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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Préparez-vous pour des journées particulières au Festival Off d’Avignon 2014…

Tout au long de l’année, les contributeurs du Tadorne alimentent leur appétit de découvertes artistiques, dans les différentes salles de spectacles du territoire pour déposer leurs regards sensibles sur le blog «Le Tadorne». Le Festival d’Avignon est leur point incontournable de ralliement avec les spectateurs.

Pendant le Festival Off d’Avignon, Les Offinités du Tadorne (document à télécharger: Offinités 2014 PDF) sont un rendez-vous régulier où s’entend la parole critique des spectateurs dans l’espace circulaire du chapiteau du Off. Dès le mois de juin, nous publions sur le Tadorne notre sélection de 100 spectacles, fil rouge des Offinités qui s’alimente des choix des festivaliers tout au long du Off.

En 2014, pour la troisième année consécutive, l’équipe des Tadornes sera au village du Off lors de 8 rendez-vous à 17h. La parole des spectateurs y sera mise en lumière, croisée avec les artistes, accompagnée par le regard averti des Tadornes passionnés. Ensemble, nous serons engagés dans un processus de parcours de spectateurs.

8 rendez-vous pour 8 groupes accompagnés par Pascal Bély, Sylvie LefrèreSylvain Saint-Pierre et Bernard Gaurier. Nous irons voir trois spectacles (entrecoupés de séquences d’écoute créative de nos ressentis) pour rejoindre à 17h,   le Magic Mirror, espace central du Off. Là, nous créerons notre retour critique avec la complicité du chorégraphe Philippe Lafeuille. Ce sera une porte d’entrée pour échanger avec le public présent.

Pour la première fois en France, nous allons vibrer, danser, rêver, jubiler, exprimer par tous les moyens, les paroles vivantes de spectateurs.  Pour enrichir nos perceptions, en lien avec les artistes, en  marche pour coconstruire cet espace interactif !

L’agenda des Offinités

10 juillet – «Le Grand Off du tout-petit» – Les professionnels de la toute petite enfance vont au spectacle et nous immergent dans l’univers foisonnant de la création pour tout-petits.

12 juillet – «Le Grand Off des petits et grands»– Parents et enfants (de 8 à 15 ans) vont au spectacle et restituent: «Qu’avons-nous vu ensemble? »

14 juillet– «La critique en Off des spectateurs Tadornes» – Les animateurs du blog «le Tadorne» et leurs amis Facebook vont au spectacle et s’interrogent: «C’est quoi être un spectateur Tadorne?»

16 juillet – «Le vrai Off des managers-chercheurs» – chercheurs, manageurs, décideurs vont au spectacle et s’interrogent: «et si la question du sens se travaillait dans les relations humaines incarnées au théâtre? »

18 juillet – «Le bel Off du lien social » – Les professionnels du lien social vont au spectacle et s’interrogent: «Comment le théâtre évoque-t-il la question du lien? »

20 juillet – «Le grand écart du Off» – Des spectateurs passionnés de théâtre découvrent la danse et inversement : «Danse – Théâtre: un même mouvement? »

22 juillet – «L’étrange Off vu d’ailleurs» – Un groupe de spectateurs étrangers vont au spectacle et s’interrogent: «Le langage du théâtre est-il universel? »

24 juillet – « Le Off est-il in?» – Un groupe de spectateurs  in-off fait le bilan du festival.

 

Philippe Lafeuille, artiste associé

philippe torero

A travers son travail de chorégraphe, Philippe Lafeuille engage le corps en mouvement dans une grande liberté, loin de toute étiquette ou chapelle. Il propose une écriture chorégraphique qui emmène le corps vers le théâtre.
Peut-être la volonté de créer un “théâtre de la danse”. L’espace scénique devient alors un terrain de jeux de tous les possibles, où l’art chorégraphique tisse avec le théâtre, mais aussi les arts plastiK, l’humour et la poésie la toile de tous les possibles.

Comment participer aux Offinités?

– Vous êtes un spectateur et vous souhaitez vivre une journée particulière au Festival d’Avignon: écrivez-nous (pascal.bely@free.fr). La participation à la journée est gratuite. Seule les places à tarif préférentiel sont à votre charge.

– Vous êtes un professionnel de la petite enfance, du social, de l’éducation, de la recherche et vous souhaitez vous inscrire à une des journées (à titre individuel) ou inclure votre équipe dans une démarche interactive de réflexion sur son projet: écrivez-nous (cabinet@trigone.pro) ou inscrivez-vous sur le site www.trigone.pro

Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre, Bernard Gaurier – Les Tadornes.

"Les Offinités du Tadorne" du 10 au 26 juillet 2014, au village du Off.
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FESTIVAL D'AVIGNON

Avignon Off 2013 – La sélection des Tadornes et des spectateurs lors des Offinités Publiques.

C’est le dernier week-end du Festival Off d’Avignon. Les contributeurs du Tadornes ont animés au cours du festival, “Les Offinités Publiques“, rencontres critiques interactives avec les spectateurs. Nous vous communiquons le document que nous distribuons lors de ce rendez-vous. Il ne traduit pas la dynamique de nos échanges mais peut vous aider à élaborer votre programmation.

Nous vous souhaitons une belle fin de festival.

Pascal Bély – Sylvie Lefrère – Sylvain Saint-Pierre – Bernard Gaurier – Laurent Bourbousson.

Notre projet

Les spectacles recommandés 

 

lors des dernières Offinités

Animer les jours pairs, un espace critique et participatif avec les spectateurs au Village de 11h30 à 13h.Créer la relation interactive entre publics, artistes et animateurs. La parole des spectateurs est au centre des débats.Dessiner des portraits de spectateurs pour révéler l’histoire de chacun avec le festival.Ces Offinités auront  lieu au-dedans et au dehors du chapiteau en bois du village du OFF : lieu ouvert, circulaire, qui permet une parole libre et fluide. Des banquettes sur les côtés, ou une chaise au milieu, à chacun de choisir sa place et d’en bouger quand il le souhaite. 

Prochaine Offinité Publique au Village du Off

28 juillet, «Spectateur, quel programmateur êtes-vous ?» avec la participation de deux spectateurs (Marie-José Mas et Daniel Le-Beuan).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Discours à la Nation»   d’Ascanio Celestini – La Manufacture – 10h40 –P 260« Je vous ai compris » par la compagnie Groupov- La Manufacture-  11h – P261

« La jeune fille et la morve » de Brigitte Nielsen- Présence Pasteur- 19h50- Présence Pasteur –p 315

«Ali 74, le combat du siècle » par Nicolas Bonneau – Le Girasole – 20h55 – p 210

«Qui sommes-je?» de Ludor Citrick – Espace Vincent de Paul – 15h30- p 197.

«Illuminations» par la Madani Compagnie- Théâtre des Halles – 19h – p 223.

«L’étranger – Réminiscences » d’Albert Camus par la compagnie Pierre-Jean Peters – Théâtre du Roi René- 14h10 – p 321

«übü kiraly » d’Alain Timar – Théâtre des Halles– 11h–p 222

« Bruits d’eaux » – Théâtre Alibi – Le Girasole – 15h55– P 210

« Quelque chose de commun » par la compagnie Nivatyep – L’Adresse  – 21h25- P30

« Frozen » par la compagnie Théâtre du Centaure-  Présence Pasteur – 10h30 –p 311

« Les beaux orages qui nous étaient promis » par le Collectif Petit Travers – Espace Vincent de Paul – 17h- p 197

«Le Boxeur» -Compagnie Troupuscule théâtre – 18h20- p 30

«Orphelins» par le Théâtre du Prisme-17h45 -Présence Pasteur- P 314.

«Pour un oui ou pour un non» par la Compagnie Pourquoi ?–Vieux Balancier–11h-p 353

«Après la fin» par la compagnie la Doublure – Atelier 44 – 18h40 – p 59

«L’incroyable destin de René Sarvil, artiste de Music-hall» par les Carboni–Théâtre des Carmes – 15h30 – p 104.

«L’homme dans le plafond» – Compagnie Isabelle Starkier – Collège de la Salle – 15h40 – p 147

«Ici s’écrit le titre de la pièce qui nous parle d’Ante» par le théâtre des Chardons – Théâtre des Doms – 13h30 – p 172Savez-vous que je peux sourire et tuer en même temps” par la Compagnie Ches Panses Vertes -Théâtre GiraSole – 17h30 – P 210

« Le mardi à Monoprix » par la compagnie Le Théâtre Dû – Grenier à sel-13h05-  p 219.

«End/Igné» par la compagnie du Bredin – La Manufacture – 14h – p 261« Pinocchio » par la compagnie Caliband Théâtre –  Présence Pasteur – 12h20  p 31

« J’ai apporté mes gravats à la déchetterie » d’Anne Lefèvre. La Manufacture – 15h40 – p 262

« Le chemin des passes dangereuses » par la Compagnie de la Salamandre – Théâtre du Bourg Neuf – 20h45 – p 88

« La mort de Marguerite Duras » par la compagnie du Pas Sage – Théâtre des 3 soleils – 15h05 – p 344.

«Le réveil» par la compagnie Trésors de Sophie – L’Adresse- 10h45 – p 29

« SMATCH[1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré » par le Corridor -Théâtre des Doms-  17h30  – p 173

« Absente: rendez-vous avec Sophie Calle » de Shakespeare’s Wild Sisters Group – Condition des Soies –17h55 – p 157

«Oreste»- Compagnie des Vivi- 18h30- L’Albatros- p 35

«Après la fin» – Compagnie La Doublure – 18h40 – Atelier 44 – p 59

«Cour nord» – Théâtre du midi – 17h55 – L’Alizé – p 40

«Vision»- Pierre Megos – Théâtre des Doms – 11h – p 171

«Danser Baudelaire »- Bruno Niver – 17h45 – Théâtre du Bourg Neuf – p 87

«Brum» – Compagnie Drammatico Vegetale – Théâtre des Vents – 10h15 – p 347

«Tranchées» par la compagnie Zapoï – Présence Pasteur – 12h40 – P 311

Le secret de la petite chambre” – Compagnie Collectif Zone Libre – 22h20 – Théâtre de l’Oulle – p 275 

  
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Offinité Publique des Tadornes au Festival Off d’Avignon du 18 juillet – Nos théâtres mondes…notre troisième sélection.

Ce rendez-vous des Offinités publiques est notre projet de spectateurs. Il est animé par moi-même Pascal Bély, Sylvie Lefrère, Sylvain Saint-Pierre, Laurent Bourbousson, Bernard Gaurier. Loin d’ici mais présents : Pierre-Jérôme Adjej à Berlin et Pascale Logié à Lille. Chaque année, nous croisons nos sensibilités et nos approches du théâtre en encourageant un regard critique capable de nous faire penser collectivement sur ce qui fait société, ce qui fait politique. Nous cherchons en nous ce qui fait conscience du monde, ce qui relie notre intime complexe aux enjeux mondialisés de l’humanité. C’est ainsi que nous pensons notre place de spectateur pour la mettre en mouvement, la questionner en continu pour ne rien figer et ne rien sacraliser.

Nous avons placé notre rendez-vous d’aujourd’hui sous le thème engloblant du théâtre monde. Comment s’évoque le monde au Festival Off d’Avignon ? Pour animer ce rendez-vous, nous avons convié Mahoro Nsengimana et Ivan Guibert de la section “personnes déracinées” d’Amnesty International France et des metteurs en scène Catherine Graziani et Julien Bouffier. Nous les invitons à écouter ce qui va s’éclairer sur le programme du OFF à partir de nos critiques et de faire liens entre leurs visions d’artistes et de militants.

Avant de commencer ce tour critique, j’aimerais évoquer quelques artistes qui nous ont profondément marqués depuis le début du Festival. Nous y sommes depuis le 5 juillet. Tout a commencé au In avec l’espagnole Angelica Liddell. Cela ne pouvait pas mieux tomber. Car «Ping Pang Qiu» est un vibrant plaidoyer pour un théâtre engagé et engageant. Il évoque la bataille à mener: celle d’affirmer nos modes d’expression contre les approches rationalistes et autoritaires qui visent à les museler. Elle est entrée dans l’arène avec une robe rouge sang, comme l’énergie qui coule dans ses veines; rouge vif comme la colère qui gronde en elle; rouge vif comme la couleur du petit livre de Mao qu’elle brandira à plusieurs reprises pour le défier. Mais combien sont-ils en Europe à brandir leur petit manifeste pour nous imposer leur politique libérale sans vision?

La vision d’Angélica s’est amplifiée avec David Murgia, dans «Discours à la Nation», comédien belge et tribun aux multiples casquettes. Il incarne un petit bonhomme, homme de pouvoir, porteur d’un revolver (comme tant de ses concitoyens), protégé par son parapluie qu’il daigne offrir pour mieux écraser son hôte. Il  manie l’injonction paradoxale avec délice et l’inclu dans une ritournelle qui ouvre nos rires, non vers un cynisme facile, mais vers une pensée en mouvement. À mesure que le discours avance, il nous impose une évidence : «la démocratie est une dictature ». Sa démonstration est implacable: nous ne choisissons plus nos dirigeants, c’est eux qui nous choisissent. Nous ne luttons plus contre l’exclusion sociale: c’est l’exclusion qui nourrit les puissants. «Le discours à la nation» est passionnant parce qu’il est écrit du côté de ceux qui détiennent le pouvoir (ici, économie, politique et social ne font qu’un, sans plus aucun mécanisme de régulation). Cela pourrait se passer en France, pays où il pleut tout le temps (probablement lié au réchauffement climatique). Bienvenue en 2063.

Retour vers le passé pour vivre un «ici et maintenant» bouleversant.  “Exhibit B” est une exposition proposée à l’Église des Célestins dans le cadre du festival «In». Brett Bailey est un artiste blanc d’Afrique du Sud. Il a connu l’apartheid. Son exposition performance est incarnée par quinze acteurs amateurs, tous immobiles, mais dont le regard crée l’Histoire en mouvement. De la Vénus Hottentote, aux camps de la mort, aux sans-papiers d’aujourd’hui, tout le poids de l’histoire des noirs s’écrase sur nous. La violence dont ils ont été victimes tout au long des siècles rôde sous les alcôves de l’Église.  Elle nous revient à partir d’un geste artistique d’une très grande beauté. Assis, couchés, debout, ces hommes et ces femmes nous font face, habillés par leur dignité. Nous nous ressentons aumônier dans le couloir de la mort. Impuissants, sans pouvoir formuler un mot. C’est une transe silencieuse qui nous envahit, où nos corps chavirent sous la puissance de l’échange.

Trois visions de ce théâtre monde que nous allons nourrir et amplifier au cours de ce rendez-vous où seront abordés par les Tadornes, les spectacles suivants :

« Bruits d’eaux » – Théâtre Alibi – Le Girasole – 15h55– P 210

Trois corps circulent sur le plateau, métaphore de notre embarcadère d’un soir. Un homme, petit (sidérant François Bergoin), porte un costume de capitaine bien trop grand où le bruit de ses médailles rappelle la cloche de nos vaches. Sorti du troupeau des petits fonctionnaires obéissants, il s’avance vers nous, sûr de notre bon droit : protéger l’Europe de l’immigration sauvage. À ses côtés, un étrange objet inanimé m’intrigue. Sa présence fait corps comme s’il avait été sculpté sous la torture. À la fois totem et tabou. À la fois bureau de ce chef comptable préposé à la politique du chiffre (compter les noyés) et symbole de l’échafaud pour accostage illégal de nos côtes. Construit par l’Atelier MOA, il est à la fois fragile et oppressant quand s’y assoit le comptable et puissant dans sa verticalité lorsqu’une  de ses « poutres » se fait scène pour accueillir la chanteuse et musicienne Sika Gblondoume. Ses mouvements fantomatiques, appuyés par les écrins de lumières et vidéos de Fabien Delisle, font entendre des berceuses du Bénin ou d’Algérie et donnent une présence incroyable à ces noyés ensevelis sous les planches de ce radeau de la méduse. Cette femme ouvre les portes, pose des ponts…elle est fille d’Istanbul, entre Afrique et Europe.

« Je vous ai compris » par la compagnie Groupov- La Manufacture-  11h – P261

Cinquante ans après, deux comédiennes, Valerie Gimenez et Sinda Guessab, nous font vivre de l’intérieur l’allocution mythique du Général de Gaulle à Alger. Elles incarnent un couple improbable, celui de leurs parents: un gendarme pied-noir (militant du Front National) et une Algérienne naturalisée française. Leur histoire originelle est différente et distanciée, mais le contexte politique actuel les relie: face à nous, elles font ce travail d’introspection que la France ne veut pas entamer.

«Je vous ai compris» est une œuvre forte, car elle célèbre la liberté d’expression: ouvrir la parole intime de chacun pour penser une politique pour tous. Il faut un sacré courage pour oser un tel rendez-vous avec l’Histoire et accompagner le spectateur à faire ce travail d’introspection. Car ne nous y trompons pas: cinquante ans après, l’expression de De Gaulle agit comme un secret de famille.

 

«Qui sommes-je?» de Ludor Citrick – Espace Vincent de Paul – 15h30- p 197.

Ce clown accumule des souffrances (seraient-elles celles du corps social?) provoquées par les brimades de la société du spectacle qui transforme nos espaces de liberté en camp retranché.  Notre clown les déjoue en détournant les mots pour interroger notre vivre ensemble, nos dualités entre le masculin et le féminin, nos cloisons entre pensée et plaisir…Il ne cède jamais à la plainte, mais redéfinit en permanence le cadre pour interagir. Il souffre pour réveiller notre clown d’aujourd’hui, humanoïde hybride entre raison et déraison qui dépasse nos systèmes de pensée usés et normés.

Notre  clown est si fort qu’il rend l’animateur totalement dépendant. Il a toujours une longueur d’avance jusqu’à guider sa pulsion de faire mal vers l’endroit où cela pourrait lui faire du bien ! Il cherche toutes les ouvertures là où rien n’est à priori fermé ! Tenu en laisse par son gardien de tôle, il n’hésite pas à franchir la ligne blanche, vient vers nous, nous provoque dans notre confort et nous prendre à témoin pour rendre justice.

 

«Illuminations» par la Madani Compagnie- Théâtre des Halles – 19h – p 223.

Comment porter sur scène le lien entre les événements de la Guerre d’Algérie et les émeutes dans les banlieues de 2005 ? Avec «Illumination(s)», Ahmed Madani a réussi ce pari politique et artistique en invitant  huit jeunes d’un quartier populaire dans un récit choral où s’entremêlent les récits de trois générations d’immigrés.

Ici, la confusion est une force car elle brouille les repères chronologiques. L’histoire est vue comme un processus et non comme un état de fait. Les événements d’Algérie sont intimement et collectivement intégrés dans les émeutes de 2005.  La culpabilisation des ainés et leur soumission à la France sont portées par les jeunes d’aujourd’hui qui questionnent avec créativité et colère les valeurs de la république. Aux tortures d’hier répondent la violence des rapports sociaux d’aujourd’hui.  Le récit non linéaire est une aide pour penser la France comme un pays d’immigration, en dynamique, en changement. Tout est proposé dans des causalités circulaires  comme par exemple l’origine des vigiles qui protègent les lieux publics et centres commerciaux : “Nous devenons vigiles pour vous protéger de nous mêmes”.

«Illumination(s)» est une pièce où le changement de regard est possible si nous faisons ensemble un travail de mémoire. L’art et ces nouvelles esthétiques pourraient nous y aider : en faisant dialoguer les époques, en privilégiant une approche transversale de l’immigration, en repensant la place des femmes, beaucoup trop invisible.

 

«übü kiraly » d’Alain Timar – Théâtre des Halles– 11h–p 222.


1h50 d’un théâtre qui passe à toute vitesse. Alain Timar est allé “s’accoquiner” avec des acteurs roumains exceptionnels. “Ubu papa”, “Ubu maman” et toute leur clique inventent un théâtre où le papier omniprésent symbolise ce pouvoir qui se froisse pour un oui ou pour un non; ce pouvoir qui déchire les âmes pour régner sans toi, ni loi.
Superbe.

«Ali 74, le combat du siècle » par Nicolas Bonneau – Le Girasole – 20h55 – p 210


A priori, ce n’est pas un spectacle que j’aurais sélectionné. Des amies s’en sont chargées. Je suis entré dans cette salle, métaphore du ring d’un artiste. Le «ciné-récit- concert» de Nicolas Bonneau est une lutte de tous les instants où il combat certains réflexes du théâtre dit documentaire.  En tout premier lieu, il évite une narration linéaire pour évoquer le combat du siècle entre les boxeurs Mohamed Ali et Georges Foreman. C’était tentant. Mais il inclut dans son spectacle tout un contexte politique (le sort des noirs aux USA, le système Mobutu) ainsi que des images liées à la boxe empruntées au cinéma ou à la bande dessinée. Nicolas Bonneau joue avec sa voix et son corps pour incarner une danse, celle de la boxe, car c’est ainsi que la qualifiait Mohamed Ali. La présence d’un musicien (Mikael Plunian) et d’une chanteuse (Fannytastic) renforce la forme hybride d’un spectacle à la frontière d’un one man show et d’un concert. La présence de l’accordéon fait entendre les corps qui souffrent tandis que la voix murmure rêves, complots et douleurs. C’est un théâtre vif, combattant, haletant car «la boxe, c’est de l’amour», clame Nicolas Bonneau au cours d’un sublime moment théâtral. J’ai la boxe, danse de l’amour et du corps politique.

«End/Igné» par la compagnie du Bredin – La Manufacture – 14h – p 261

“End/Igné”, un texte poétique et cru pour dire un monde violent et tenter de comprendre. Là où le théâtre et l’acteur gomment l’éloignement de bruits d’un ailleurs pour les guider jusqu’à nous et nous faire entendre l’intime où s’inscrit un acte public. Aucune “lourdeur” dans cette proposition, juste une pièce à voir et écouter.

 

 Les autres spectacles fortement conseilllés par les spectateurs présents aux Offinités:

 «Le réveil» par la compagnie Trésors de Sophie – L’Adresse- 10h45 – p 29

«Absente : rendez vous avec Sophie Calle» de Shakespeare’s Wild Sisters group – 17H55- La Condition des Soies- P157

«La jeune fille et la morve» de Mathieu Jedrazak-19H50-Présence Pasteur-P 315 (critique de Sylvain Saint-Pierre)

«Savez vous que je peux sourire et tuer en même temps» par la compagnie Ches panses vertes -17H30- Girasole- P 210

«Orphelins» par le Théâtre du Prisme-17h45 -Présence Pasteur- P 314.

«Pinocchio» par la compagnie Caliband Théâtre -Présence Pasteur – 12h20. p 311 (critique de Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre)

«Pour un oui ou pour un non» par la Compagnie Pourquoi ?–Vieux Balancier–11h-p 353

«Une douce imprudence» d’Eric Lamoureux et Thierry Thieû Niang- Hivernales- 10h – P 226

«L’incroyable destin de René Sarvil, artiste de Music-hall» par les Carboni–Théâtre des Carmes – 15h30 – p 104.

 

Les spectacles déjà recommandés lors des Offinités précédentes :

«Le mardi à Monoprix» par la compagnie Le Théâtre Dû – Grenier à sel-13h05-  p 219 (critique de Sylvie Lefrère)

«Quelque chose de commun» par la compagnie Nivatyep – L’Adresse  – 21h25- P30 (critique de Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre)

«Silence encombrant» par la compagnie Kumulus – La Manufacture-  18h30 -p 263

«Frozen» par la compagnie Théâtre du Centaure-  Présence Pasteur – 10h30 -p 311

« SMATCH[1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré » par le Corridor -Théâtre des Doms-  17h30  – p 173 (critique de Pascal Bély)

Les beaux orages qui nous étaient promis” par le Collectif Petit Travers – Espace Vincent de Paul – 17h- p 197

JEUNE PUBLIC

«Concert-tôt» par l’Ensemble FA7 – Maison de théâtre pour enfants – 9h45 et 15h45 – p 256

«C’est dans la poche» – Compagnie Jardins Insolites – Maison de théâtre pour enfants  – 9h50– p 256

«Papa est en bas» – Compagnie La Clinquaille – Maison de théâtre pour enfants – 10h30 – p 256

«Le papa-maman» – Compagnie La Parlotte – Maison de théâtre pour enfants – 10h40 –  p 256

«Camion à histoires» par la compagnie Lardenois – Maison de théâtre pour enfants – 11h et 16h40– p 256

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Offinité Publique des Tadornes au Festival Off d’Avignon du 14 juillet – De nos parcours, notre deuxième sélection.

14 juillet 2013 – 11H30 – En introduction de l’Offinité Publique au Village du Off.

Nous, Pascal Bely et Sylvie Lefrère, co-animons les rencontres critiques au Village du Off, «Les Offinités publiques du Tadorne».  Tadorne, nom du blog, est un canard migrateur. Comme lui, nous nous retrouvons chaque mois de juillet, avec Sylvain Saint-Pierre de Paris, Laurent Bourbousson d’Avignon, Bernard Gaurier de Rennes, Francis Braun de Saint Rémy de Provence. Nous suivent à distance, Pierre-Jerôme Adjej de Berlin, Pascale Logié de Lille, Nicolas Bertrand de Lyon…Passionnés, nous sommes spectateurs acteurs et pensons nos choix dans un travail continu de recherche où nos ressentis et notre quête de sens se relient.

Suite à l’exposition «Nuage» proposée par le musée Réattu d’Arles,  nous entamions il y a dix jours notre festival à partir de la métaphore du ciel. En dix jours, nous avons quitté notre ciel imagé évoqué lors de la première Offinité publique du 10 juillet, pour nous rapprocher de la matière, du vivant, de la terre charnelle à labourer. Pour cela, nous avons créé le vendredi 12 juillet, un parcours de spectateurs de 10 heures à minuit. Il nous a guidé sur une ligne politique, un cheminement citoyen. De la crise actuelle, le théâtre nous a fait entendre le bruit de cette planète, qui ne tourne plus très bien et de la nécessité de penser, d’agir, de redoubler de clairvoyance en collectif, à la recherche de sens. Notre programme nous a entraîné dans un territoire global aux frontières poreuses.

Tout d’abord en Italie, sous le rythme de la syntaxe d’Ascanio Celestini.  Nous avons écouté «Le discours à la nation» avec David Murgia, comédien belge et tribun aux multiples casquettes. Il incarne un petit bonhomme, homme de pouvoir, porteur d’un revolver (comme tant de ses concitoyens), protégé par son parapluie qu’il daigne offrir pour mieux écraser son hôte. Il  manie l’injonction paradoxale avec délice et l’inclus dans une ritournelle qui ouvre nos rires, non vers un cynisme facile, mais vers une pensée en mouvement. À mesure que le discours avance, il nous impose une évidence : «la démocratie est une dictature». Sa démonstration est implacable: nous ne choisissons plus nos dirigeants, c’est eux qui nous choisissent. Nous ne luttons plus contre l’exclusion sociale: c’est l’exclusion qui nourrit les puissants. «Le discours à la nation» est passionnant parce qu’il est écrit du côté de ceux qui détiennent le pouvoir (ici, économie, politique et social ne font qu’un, sans plus aucun mécanisme de régulation). Cela pourrait se passer en France, pays où il pleut tout le temps (probablement lié au réchauffement climatique). Bienvenue en 2063.

Quelques heures plus tard, retour vers le passé pour vivre un «ici et maintenant» bouleversant.  «Exhibit B” est une exposition proposée à l’Église des Célestins dans le cadre du festival «In». Brett Bailey est un artiste blanc d’Afrique du Sud. Il a connu l’apartheid. Son exposition performance est incarnée par quinze acteurs amateurs, tous immobiles, mais dont le regard crée l’Histoire en mouvement. De la Vénus Hottentote, aux camps de la mort, aux sans-papiers d’aujourd’hui, tout le poids de l’histoire des noirs s’écrase sur nous. La violence dont ils ont été victimes tout au long des siècles rôde sous les alcôves de l’Église.  Elle nous revient à partir d’un geste artistique d’une très grande beauté. Assis, couchés, debout, ces hommes et ces femmes nous font face, habillés par leur dignité. Nous nous ressentons aumônier dans le couloir de la mort. Impuissants, sans pouvoir formuler un mot. C’est une transe silencieuse qui nous envahit, où nos corps chavirent sous la puissance de l’échange.

Quelques minutes plus tard, une passerelle s’est spontanément ouverte vers «Bruits d’eaux» de Marco Martinelli, mise en scène par Catherine Graziani. L’acteur François Bergoin est notre capitaine d’embarcation dans cette lente descente en enfer que sont devenues les traversées de clandestins en méditerranée. À l’heure où l’hystérie médiatique empile les sujets d’actualité pour mieux les effacer de nos mémoires, le théâtre nous rappelle que si certains d’entre eux ont quitté la une de nos journaux, ils occupent notre (mauvaise) conscience d’Européen. À la crise que vivent bon nombre de nos concitoyens en Europe, s’ajoutent silencieusement les bateaux de fortune qui continuent de s’échouer sur nos côtés, notamment sur celles de l’île de Lampedusa. Si petite qu’elle n’est plus qu’une poussière glissée sous l’épais tapis de nos palais. «Bruits d’eaux» va délicatement raviver notre conscience d’Européen à l’heure où le politique démissionne sous le poids des injonctions des marchés.

De l’Italie à l’Asie…il n’y a eu que quelques rues pour nous diriger vers La Condition des Soies où nous attendait «Absente, rendez-vous avec Sophie Calle» de Chou Man-nung. Nous avons posé un pied sur le sol en papier plié, petit origami de Taiwan, pour fouler l’univers de la plasticienne française. C’est une œuvre profondément exigeante qui force notre écoute tant le danseur Shai Tamir est fulgurant dans sa légèreté amoureuse.

Douce transition pour atteindre le tunnel de «La jeune fille et la morve» de Mathieu Jedrazak,  l’un des spectacles les plus forts de ce festival. Au centre d’une recherche de sens dans un carcan éducatif, un être hybride nous tient en haleine à la recherche de son identité, de sa lutte contre ses phobies qui peu à peu résonnent avec les nôtres. Un certain état de la France au cœur d’une quête intime époustouflante.

Après treize heures de parcours dans le festival Off, la compagnie Akté clôture cette journée marathon. Le sujet grave des addictions des rocks stars nous détend en nous laissant envahir par les mélodies connues. Mais l’esprit rock est quasiment absent de la scène. Un certain état de la France…

Cette journée  a été très dense et n’a été possible qu’en s’appuyant sur une dynamique de groupe et une finalité partagée. L’expérience sera renouvelée en 2014, avec probablement une implication plus importante des compagnies et de groupes plus ou moins institutionnalisés (associations, réseaux professionnels, collectivités locales). Un appel à projets sera lancé en ce sens début 2014.

Sylvie Lefrère – Pascal Bély – Tadorne

 

14 juillet 11h45 – Débats critiques avec les spectateurs.

Ce matin, dimanche 14 juillet, c’est notre troisième Offinité. Nous avons nos habitués et de nouveaux spectateurs qui viennent puiser des idées dans nos rencontres. Certains arrivent et prennent des notes, d’autres ont déjà des petits carnets noircis.

Le ressenti du public pointe la dépression des sujets choisis. L’art met en scène nos perspectives. La création dans le contexte actuel ne peut pas produire des oeuvres légères. Mais dans la forme, la créativité nous donne l’énergie de laisser entrouvrir nos désirs d’utopie.

 

Les spectacles fortement recommandés lors de l’Offinité du 14 juillet.

«Discours à la nation» d’Ascanio Celestini-10H40-La manufacture-P 260

«Bruits d’eaux» de Christiane Graziani-15H55- Au Girasole-P 210 (critique de Pascal Bély)

«Absente : rendez vous avec Sophie Calle» de Shakespeare’s Wild Sisters group – 17H55- La Condition des Soies- P157

«La jeune fille et la morve» de Mathieu Jedrazak-19H50-Présence Pasteur-P 315 (critique de Sylvain Saint-Pierre)

«Savez vous que je peux sourire et tuer en même temps» par la compagnie Ches panses vertes -17H30- Girasole- P 210

«Orphelins» par le Théâtre du Prisme-17h45 -Présence Pasteur- P 314.

«Pinocchio» par la compagnie Caliband Théâtre -Présence Pasteur – 12h20. p 311 (critique de Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre)

«Pour un oui ou pour un non» par la Compagnie Pourquoi ?–Vieux Balancier–11h-p 353

«Une douce imprudence» d’Eric Lamoureux et Thierry Thieû Niang- Hivernales- 10h – P 226

«L’incroyable destin de René Sarvil, artiste de Music-hall» par les Carboni–Théâtre des Carmes – 15h30 – p 104.

 

Les spectacles déjà recommandés lors des Offinités précédentes :

 

«Le mardi à Monoprix» par la compagnie Le Théâtre Dû – Grenier à sel-13h05-  p 219 (critique de Sylvie Lefrère)

«Je vous ai compris» par la compagnie Groupov- La Manufacture-  11h – P261 (critique de Pascal Bély et Sylvie Lefrère)

«Quelque chose de commun» par la compagnie Nivatyep – L’Adresse  – 21h25- P30 (critique de Laurent Bourbousson et Sylvain Saint-Pierre)

«Silence encombrant» par la compagnie Kumulus – La Manufacture-  18h30 -p 263

«Frozen» par la compagnie Théâtre du Centaure-  Présence Pasteur – 10h30 -p 311

« SMATCH[1] Si vous désespérez un singe, vous ferez exister un singe désespéré » par le Corridor -Théâtre des Doms-  17h30  – p 173 (critique de Pascal Bély)

Qui sommes-je?” de Ludor Citrick – Espace Vincent de Paul – 15h30- p 197 (critique de Pascal Bély)

Les beaux orages qui nous étaient promis” par le Collectif Petit Travers – Espace Vincent de Paul – 17h- p 197

JEUNE PUBLIC

«Concert-tôt» par l’Ensemble FA7 – Maison de théâtre pour enfants – 9h45 et 15h45 – p 256

«C’est dans la poche» – Compagnie Jardins Insolites – Maison de théâtre pour enfants  – 9h50– p 256

«Papa est en bas» – Compagnie La Clinquaille – Maison de théâtre pour enfants – 10h30 – p 256

«Le papa-maman» – Compagnie La Parlotte – Maison de théâtre pour enfants – 10h40 –  p 256

«Camion à histoires» par la compagnie Lardenois – Maison de théâtre pour enfants – 11h et 16h40– p 256

 

Nous nous retrouvons le 18 juillet à 11h30 pour l’Offinités 4, autour du théâtre du monde.

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ETRE SPECTATEUR

LA SÉLECTION AVIGNON OFF 2012 DES SPECTATEURS «TADORNE»

Comme chaque année, nous vous proposons notre «sélection» de spectacles du Festival Off d’Avignon. Une soixantaine d’?uvres de danse, de théâtre et de performance qui correspondent à notre sensibilité et sont diffusées dans des lieux en qui nous avons confiance (La Manufacture, la Condition des Soies, Le Théâtre des Halles, Le Théâtre du Centre, ).

Nous souhaitons que cette sélection soit un fil conducteur entre vous et nous lors de nos rencontres «Les Offinités du Tadorne» qui auront lieues au Village du Off les 12, 15, 18, 21 juillet à 11h (avec une spéciale concernant la toute petite enfance le 10 juillet à 17h).

Nous vous souhaitons un beau festival.

La sélection au 5 juillet: ici

Au 24 juillet: Nos vingt recommandations pour le Festival Off d’Avignon 2012.

Pascal Bély, Sylvie Lefrere,  Bernard Gaurier,  Laurent Bourbousson – Les Tadornes.

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ETRE SPECTATEUR FESTIVAL D'AVIGNON

Les Offinités du Tadorne au Off d’Avignon : le chemin se fait en marchant.

Pour cet été 2012, un souffle de renouveau se dessine pour les spectateurs Tadorne (rappel : en êtes-vous ?)…

Au point de départ, une étincelle. C’est une rencontre entre Pascal Bély, le Tadorne, et Christophe Galent, chargé de la communication au festival OFF d’Avignon, qui ouvre cette orientation.

A l’origine, l’été dernier, un partage de plateau entre Sylvie Lefrere et Pascal lors d’une rencontre avec le public sous les tentes du village du Off: il a été le curseur déclenchant l’élaboration de ce projet d’ «Offinités» (rappel ici). Depuis, tout va très vite.

Car il faut bien l’avouer: en France, c’est la première fois qu’un «opérateur culturel» fait à ce point confiance à deux spectateurs éclairés pour leur confier une partie de sa communication vers le public par l’animation d’une série de tables rondes. Sommes-nous à la croisée d’un changement de paradigme, nourri par le besoin d’un élan créatif  pour dynamiser un marché artistique prisonnier de ses corporatismes? N’est-il pas temps d’ouvrir des espaces à ces amateurs, qui ne sont plus consommateurs passifs, mais dans une quête de mise en réseaux avec d’autres spectateurs, en lien avec les différents professionnels et artistes ? Toutes ces questions vont rester ouvertes jusqu’en juillet.

monnier

Depuis quelques mois, nous nous sentons bâtisseurs dans l’élaboration de ces «Offinités» et passeurs puisqu’articulés avec la dynamique du projet global du Off telle qu’elle a émergé lors du colloque du 12 avril 2012 («Le off, une dynamique d’utilité publique»).

Puis ces dernières semaines,  la tension monte lentement. Le flux des écrits par mails, de contacts téléphoniques, de rendez-vous via Skype, de rencontres irrigue nos réflexions. Une mutation s’opère, comme si nous devenions à notre tour des opérateurs dans la démarche d’élaboration d’un espace de communication, avec des désirs de partage, de recherche, de co- construction…Après avoir pensé une organisation globale, nous structurons  de façon horizontale. La complexité se dessine, prend la forme d’un rubis cube et nous découvrirons, au fur et à mesure, les aléas de ces compositions surprenantes.

Avec le soutien de Christophe Galent, la recherche du sens irrigue ce projet pour réunir spectateurs et artistes avec le désir de réinventer des espaces pour un festival régénéré. Leur festival.

Pascal Bély,  Sylvie Lefrere. Tadornes. 

« Les Offinités du Tadorne » du 10 au 21 juillet 2012 au village du Off à Avignon.

Pour participer, nous contacter au 06 82 83 94 19 ou par mail pascal.bely@free.fr

Photo: Mathilde Monnier, “Tempo 76”.