Cette production permet de multiplier les financements, de rassurer les mécènes sur ses aspects métaphoriques et divertissants. Elle est donc pour l’instant en phase avec son époque : tout dans l’apparence, si peu dans la construction d’une pensée.
« Elephant people » est un spectacle « monstrueux » : que l’on ose appeler cela « théâtre » est une insulte à l’intelligence du spectateur.
Je mets le cap sur le KunstenFestivalDesArts de Bruxelles en mai. Pour oublier tout cela. Et ranger définitivement « Elephant people » dans des bocaux de formol des laboratoires des programmateurs français qui courent après la modernité sans jamais la précéder.


Pascal Bély
www.festivalier.net


?????? « Elephant people» de Renaud Cojo a été joué le 28 mars 2008 au Théâtre du Merlan de Marseille. Préférons le KunstenFestivalDesArts à Bruxelles du 9 au 31 mai 2007.


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