Chaque année, c’est un rituel. A la fin du périple festivalier de l’été, je pars à Manosque pour réapprendre à lire et à écrire ! Comme s’il fallait s’éloigner du théâtre, pour se rapprocher autrement des mots. Durant une semaine, lectures de correspondances, ateliers d’écriture et concerts littéraires se succèdent. L’ambiance y est chaleureuse loin des mondanités de certains festivals…
Lire sur scène est un exercice difficile. Ce n’est ni du théâtre, ni une lecture mais une pratique artistique encore émergente. Cette année, trois spectacles retiennent mon attention : deux comédiens (Eric Caravaca et
Guillaume Depardieu) et un chanteur (Florent Marchet).
Eric Caravaca est un beau comédien ; il a officié auprès de François Dupeyron (« La chambre des officiers » et « Inguelezi ») et dernièrement dans le chef d’oeuvre de Patrice Chéreau diffusé sur ARTE l’hiver dernier (« Son frère »). Cette année, Eric Caravaca lit une correspondance de Franz Kafka à son père. Kafka écrit toute sa souffrance envers un père autocratique et castrateur. Les mots sont justes, souvent violents…Ils peuvent résonner en chacun de nous tant le modèle éducatif de Kafka père n’est pas si éloigné de certaines pratiques d’hier et d’aujourd’hui…Mais voilà, Eric Caravaca fait le minimum. Assis à table, il lit de façon monocorde cette correspondance et trébuche régulièrement sur les mots. Il se lève parfois (ouf…il évite ainsi au public de tomber dans un sommeil profond) mais il ne ressent pas la puissance du texte. Etrange tout de même pour ce comédien sensible et puissant qui m’avait tant ébloui dans le film de Chéreau ! La lecture sur scène ne consiste pas à lire…c’est autre chose…mais Eric Caravaca n’a manifestement pas mesuré la différence…