7h20. France Inter. Le journaliste Jean-Marc Sylvestre assène sa science économique : « pour baisser le déficit de la sécurité sociale, les Français devront payer une partie de leurs frais médicaux au même titre qu'ils achètent leur télévision écran plat ou un billet de TGV ». Raisonnement rationaliste réducteur manipulatoire, mais efficace.
19h30. Journal de France 3. La ministre de la Justice, Rachida Dati, parle avec une mécanique implacable : « à la deuxième récidive, une peine plancher. Si vous êtes contre cette mesure, c'est que vous soutenez les criminels». Robert Badinter, droit dans les yeux, lui déclare au Sénat: « nous ne voterons pas votre texte car il est mauvais ». Sarkosy, Dati : cause, effet.
21h. Festival de Marseille. Petit théâtre du Ballet National de Marseille. « Max Black » d'Heiner Goebbels va commencer. Quatre rangées réservées pour le personnel et les clients d'une boutique de fringue. «Sans ce mécénat (sic), votre place serait encore plus chère » me rétorque-t-on avec aplomb alors que je m'en étonne. Publicité + théâtre = rentabilité pour tout le monde. Oh secours Jean Vilar?
C'est le récit d'une journée ordinaire où notre cerveau est soumis à la rationalité d'un raisonnement scientifique qui s'applique partout, quels que soient les contextes. Envahi par toutes ces pensées réductrices qui nous isolent et nous conduisent dans l'impasse, je regarde « Max Black » avec enchantement. L'an dernier, lors du même festival, « Eraritjaritjaka ? Musée des Phares » de Goebbels avait créé la divine surprise en déconstruisant les règles classiques du théâtre pour nous guider dans l'univers créatif du dedans ? dehors. Cette année, un philosophe pyromane enfermé dans son laboratoire tente de nous expliquer la complexité du monde à partir de raisonnements rationalistes où se perd sa pensée et explose sa vision mécanique ! Le feu, omniprésent sur scène, est le pont entre la science et la vie : il brûle (les modèles dépassés ?), éclaire, délimite (pour ouvrir ?), transforme. Dans ce laboratoire, métaphore de notre folie linéaire, tout est prévu pour qu'un élément entraîne l'autre (quand la manivelle pour allumer la scène engendre la mécanique d'un objet qui joue avec les touches du piano) mais la main de l'homme et sa folie ne peuvent suivre un tel enchevêtrement. Les textes de Paul Valery, les sons, la scénographie, les lumières participent au chaos que porte admirablement André Wilms, comédien exceptionnel. Mais « Max Black » rivalise difficilement avec la puissance de « Eraritjaritjaka ? Musée des Phares ». J’ai l'étrange sensation que le dispositif scénique « diabolique » guide la mise en scène de Goebbels comme s'il en était prisonnier, le spectateur avec. Le texte se retire progressivement pour laisser la pyrotechnique faire son effet. L'?uvre s'enferme et la folie de cet homme réduit ses affects à ses raisonnements. Je décroche et mon cerveau cherche autre chose que ces folles mécaniques pour échapper aux oiseaux de mauvaises augures qui polluent nos visions. Un, empaillé, surplombe la scène. Je ne vois plus que lui?
Pascal Bély
www.festivalier.net
19h30. Journal de France 3. La ministre de la Justice, Rachida Dati, parle avec une mécanique implacable : « à la deuxième récidive, une peine plancher. Si vous êtes contre cette mesure, c'est que vous soutenez les criminels». Robert Badinter, droit dans les yeux, lui déclare au Sénat: « nous ne voterons pas votre texte car il est mauvais ». Sarkosy, Dati : cause, effet.
21h. Festival de Marseille. Petit théâtre du Ballet National de Marseille. « Max Black » d'Heiner Goebbels va commencer. Quatre rangées réservées pour le personnel et les clients d'une boutique de fringue. «Sans ce mécénat (sic), votre place serait encore plus chère » me rétorque-t-on avec aplomb alors que je m'en étonne. Publicité + théâtre = rentabilité pour tout le monde. Oh secours Jean Vilar?
C'est le récit d'une journée ordinaire où notre cerveau est soumis à la rationalité d'un raisonnement scientifique qui s'applique partout, quels que soient les contextes. Envahi par toutes ces pensées réductrices qui nous isolent et nous conduisent dans l'impasse, je regarde « Max Black » avec enchantement. L'an dernier, lors du même festival, « Eraritjaritjaka ? Musée des Phares » de Goebbels avait créé la divine surprise en déconstruisant les règles classiques du théâtre pour nous guider dans l'univers créatif du dedans ? dehors. Cette année, un philosophe pyromane enfermé dans son laboratoire tente de nous expliquer la complexité du monde à partir de raisonnements rationalistes où se perd sa pensée et explose sa vision mécanique ! Le feu, omniprésent sur scène, est le pont entre la science et la vie : il brûle (les modèles dépassés ?), éclaire, délimite (pour ouvrir ?), transforme. Dans ce laboratoire, métaphore de notre folie linéaire, tout est prévu pour qu'un élément entraîne l'autre (quand la manivelle pour allumer la scène engendre la mécanique d'un objet qui joue avec les touches du piano) mais la main de l'homme et sa folie ne peuvent suivre un tel enchevêtrement. Les textes de Paul Valery, les sons, la scénographie, les lumières participent au chaos que porte admirablement André Wilms, comédien exceptionnel. Mais « Max Black » rivalise difficilement avec la puissance de « Eraritjaritjaka ? Musée des Phares ». J’ai l'étrange sensation que le dispositif scénique « diabolique » guide la mise en scène de Goebbels comme s'il en était prisonnier, le spectateur avec. Le texte se retire progressivement pour laisser la pyrotechnique faire son effet. L'?uvre s'enferme et la folie de cet homme réduit ses affects à ses raisonnements. Je décroche et mon cerveau cherche autre chose que ces folles mécaniques pour échapper aux oiseaux de mauvaises augures qui polluent nos visions. Un, empaillé, surplombe la scène. Je ne vois plus que lui?
Pascal Bély
www.festivalier.net
?????? «Max Black» de Heiner Goebbels a été joué le 5 juillet 2007 dans le cadre du Festival de Marseille.
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