En parcourant les programmations des deux principaux théâtres toulousains (Le TNT et le Théâtre Garonne), une impression s'en dégage: c'est un festival de belles, de très belles propositions. Quelques unes ont retenu mon attention (les liens renvoient vers les articles du blog) parce qu'elles ont durablement balisé mon parcours de spectateur ? bloggeur et ouvrent sur d'autres, encore inconnues, mais que les lecteurs toulousains de ce blog ne manqueront pas d'apprécier.
C'est l'Argentin Ricardo Bartis qui inaugure la saison du Garonne. Avec ?De mal en peor?, nous sommes propulsés dans la crise économique et sociale argentine, mais surtout dans un chaos familial à faire trembler les murs de tous les théâtres. Programmé au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles en 2006, ?de mal en peor? est une oeuvre puissante servie par une troupe de comédiens exceptionnels dans une scénographie qui pourrait en surprendre quelques-uns…
Un autre tremblement se profile avec le metteur en scène marseillais, Hubert Colas. ?Face au Mur? de Martin Grimp (cf. photo) évoque ce rationalisme qui nous ronge et cette société toujours plus comportementaliste. La mise en scène place le spectateur dans un dedans ? dehors troublant.
Le Théâtre Garonne poursuit son “festival” avec ?Young people, old Voices? du chorégraphe allemand Raimund Hoghe. C'est une création bouleversante, un chef d'oeuvre. Présenté à Montpellier Danse en 2004, le public fit un triomphe à cette troupe comme si les lents mouvements de ce quatuor étaient aussi les nôtres quand nous lâchons prise…
Sur un tout autre registre, le chorégraphe Alain Buffard avec ?Not a love song? signe là une oeuvre irrésistible, drôle, intelligente, servie par des comédiennes ? danseuses exceptionnelles (Vera Mantero et Claudia Triozzi sont renversantes!). À ne manquer sous aucun prétexte.
Comment faire l'impasse sur le collectif Belge tg STAN qui avec deux pièces ?Sauve qui peut? et ?Nusch? investit la France après leur succès ?My dinner with André ? en 2006 ? 2007. C'est un théâtre engageant qui place le spectateur dans un rôle actif. À l'image du travail de la chorégraphe Catherina Sagna qui revient avec ?Basso Ostinato?, sa dernière création. Provocantes, ses ?uvres laissent des traces?
À suivre, le nouvel ovni de Joseph Nadj, ?Entracte?. Comment ce chorégraphe exceptionnel va-t-il nous surprendre après son chef d'oeuvre présentée au Festival d'Avignon en 2006, dont il était l'artiste associé (?Paso Doble? avec le peintre Miguel Barcelo)?
Dans cette programmation magnifique, on fera l'impasse sur ?Big 3rd episode? du collectif Superamas. Le bide du dernier Festival d'Avignon?
Cap sur le Théâtre National de Toulouse (TNT). Ici aussi, on ressent l'exigence d'un projet qui positionne le spectateur autrement qu'en consommateur passif. Quelques propositions ont retenues mon attention. Le chorégraphe du pays, Pierre Rigal et le metteur en scène et scénographe Aurélien Bory présentent leurs créations dont ?Érection?, envoûtante danse qui nous remet debout (à voir également ?plus ou moins l'infini? et ?plan B? ).
Sébastien Bournac s'empare de ?Music Hall? de Jean-Luc Lagarce pendant que Pippo Delbono avec ses magnifiques ?Récits de juin? proposera par la suite sa dernière création (?Cette féroce obscurité?).
On accueille avec curiosité la nouvelle proposition de Merce Cunningham (?Eyespace 2 autres pièces?), tandis que l'on fuit l'Eldorado glacial d'Angelin Preljocaj. Enfin, ?Le Roi Lear? de Jean-François Sivadier présenté au Festival d'Avignon 2007 n'a pas convaincu de nombreux critiques et spectateurs, mais en a ravi d'autres. Alors?…
On ne manquera pas de faire un saut au Théâtre Sorano pour voir ?L'épilogue? de ?l'homme qui danse?. C'est homme là, est le plus beau comédien en France. C'est Philippe Caubère.
Pour terminer ce panorama succinct, ? Le printemps de septembre? devrait enthousiasmer les amateurs d'art contemporain à la recherche de sens, dans la ?France de propriétaires? que l'on nous promet.
Toujours est-il que Toulouse et ses théâtres résistent à faire du public une assemblée d'actionnaires?
Pascal Bély
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