Tout commence plutôt bien en ce jeudi 1er décembre 2005. J’ai rendez-vous avec Baptiste Trotignon, grand pianiste de Jazz Français. J’ai l’habitude de le suivre depuis quelques années. Ce musicien me fascine…Il est à Sète ce soir, dans un « lieu » culturel…Dès mon arrivée, je suis invité à prendre place autour de tables de banquet alignées les unes à côté des autres (souvenez-vous de certains mariages ou baptêmes où vous étiez assis à côté du saoulard de service !). Quitte à être en avance, je déguste pour la somme modique de 10 euros huîtres et produits locaux ! Même si cela peut paraître séduisant au premier abord, écouter du jazz dans un tel contexte relèvera de l’exploit. Philippe Léogé, pianiste local, assure la première partie pendant 50 minutes en continu ! Cet homme se fait manifestement plaisir et rien ne le perturbe (ni les chaises qui grincent sur le carrelage, ni le malaise d’un spectateur victime peut-être d’une huître rebelle). Sa prestation arrive à me saouler, bien plus qu’un verre du cru local…Il est enfin 22 heures quand le Quartet arrive sur scène. Ces musiciens sont magnifiques : je suis transporté dans leur univers tout en finesse où tout s’articule comme dans une symphonie malgré les problèmes techniques qui nous empêche, pendant les 10 premières minutes, d’entendre la belle contrebasse de Darryl Hall !
Trotignon et El Malek sont complices, cela s’entend et se voit au détriment peut-être des deux autres musiciens. Trotignon joue du piano comme un saxophoniste et El Malek se transforme en pianiste virtuose avec son saxophone. Mais le plus magique dans ce concert, c’est la légèreté de l’ensemble au détriment peut-être d’un petit grain de folie qui aurait pu faire danser le public sur les tables au milieu d’un gravas d’huîtres ! Mais, il reste froid comme la banquise malgré les envolées du batteur ! Les chaises continuent à grincer le tout accompagné d’apartés et de conversations via le portable. J’ai l’impression d’assister à deux concerts en même temps…Serré comme des huîtres de Bouzigues dans une bourriche, le public joue le cadre qu’on lui pose. Ma colère s’adresse plutôt aux organisateurs qui font offense à la musique de ce quartet. On n’écoute pas du jazz dans un tel cadre. On le subit. Un seul rappel (mou) suffira à notre quartet pour revenir sur scène. Les pauvres applaudissements renvoient ce public d’opérette dans ses pénates. La passerelle entre les huîtres et le jazz ne mène nulle part. Les responsables de la Scène Nationale de Sète et du bassin de Thau peuvent malgré tout vous aider dans l’organisation de votre prochain banquet.
En concert au Sunside à Paris du 16 au 18 février 2006 puis:
– 1er mars à Rambouillet.
– 8 mars à Tours la Riche.
– 23 mars à Metz.
– 21 avril à Nantes.
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