Au Théâtre du Gyptis de Marseille, ce n’est pas la foule des grands jours pour le spectacle de Nacera Belaza, « Le pur hasard » qui clôture la 9e édition du festival Dansem. On pourrait s’interroger sur ce choix de programmation très pointu qui éloigne un peu plus le public habitué des festivals de l’été.
Il faut avoir le goût du risque pour s’aventurer sur le terrain de cette chorégraphe. Lors du dernier Festival Montpellier Danse, sa création «Un an après », m’avait laissé perplexe. Et pourtant, je suis là ce soir avec le désir de rencontrer de nouveau Nacera Belaza, conscient que cette artiste atypique a quelque chose à nous dire…
Vingt minutes de retard.
C’est lent, très lent. Je n’abandonne pas. Je fixe cette silhouette qui s’avance vers nous. Je m’obstine à vouloir comprendre son propos alors qu’elle tourne autour de cette chaise en ouvrant et fermant ses bras. Je m’accroche pour saisir le lien avec l’écran vidéo où un homme cherche à sortir d’un enfermement. Je suis prêt à m’abandonner. D’autres images m’envahissent : « demain, ah oui, demain…faudra pas se rater…journée importante »… « En sortant, ne pas oublier… ». Je pars, c’est plus fort que tout. Une minute peut-être. Le noir. Le blanc.
Je reviens. Ce n’est plus la même. Une autre femme apparaît. Et toujours ces mêmes gestes de rondeur et de précision. L’éclairage tamisé de la scène hypnotise, une douce musique orientale berce…Ils sont trois : deux femmes et lui, en vidéo. Ils se cherchent.
J’abandonne. Le noir. Je pars, loin, trop loin… « Tout à l’heure, en partant, ne pas oublier » …
Je reviens. Elles sont là. Où suis-je ? Entre rêve et réalité, mon corps ne sait plus très bien comment se tenir. Je souffre de me sentir à l’extérieur de ce langage. C’est fermé, presque enfermant. Elles cherchent. Quoi ? Qui ? Pour quoi ? Rien n’y fait. Cette danse-là n’est pas pour moi. J’abandonne.
Soudain, « My way » en fond musical. Elles s’approchent en venant vers nous, l’une à côté de l’autre. Elles sont de dos.
Surgit alors une image fulgurante.
Dix secondes.
Sublime.
« En partant, ne pas oublier… »
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