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Saison 2008-2009 : la cuisine en débat au Théâtre Des Salins de Martigues?

Le Théâtre des Salins de Martigues retrouvera-t-il quelques couleurs ? La saison 2007-2008 lui a permis d’atteindre de beaux scores de fréquentation au profit d’une programmation très consensuelle, loin des formes artistiques en émergence en France et en Europe. 2008-2009 annonce la fin de la convalescence et le retour des Salins avec de beaux moments de bonheur. Annette Breuil, sa directrice, file la métaphore en reliant la programmation à une recette de cuisine. Petit tour de sept jolis plats goûtés ailleurs.

« Le silence des communistes » de Jean-Pierre Vincent devrait faire grand bruit dans cette ville gérée par le PC et ses alliés. Outre que ces acteurs sont épatants de vérité, le débat qui accompagnera la pièce devrait mettre pas mal d’ambiance. À ne manquer sous aucun prétexte à l’heure ou le Parti Socialiste cherche sa voie.

Le débat devrait trouver son prolongement avec « Mefisto For Ever » de Guy Cassiers où un directeur de théâtre « collabore » avec les nazis puis avec les alliés. Spectacle troublant, magnifique qui devrait, si les Salins l’organise, provoquer des échanges nourris entre acteurs culturels et spectateurs sur le rôle de la culture en ces temps troublés.

Les chroniques sociales de Joël Pommerat avec « Je tremble 1 et 2» et « « Pinnochio »  seraient une nouvelle opportunité pour réfléchir collectivement à l’évolution de notre société.

Au total, quatre ?uvres pour réinventer la gauche, loin des appareils. Mais une question émerge : suffit-il de programmer des pièces « politiques » sans construire l’espace du politique ? Le Théâtre doit intégrer le débat en accompagnement des spectacles à l’image du « Théâtre des idées » organisés par le Festival d’Avignon. Force est de constater qu’aucune structure ne remplit cette mission dans la région PACA.

L’époque incertaine et chaotique appelle plus que jamais les poètes. Avec Pippo Delbono, fidèle des Salins, les spectateurs devraient faire un triomphe à ce chef d’?uvre. « Questo Buio Feroce » est un acte d’amour de Pippo envers son public. Vital.

monKblanc1-copie-1.jpgA retenir deux comédiens d’exception nichés dans cette programmation foisonnante : Manuel Vallade, exceptionnel de fragilité dans son costume de légionnaire. « Mon képi blanc » d’Hubert Colas, c’est du sur mesure. LLjir Selimovski est un acteur magnifique dans « La nuit juste avant la forêt » de Koltès mis en scène par Catherine Marnas (mais pourquoi est-il annoncé dans un coin caché de la brochure ??). Qu’attendent les Scènes Nationales pour programmer cet écrin d’humanité ?

Depuis l’ouverture du Centre Chorégraphique National, le Pavillon Noir à Aix en Provence, la danse n’est plus au centre de la programmation des Salins. La concentration institutionnelle a dépassé les frontières de ville aixoise. Soulignons malgré tout une co-production d’envergure: Olivier Dubois présente « Faune(s)». “Scandale” au dernier Festival d’Avignon, je persiste et je signe: “Faune (s)” préfigure un rapport différent entre l’interprète et le public. Une très belle oeuvre.

On goûtera avec plaisir à la danse exigeante de Russel Maliphant, de Hiroaki Umeda et, cerise sur le gâteau, en partenariat avec les Ballets Preljocaj (la boucle est bouclée), le « Gershwin » de la Compagnie Montalvo / Hervieu.

En périphérie, saluons l’arrivée du musicien Yann Tiersen, en duo avec Miossec. Ce dernier, souvent imprévisible sur scène (lire ici !), sera-t-il plus sage ? 

Rendez-vous en juin 2009 pour un débat sur la saison passée et à venir. Prenons les paris qu’un jour, la démocratie participative, franchira les murs de nos si beaux théâtres ! 

À quand le sucré salé ?

Pascal Bély

www.festivalier.net

Revenir au sommaire Le Tadorne a vu:
« Le silence des communistes » de Jean-Pierre Vincent

« Mefisto For Ever » de Guy Cassiers

 « Je tremble 1 et 2» et « « Pinnochio » de Joël Pommerat

Manuel Vallade dans  « Mon képi blanc »  d’Hubert Colas

LLjir Selimovski  dans « La nuit juste avant la forêt » par Catherine Marnas

« Questo Buio Feroce »de Pippo Delbono

Faune (s)” d’Olivier Dubois.

 

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“Tanz im August” hésite.

« Tanz im August » à Berlin fête cette année ses vingt ans. Un anniversaire que Le Tadorne se devait de célébrer. Quatre journées passées dans la capitale, sept spectacles et au final, des propositions pour le moins ennuyeuses. De France, d’Afrique ou de l’Est, les chorégraphes ont souvent démissionné en cours de propos, quitte à laisser le public en rase campagne.
François Chaignaud et Cecilia Bengolea avec « Pâquerette » ont déçu (voir l’
article du 25 août). Ambitieux dans l’intention, ils ont vite abandonné, faute de vision, à s’extirper de la performance.
Le Congolais Faustin Linyekula (découvert au
Festival d’Avignon en 2006) a osé avec «Future ?», la danse du non-propos. Répondant à une commande du festival de créer une ?uvre avec un danseur classique Berlinois, nous avons eu droit aux états d’âme des deux artistes qui ont manifestement échoué dans ce rapprochement. Les questions métaphysiques n’ont cessé de ponctuer les mouvements de l’un et de l’autre (« pour quoi danser » ?) sans qu’on ait un début de réponse. On reste médusé d’être ainsi convié dans ce vide abyssal où Faustin Linyekula n’a pas hésité à jouer la corde sensible de la culpabilisation d’un public blanc, laissant son colistier errer sur scène, ne sachant plus comment se positionner. Étrange cadeau d’anniversaire pour « Tanz im August » à qui Faustin Linyekula renvoie sa commande dans la figure.
Sur un tout autre registre, « Changes » de la compagnie BADco de Zagreb a radicalement engourdi une partie du public. À partir de la fable de Jean de la Fontaine, «La cigale et la fourmi», on nous promettait une réflexion sur la relation entre artistes et producteurs, la paresse et le travail à l’heure du « travailler plus pour gagner plus » qui se propage sur la scène politique européenne. Propos ambitieux, mais rapidement abandonné au profit d’une danse groupale incompréhensible, compliquée, maniérée. Six danseuses de noir vêtues puis éclairées de rouge arpentent la scène à partir de contritions, repliées sur elles-mêmes. Déshumanisées, automatisées, elles semblent répéter à l’infini les mêmes mouvements, processus accentué par un éclairage au sol qui mécanise le tout. Métaphore du travail d’aujourd’hui, je cherche encore la proposition artistique censée éclairer le propos, plutôt que cette illustration un peu poussive.
Les Slovaks, collectif sans chorégraphe, ont avec « opening night » abandonné également la scène malgré l’enthousiasme d’une partie du public berlinois. Ils sont cinq danseurs, et un violoniste (Simon Thieree, magnifique compositeur) à oser danser leur groupe. Les premières vingt minutes sont d’une virtuosité envoûtante, à l’image d’une danse de Sidi Larbi Cherkaoui. Ils occupent l’espace telle une toile où se tisse la relation groupale. On croirait une fratrie qui s’émanciperait de la fonction parentale. C’est beau, souvent drôle, profondément attachant. Mais la deuxième partie déçoit. Ayant épuisé leur dynamique, ils s’essoufflent et tombent dans la caricature du groupe d’hommes. Les jeux virils et les gestes potaches amusent un temps puis lassent. Le violoniste finit seul sur scène. Sans metteur en scène, le groupe manque d’une vision qui transcenderait leur fonctionnement. Les Slovaks sont à suivre. Par un chorégraphe?
La surprise est venue d’un solo époustouflant. Ivo Dimchev de Sofia, incarné en Lili Handel (« blood, poetry and music from the white whore’s boudoir »), diva de cabaret (ou d’une boîte de nuit gay ?), vendue au plus offrant. Ivo Dimchev nous offre le meilleur d’un répertoire de cabaret, où le corps n’est pas seulement objet d’un jeu de transformation, mais une surface de nos réparations, de nos projections, à la frontière du biologique et du sociétal (fait-il référence au VIH ?). Cette rencontre ne dure qu’une heure, mais elle est intense : en jouant sur différents registres, Ivo Dimchev dessine le portrait d’une Lili fragile (notamment quand elle chante) et provocante quand elle danse avec ses fesses, où l’on aimerait s’y s’engouffrer pour y trouver du réconfort ! Ivo Dimchev interroge avec brio le “corps marchandise” qu’on offre aux enchères (les putes ne sont pas toutes à pourchasser sur le trottoir de nos villes…). Avec Lili, le corps est «danse», les mots sont « théâtre ». La performance jaillit dans cet interstice et l’on pense à
Marina Abramovic. Sidérant.
Je quitte Berlin, triste comme à la fin d’un amour d’été. Prêt à revenir, plus longtemps, pour m’immerger dans « Tanz im August » et arpenter de nouveau Berlin pour me redonner confiance dans les possibles de l’imaginaire.

Pascal Bély
www.festivalier.net

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?????? Ivo Dimchev, “Lili Handel – blood, poetry and music from the white whore’s boudoir“.
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Cecilia Bengolea et François Chaignaud, “pâquerette“.
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???? Les Slovaks, “opening night
?????? 
Faustin Linyekula, “Future?“.
?????? BAGco, “Changes”.


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Berlin, si loin, si proche.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=TUVLX608G_s&w=425&h=344]

A Berlin, point de bling – bling, si peu de 4×4.
Depuis quatre jours, je n’ai pas vu un seul policier dans la rue.
Alors que je flâne dans les allées, je ne suis jamais agressé par une publicité murale. Le mobilier de Jean-Claude Decaux ne fait pas l’esthétique des rues.
À peine êtes-vous perdu, qu’un Berlinois vient vous aider.
Lorsqu’un agent contrôle votre billet dans le métro, il vous présente d’abord sa carte professionnelle.
Dans les théâtres, le hall est souvent une agora où chacun a son verre de vin à la main, quitte à le déguster dans la salle. Pas de responsable de relation avec le public en vue, car tout le monde est responsable. À peine le spectacle terminé, votre voisin vous demande ce que vous en avez pensé. Autre détail : il n’y a pas de saison avec politique d’abonnement. Le programme est trimestriel pour laisser place à l’imprévu, à l’émergence.
Ici, pas d’arrogance. L’argent manque et cela se ressent. Berlin est au c?ur de l’Europe et symbolise les valeurs de la postmodernité : primauté à l’écologie, à la paix, à la défense des droits de l’homme, à la culture, à la relation ouverte. Barack Obama ne s’y est d’ailleurs pas trompé lors de sa tournée européenne en juillet dernier, offrant un discours mobilisateur devant 200 000 berlinois.
Dans ce contexte, saluons un nouveau blog (Berlin sur scènes) : celui de Stéphanie Pichon, journaliste française exilée à Berlin. Elle nous propose l’actualité du spectacle vivant. On ne se privera pas de lire ses articles si précieux pour rêver et imaginer qu’un jour, nous puissions tous devenir des françaisallemands.


Pascal Bély
www.festivalier.net

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Les chroniques du Tadorne sont ici


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L’ « Hiver » du festival « Off » d’Avignon.

Le décalage des calendriers entre le festival « Off » (qui prendra fin le 2 août) et le « In» (qui s'est terminé le 26 juillet) vide peu à peu les rues et les salles de spectacles d'Avignon. L'atmosphère n'est pas à la joie et certaines compagnies plient bagages plus vite que prévu. En 2008, le génie français est ici : c'est « in » ou « off ». Ce modèle est inopérant, mais les institutions continuent de jouer cette escalade plutôt que d'offrir une troisième voie au public et aux comédiens.
Cette absence de dynamique globale permet à chaque festival de « fanfaronner » sur ses chiffres de fréquentation, mais le processus qui conduit à réduire les passerelles entre le «in» et le «off» est solidement installé. Le public ne s'y trompe d'ailleurs pas : à l'annonce de la fin du « in », il a plié bagage lui aussi. Comme quoi, il relie bien les deux ! Les professionnels ont beau accuser les spectateurs de ne pas savoir lire les plaquettes (réflexe bien français d'incriminer l'usager plutôt que de remettre en question le modèle), les faits sont têtus : quand une partie bouge, c'est le tout qui se fragilise.
À chaque édition, je ressens profondément la nécessité de passer à autre chose, d'inventer un nouveau festival qui s'appuierait sur les particularités du « in » et du « off». J'imagine une supra entité chargée de relier les deux pour nous aider à faire de belles traversées. Je ne propose pas la disparition des particularismes, mais leur reliance par un groupement de spectateurs, critiques, et de professionnels de la culture.

« Hiver » à Présence Pasteur est donc mon dernier spectacle du Festival. Qu'importe qu'il soit dans le « off ». Il ne fait aucun doute pour moi que Jacques Descorde (acteur principal et metteur en scène) est en devenir, qu'il est précisément à la frontière poreuse du « in » et du « off ». La Compagnie décide d'arrêter trois jours avant la dernière, malgré de belles critiques (celle du Nouvel Observateur, de Vincent Josse de France Inter). Le calendrier décalé n'a pas permis au bouche à oreille de fonctionner. Absurde.
Nous ne sommes donc que quelques spectateurs à nous laisser porter par ce couple de comédiens exceptionnels. Elle, c'est « sa nana » (magnifique Maryline Even). Lui est cadre (supérieur ?) en déplacement pour rendez-vous professionnel (manqué). Ils n'ont passé que quelques heures ensemble, au détour d'une « «pipe ». Il dort à l'hôtel.
Jacques Descorde campe deux personnages totalement égarés dont le texte de Jon Fosse accentue l'errance. De bancs publics gelés à la cellule de prison d'un hôtel, ce couple se connaît à peine, mais tente le tout pour le tout pour concilier l'inconciliable. La force de la mise en scène est d'offrir cet espace où l'on peut s'immiscer dans la relation sans être voyeur. Jacques Descorde tire parfois le rideau puis l'ouvre à nouveau, à l'image d'un voile pudique ou d'une cloison d'hôpital qui séparerait deux malades dans une chambre. En projetant des extraits du film « Sue perdue à Manhattan » d'Amos Kollek avec la voie de la chanteuse Coco Rosie, il élargit l'espace du couple pour nous inclure dans une tragédie qui pourrait être la nôtre.
« Hiver » est une pièce fragile, où les acteurs murmurent parfois loin du tumulte de certains plateaux. J'ai ressenti cette ?uvre comme un cadeau, pour clore provisoirement mon festival d'Avignon. En échange, je n'ai jamais lâché, suspendu au fil d'Ariane tendu entre ces deux acteurs telle une arborescence de ma traversée d'Avignon.
« Ma nana » aurait pu croiser le « Hamlet » d’Ostermeier,  s'échapper de l'AX de Philippe Quesne. Et je me suis mis à rêver : Jacques Descorde n'aurait-il pas rencontré Wajdi Mouawad dans le musée de Saint Petersburg ?
Destins croisés, fils reliés : vive la toile d'Avignon !


Pascal Bély
www.festivalier.net

?????? “Hiver” de Jon Fosse mis en scène par Jacques Descorde a été joué lors du Festival Off d’Avignon.  Pour connaître les dates de la tournée:  ciedesdocks@orange.fr


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A Montpellier Danse, épatante Germana Civera.

Le public applaudit à tout rompre. Heureux. Soulagé. Comme si la danse venait enfin de nous faire un beau cadeau, alors qu’elle nous réserve tant de souffrances, de tensions voir de repli quand elle est en panne de sens. Ce soir, à Montpellier Danse, la Catalane Germana Civera fait avec « Fuero(n) » ce que notre société peine à réaliser : relier les générations dans un espace où l’imagination est au pouvoir ! Quarante ans après mai 68, elle redéfinit les contours d’un « vivre ensemble » où l’individu s’affranchit des cloisonnements qu’on lui impose. Pour réussir ce pari incroyable, plus de trente acteurs sur scène (dont pas mal d’amateurs), âgé de huit à plus de soixante cinq ans avec pour espace commun, la fin du monde, l’apocalypse vue à travers l’histoire de la danse ! « Fuero(n) » est un beau maillage entre un festival, un territoire européen transversal (Germana Sivera vit à la fois à Montpellier et à Barcelone), le public et notre bien collectif, la danse.
Au commencement de « Fuero(n) », Germana Civera définit prodigieusement la relation entre eux et nous. C’est une petite fille aux allures bien sages et déterminées qui accompagne une dame âgée vers une table de bar, clope à la main, en fond de scène. Spectatrice privilégiée (nous pourrions être à sa place), elle va observer presque silencieusement cette fin du monde revisitée par le public, les danseurs et la chorégraphe! Oui, vous avez bien lu ! Nous sommes symboliquement sur scène, mais à plusieurs niveaux en même temps! De notre place assise, nous nous projetons en elle, en eux. Mais pour cela, il faut nous aider à lâcher. Cette petite fille sait y faire. Elle est notre part de créativité. C’est de dos qu’elle assiste à l’arrivée des acteurs qui, sur une musique lancinante, esquissent une danse minimaliste, mais emprunte de désir. En quelques minutes, c’est déjà gagné. J’y suis.
S’ensuit alors différentes scènes où chacun va jouer tour à tour le public, le danseur, le chorégraphe pour s’amuser de cette fin du monde, mais surtout pour positionner la danse comme vecteur du lien social (au cas où certains l’auraient oublié), comme éclaireuse des paradigmes naissants, où elle accompagne l’individu dans sa quête d’autonomie. C’est tout un modèle de société que Germana Civera dessine, où les plus jeunes tissent avec les plus anciens des liens de créativité, tandis que les adultes s’appuient sur ces liens intergénérationnels pour s’interroger sur l’évolution du groupe, sur les valeurs afin de réinventer le monde !
« Fuero(n) » est un maillage impressionnant par sa dynamique où l’espace théâtral inclut la salle, les coulisses, la scène sans que jamais le spectateur ne soit perdu ou isolé. D’autant plus que l’on rit souvent (et l’on connaît la difficulté pour les chorégraphes d’utiliser l’humour comme ressort du sens). Puisque de fin du monde il s’agit, nous sommes libres d’interpréter la charge symbolique de certains passages pour réécrire notre histoire. Germana Civera redéfinit un modèle relationnel entre la danse et le public à l’image du dernier tableau où les portes de fond de scène s’ouvrent vers la rue (mais chut, surprise).
Le final enchante parce qu’il autorise toutes les utopies. Celles d’un monde de ponts et de portes où les enfants lâcheraient dans le ciel les ballons chargés du poids de nos idéologies dépassées.

Pascal Bély – www.festivalier.net

Ps: où sont passés les photographes de danse? Pourquoi aucune photo et vidéo de ce spectacle?

?????? « Fuero(n)» de Germana Civera a été joué le 28 juin 2008 dans le cadre du Festival Montpellier Danse.

 

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A Montpellier Danse, “Chez Rosette” de Kettly Noël clive.

Alors que le spectacle se termine enfin, elle s’approche timidement vers nous, entourée de ses dix danseurs. Une partie du public proteste, tandis qu’une autre tape des pieds comme en écho. « Chez Rosette » de Kettly Noël, chorégraphe originaire d’Haïti, est l’?uvre que j’aurais aimé ne jamais voir. Tout, de la danse au scénario, de la mise en espace au propos, dégage une atmosphère pesante. « Chez Rosette » réduit la diversité de l’Afrique, immobilise nos perceptions de blanc, alimente notre imaginaire néo-colonial. C’est un espace clos à l’image de ce décor qui lacère la scène avec ses barres de fer et son échafaudage prêt à se rompre. C’est un melting pot de ce que nous voulons voir et entendre. C’est une femme blanche, prostituée, nymphomane, qui éructe son orgasme derrière le rideau blanc pendant qu’une vidéo diffuse le corps ruisselant d’un bel homme africain, dont on nous rappelle à longueur de scènes qu’il est joliment outillé. C’est encore un homme noir, handicapé physique, qui sert de caution humanitaire, à partir d’une danse qui suinte les bons sentiments. C’est un homme blanc, gros, travesti, qui amuse la galerie parce que le genre fait toujours rire. Ce sont ces vidéos qui parsèment le spectacle pour sauver une mise en scène aussi lourde qu’un cliché. C’est encore cette danse qui se cherche à trop vouloir prendre ici et là pour former un kaléidoscope qui empile faute de relier. C’est ce beau Circassien à qui l’on exhibe un pompon à attraper pour donner une forme verticale et spectaculaire afin d’épater au lieu d’interroger. Ce sont enfin tous ces raccourcis qui finissent par énerver un spectateur (« c’est facile ! » hurle-t-il) parce que Kettly Noël est incapable de produire un sens, une profondeur à son propos, engluée dans sa vision, dans son rapport à la négritude, à l’Afrique, aux blancs.

Cette oeuvre provoque de la colère chez certains spectateurs parce qu’elle nous met en dehors du progrès, alors qu’elle nous positionne au centre d’une représentation misérabiliste de l’Afrique qui nous arrange tous. « Chez Rosette » soutient le discours de Nicolas Sarkozy de Dakar en juillet 2007 où  il déclarait que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ». Kettly Noël conforte cette approche. J’ai longuement réfléchi avant de proposer ce lien : pour mettre en scène des personnages aussi disqualifiés, Kettly Noël semble voir l’Afrique loin de tout processus historique, où les clichés cimentent sa pratique de chorégraphe.

Le public blanc de Montpellier Danse peut applaudir. L’Afrique attend toujours d’entrer dans l’histoire de la danse par la grande porte.

Pascal Bély – www.festivalier.net

 


?????? “Chez Rosette” de Kettly Noël a été joué le 28 juin 2008  dans le cadre du Festival Montpellier Danse

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Crédit photo: Joel Andrianomearisoa

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A Montpellier Danse, Yasmeen Godder, chef Kamikaze.

À peine sorti de « Singular Sensation », j’ai du mal à quitter Les Ursulines. Envie d’entrer à nouveau, d’échanger avec les cinq danseurs de Yasmeen Godder pour écouter leur ressenti, leur expliquer les raisons de mon total désaccord. Leur chorégraphe a voulu les interpeller directement dans leur posture et à travers eux le regard du spectateur, « pour pousser les limites…réagir à l’engourdissement général…pour échapper à l’individualisme ». Un propos entendu, rabâché, porté par Rodrigo Garcia, l’un des tenants de la provocation sur scène teintée d’un discours d’extrême gauche. De cette posture de toute puissance, Yasmeen Godder expérimente sur ses danseurs toute une série de mouvements, d’articulations pour désarticuler, les affubles d’objets aussi improbables les uns que les autres parce qu’il faut bien prolonger un corps impuissant, seulement capable de se faire exploser à l’image des kamikazes (Yasmeen Godder est partagé entre Israël et les États-Unis). Elle transforme la scène en un laboratoire où elle s’essaie à la provocation en continu et ne laisse aucun interstice pour que le lien entre les danseurs et le spectateur puisse se jouer. « Singular Sensation » me met dans une attitude passive, m’amuse parfois et finit par me rendre nauséeux. Tout devient laid à force d’escalade dans la provocation. C’est de la performance pour la performance. Dès qu’une émotion émerge, elle coupe la séquence pour imposer son objet, son liquide.

Je questionne donc le sens du propos de Yasmeen Godder: jusqu’où peut-elle aller avec eux, avec nous? Comment expliquer ce sentiment diffus qu’elle se sert de leurs corps à ses propres fins dans une injonction paradoxale: « soyez danseurs, mais ne dansez surtout pas». À quoi joue-t-elle pour les guider avec autant de lourdeurs et de maladresses (j’ai du mal à croire que la dame ait reçu autant de prix!) pour régulièrement les faire patiner (à la limite de l’humiliation, quand l’un vomit de la peinture sur le visage de l’autre). Elle nous jette ses danseurs en pâture, avec leurs cris et leurs souffrances, où les hommes dégueulent pendant que les femmes éjaculent.  Elle les affuble de toute une série d’objets qui les ridiculisent faute de perspectives à la dénonciation. Le sens peut-il encore émerger de la protestation à l’heure où le monde change, où tant d’artistes guident le spectateur sans le disqualifier ? Yasmeen Godder dénonce l’individualisme, mais quel collectif nous propose-t-elle?

En les poussant à bout pour qu’ils se métamorphosent, quel espace veut-elle créer, qu’obtient-elle de nous? Des applaudissements de convenance au coeur d’un festival institutionnalisé. Nous aurions pu siffler, protester. Cela aurait été notre regard, cela aurait pu même me « dégourdir ». Mais il y a le sourire gêné de ses danseurs, leurs corps épuisés.

Respect.

Pascal Bély – www.festivalier.net


?????? “Singular Sensation” de Yasmeen Godder a été joué le 27 juin 2008 dans le cadre du Festival Montpellier Danse.

Crédit photo:Tamar Lamm

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« La Vouivre », la nouvelle vague du Festival de Marseille.

« La Vouivre » compagnie animée par Samuel Faccioli et Bérengère Fournier a conquis le public du Festival de Marseille. Comme si ces deux-là s’étaient affranchis d’une case, celle de « Question de Danse, questions d’artistes » dont le principe est de présenter des ?uvres non encore abouties. Le chorégraphe Michel Kelemenis (le maître des lieux) nous prévient qu’en première partie « Oups » a déjà tourné tandis que le deuxième « Opus » est en cours de création. Qu’importe ! Le cerveau du spectateur n’a rien à faire de ces cloisons et l’envie de s’émanciper de ces ruptures inutiles est plus forte. Car « Oups » et « Opus » forment bien un tout, par l’immense talent de nos deux compères et le regard ouvert d’un public attentif.

 

Il leur faut quarante minutes pour s’affranchir aussi d’un contexte alourdit par les convenances où d’un espace relationnel réduit à leur canapé, ils se déploient sur une scène « dématérialisée » peuplée d’oiseaux et de sons produits par le bruit de leurs gestes, de leur relation (exceptionnel travail du musicien Gabriel Fabing). D’emblée, leur danse s’inscrit dans une mécanique relationnelle et l’on se demande qui peut bien tirer les ficelles de ces deux marionnettes. Leur recherche d’un accord parfait n’est pas sans rappeler le temps lointain de nos parents où les convenances sociales et religieuses régissaient la communication ; à moins que leurs mouvements ne soient très actuels dans une société qui normalise tout autant le lien dans cette recherche (épuisante ?) de l’articulation parfaite, à l’image des annonces matrimoniales sur Internet ! A les voir se chercher en permanence les seins et le sexe avec des airs de ne pas y toucher, on sourit face à une telle naïveté, à moins que l’on ne s’inquiète de la pudibonderie montante de notre société « marketée ». Leur espace est un croisement permanent entre passé et présent et leur temps n’est que celui du processus. Ces deux-là émeuvent parce qu’ils positionnent leur relation sur plusieurs champs à la fois (psychologique et social). Et l’on se surprend à nous interroger : ce couple ne métaphorise-t-il pas le projet artistique de la compagnie? Et l’on se plaît à les aimer, à les ressentir, à s’en approcher, à les soutenir, à les trouver beaux, à leur souhaiter un bel avenir (ils paraissent si jeunes et si déterminés dans leur projet).

Ces deux-là nous offrent l’un des espaces les plus ouverts qu’il m’est été donné de voir, où  les danseurs s’articulent dans une interdépendance saisissante (moment incroyable où les corps servent d’émeteur radio !), où l’on passe du duo au trio comme métaphore d’une ouverture vitale, où d’une danse quasi fusionnelle, ils s’en émancipent pour laisser le corps oiseau se déployer (magnifique solo de Bérengère vers les derniers instants). Le son de Gabriel Fabing est une toile pour que la place de chacun ne soit plus statue, mais mouvement émancipatoire.

Alors que la lumière s’éteint, alors qu’elle est partie, on regarde Samuel. C’est à lui maintenant de voler, d’aller la chercher, d’imaginer encore et encore de nouveaux espaces pour nous montrer, une fois de plus, que la relation est la ressource la plus complexe qu’il soit.

Qu’ils nous montrent encore comment on fait…

Pascal Bély – www.festivalier.net

?????? «oups + opus» de la compagnie “La Vouivre” a été joué le 25 juin 2008 dans le cadre du Festival de Marseille.

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À Uzès Danse, principalement Christophe Haleb.

Vendredi 20 juin. « Uzès Danse ». Premier jour d’une longue migration festivalière qui me conduira d’ici, à Marseille, puis Montpellier, Avignon, Berlin…

À peine entré à l’Hôpital psychiatrique où le chorégraphe Christophe Haleb nous a donné rendez-vous, une actrice me confie une valise avec une chaise pliante. En plein soleil, un décor de plage  nous accueille puis le public se divise en deux groupes : ceux qui aiment le camping, ceux qui sont « no camping ». Belle entrée en matière où le spectateur est propulsé dans un imaginaire collectif, dans les méandres des souvenirs de l’enfance. Afin d’instaurer la confusion, un nouveau groupe est proposé, composé de détenteurs d’un PEL, d’une hypothèque sur leur avenir, d’une coquille sur le dos.

Avec « Résidence secondaire », Christophe Haleb et sa troupe réussissent à créer en quelques minutes un espace transversal. Mais ce décor de carte postale s’éclipse vite. Nous sommes invités à les suivre, objets à la main. Nous arpentons l’allée, entourés des patients de l’hôpital : entre psychisme et géopolitique, nous voilà contraints à l’exode, dans nos têtes, au c?ur des tremblements de la planète. Les contextes s’emboîtent et les corps des danseurs quadrillent le voyage pour contenir la tension montante : tels des sculptures vivantes, ils sculptent le groupe. Impressionnant.

Le camping est déjà loin et nous changeons de décor. Une longue tente blanche nous attend : c’est la « maison folie » d’un couple, fier d’être enfin propriétaire. Nous sommes invités à l’investir, à la traverser comme nous le faisions enfant avec nos tentes de bric et de broc. Sous les jupes de maman (ou des filles !), les spectateurs s’amusent à réinvestir cet espace perdu. Nous sourions (j’entends les rires de la gauche bien pensante) dès que nos interprètes évoquent cette « France de propriétaires » si chère à notre petit Président. Sur la corde raide, Christophe Haleb ne s’attarde pas avec cette grosse ficele et finit par nous offrir à boire ! La guidance continue alors que nos objets sont mis aux enchères pour meubler la maison de toile blanche. Moment délicieux où la mise à prix se fait à partir d’équations binaires. C’est tout un système enfermant de pensée qu’Haleb interroge, déconstruit, interpelle avec humour et gravité pour nous aider à réinterroger le monde et élargir nos cadres cartésiens de référence.

Tout bascule quand les interprètes (tous magnifiques) arpentent une allée que nous surplombons, en quasi méta-vision (cet hôpital au décor concentrationnaire est aussi un espace théâtral impressionnant) : là où nos objets envahissent l’espace trop plein de l’insignifiant, ils finissent par les enrouler autour de leur corps. L’exode se poursuit, sans nous. Le long défilé des souffrances planétaires s’anime dans un silence à peine troublé par une musique sourde et grave. Je ne bouge plus. Pétrifié par la force tragique de l’exode, danse macabre de notre folie d’Occidentaux. Sur ce tout petit territoire d’Uzes, Haleb réussit à jouer le monde qui tourne mal. Rien de culpabilisant dans la démarche. Bien au contraire. Alors que nous sommes réunis à nouveau pour déguster le fruit défendu autour d’une nappe assemblée de blouses d’infirmières ( !), ils poursuivent leur guidance vers de nouveaux espaces en nous offrant une séance de relaxation mémorable. Par la voix sécurisante de Christophe Le Blay, nous voici allongés, en épis, les uns à côté des autres, guidés pour introspecter notre corps, ouvrir nos sens, et ressentir les nappes phréatiques!

Plus « Résidence secondaire » se déroule, plus l’espace de la représentation s’élargit. À mesure que nous sommes acteurs de la globalisation, nous en devenons aussi les auteurs. Pour changer d’échelle, changeons nos espaces de représentations ! Tout est à revoir dans cette articulation global – local : il y a urgence. À voir ces artistes quitter notre maison commune pour les allées de l’Hôpital où l’un s’empale sur le grillage comme le réfugié des centres de rétention, l’autre marche sur les toits tel un funambule, une autre chante alors qu’elle ouvre une grande grille donnant sur la cour d’une prison, on est pris de frissons. Nos résidences secondaires finiront par brûler si une partie de l’humanité crève d’exode.

Loin des idéologies enfermantes, Christophe Haleb nous a permis de repenser la « terre patrie ».  Cette guidance est exceptionnelle, car elle n’est jamais disqualifiante. En s’appuyant sur nos ressorts créatifs, cette troupe est visionnaire lorsqu’elle repense le collectif comme force pour transcender le réel.

À voir la rangée des professionnels de la culture et de journalistes nous observer de loin sans jamais s’être impliqué dans cette épopée humaine, je comprends vite que certains vont y perdre leur parcelle de pouvoir.

Marchons.

Pascal Bély – www.festivalier.net

?????? « Résidence secondaire» de Christophe Haleb a été joué le 20 juin 2008 dans le cadre du Festival Uzès Danse..


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EN COURS DE REFORMATAGE

La soeurité cachée de l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes.

La France du foot retient son souffle pour ne pas sombrer dans le ridicule. Pendant ce temps, les élèves de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes se préparent à Montévidéo (Marseille) pour la première de « Soeurs et frères » d’Olivier Cadiot mis en scène par Ludovic Lagarde et Laurent Poitrenaux. Deux beaux mentors pour cette promotion 2008 qui poursuivra l’aventure, cet été, au Festival d’Avignon. Le public entre gratuitement dans le théâtre et je ressens le poids de la fonction : serions-nous jurés pour nous faire un si joli cadeau? Sommes-nous juges et partie ?

La fratrie s’invite ce soir. A chacun d’y trouver la métaphore la plus pertinente: nos frères et s?urs, la troupe de comédiens (et pourquoi pas celle de l’ERAC comme le suggère Ludovic Lagarde dans la note d’intention distribuée à l’entrée), votre équipe de travail ou celle de Raymond Domenech, le gouvernement…Ce soir, ils sont quatre frères, trois s?urs, à se réunir pendant quatre jours et quatre nuits pour faire l’inventaire de leur histoire commune. Toutes les techniques y passent (appel aux esprits autour d’une table, séance de Yoga, chants religieux, hypnose) pour libérer une parole trop longtemps étouffée ; le théâtre fait sous nos yeux ce qu’un thérapeute familial n’oserait peut-être pas entreprendre (quoique) !

Leur histoire semble écrite dans ces piles de livres posées à terre, que chacun soulève, soupèse, feuillette pour y chercher le secret, la phrase-choc d’un souvenir enfoui d’un écho sidérant ! Tous recouverts d’une couverture orange, on ne connaît jamais l’auteur de ces livres, seulement les titres. Ce pourrait être eux, vous, moi. À chaque situation d’étouffement, un évitement, une respiration, une note de musique, une parole décalée, une danse. Les mots percutants et « musicaux » d’Olivier Cadiot trouvent leur prolongement dans un jeu de ping-pong où tous excellent à tomber le masque, emmuré dans leur solitude, prisonnier de cette escalade symétrique qui faiblit rarement.

Mais rapidement, le contexte de l’École nous rattrape. La mise en scène joliment stylisée  guide les acteurs jusqu’à faire peser sur chacun un plafond de verre, une verticalité oppressante. Ils sont sous contrôle et la sensation d’assister à un concours de comédiens conforte l’éclatement de la fratrie. Je me sens éloigné alors que je suis issu d’une fratrie de quatre frères et trois s?urs ! Tout cela résonnerait-il trop pour que je sois touché ? La  longue table où nos protagonistes se passent les livres de l’un à l’autre, tel un travail à la chaîne, ne renforce-t-elle pas la distance ? Cette linéarité, métaphore d’une société industrielle, donne l’impression que « Soeurs et frères » s’étire en longueur. Les comédiens habitent leur personnage, mais peu la fratrie. Le corps est handicapé à l’image de ce frère sur chaise roulante, à défaut d’être le vecteur de ce lien transversal. Là où les Belges auraient transcendé l’individu par le collectif à partir de pratiques artistiques décloisonnées, nos metteurs en scène français n’expriment la souffrance dans le lien groupal qu’en fonction des symptômes de l’individu. Là où l’on aurait aimé un spectacle transdisciplinaire, Lagarde et Poitrenaux empilent les disciplines, jouent sur des effets de style et ne permettent pas de ressentir la fratrie, la troupe de comédiens. C’est ainsi que notre société se donne en spectacle dans son modèle descendant à défaut de jouer l’articulation du transversal et du vertical.

Dès l’École, il faut offrir à nos jeunes comédiens des espaces beaucoup plus élargis pour que leur imaginaire (et finalement le nôtre) puisse se déployer dans une recherche d’un sens global qui nous fait sérieusement défaut à l’aube de la postmodernité.

Pascal Bély – www.festivalier.net


Pour poursuivre la réflexion : « Équipe, frères et s?urs » par Catherine Méhu.

  ?????? ?Soeurs et frères? d’Olivier Cadiot,m ise en scène de Ludovic Lagarde et Laurent Poitrenaux a été joué le 17 juin 2008 à Montévidéo (Marseille).

La troupe sera au Festival d’Avignon du 18 au 24 juillet à 18h à l’Atelier ISTS au Cloître Saint Louis.


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Ludovic Lagarde sur le Tadorne:
Richard III”.