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« A posteriori » de Georges Appaix : à priori, une antiquité.


Comment écrire sur l’ennui, le bâillement, les jambes lourdes?


« A posteriori » a donc fini par me donner la migraine. C’est un bavardage chorégraphique où la pièce fondatrice de Georges Appaix (« Antiquités »)  se mélange à une nouvelle création (« Posteriori »), toutes les deux basées sur le même thème. Vous suivez ? Moi pas, ou plus ! Est-ce à dire que Georges Appaix répète un peu la même chose, se perd , n’arrive plus à relier la danse, le théâtre, les vers d’Homère et le reste ! Pendant plus d’une heure, je subis cette pièce ; le lien ne se fait pas même si je souris à quelques clins d’œil. Pour le reste, la compagnie regarde son passé, nous sort ses vieilleries et semble s’en amuser. Pourtant, ces cinq personnages pourraient paraître attachants avec leurs histoires  atypiques, mais la mise en scène, la chorégraphie, empêchent toute possibilité de reliance. Tout est coupé, morcelé, dans une sorte de logorrhée verbale insupportable. Ce n’est ni beau à voir, ni beau à entendre. A vrai dire, je me sens progressivement exclu de ce nombrilisme enfermant.
Les applaudissements sont polis car Georges Appaix ne bouleverse rien.
Que le bavardage produise du non-sens, que le présent interprété à partir du passé ne soit pas porteur d’avenir, je ne l’ai pas attendu pour le savoir! Après tout, cette compagnie me paraît un peu jeune (1985) pour demander son classement comme monument historique!
La distribution
à la sortie du spectacle d’un petit livret sur "a posteriori"  donné comme un échantillon de lessive en dit long sur la perte de sens et de créativité de certains chorégraphes.
J’imaginais la "Friche Belle de Mai" à Marseille un peu plus subversive…

Voir également l’article de "Clochettes"

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Russell Maliphant, chorégraphe lumineux.

Il faut nous voir tous les trois, Anne-Laure, Marie-José et moi-même quitter le Théâtre de Cavaillon après les deux chorégraphies de Russell Maliphant, « Transmission » et « Push ». Quelque chose vient de nous arriver, comme un moment de grâce qui suspend, rend heureux, et fait de nous des spectateurs plus en lien que jamais.
Tout a commencé après le rituel du Directeur.
« Transmission » (titre si cher au festival « Les Hivernales » d'Avignon) voit quatre danseuses se métamorphoser sous nos yeux. On ne sait plus très bien qui fait corps : la lumière ou l'artiste ? Les deux s'articulent et donnent à ce quatuor des formes inédites. Le plus merveilleux dans ce spectacle est de ressentir le processus de transmission entre ces 4 danseuses et nous. Maliphant nous englobe. Mais il ne chorégraphie pas la fusion comme pourrait le laisser croire certains passages mais la transmission transversale. 35 minutes de bonheur!
L'entracte de 20 minutes me permet de remettre en mouvement mon corps maltraité par les sièges du Théâtre et de déambuler au milieu de ce public chaleureux (il recevra bientôt une palme du Tadorne !).
« Push » débute. Alexander Varona et Julie Guibert sont sur scène. La lumière s'allume puis s'éteint. Elle sur lui, lui pour elle. Différents tableaux alternent. Puis, lentement, « Push » dévoile le jeu, le lien. Dansent-ils l'amour ? Oui. Assurément. Que peuvent-ils danser d'autre pour que l'émotion me submerge ? Tout est fluide, les corps coulent, me touchent. L'espace scénique est peu utilisé comme si Maliphant choisissait un autre espace, celui de la relation. C'est d'autant plus magnifique que les escalades du départ (c'est vraiment le cas de le dire?) deviennent mouvements circulaires, attachements, détachements, relliance.  Comme pour « Icare » de Claude Brumachon présenté aux Hivernales en février dernier, je suis sidéré par cette danse porteuse d'un nouveau langage.
Russel Maliphant cohabite dorénavant avec “Icare” dans la mémoire du Tadorne. Les liens se complexifient…La danse est décidement un art majeur.

A lire, “l’After / Before” du spectacle!

Les dates de la tournée.

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After,Before, à La Scène Nationale de Cavaillon.

Before…
J’ai rendez-vous ce soir au Théâtre de Cavaillon pour faire la connaissance de Russell Maliphant, chorégraphe anglais, pour deux pièces de son répertoire : « Transmission » et « Push ».
Mais avant d’assister à ce spectacle si attendu, j’ai droit à un rituel : le discours introductif du Directeur, Jean-Michel Gremillet. Son postulat doit sûrement être le suivant : le public du théâtre ne lit pas les journaux, ne regarde pas la télévision et Daniel Mermet de France Inter est le philosophe des temps modernes. C’est à partir de ces hypothèses que le discours se structure : nous avons droit à une lecture partielle et partiale des négociations en cours sur le protocole d’indemnisations des intermittents. Nous ne savons rien du « jeu » sauf que le MEDEF bloque tout. Le public écoute, passif, à l’image d’une réunion d’un chef de service qui parlerait à la place de son équipe. Dans ce type de configuration, le public est coincé : son positionnement est celui d’un spectateur; or il est sollicité comme citoyen sans que le cadre lui permette de l’être. Inutile de préciser qu’intérieurement, je bouillonne. Ma timidité m’empêche de l’interpeller sur ce paradoxe et de lui poser quelques questions utiles : où sont les intermittents ce soir ? Combien travaillent pour la Scène Nationale de Cavaillon ? Qu’on-t-ils à nous dire ? Qu’attendent-ils de nous ? Que pouvons-nous créer ensemble pour faire entendre leurs revendications légitimes ? Comment pourrions-nous communiquer autrement que par lecture de communiqués réducteurs et lus dans la verticalité? Pourquoi le SYNDEAC (syndicat de directeurs), à travers un de ses membres,  parle-t-il au nom des salariés? Pourquoi, alors que nous sommes qualifiés en longueur d’édito dans « Chut » (la revue du théâtre) de "spectateurs citoyens", nous n’avons jamais la parole ?


Le spectacle s’apprête à commencer ; le directeur nous invite à signer la pétition du syndicat. C’est alors qu’un jeune spectateur pose sèchement la question : « Qu’est ce que le Syndeac ? ». Quelque peu gêné aux entournures, le Directeur répond en donnant la définition de cette structure pyramidale (la France manque d’imagination sauf  dans la création des   corporatismes rendant le dialogue social quelque peu figé). A côté de moi, deux spectateurs belges rencontrés aux Hivernales semblent se perdre dans ces nuances et me chuchotent à l’oreille : « Qu’est-ce qu’un intermittent ? ». Les bras m’en tombent…

After…
Quelque peu apaisé par Russell Maliphant, je quitte la salle en compagnie de Marie-José et Anne-Laure. Mes voisins belges me remercient chaleureusement de les avoir conseillé sur ce spectacle lors de notre rencontre hivernale du mois dernier. C’est alors qu’un dame d’une cinquantaine d’années nous interpelle sur  Maliphant : « Vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose d’étrange dans ce spectacle ? ». Je sens le piège… « N’avez-vous pas remarqué que c’est toujours l’homme qui soutient la femme. En tant que féministe, cela me gêne ». Les bras m’en tombent…

Nous sommes sur le parking. Marie-José revient sur le sujet…de cette femme : « Alors que nous parlions sexe dans la queue avant le spectacle avec cette dame… ». Nous éclatons de rire !

C’etait donc une chronique "After / Before". Pas de quoi en faire un spectacle (que Pascal Rambert se rassure…nous lui laissons la paternité  de sa pièce…) mais ce moment de vie me semble assez révélateur d’une société française quelque peu déboussolée.
Russel Maliphant a-t-il seulement ressenti que nous étions vieux ?

A lire, "Russell Maliphant, chorégraphe lumineux".

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“Sainte Jeanne des Abattoirs” par Catherine Marnas: Tous ensemble! Tous ensemble!,…

La pièce va commencer. Annette Breuil (Directrice du Théâtre des Salins de Martigues) et Catherine Marnas (metteuse en scène) prennent le micro et exposent leurs préoccupations sur les négociations en cours avec le MEDEF au sujet du protocole de l’assurance chômage des intermittents. L’inquiétude est lisible sur le visage de ces deux femmes engagées dans la création théâtrale. Les applaudissements sont nourris et le contexte est posé : « Sainte Jeanne des Abattoirs » de Bertolt Brecht est toujours d’actualité…

Cette œuvre retrace le contexte économique d’un abattoir de Chicago au cœur de la crise de 1929. Nous assistons aux spéculations boursières du riche patron Mauler flanqué de son courtier et soutenu par l’église, pour qui la multiplication des pauvres légitime l’appel à Dieu. J’assiste pendant 2h15 à la charge féroce de Brecht contre un système qui traite la main d’œuvre comme de la viande. Le texte est loin d’être léger : les mots pèsent comme pour mieux accentuer la perversité sans fin du système capitaliste.
A l’image du décor, Catherine Marnas a vu les choses en grand  : longue passerelle métallique qui cisaille la vue, imposantes lames de plastique d’une chambre froide qui permettent d’apercevoir en fond les ouvriers maltraités. Sur scène, comédiens professionnels et amateurs forment un collectif impressionnant. Des micros pendent ici et là, accentuent le bruit de la colère et permettent aux spéculateurs de mieux se faire entendre.
Comme une musique grave que l’on me ferait écouter avec un son poussé au maximum, je quitte le Théâtre des Salins migraineux, sonné. Catherine Marnas, loin d’alléger et de fluidifier le texte de Brecht, charge le propos. Il y a trop de cette musique répétitive qui rend inaudible le texte, trop de scènes d’hystérie. Il y a trop de caricatures de la caricature, trop d’effets de scène empruntés aux comédies musicales, trop de comédiens sur scène, trop de ces sacs plastiques volant censés tomber comme la neige ! Tout me semble démesuré pour ces comédiens qui peinent à porter leur personnage (à l’exception notable de Guillaume Clausse, magnifique). D’ailleurs, Catherine Marnas n’élude pas le problème ! Le narrateur (et oui, parce qu’il faut bien nous guider dans ce fatras) signifie aux comédiens qu’il est temps d’écourter le jeu et d’être plus clair dans le propos. Apparaît alors une pièce dans la pièce… !
A ce rythme là, la mise en scène épuise l’œuvre de Brecht. Les cercles concentriques voulus par Catherine Marnas se juxtaposent et donnent à l’ensemble une lourdeur, à l’image d’un bœuf que l’on traînerait à l’abattoir ! Quelques beaux moments m’aident à sortir de ma torpeur (notamment les rencontres entre Jeanne et Mauler) mais l’ennui me gagne…La colère de Catherine Marnas contre le capitalisme alourdit le jeu et m’éloigne des comédiens.
Le contexte de création de cette pièce la sauve. En effet, les comédiens amateurs sont issues des villes où « Sainte Jeanne » tourne : Gap, Martigues, Cavaillon Cannes. On ressent l’engagement de ces amateurs et c’est peut-être de cela qu’il s’agit ! S’engager…pour résister. Cette troupe, c’est du lien social au cœur des territoires et cela se voit. C’est une réponse à la brutalité d’un capitalisme qui ne connaît que fusions, spéculations et précarité à l’image d’un gouvernement Villepin qui conduit le pays vers le chaos social. A sa façon, Catherine Marnas donne au MEDEF, au Gouvernement et aux citoyens une réponse : publics et comédiens peuvent se relier et faire du bruit jusqu’au…vacarme. Il n’y a pas d’un côté le public et de l’autre la précarité des intermittents. Tout cela forme un tout.

Oreilles sensibles d’abstenir…

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“L’histoire de Ronald, le clown de Mc Donald’s” de Rodrigo Garcia : à voir, à éviter, à méditer…

“L’histoire de Ronald, le clown de Mc Donald’s” de Rodrigo Garcia fait une halte au Théâtre du Merlan à Marseille les 3,4,5, et 6 mai 2006. Ce spectacle avait fait scandale au Festival d’Avignon en 2004. Je me souviens avoir été choqué. Je n’etais pas prêt ce soir là pour accepter ce déferlement de violence. 2 ans après, il en serait peut-être autrement. En 2005, Garcia a fait une halte au KustenFestival des Arts de Bruxelles. Mon amie Peggy y etait. Je la remercie de m’envoyer ce qu’elle avait écrit à l’époque.
Réservation indispensable au 04 95 04 95 70 et commentaires appréciés dès le 4 mai!

Dur dur de comprendre ce qui bouleverse tant dans “la Historia de ronald el payaso de Macdonals”. Le show est une épreuve pour le spectateur qui, perdu dans un malstrom de marques, références à des périodes peu glorieuses de l'histoire de l'humanité et autres dénonciations de la dictature McDo, suit tant bien que mal ces trois jeunes dont la performance est étourdissante.
Rodrigo Garcia exploite à merveille la bonhomie des trois garçons dont les considérations ne volent guèrent plus haut que pipi-caca et dont on voit soudain les corps pliés et meurtris par la tyrannie de la mal bouffe. Certaines images sont extrêmement dures ou très vulgaires. On spéculera notamment sur l'utilité de cette scène où la nudité des acteurs est d'autant plus dérangeante que tout deux miment dans de grands éclats de rire une scène ultra obscène. La violence est omniprésente, servie à satiété par ce contraste entre les envolées tordantes des protagonistes et, une fois les masques tombés, des images d'orgies et d'apocalypse.

Rodrigo Garcia balance sa critique de la société McDo sans trop l'organiser. Il n'empêche que l'émotion ressentie est forte, le spectateur tombe sous le charme des trois jeunes, qui portent avec brio ces deux heures de diatribe, et quitte la salle en contemplant une scène aux effluves nauséabondes parce que jonchée de bouffe.

Perso, j'ai adoré.

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Rodrigo Garcia au Théâtre des Salins : attention, produit périssable.

   Puisqu’il faut écrire ainsi… Rodrigo Garcia, adepte de la provocation, n’a manifestement plus grand-chose à proposer. « Borges + Goya » emprunte les modes d’expression qui ont fait scandale en Avignon l’été dernier, le talent en moins, la caricature usée en plus. Ce spectacle réduit à l’état de marchandise Borges et Goya. Soit. Comme tout artiste, notre société de consommation marchandise tout. On le savait déjà et il n’y a pas grand monde pour s’offusquer d’une telle prise de position. Garcia s’essaie à la vidéo : encore une fois, l’utilisation de ce support sur une scène de théâtre en lieu et place d’artistes vivants n’apporte rien. Elle ne fait qu’accentuer ce malaise où le public se retrouve dans une position passive comme devant son poste de télévision. J’en ai assez de voir ces vidéos avec toujours les mêmes effets (ralentis, gros plans,…). Comme vous le constatez, je n’évoque dans ce modeste papier que la forme, puisque Garcia y attache tant d’importance. Le fond est maltraité. Même au premier degré, je n’arrive pas à rire des pitreries de café-théâtre de Nicolas Bouchaud qui nous avait habitué à un autre jeu lors de « la vie de Galilée » l’été dernier en Avignon. Au second degré, je suis consterné de voir ce public (20 – 25 ans !) rire gras comme il le ferait face à Arthur ou à un autre animateur marchandisé. Le propos est peut-être là! Le public devient lui aussi marchandise.
Au final, l’équation « Borges + Goya » est un jeu à somme nulle. Garcia est devenu un quelconque produit de l’alter mondialisation !

Pascal Bély
www.festivalier.net


A lire aussi sur ce blog:

Au Festival d'Avignon, la défiance envers Rodrigo Garcia.

Au Festival d'Avignon, Garcia se carbonise.

“L’histoire de Ronald, le clown de Mc Donald’s” de Rodrigo Garcia : à voir, à éviter, à méditer…

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Les Hivernales d’Avignon, cru 2006 : transmettez…, on y danse !

C'était mon premier festival des Hivernales en Avignon. Pour sa 27ème édition, le thème fédérateur était la transmission, concept complexe s'il en est. A l'heure du changement générationnel en cours dans de nombreux secteurs (les baby-boomers partent à la retraite), le festival était dans l'air du temps. Il a fait preuve, à mon sens, d'une modernité étonnante en positionnant au coeur de la manifestation le lien entre les générations, les cultures, au moment où celui-ci est malmené par le contexte politique, social et économique. Alors que je suivais pour la première fois dans la durée ce Festival, il m'a transmit sa culture et ses ?uvres fondatrices. La symbolique était forte au moment où la Directrice du Festival, Amélie Grand, semblait préparer sa succession. Elle a fait preuve tout au long de cette édition de chaleur humaine, d’empathie avec les artistes et le public, à l'image de la compagnie Mimulus qui, avec « De carne e sonho », a donnée au c?ur de l'hiver une énergie brésilienne! A sa façon, Amélie Grand a peut-être transmis à de futures générations de Directeurs de Festival une certaine conception de l'action culturelle où passé, présent et avenir ne font qu'un tout.
La transmission, une ?uvre.
Trois spectacles ont donnés de la transmission une définition plus complexe : « Icare » de Claude Brumachon, « Soli » de La Compagnie de Susan Buirge et « Le chemin se fait en marchant » de Claire Heggen. Ces trois artistes transmettaient bien plus qu'un savoir-faire ! Parce que leur danse etait conceptuelle, en lien, intemporelle, la transmission s'éloignait des modalités habituelles de l'enseignement vertical. La forme de leur transmission (deux danseurs pour Brumachon, le brassage des cultures pour Suzan Buirge et l'autobiographie mise en scène pour Claire Heggen), a permis au public d'être de la partie, de ressentir profondément ce lien.
Le festival m’a donné cette approche de la transmission. Inestimable.

La transmission, un enseignement.

Transmettre par l'enseignement n'a pas donné les mêmes résultats ! Seul le couple Wilfride Piollet ? Jean Guizerix avec « Eventail Onze » a été capable de jouer avec bonheur, humour et gravité cette transmission verticale. Le Ballet de Lorraine nous a fait l'histoire de la danse avec la froideur d'un livre de la collection Lagarde et Michard. A l'opposé, la jeune danseuse Julian Cima avec « Visitations » a pris la peine de créer un spectacle à partir de cette même histoire. Pedro Pauwels, absent pour raison de santé, aura-t-il transmis à travers « Sens 1 » son concept à de futures générations de danseurs et de chorégraphes ? A suivre?
Quand à Fabrice Dugied, prisonnier de ses clichés et de son vécu de l’enseignement, il nous a offert une vision caricaturale de la transmission avec « La déconstruction du Lego TM ».
Deux chorégraphes n'ont pas réussies à appréhender le concept de transmission en dehors des stages qu'elles animaient dans le cadre des Hivernales. Elsa Wolliaston avec « Le prix ; la porte » n'a pas pris la peine de nous proposer autre chose que ce spectacle hermétique. Suzon Holzer avec « Horizon » s'est enfermée pendant 18 minutes dans son pré carré.
Et puis, peut-on transmettre au public, un succès vieux de 17 ans ? La réponse ne va pas de soi si l'on en juge par l'accueil plutôt tiède réservé à Christophe Cré-Ange avec « l'encontre ». Est transmissible ce qui s'appuie sur un concept, une innovation, une vision intemporelle, un lien transversal avec le public. Applaudie pendant 20 minutes en 1989, « L'encontre » a mal vieillie faute d'une transmission au sein même de la compagnie de Cré-Ange.

La relève ?

Avec un tel thème, les « Hivernales » auraient pu sombrer dans la nostalgie. Mais inscrite dans le réseau Trans Danse Europe, ce festival semble ancré durablement dans le renouvellement et l'ouverture. C'est en soi une forme de transmission au sein même de l'Europe, entre artistes, publics et programmateurs.
Deux artistes ont fait souffler un vent de modernité au cours de cette édition : la Belge Catherine Ponties pour « Mi non sabir » et le Danois Palle Granhoj avec « Obstrucsong ». Tous deux, avec humour et créativité, nous ont proposés une vision de la danse moins conceptuelle et égocentrique, beaucoup plus collective, centrée sur de nouvelles formes de communication entre les individus. Ils ont questionnés autrement le rapport de l'individu au groupe et par la même occasion le rapport du danseur au chorégraphe qui se tro
uve dilué dans le collectif.
Les finlandais Arja Raatikainen et Arlpo Altokoski et la Tchèque Petra Hauerova ont pris d'autres voies?impénétrables la plupart du temps. Enfermées dans leurs concepts, ils n'ont pas réussis à donner un propos artistique à leur performance. Que pourront-ils transmettre plus tard ?
Je ne suis pas sur que le français William Petit se pose toutes ces questions ! Il n'a pas plus convaincu en Avignon que lors du feu Danse à Aix 2005.

Au final, « Les Hivernales » est un beau festival ; la proximité avec son public est sa force ; l'audace de ses programmateurs son énergie. Je me suis toujours senti respecté, accompagné, guidé vers des univers que je ne connaissais pas. Je quitte cette édition plus riche, moins fermé. N'est ce pas là une belle mission ?
A mon tour d’offrir à Amelie Grand, ce bouquet de fleurs d’Henri Matisse.
Quand certains nous promettent un futur emmuré, d'autres, à leur niveau, nous le transmettent plus ouvert.

 

A lire sur le même théme: “Larmes Blanches” d’Angelin Preljocaj pose la question de la transmission”.

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« Le chemin se fait en marchant » de Claire Heggen : ceux qui l’’aiment prendront le train.

 

Je ne m'attendais pas à cela, à une telle rencontre. Après le spectacle éblouissant de Susan Buirge vue en Arles mercredi dernier, voilà que ce festival me transmet un autre cadeau : Claire Heggen. Cette artiste décide de créer sa biographie de mime, de danseuse, de pédagogue, sur scène ! Non par exhibitionnisme, mais pour nous transmettre les fragments de sa vie pour nous aider à recoller les nôtres !

Claire Heggen construit un spectacle complet (théâtre, danse, vidéo) à partir d'objets flottants miraculeux.
Des cubes en bois, petits cailloux semés ici et là, s'emboîtent à certains moments de sa vie, se cognent à d'autres.
Il y a ce papier fin, première enveloppe du bébé , qui devient écran de cinéma (les moments de ses spectacles passés sont très émouvants) puis se transforme en habit de scène.
Il y a ce sac orange (nous sommes très loin de la valise…), boite magique d'où sortent les moments phares de sa vie.
L'utilisation de la vidéo ne se substitue jamais à l'artiste mais la sert (que certains chorégraphes puissent comprendre la nuance !). Claire Heggen est tout à la fois danseuse, mime, responsable de compagnie, femme et mère de famille. Toutes ces facettes sont liées et c'est ce lien qui fait le spectacle. Nous passons du rire (le passage sur la peur est à mourir de rire) à l'émotion (la mort de Lucas?bouleversant). La mise en scène d’une heure trente ne souffre d'aucun temps mort alors qu'elle est seule sur scène. Mais Claire Heggen sait à quel moment s'éclipser, changer de registre. Elle sait cela de sa propre vie. Cette manière de nous la conter est à elle seule une transmission : on peut parler de soi avec humilité, créativité, inventivité avec notre corps et nos mots…

Le chemin se fait en marchant” est un spectacle trés émouvant.

Peu de dates sont  programmées (le 4 mars aux Ulis).
A nous internautes d'en faire l'écho car la transmission d'une telle énergie se fait en écrivant.

Le bilan des”Hivernales d’Avignon 2006″ par le Tadorne!

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« Le prix ; la porte » d’Elsa Wolliaston : ni l’un, ni l’autre…


Il y a foule ce soir aux Pénitents Blancs pour assister au dernier spectacle des Hivernales. Elsa Wolliaston est la tête d’affiche. La lecture de sa riche biographie suscite mon attente. Vais-je faire une rencontre ?

Ce ne sera pas avec cette pièce là. Elsa Wolliaston trône tel un roi africain sur son fauteuil, couverte de peaux de bête, presque emprisonnée à l’image des tiges de bambou qu’elle enlève soigneusement. Elle se libère de ce poids et entreprend de faire le tour de la scène. Elle mime la douleur, le cri d’amour, la transe. Derrière elle, le merveilleux Jean-Yves Colson est à la batterie pour une interprétation musicale magistrale. Pour le reste, tout est hermétique dans les gestes d’Elsa Wolliaston. Je n’arrive pas à ressentir son langage chorégraphique et les trente minutes sont bien longues. J’ai le sentiment d’assister à un concert de jazz. La vedette est Jean-Yves Colson. Il suffisait de le savoir !

Le bilan des"Hivernales d’Avignon 2006" par le Tadorne!

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« La déconstruction du Lego TM » par Fabrice Dugied : nullement transmissible.

Il est 21h30 et c’est mon 5ème spectacle de cette folle journée d’Avignon ! J’aurais pu assister à une belle oeuvre. Un danseur, « chorégraphe » aujourd’hui, nous raconte sa vie, marquée dès l’enfance par la maladie et par le rêve de danser coûte que coûte. J’aurais pu assister à cette narration faite de beaux extraits de danse, de textes joliment ciselés, d’hommages pédagogiques aux chorégraphes rencontrés sur la route. J’aurais pu voir ce que les grands noms de la danse avaient transmis à Fabrice Dugied ; ce qu’il était en mesure aujourd’hui de transmettre. J’aurais pu m’émouvoir, rire, apprendre…J’aurais pu jouer à la déconstruction de ce lego autobiographique. J’aurais pu…

Désolé d’être aussi brutal : c’est l’une des œuvres chorégraphiques que j’aurais aimé ne pas voir. Je n’y avais pas ma place en tant que spectateur. Je n’avais jamais vu un chorégraphe s’attaquer à ces maîtres avec une telle agressivité, sortir son carnet d’adresses, faire preuve de tant d’orgueil. Tout est surfait dans ce spectacle, emprunté à la culture des night club gay (la danse sur la chanson de Léo Ferré fait sourire!). Le voir se jeter contre un matelas transformé en « mur » est un faux – semblant mais démontre à quel point ce spectacle autobiographique peut paraître illusoire si l’on n’y rentre pas. Seul le public des professionnels a rit puis applaudit.
Ce spectacle leur était manifestement destiné. Dans le milieu de la danse, on doit sûrement laver son linge sale en famille. Je suis triste d’avoir été dans ce lavomatic.

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