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Au KunstenFestivalDesArts, Alvis Hermanis s’entête.

-Michele-Rossignol064.jpgAlvis Hermanis et le Nouveau Théâtre de Riga peinent à faire l'événement du KunstenFestivalDesArts malgré l'audacieuse mise en scène du roman « Ice » de l'écrivain russe Vladimir Sorokin. Le titre ne laisse aucun doute sur les intentions d'Alvis Hermanis : « A collective Reading of the book with the Help of Imagination in Riga ». Pour créer ce collectif, Hermanis s'appuie sur un dispositif scénique compliqué : une scène ronde telle une piste de cirque avec quatorze acteurs tout autour qui font une lecture du roman. Pendant que quelques comédiens jouent au centre, le public participe (silencieusement) à cette lecture collective en feuilletant deux albums photo et une bande dessinée. Ce qu'il ne voit pas sur scène, il peut l'imaginer à partir de ces albums. Enfin, pour traduire cette pièce jouée en Leton, les spectateurs ont un casque sur la tête d'où un homme en cabine (recruté à la commission européenne ?) semble lire un annuaire. Dès le début, ce dispositif est violent : la traduction est constamment en décalage, les albums photo sont d'une laideur (artistique ?) indéfinissable et la bande dessinée ne trouverait aucun acheteur dans les rayons pourtant fournis de la FNAC. A mesure des trois heures trente de spectacle, ces quatre niveaux de langage se désarticulent et me donne une céphalée indescriptible. A ma façon (sic), je participe à cette lecture collective d'autant plus que le sujet du roman est douloureux : Ice » évoque une secte de blonds aux yeux bleus désirant anéantir une société corrompue (la Russie ?) et retrouver un état purifié de ses parasites. C'est un univers de Science Fiction traduit avec tant de difficulté que l'on souffre aussi pour les comédiens. Si la lecture des chapitres du livre en révèle certains, le jeu est d'une pauvreté théâtrale déconcertante. Les objets sur scène rythment le tempo comme si les comédiens dépendaient de la complication décidée par Hermanis. Le contexte sectaire renforce la lourdeur et ferme un peu plus la mise en scène sur elle-même, laissant seul le public.
D'une lecture collective au départ, la pièce individualise acteurs et spectateurs. La secte a encore frappé.

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? Ice. A collective reading of the book with the help of imagination in Riga” d’Alvis Hermanis a été joué le 19 mai 2007 au Théâtre National dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

A lire la critique de “Long Life” d’Alvis Hermanis (Théâtre Des Salins, Martigues, Novembre 2006)

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Crédit Photo: Michele Rossignol.

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Mpumelelo Paul Grootboom s’égare au KunstelFestivalDesArts.

Avec Mpumelelo Paul Grootboom, l'Afrique du Sud s'invite au KunstelFestivalDesArts de Bruxelles. Cet auteur et metteur en scène présente « Telling Stories », longue épopée de trois heures trente où le public est immergé dans l'univers bouillonnant des townships. C'est l'histoire d'un écrivain noir Madi (joué par Mandla Gaduka, magnifique) qui, désireux d'écrire une pièce de théâtre sur la criminalité dans les bidonvilles, fréquente un groupe de jeunes délinquants. Deux trajectoires vont donc s'entrecroiser et tisser une vue d'ensemble sur la dure réalité d'un pays en proie aux violences de toute nature. Mais une question s'impose rapidement : pourquoi nous présenter cette oeuvre dans le cadre du KunstenFestivalDesArts ? En quoi «Telling stories » incluse-t-elle de nouvelles formes artistiques ? Comment cette histoire peut-elle nous aider à imaginer un futur ? « Telling Stories » est un agréable divertissement, pertinent dans la programmation annuelle d'un théâtre. Cela explique sans aucun doute la gêne que l'on peut ressentir, coincé entre le désir d'applaudir la performance des acteurs, réservé sur la mise en scène et l'intérêt de l'histoire et franchement dépité sur le choix des programmateurs du Kunsten (cette pièce aurait-elle été sélectionnée produite de Bruxelles ou Paris?). La notice du Kunsten soulève une question : « à quel moment, le tout pour l'art ne se justifie plus d'un point de vue éthique ? Quand la (re) présentation de la violence tombe-t-elle dans le voyeurisme ». Euh?je ne vois pas le rapport ! En quoi «Telling Stories » répond-elle à ces questions ? Tout au plus, Mpumelelo Paul Grootboom a-t-il le talent de nous présenter une première partie enlevée, haute en couleurs, en rebondissements. Le passage de la vie de l'écrivain à son histoire fictive offre un cadre pertinent pour produire un excellent théâtre populaire, ponctué de moments musicaux standardisés (il y a quand même plus innovant que Norah Jones en bande-son !)
Après l'entracte, la pièce s'enlise dans l'histoire de l'écrivain. La vidéo s'englue dans le ridicule à vouloir nous montrer des scènes d'amour digne d'un mauvais film érotique de fin de soirée sur M6. Les bagarres dans un train, jouées au ralenti, sont un calvaire pour le spectateur qui se demande à quel moment cette séquence va se terminer. Ainsi, on se surprend à décrocher alors que le fond de l'histoire est toujours violent. Si dans la première partie, le lien entre l'écrivain et le contexte était flottant (instants radieux quand on ne sait plus où sont la fiction et la réalité, renforcé par le décor qui articule deux scènes, l'une en haut, l'autre plus bas), la deuxième s'approche d'un théâtre beaucoup plus traditionnel, à la narration linéaire avec une mise en scène sans surprise qui voit le temps s'écouler lentement.

 

Le pari aurait été de mettre en scène le questionnement des programmateurs du Kunsten, cité plus haut. À la place, on s’ennuie en se divertissant. C'est la force du projet du KunstenFestivalDesArts de nous faire vivre un tel paradoxe !

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? « Telling Stories » de Mpumelelo Paul Grootboom a été joué le 18 mai 2007 au KVS dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

 
 

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Crédit photo: Michele Rossignol

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K.O.D: le zapping shakespearien d’Isabella Soupart au KunstenFestivalDesArts.

KOD-6.jpg« Hamlet revisited ». Tel est le slogan qui termine la présentation écrite de « K.O.D ». (Kiss of Death) d'Isabella Soupart proposé au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Cette création s'inscrit dans le prolongement d'« In the wind of time », franc succés de l'édition 2005. Isabella Soupart aurait pu innover dans la continuité de sa recherche, mais elle répète à l'infini ses nouveaux langages faits de mouvements chorégraphiques transversaux, de sons verticaux qui nous tombent dessus, d'images vidéos surplombantes censées nous donner un métacontexte. Ces enchevêtrements auraient pu faire de cet « Hamlet » revisité une fresque moderne. Ce n'est finalement qu'une mosaïque où les formes prennent le pas sur le fond, un labyrinthe où se perd le spectateur tant la multiplication des langages superpose au lieu de relier, à l'image d'une société médiatique toujours prompte à créer de nouveaux outils de communication sans que le sens en émerge.
C'est ainsi que « K.O.D» entretient avec le public un lien d'une extrême verticalité : dès qu'elle arrive à la limite d'un langage, Isabella Soupart nous en propose un autre sans que nous ayons la possibilité de nous approprier sa recherche. Le temps est en accéléré à quelques rares exceptions près, le temps d'une chanson. Le spectateur peut se ressentir en dehors, presque infantilisé et dans l'impossibilité de lâcher-prise. Bombardé de vidéos (d'une beauté troublante quand elle retransmet des visages en gros plan), de trouvailles sonores (souvent intelligentes), de sous-titres (bravo aux traducteurs), de danses (genoux à terre?un peu limité et surtout déjà vues dans « In the wind of time »), je finis par m'amuser de toute cette excitation. Isabella Soupart semble boulimique de métaphores, dépassée par la complexité qu'elle créée en faisant jouer par deux hommes le rôle d'Hamlet, en multipliant les scènes dans un même espace comme si l'une devait s'expliquer par l'autre. Elle finit par nous proposer une vidéo qui réinvente un autre décor comme si « l'ici et maintenant » ne suffisait pas : il est vrai que les objets (tables,sièges de bureau et mobilier d'Ikea) réduisent la danse, entravent le lien entre les personnages et le public. Relier le texte de Shakeaspeare avec les bribes d'interviews issus de documents de l'ex-union Sovétique n'est plus qu'un effet de style. Sortis de leur contexte, ils en perdent le sens tel un vulgaire « copier-coller » très prisé par les publicitaires. Cet « Hamlet » là n'éclaire plus : tout s'additionne, rien ne se multiplie?

Isabella Soupart finit par jouer ce qu'elle voulait dénoncer. Pour asseoir son pouvoir d'artiste tout puissant face à un public déboussolé, elle manipule les formes, décontextualise les écrits de l'histoire, recycle les symboles de la littérature. Pris à ce jeu, « K.O.D » devient un agréable moment de divertissement, très tendance et visuellement impeccable… Nous sommes loin de l'esprit « Kunsten ».

Pascal Bély
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?????? K.O.D. (Kiss of Death)” d’Isabella Soupart a été joué le 16 mai 2007 au KVS – BOX dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

Crédit photo : (c) Sarah Van Marcke

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Le Théâtre d’Arles focalise, loin de la photographie de Lucien Clergue.

Il y a des ?uvres qui ne résistent pas à certaines comparaisons totalement fortuites (quoique). « Bach », chorégraphié et interprété par Maria Munoz au Théâtre d'Arles est de celles-là. Alors que le public l'applaudit chaleureusement, je reste de marbre.CLERGUE-nude-zebra-new-york-1997.jpg Une heure auparavant, je visitais l'exposition « Clergue, né photographe » à l'Espace Van-Gogh. Une ballade dans quatre espaces où mon imaginaire a beaucoup divagué. Lucien Clergue chorégraphie quasiment ses modèles, donne aux paysages de la Camargue des formes corporelles impressionnantes de beauté. Les photographies sur les épis de maïs ne sont pas sans me rappeler des images de danse imprimées dans mon inconscient (quel autre art procure un tel ravissement de la mémoire ?). Même les clichés tauromachiques paraissent légers au regard de mon rejet quasi viscéral de cette tradition. À mesure que je parcours l'exposition, la danse m'envahit alors qu'une musique de Bach accompagne le visiteur dans l'espace « Du cinéma du pauvre à l'alphabet du monde ». Je suis sidéré par le rôle de la lumière sur les corps nus féminins à l'image d'un mouvement créé par le chorégraphe pour fusionner le danseur et le groupe. Ici, Clergue fond le corps dans le végétal et le liquide à partir de contrastes saisissants entre le clair et l'obscur. L'Espace Van-Gogh me permet de relier la Camargue, les nus et New York dans une danse dont nous serions le chorégraphe. Magnifique.

 

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Une heure plus tard, « Bach », revisité par Maria Munoz m'ennuie rapidement. Pendant plus de cinquante minutes, elle enchaîne des morceaux de danse à la recherche d'espaces improbables (Bach semble démesuré pour elle), entrecoupés de pauses qu'elle s'accorde pour reprendre sa respiration et nous laisser dans un vide sidéral. Elle murmure, va d'un point à l'autre, sautille pour s'autoriser quelques envolées (l'image du patinage artistique m'effleure). Elle mime plus qu'elle ne danse comme si la musique de Bach lui était extérieure, même si la gravité de son visage démontre la profondeur qui l'habite. Quelques incursions vidéo veulent donner de la hauteur au propos pour pallier l'articulation difficile entre Bach et la danse. À la limite d'un parcours quasi religieux, Maria Munoz danse sur une scène transformée en chemin de croix. Finalement, il devient le mien.
Alors que les lumières s'allument, je ne peux contenir un « Chiantissime ! » qui fait sursauter ma voisine. Étonnée par tant d'audace alors que le public applaudit à tout rompre, elle me fait un sourire complice. Il se trouve qu'elle était à l'exposition de Clergue. L'art relie?sauf pour le Théâtre d'Arles qui n’a pas fait le lien entre ce week-end de « Duos et Solis » et la photographie.

Il y a décidément pas mal de cloisons à abattre?


Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Clergue, né photographe” à l’Espace Van-Gogh d’Arles du 31 mars au 10 juin 2007 (www.arles.fr/clergue)

?????? “Bach” de Maria Munoz a été joué au Théâtre d’Arles le 13 mai 2007.

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Les migrations Festivalières du Tadorne: Bruxelles, Marseille, Montpellier , Avignon.

Voici donc les migrations festivalières du Tadorne de mai à juillet 2007. Vous pouvez retrouver les spectacles de la saison 2006 – 2007 et leurs critiques, ici.

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Le KunstenFestivalDesArts de Bruxelles du 4 mai au 26 mai.

Mercredi 16 mai – K.O.D – Isabella Soupart.
Jeudi 17 mai – The N.Y.C. Players – Richard Maxwell.
Jeudi 17 mai – Telling Stories – Mpumelelo Paul Grootboom.
Vendredi 18 mai – And Then – Eszter Salamon.
Samedi 19 mai – Five days in march – Toshidi Okada / chelfitsch.
Samedi 19 mai – The ice – Alvis Hermanis / New Riga Theatre.


Du 19 juin au 13 juillet, le Festival de Marseille.

Mercredi 20 juin / 22h00 – Daniel Larrieu – Waterproof.

Mercredi 27 juin / 20h00 – Pierre Rigal et Aurélien Bory – Arrêts de jeu.
Samedi 30 juin / 20h00 – Fabrice Lambert – Gravité.
Samedi 30 juin / 21h00 – MIchel Kelemenis – Pasodoble.
Jeudi 5 juillet / 21h00 – Heiner Goebbels – Max Black.


Du 23 juin au 6 juillet, Festival Montpellier Danse.
Dimanche 24 juin / 17h30 – Christine Jouve – France-Algérie
Dimanche 24 juin / 19h00 – Alain Buffard – (Not) a love song.
Dimanche 24 juin / 22h30 – Solos pour Bagouet / Une danse blanche avec Eliane – F. et Stein.
Lundi 25 juin / 19h00 – Christian Rizzo – B.c, Janvier 1545, Fontainebleau
Lundi 25 juin / 21h00 – Mathilde Monnier – Tempo 76
Mardi 26 juin / 19h00 – Philipp Gehmacher – Like there’s no tomorrow
Mardi 26 juin / 20h30 – Robyn Orlin – We must eat our suckers with wrappers on…
Vendredi 29 juin/ 19h00 – João Fiadeiro Où va la lumière quand elle s’éteint?
Vendredi 29 juin / 21h00 – Raimund Hoghe ?
Meinwärts.

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Du 6 juillet au 27 juillet, Festival d’Avignon.
Samedi 7 juillet / 18h00 – Mathieu Bauer – Tendre jeudi.
Samedi 7 juillet / 21h30 – Frank Castorf – Nord.

Dimanche 8 juillet / 15h00 – Christophe Fiat – La jeune fille à la bombe.
Dimanche 8 juillet / 18h00 – Faustin Linyekula – Dinozord: the dialogue series III
Dimanche 8 juillet / 22h00 – Valère Novarina – L’acte inconnu.

Lundi 9 juillet / 15h00 – Eléonore Weber – Rendre une vie vivable n’a rien d’une question vaine.
Lundi 9 juillet / 17h00 – Frédéric Fisbach – Les paravents.

Mercredi 11 juillet / 19h00 – Christophe Fiat – Stephen King Stories.
Mercredi 11 juillet / 23h00 – Dieudonné Niangouna – Attitude clando.
Mercredi 11 juillet / 1h00 – Roméo Castellucci – Hey girl!

Vendredi 13 juillet / 19h00 – Sasha Waltz – insideout
Vendredi 13 juillet / 22h00 – Rodrigo Garcia – Bleue. Saignante. A point…

Samedi 14 juillet / 14h00 – Théâtre du Soleil – Les Ephémères (intégrales).

Dimanche 15 juillet / 18h00 – Jean-Pierre Vincent – Le silence des communistes.
Dimanche 15 juillet / 21h30 – Julie Brochen – L’échange.

Mardi 17 juillet / 15h00 – Le Théâtre des idées – Edgar Morin.
Mardi 17 juillet / 18h00 – Gildas Milin – Machine sans cible.
Mardi 17 juillet / 22h00 – Frédéric Fisbach – Feuillets d’Hypnos.

Vendredi 20 juillet/ 15h00 – Galin Stoev – Genèse n°2
Vendredi 20 juillet/ 18h00 – Superamas – Big 3rd episode.
Vendredi 20 juillet / 21h00 – Krzysztof Warlikowski – Angels in America I et II

Samedi 21 juillet/ 11h00 – Sujet à vif- Stijn Celis et Opiyo Okach.
Samedi 21 juillet/ 15h00 – Robert Cantarella – Hippolythe
Samedi 21 juillet/ 18h00 – Sujet à vif – Fanny de Chaillé – Yves-Noël Genod.
Samedi 21 juillet/ 22h00 – Faustin Linyekula – Le festival des mensonges.

Dimanche 22 juillet / 16h00 – Christine Dormoy – Ajour.
Dimanche 22 juillet / 19h00 – Raimund Hoghe – 86,avenue Georges Mandel.
Dimanche 22 juillet / 21h30 – Guy Cassiers – Mefisto for ever.

Mercredi 25 juillet / 22h00 – Rodrigo Garcia – Approche de l’idée de méfiance.

Jeudi 26 juillet / 18h00 – Alexis Forestier – Claire.
Jeudi 26 juillet / 22h00 – Ludovic Lagarde – Richard III.

Vendredi 27 juillet / 18h00 – Ikeda/Verdonck/Platel – Nine Finger.
Vendredi 27 juillet / 21h30 – Jean-François Sivadier –
Le Roi Lear.

 

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Héla Fattoumi et Eric Lamoureux homosensualisent.

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Le Théâtre d'Arles aime les chorégraphes Hélà Fattoumi et Eric Lamoureux. Après nous avoir présentés en novembre dernier « Walsa » et « Entrelacs », ils reviennent avec « La danse de Pieze », duo dansé par Moustapha Ziane et Hafiz Dhaou. Comment traduire la relation entre deux hommes sans tomber dans les clichés de nos sociétés occidentales qui la réduisent à deux extrêmes : la lutte de pouvoir et l'homosexualité ? Comment donner à voir le lien entre deux « même » sans le caricaturer, le copier, le coller ? La note d'intention du spectacle nous informe que les deux chorégraphes se sont inspirés des écrits de l'anthropologue Malek Chebel autour de la notion d'Homosensualité, « une attitude des Orientaux en général et des Arabes en particulier, qui consiste en l'absence de partenaire de l'autre sexe, à reporter sur leurs pairs l'excédent de sensualité qu'ils n'arrivent pas à écouler autrement ». À la sortie du Théâtre, Elsa et moi-même débordons de bonheur d'avoir assisté à cette chorégraphie où le spectateur est respecté, touché, surpris, guidé et en même temps lâché pour laisser divaguer son imaginaire débarrassé d'un voyeurisme malsain.
Ils sont là à se chercher, à s'épier, à se toucher, à vouloir se mesurer, à se porter pour se déporter. Tour à tour enfants, féminins, virils, faibles, forts, ils dessinent à deux une fresque de leurs relations capable d'englober leur identité mouvante et stable à la fois. Si l'espace social donne l'opportunité aux hommes de faire transparaître leur féminité sans risque (la danse disco mimée est un pur moment de bonheur), l'homosensualité a besoin de champs inexplorés que Fatoumi et Lamoureux créent pour eux, pour nous. Pendant cinquante minutes, les surfaces sont explorées (le corps, la lumière, le sol) pour permettre à leur relation de vivre de nouveaux sens au croisement permanent de l'intime, du social et du sociétal. C'est ainsi que leurs corps se dissimulent sous le tapis de sol pour en sortir métamorphosés par notre changement de regard. C'est alors que leur ventre gonfle pour perdre leur musculature et devenir espace de jeu ou grossesse désirée ! Tout est imbriqué dans ce duo qui ne laisse jamais le public en dehors de cette recherche. Si bien que je me surprends de vouloir entendre et voir ce qui se joue dans la salle !
Ce spectacle est beau, profondément sensuel comme si son intensité relationnelle arrivait jusqu'à nous. C'est peut-être pour cette raison que ces « deux même » nous rendent heureux. Avec eux, nous avons cherché et trouvé ses nouveaux espaces . Presque fiers de les avoir explorés, nous quittons le Théâtre avec la joie indescriptible de se sentir humain.

Pascal Bély
www.festivalier.net

 

Ps: en commentaire, retrouvez le regard d’Elsa qui ose la comparaison avec “Double Deux” de Gilles Jobin vu au Théâtre de la Ville à Paris en février 2007.

 

Photo : Philippe Chamaux

?????? La danse de Pieze” d’Hélà Fattoumi et Eric Lamoureux a été joué au Théâtre d’Arles le 12 ami 2007.

Vous avez vu ce spectacle? Nous vous invitons à participer au palmarès du blog Scènes 2.0 en votant ici!

 

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Joseph Nadj et Dominique Mercy: deux anges passent.

Entrer ou ne pas entrer dans l'univers du chorégraphe Joseph Nadj, telle est la question. Au dernier festival d'Avignon, « Asobu » m'avait laissé à la porte, tandis que « Comédia Tempo » joué en 2005 était un monde si métaphorique que j'en oubliais ma place de spectateur. Hier soir, au Théâtre d'Arles, « Petit psaume du matin » fait l'effet d'un tableau dont on vante les qualités esthétiques, le talent du peintre, la puissance du message, mais qui impressionne tant, que l'on reste observateur, avec pour seul affect l'intimidation face à ce duo hors pair.

Joseph Nadj et Dominique Mercy (célèbre assistant de Pina Bauch) déambulent pendant une heure dans un univers où leur histoire se construit à partir de faux semblants, où leurs différences ne font plus la différence, où les objets (table, chaise, balais, verre, costume) vivent, collent à la peau pour parfois prolonger les corps. On les imagine parcourant le monde, à notre rencontre (ce soir Arles, qui sait demain Madrid !), messager d'un manifeste universel où chacun d'entre nous serait porteur d'un bout d'histoire de l'humanité. Avec eux, le corps est toujours à la fête : ailes de l'oiseau, toile du peintre, articulation de marionnette, objet animé. Il se nourrit de tabac et d'alcool en transformant fumée et liquide en drogue douce.

 

C'est ainsi que ce duo voyage : de l'occident où l'homme veut sortir de ses postures mécaniques vers un territoire à l'articulation de l'Asie, de l'Orient et de l'Europe. Nous les suivons, guidés par la puissance de leur art qui métamorphose les rites religieux en gestes d'amour et d'amitié. C'est ainsi que ce petit psaume redéfinit la carte du monde pour nous inviter à ouvrir notre vision occidentale, à faire émerger une culture de l'art métissé, où nos peurs seraient transcendées par de nouvelles façons de communiquer. Nadj réinvente le monde à sa mesure : celle d'un chorégraphe habité par une force poétique qui dépasse tous les clivages, capable d'abattre nos cloisons pour nous aider à nous surpasser, pour entrer dans son univers si complexe. C'est ainsi que la poésie transforme les hommes?

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Petit psaume du matin” de Joseph Nadj a été joué au Théâtre d’Arles le 11 mai 2007.

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Fraise déboire.

Cela n'aura duré que dix minutes. Un temps précieux volé au tumulte électoral. Une parenthèse avant la déferlante médiatique des journaux télévisés sur l'attaque sarkozyste portée à mai 68. C'est dans le quartier métissé de la Porte d'Aix à Marseille, en ce dimanche d'avril, au c?ur de l'après-midi. C'est une performance proposée par Paulo Guerreiro, comme une invitation à se laisser surprendre. « Peeping me » se joue à « la compagnie ». Dix minutes pour donner du sens à ce dimanche d'entre deux tours.

Un homme me fait asseoir dans une salle d'attente où neuf « spectateurs » comptent le temps. Certains parlent, d'autres baillent. Je pense, je réfléchis à mon pays, à la culture. Vingt minutes s'écoulent avant qu'une femme m'invite à entrer dans un couloir tapissé de rouge. À cet instant précis, je suis seul et je file droit pour me retrouver dans une autre pièce. Une spectatrice me guide pour revenir d'où je viens (« mais vous allez trop vite ! »). Me revoilà au point de départ. J'observe et je remarque une nouvelle entrée. J'y vais. Je plonge mes mains dans l'inconnu, comme si j'aidais l'enfant à (re)naître. J'ai peur, mais je me laisse aller. C'est beau, agréable, touchant, érotique, rugueux, lisse. Tout coule de source. Mes mains dansent. Je revis, je renais. J'oublie tout. Et puis, soudain : le vide. Je ne sens plus rien. Presque abandonné. Je n'ose plus bouger comme si j'étais dans l'incapacité d'impulser le mouvement. Ma conscience reprend l'avantage, ma rationalité aussi. Je me retire, apeuré. Tout cela va trop vite, je quitte la pièce, les mains rouges d'un lubrifiant au goût de fraise. Les premiers regrets m'envahissent (pourquoi suis-je parti si tôt ?) et mon corps devient lourd. J'arpente les rues animées de Marseille en pensant à celui qui a osé danser avec une partie de moi.. Trop fatigué, trop préoccupé, je n'ai pas pu devenir l'artiste de ce mouvement manquant. La performance était là, dans la création de ce lien, avec un artiste inconnu, si près, si loin. Dix minutes de fraternité, où l'art s'invite au plus profond de notre intimité. Dix minutes de communication qu'aucun dialogue social ne pourra remplacer. Dix minutes où nos mains tissent avec humilité ce lien que certains ne tarderont pas à vouloir nous enlever.

 

Paulo Guerreiro, revenez ! Nous allons avoir besoin de votre audace pour poser sur nos mains, le fluide apaisant vers nos pensées torturées.

Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Peeping me” de Paulo Guerreiro a été joué le 29 avril 2007 à “la compagnie” (Marseille).

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Philippe Saire, distrait chorégraphe.

 

Une fois de plus, le divertissement se mue en danse. Après les foireuses Hivernales d'Avignon sur le rire en février dernier, le choc salutaire de Maguy Marin à Montpellier Danse en 2006, j'ai l'impression d'un déjà vu avec Philippe Saire, chorégraphe Suisse invité au Pavillon Noir d'Aix en Provence pour « Est-ce que je peux me permettre d'attirer votre attention sur la brièveté de la vie ? ». Deux jours après, les images sur se spectacle se téléscopent sans qu'un sens émerge, me plongeant dans un flou bien peu créatif. Pourtant, son intention mérite le respect en ces temps où le divertissement envahit la sphère médiatique, politique, voire intellectuelle. En effet, Philippe Saire souhaite « décortiquer les mécanismes de notre soif de distraction, moteur fascinant de nos vies et besoin universel ».
home-creation2006.JPEG Tout débute joliment : une femme en robe rouge de gala, nous offre une émouvante mise à nu (symbolique) où la danse est en empathie avec le public. Ainsi, le divertissement se veut complexe, au croisement du lâcher ? prise et de l'émotion. Suivent alors plusieurs séquences qui rappellent ce qui pouvait nous émerveiller et nous effrayer enfant (le noir, le blanc, les déambulations du corps pour apparaître et disparaître,?). Au cours des quinze premières minutes, je me sens en apesanteur, comme si les mécanismes décrits par Philippe Saire donnaient une vision poétique et apaisée, à l'image d'un divertissement intelligent sur le divertissement. Mais progressivement, je retombe à la triste réalité des mécanismes répétitifs de la caricature au détriment de la beauté du geste. Philippe Saire se repose sur les règles du divertissement pensant qu'elles font sens rien qu'en les utilisant. Les postures clownesques, les numéros opposant les hommes et les femmes, les rictus et mouvements binaires se succèdent loin d'un début qui positionnait l'émotion et la réflexion au c?ur de son intention. Le spectateur n'a plus qu'à se laisser porter, comme un paresseux qui applaudit à chaque fin de tableau (signe qu'il colle au propos).
À défaut de nous décrire les ressorts du divertissement, Philippe Saire les joue, les répète, les montre à voir, mais semble incapable d'aller plus loin. Au final, le public applaudit chaleureusement un beau divertissement. À première vue, c'est réussi. À la question posée par le spectacle, mon attention est déjà partie ailleurs.

Pascal Bély
www.festivalier.net

 

 

?????? « Est-ce que je peux me permettre d'attirer votre attention sur la brièveté de la vie ? » de Philippe Saire a été joué le 26 avril 2007 au Pavillon Noir d’Aix en Provence.

 

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À saisir, duplex dans un Pavillon Noir.

Avec « Duplex » de Josette Baiz, le Pavillon Noir d'Aix en Provence est cohérent avec l'ensemble de sa programmation, plus proche d'une compilation d'?uvres assez mineures que de prises de risques assumées. Dédié « lieu de la danse», ce Pavillon navigue à vue sans ambition artistique. Une partie du public continue d'applaudir bruyamment comme s'il récompensait une prestation de la « Star Academy », alors qu'une autre salue, sans enthousiasme débordant. Paradoxalement, Aix en Provence semble devenir une ville fermée à une danse plus exigeante, rarement ouverte vers l'Europe (pour cela, il faut se rendre à Marseille, Martigues ou Cavaillon) et surtout privilégiant les ?uvres ou les auteurs reconnus médiatiquement. « Duplex », c'est neuf danseurs isolés dans un lieu clos et blanc au c?ur de ce Pavillon Noir, lieu retranché à quelques semaines de la fin de sa saison. Si le thème est ambitieux, le résultat est prétentieux. À aucun moment, Josette Baïz ne donne une puissance à sa chorégraphie, s'enfermant dans une mise en espace répétitive. Les danseurs se fracassent sur les murs comme s'ils ne pouvaient jamais aller au bout de leur propos. Alors, on gesticule beaucoup, on habite la danse de cris, de mots censés accentuer l'enfermement (en allemand, des envies de nourriture en français impossible à satisfaire). Ce « loft story » dansé fait mal à voir pour ces artistes qui méritent sûrement mieux. Ils sont réduits à mimer les pulsions au détriment de mouvements porteurs d'intelligence collective.

À l'issue d'une heure bruyante sans émotion, le Pavillon retrouve sa noirceur et je repars libre de cet enfermement de pacotille.

Pascal Bély
www.festivalier.net