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La crise et le théâtre : l’Argentine explose.

La crise sociale menace. Le PS se clive. La laïcité se fragilise. La démocratie vacille. Pendant ce temps, le théâtre français roupille avec Jean-Louis Benoit et son poussiéreux « De Gaulle en mai ». Le français Jean-Pierre Vincent est bien seul avec son « Silence des communistes », Joël Pommerat peine à nous faire trembler tandis que Stanislas Nordey fait du neuf avec du rance. En attendant, le flamand Guy Cassiers percute avec « Mefisto for Ever » (mais combien de théâtres auront -ils osés ?) et les Japonais s’immergent dans leur société tétanisée (Oriza Hirata, Toshiki Okada).

Quant à l’Argentine, elle exporte sa crise en Europe où débarquent sur scène des familles, à l’articulation du social, de l’économique et du politique. La faillite du pays en 2001 a bouleversé le milieu théâtral. En 2006, je découvrais Ricardo Bartis avec de « Mal en peor » lors du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles. Une famille, menacée de ruine, déterre les secrets comme autant de cadavres. Joué dans une maison, le public n’était qu’à quelques mètres des comédiens. Je me souviens de cette proximité comme d’un étouffement, accentué par le jeu très collectif des acteurs, où les mots mitraillent pendant que les corps souffrent, s’effondrent, se plaquent contre les murs. A l’issue de la représentation, souffle coupé, migraine tenace, je venais de vivre le pire des effets de la crise : perte des valeurs humaines, loi de l’argent et de la jungle, éclatement de l’unité.

Deux années plus tard, une autre famille se déchire avec « Espia a una mujer que se mata » de Daniel Veronese. Joué dans le minuscule Théâtre des Ateliers d’Aix en Provence sur une scène pour lilliputiens, l’étouffement me gagne à nouveau. Même procédé scénographique que Ricardo Bartis : une pièce de la maison familiale sert d’espace concentrationnaire, à l’image de la crise de 2001, où les Argentins ont bien failli disparaître, entraîné par une débâcle politique et morale. Ici, Veronese fait le parallèle avec la crise russe décrite par Tchekhov dans « Oncle Vania ». Si les comédiens sont exceptionnels dans leur engagement, la mise en scène peine à se renouveler : portes qui claquent, rebondissements à la limite du théâtre de boulevard, chaos indescriptible. L’espace toujours occupé permet aux mots d’alimenter des clivages tenaces entre tradition et modernité. On cherche l’air pour respirer un peu. En collant aux processus de crise, Daniel Veronese fait corps avec le propos, masquant trop souvent le jeu implicite entre les acteurs. Comme avec Ricardo Bartis, le public est trop dedans (certains sont même assis sur scène), accentuant un « théâtre réalité » qui répond au besoin du public français d’être touché émotionnellement.

L’Argentine Beatriz Catani a peut-être trouvé un juste équilibre avec «Finales», présentée au KunstenFestivalDesArts en mai 2008. Une descente aux enfers, métaphorisée par une blatte qui agonise sur scène. Nous ne sommes plus en famille, mais entre « amis », sorte de fratrie recomposée où l’on aurait perdu le lien de filiation. Ici, deux heures trente d’une épopée hallucinogène, poétique, chaotique à vous donner le mal de mer, où le réel est abstrait, l’imaginaire la réalité. Entre processus familial et phénomène de groupe, le spectateur a suffisamment d’espace pour repérer ce qui se joue en temps de crise existentielle. Plus à distance, Beatriz Catani se sert de cette blatte comme d’un objet flottant, à la fonction thérapeutique, comme si l’Argentine débordait de mots et de maux.

La blatte argentine n’est pas prête d’effrayer nos auteurs français. Faut dire qu’en matière d’insectes rampants, certaines institutions françaises ont d’excellents répulsifs.

Pascal Bély – www.festivalier.net


?????? Finales”  de Beatriz Catani a été joué le 25 mai 2008 dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.

?????? De mal en peor”  de Ricardo Bartis a été joué en mai 2006 dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.
?????? « Espia a una mujer que se mata 
» de Daniel Veronese a été joué au Théâtre des Ateliers d’Aix en Provence le 22 novembre 2008.



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Avec Eszter Salamon, Montpellier Danse l’hybridité !

En validant mon ticket, un homme me tend un livret, « Six mois, un lieu », à la place de l’habituel prospectus. Le lieu, c’est le Centre Chorégraphique National de Montpellier. Six mois, c’est la durée que se donne Xavier Le Roy (chorégraphe associé pendant deux ans) pour inviter des artistes et stopper momentanément leur « nomadisme ». Il s’agit de prendre le temps de « remettre en question cette vie liquide qui devient la norme de notre société contemporaine, nous poussant à toujours plus de mobilité, de flexibilité, à changer, à produire sans cesse de la nouveauté ». Les cinquante pages qui suivent sont un vrai régal : on y décrit le processus de création à la fois transversal et articulé aux logiques verticales (la durée, le lieu). Ce fascicule contient les germes d’un nouveau paradigme de la création en phase avec les enjeux de notre époque qui requièrent une créativité pour « une pratique d’une éthique d’Open Source où les idées circuleront, se transformeront, de nouvelles idées émergeront en de nombreux endroits (souvent inattendus) ». Dans ce cadre, la chorégraphe hongroise Eszter Salamon présente « Dance ? 1/driftworks », qu’elle interprète avec Christine De Smedt.

Le spectacle est terminé. Elles sont deux, de dos, en sueur, toutes de blanc vêtu. Elles se tournent, nous sourient, s’avancent vers nous. Nous pouvons relâcher, déplier nos jambes, étirer nos bras. De la scène, elles observent nos corps se mettre en mouvement après nous avoir immobilisés pendant plus de soixante minutes. « Dance ? 1/driftworks » est une appellation étonnante pour ce spectacle hybride qui plonge le spectateur dans un étrange système d’interactions où la danse ni conceptuelle, ni narrative, explore un nouveau territoire qui dynamise notre regard critique. Eszter Salamon, surprend le public attentif de Montpellier Danse quand elle ne sidère pas.

Le premier tableau est fulgurant, où le contraste se fait lumière, où deux corps allongés sur le sol noir, l’un au-dessus de l’autre, frétillent tel un spasme, un spermatozoïde. Le mouvement de l’une, se prolonge dans les vibrations de l’autre. Des pieds à la tête, le corps danse, couché. Cette danse de l’imperceptible, de l’infiniment petit dans le corps complexe est belle, envoûtante, englobante. Je ne bouge déjà plus malgré la fatigue. Elles sont habitées par le propos pour se mouvoir ainsi, pour donner au corps cette fluidité prête à se métamorphoser. D’une musique douce naît le chaos qui les fait se lever. Du couché au debout, je pense au travail du chorégraphe Pierre Rigal, avec “Erection“. Je relie.

C’est alors qu’elles sautillent comme des femmes -robot où s’immiscent des mouvements issus du corps social (je revois « Publique » de Mathilde Monnier). On ne peut imaginer l’une sans l’autre, non qu’elle soit dépendante, mais dans une interdépendance : là où l’une se rigidifie, l’autre prolonge, élargit.

De l’intime au sociétal, « Dance ? 1/driftworks » se déploie dans un espace à trois dimensions où le corps est cette masse critique, où l’intrapsychique, l’émotionnel, le duo communiquant, le lien social forment un ensemble profondément relationnel dans cet espace aux frontières mouvantes et imprédictibles, au croisement du virtuel et du réel. Les corps s’articulent et se désarticulent en continu et font émerger des formes hybrides étonnantes où je me ressens propulsé  au carrefour du théâtre, de la danse, du chant, voire du cinéma !   Le corps chante par le cri et fait danser la voix. Entre animalité et humanité, le corps joué par Eszter Salamon est à la fois drôle, émouvant, empathique. La danse m’inclut enfin pour réveiller mon regard sur nos corps endormis par la modernité finissante. Surgit alors de mon imaginaire William Forsythe et sa création présentée lors du Festival Montpellier Danse l’été dernier (« Heterotopia »). Eszter Salamon met en mouvement mes images, mes ressentis, mes visions du corps dansant.

Je suis aussi ce spectateur de Montpellier Danse qui relie l’été et l’hiver. Le printemps s’annonce décidément très ouvert.

Plus que six mois, un lieu.

Pascal Bély
www.festivalier.net


Photo: © Herman Sorgeloos

?????? « Dance ? 1/driftworks »d’Eszter Salamon a été joué le 25 novembre 2008 dans le cadre de la saison Montpellier Danse et des projets “6M1L” du Centre Chorégraphique National de Montpellier. 


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Eszter Salamon sur le Tadorne:

Les femmes éclaireuses d'Eszter Salamon au KunstenFestivalDe
sArts.


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Tg STAN et son cabaret aléatoire.

Cela commence par une blague. Sorte d’entrée en matière décalée pour les cinq Dramuscules de Thomas Bernhard (drames minuscules). Le rideau tombe sur la scène, recouvrant les éléments épars sur le sol, comme pour nous terrasser. Avec le Cabaret tg STAN, le rideau ne s’ouvre pas !  

Avec “”Sauve qui peut” pas mal comme titre”, tg STAN reconsidère la place de l’individu dans la société, à partir d’une alternative : voir ailleurs si tout est mieux, ou bien rester, pour faire face ou pour ne pas réfléchir et tout prendre au pied de la lettre. En plaçant l’action dans un cabaret, lieu où tout est possible, tg STAN prend à contre-pied les écrits de Thomas Bernhard. Les interludes, sorte de coupures de pub, s’immiscent entre les textes. Pas question de se lever pour vaquer à ses occupations, mais plutôt rester assis pour tenter de digérer les mots.

Le rideau métaphorise alors la bassesse d’esprit de tout voir à sa hauteur sans déplacer le contexte. Il illustre de façon cohérente les saynètes qui se succèdent où la haine de l’être humain, jusqu’au déni de l’histoire, interroge le nationalisme et le nazisme.

Toutefois, je me questionne, non sur la pertinence des textes de Thomas Bernhard, mais plutôt sur leur mise en espace qui me tient à distance.  Le traitement des Dramuscules  ne permet pas de relier jeu de scène et texte si bien qu’en ce lieu, au Théâtre d’Arles, je me surprends à fermer les yeux, pour que l’écrit perdure et résonne encore en moi, sans les comédiens et sans les artifices.

N’est-ce pas la vraie force de cette proposition ?

Laurent Bourbousson – www.festivalier.net

?????? “”Sauve qui peut” pas mal comme titre” d’après les Dramuscules de Thomas Bernhard par le tg STAN joué au Théâtre d’Arles les 18 et 19 novmebre 2008.


A lire, une critique plus enthousiaste de Sarah Barreda sur “Clochettes“.

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Les forces motrices de Jeanne Balibar et Boris Charmatz.



Bouleversé. Transpercé. Bousculé. J’applaudis alors qu’une bonne partie du public se lève, sans un regard pour les artistes, maugréant des analyses incompréhensibles. Bienvenue au Théâtre de la Ville, sanctuaire de la danse parisienne, un lieu aussi inamical qu’un congrès du Parti Socialiste.
Avec « la danseuse malade », Jeanne Balibar et Boris Charmatz démontrent ce que l’on omet trop souvent: la danse est un art difficile, engageant, qui déforme, tord, essore, décolle, plie. Distancié de deux rangs seulement, je suis ébloui au sens propre, comme au figuré : rarement la danse ne m’a été évoqué de cette façon, avec autant de sincérité, de fragilité, d’humilité. Sans faire scandale, « la danseuse malade » fait rupture dans le consensus mou actuel qui entoure les spectacles chorégraphiques, où le “public consommateur” se questionne peu sur le processus oubliant que cet art se régénère à partir de sa transdisciplinarité.

Tout commence par une explosion sur la tête. Le corps disparaît presque dans la fumée.
Ça tousse dans la salle.
Déjà.
Un camion blanc avance, téléguidé du plafond par un cordon ombilical. Boris Charmatz et Jeanne Balibard sont au sol, qu’ils décollent comme un plasma ; ils fusionnent puis se séparent. Je ressens une naissance, celle d’une nouvelle représentation du butô, l’une des danses les plus caricaturées qu’il soit. J’y suis. Ils ne me lâcheront jamais : du plasma à mes tripes. Les corps explosent, se liquéfient ; se fluidifient. C’est beau. Impressionnant. Elle se dégage, monte dans le camion. Elle a pris froid ; tout ceci finit par la fragiliser ; elle est enrhumée. Parle du nez. Le corps parle toujours.
Nous voilà partis pour une conférence, où les mots de Tatsumi Hijikata « co-père » du buto, loin du bavardage, traversent le corps de Jeanne, prêt à se briser contre la vitre. Le camion véhicule le corps, mais peut à tout moment l’écraser, nous foncer dessus. Je le suis des yeux alors qu’il arpente la scène, avance, recule, tourne sur lui-même. Il nous éblouit et se fait danse. Les mots buttent, déchirent et le corps se cogne, à se prendre la tête.
Le butô vient du dedans, comprenez-vous ? C’est la danse des mots qui se heurtent au corps. Voyez-vous ?

Ce spectacle me ronge de l’intérieur : il me révèle des émotions nouvelles.
Mes mots butent.
Ces deux-là m’ont trimbalé dans le chaos.
Boris Charmatz a fait danser le théâtre.


Pascal Bély
www.festivalier.net


?
????? “La Danseuse malade”, de et par Jeanne Balibar et Boris Charmatz, a été donné au Théâtre de la Ville du 12 au 15 novembre 2008.
La blogosphére est inspirée: à lire deux regards sur “Un soir ou un autre” et sur “Images de danse
Même ARTE:

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L’ADAMI conjuguerait-elle les talents ?

Iriez-vous dans un jury régional comme spectateur pour participer à la sélection de deux danseurs parmi onze audités dans le cadre d’un concours national, « Talents Danse », organisé par l’ADAMI? Quand la Compagnie Kelemenis, mandatée pour coordonner l’audition à Marseille, m’a contacté, je n’ai pas hésité une seconde : c’est oui ! Il y avait dans cet accord, un désir : évaluer mon regard de spectateur après trois années d’écriture sur le blog et ressentir le contexte de la danse contemporaine, à partir de cette modeste audition. Car « Talents danse » est un concours attrayant : il évalue la posture du danseur-interprète dans son lien avec le chorégraphe.

Le jury, composé de Mireille Guerre (Directrice du Théâtre des Bernardines), Deborah Larry, Santiago Congote (danseurs), Patrick Servius (Chorégraphe) et Nathalie Ducoin (administratrice de la Compagnie Kelemenis) créé rapidement un climat de confiance propice à des échanges argumentés, éloignés du jugement de valeurs (j’aime, je n’aime pas) mais toujours attentif à porter un regard sur le positionnement du danseur. Soucieux de faire un retour à l’issue de la prestation, nous mesurons les enjeux d’un tel concours pour des jeunes interprètes le plus souvent assis sur quelques certitudes, parfois enfermés, mais habités par une énergie créative qui ne tarde pas à nous contaminer. Mais surtout, la danse fédére notre jury, par le consensus pour laisser notre perception individuelle évoluer à mesure de la complexification de nos échanges. Oui, la danse est l’art du fragile, du tissage, de l’articulation entre le conscient et l’inconscient. Communiquer sur le mouvement me guide personnellement vers un langage partagé.

Les candidats envoyés par des écoles paraissent souvent isolés, pris dans un rapport quasi fusionnel avec leurs enseignants (qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à nommer « chorégraphe »). Transgressant la règle du concours (à savoir présenter un extrait d’une ?uvre d’un chorégraphe), ils nous jouent leur création personnelle. L’interview révéle une quasi-ignorance des courants chorégraphiques actuels, ne fréquentant que trop rarement les théâtres. Le syndrome « Star Academy » semble inspirer certaines écoles qui transforment leur centre en château fort coupé du monde. C’est ainsi que j’ai parfois envie de les envoyer tous à Paris pour opérer un déconditionnement, les sortir de cette « folie douce ». Les festivals de danse seraient bien inspirés de se rapprocher de ces écoles pour créer quelques passerelles et ouvrir ce qui n’aurait jamais dû se verrouiller.

D’autres danseurs, s’il maîtrise une belle technique, semblent peu habités par la dimension complexe de l’art chorégraphique. L’?uvre s’impose, comme s’ils ne s’autorisaient pas de la prolonger. Le rapport est tout aussi vertical que celui cité précédemment. C’est inquiétant à l’heure où les jeunes danseurs flamands sont plus affranchis des formes verticales, plus émancipés, donc plus créatifs.

Mais nos deux lauréates sont là, alors qu’une troisième nous fait douter. Fragiles et éclatantes, habitées par leur projet de s’émanciper. Quand l’une s’affirme sur le terrain d’une recherche, l’autre déboule jusqu’à nous « éclabousser de son intégrité », tandis que la troisième est lumineuse dans sa quête d’ouvrir des portes pour créer des ponts, des articulations entre théâtre et danse.

À les voir, on se rêve chorégraphe pour qu’elles interprètent, là, notre désir de vouloir les “faire monter à la capitale“.

Suite le 13 décembre 2008 à Paris à Micadanses.

Pascal Bély
www.festivalier.net


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À l’endroit de l’objet, renversante Clara Le Picard.


Où voir du théâtre ce soir, à Marseille, alors que la plupart ne proposent quasiment rien en cette période de vacances “s©olaires” ? Une librairie « l’Histoire de l’?il » relève le défi. Située dans le quartier de « la plaine », elle donne du relief à cette soirée qui s’avérera bien morne par la suite.

En arrivant, nous sommes une vingtaine à patienter tout en compulsant frénétiquement les livres posées sur les présentoirs. L’objet occupe toute sa place : se nourrir, se remplir, absorber. Toucher, il faut toucher… Rares sont ceux qui ne font rien en attendant l’actrice Clara Le Picard. Puis vient le moment où elle nous invite dans l’arrière-boutique pour un exposé sur l’objet, « un solo pour comédienne, ordinateur et vidéo-projecteur ». Tout est dans le titre. L’objet est en haut de l’affiche pour une conférence de 55 minutes chrono. Habillée comme une petite fille qui aurait grandi trop vite, la voilà qui arpente le minuscule bout de scène qui nous sépare d’elle. La proximité la rend si accessible, son corps paraît si fragile, qu’elle en épouse le propos ! Conférencière-objet, je jubile de la voir jouer cette pantomime où la vidéo est le décor d’une commedia dell’arte. Nous voici spectateur de nos névroses, où l’absurde exerce sa fonction, nous soigner de ce rapport quasi fusionnel avec les objets. L’écriture millimétrée de Clara Le Picard ne souffre d’aucune contestation dans le propos : intelligent et intelligible, cette conférence à l’humour presque british, nous fait oublié le temps de cette échappée que si l’objet peut avoir du sens, c’est toute notre créativité qui lui donne ce supplément d’âme.

Ps: “L’endroit de l’objet” est exclusivement en tournée dans nos appartements ! Pour une conférence chez vous, écouter les modalités ici!

 Pascal Bély – www.festivalier.net


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Si j’étais vous…

« Ceci, il ne faut pas le rater », « Lui, il faut aller le voir », « Là, c’est si génial ». Je bouillonne à l’idée de vous faire partager mes coups de foudre théâtraux pour qu’ils résonnent dans le contexte chaotique de ce mois de novembre.

En finir avec l’ère Bush
Cap sur le Japon avec une ?uvre qui restera un choc esthétique pour longtemps. C’est à Paris, dans le cadre du Festival d’Automne. Lui, c’est Toshiki Okada, jeune metteur en scène découvert à Bruxelles en 2007. Avec « Five days in march » (photo), il signe une mise en scène époustouflante où les mots et les corps se suffisent à eux-mêmes pour mettre en abyme la guerre en Irak et le dés?uvrement d’une jeunesse en quête de valeurs. Comment pourriez-vous passer à côté de ce chef d’?uvre ? C’est au Théâtre2Genevilliers et on y court (du 17 au 22 novembre).
Il vous restera beaucoup d’énergie pour franchir le périphérique et vous rendre au «104» pour la deuxième pièce d’Okada (« Free time ») du 25 au 29 novembre. Ici, recentrage sur la famille japonaise. Elle manque d’air au risque de vous étouffer. Tenez jusqu’au bout, car Okada a du souffle.
Au Théâtre de la Colline à Paris, jusqu’au 27 novembre, « Face au mur », mise en scène d’Hubert Colas sur un texte de Martin Crimp devrait aussi vous réjouir. Des comédiens exceptionnels pour trois textes percutants sur notre époque en fin de cycle. Le final musical d’Arcade Fire prouve, s’il était besoin, qu’Hubert Colas est un metteur en scène sur le coup.

Se questionner sur le pouvoir.
« Le silence des communistes » de Jean-Pierre Vincent devrait faire grand bruit dans trois villes (Blois, Nancy, Belfort). Outre que ces acteurs sont épatants de vérité, le débat qui accompagnera la pièce devrait mettre pas mal d’ambiance. À ne manquer sous aucun prétexte à l’heure où le Parti Socialiste cherche sa voie.
Le débat devrait trouver son prolongement avec « Mefisto For Ever » de Guy Cassiers où un directeur de théâtre « collabore » avec les nazis puis avec les alliés. Spectacle troublant, magnifique qui devrait provoquer des échanges nourris entre acteurs culturels et spectateurs sur le rôle de la culture en ces temps troublés. Alors que l’affaire de la Comédie Française et de la MC93 fait grand bruit, l’?uvre de Guy Cassiers fait du vacarme dans un pays sourdingue (à voir les 7 et 8 novembre à Reims, 13 au 15 novembre au MC2 de Grenoble, 25 et 26 /11 à Martigues)


Oups
envoyé par vlalavouivre

Faire tomber le masque.
« Une île » de François Cervantes sera présentée les 21 et 22 novembre à Gap. Beau spectacle où votre imaginaire pourrait bien divaguer, doucement, à la frontière de la mort et de la folie. La comédienne Catherine Germain y est exceptionnelle.
  “Ne pensez-vous pas que le cerveau est la partie la plus sexy du corps humain ?” demande Jan Fabre dans un dialogue avec le biologiste Edward O. Wilson, “Pourquoi ?” demande le biologiste. “Parce qu’il est le siège de l’imaginaire“. « Oups + Opus » de la Compagnie La Vouivre est l’une des révélations sexy de l’année. Beynes, La Tronche, Grenoble, Rouen accueillent cette pièce hors du commun des mortels.
Plus sexy encore, “Domestic Flight” de la Compagnie La Zouze, tombent les masques au Théâtre des Bernardines de Marseille les 19 et 20 novembre 2008. Le chorégraphe Christophe Haleb signe là un ovni chorégraphique sur le genre qui ne manquera pas de vous trans – former. Le succès du Festival Off d’Avignon.
Vanessa Van Durme a tombé le masque depuis bien longtemps. Le corps c’est toute sa vie ! « Regarde maman, je danse » est une ?uvre sensible, émouvante dans la description minutieuse et ironique du processus de transformation d’un homme en femme. De passage à Gap les 28 et 29 novembre.

Rendez-vous donc en décembre pour refaire le point. Il y aura peut-être de la neige à Noël.

Pascal Bély – www.festivalier.net

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Les enfants de novembre.

« Ceci, il ne faut pas le rater », « Lui, il faut aller le voir », « Là, c’est si génial ». Je bouillonne à l’idée de vous faire partager mes coups de foudre théâtraux pour qu’ils résonnent dans le contexte chaotique de ce mois de novembre.

En finir avec l’ère Bush
Cap sur le Japon avec une ?uvre qui restera un choc esthétique pour longtemps. C’est à Paris, dans le cadre du Festival d’Automne. Lui, c’est Toshiki Okada, jeune metteur en scène découvert à Bruxelles en 2007. Avec « Five days in march » (photo), il signe une mise en scène époustouflante où les mots et les corps se suffisent à eux-mêmes pour mettre en abyme la guerre en Irak et le dés?uvrement d’une jeunesse en quête de valeurs. Comment pourriez-vous passer à côté de ce chef d’?uvre ? C’est au Théâtre2Genevilliers et on y court (du 17 au 22 novembre).
Il vous restera beaucoup d’énergie pour franchir le périphérique et vous rendre au «104» pour la deuxième pièce d’Okada (« Free time ») du 25 au 29 novembre. Ici, recentrage sur la famille japonaise. Elle manque d’air au risque de vous étouffer. Tenez jusqu’au bout, car Okada a du souffle.
Au Théâtre de la Colline à Paris, jusqu’au 27 novembre, « Face au mur », mise en scène d’Hubert Colas sur un texte de Martin Crimp devrait aussi vous réjouir. Des comédiens exceptionnels pour trois textes percutants sur notre époque en fin de cycle. Le final musical d’Arcade Fire prouve, s’il était besoin, qu’Hubert Colas est un metteur en scène sur le coup.

Se questionner sur le pouvoir.
« Le silence des communistes » de Jean-Pierre Vincent devrait faire grand bruit dans trois villes (Blois, Nancy, Belfort). Outre que ces acteurs sont épatants de vérité, le débat qui accompagnera la pièce devrait mettre pas mal d’ambiance. À ne manquer sous aucun prétexte à l’heure où le Parti Socialiste cherche sa voie.
Le débat devrait trouver son prolongement avec « Mefisto For Ever » de Guy Cassiers où un directeur de théâtre « collabore » avec les nazis puis avec les alliés. Spectacle troublant, magnifique qui devrait provoquer des échanges nourris entre acteurs culturels et spectateurs sur le rôle de la culture en ces temps troublés. Alors que l’affaire de la Comédie Française et de la MC93 fait grand bruit, l’?uvre de Guy Cassiers fait du vacarme dans un pays sourdingue (à voir les 7 et 8 novembre à Reims, 13 au 15 novembre au MC2 de Grenoble, 25 et 26 /11 à Martigues)


 

Oups
envoyé par vlalavouivre

Faire tomber le masque.
« Une île » de François Cervantes sera présentée les 21 et 22 novembre à Gap. Beau spectacle où votre imaginaire pourrait bien divaguer, doucement, à la frontière de la mort et de la folie. La comédienne Catherine Germain y est exceptionnelle.
  “Ne pensez-vous pas que le cerveau est la partie la plus sexy du corps humain ?” demande Jan Fabre dans un dialogue avec le biologiste Edward O. Wilson, “Pourquoi ?” demande le biologiste. “Parce qu’il est le siège de l’imaginaire“. « Oups + Opus » de la Compagnie La Vouivre est l’une des révélations sexy de l’année. Beynes, La Tronche, Grenoble, Rouen accueillent cette pièce hors du commun des mortels.
Plus sexy encore, “Domestic Flight” de la Compagnie La Zouze, tombent les masques au Théâtre des Bernardines de Marseille les 19 et 20 novembre 2008. Le chorégraphe Christophe Haleb signe là un ovni chorégraphique sur le genre qui ne manquera pas de vous trans – former. Le succès du Festival Off d’Avignon.
Vanessa Van Durme a tombé le masque depuis bien longtemps. Le corps c’est toute sa vie ! « Regarde maman, je danse » est une ?uvre sensible, émouvante dans la description minutieuse et ironique du processus de transformation d’un homme en femme. De passage à Gap les 28 et 29 novembre.

Rendez-vous donc en décembre pour refaire le point. Il y aura peut-être de la neige à Noël.

Pascal Bély – www.festivalier.net

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En attendant Barack…

1er novembre.
Déjà deux mois et je cherche toujours l’étincelle, le sursaut de créativité, la nouvelle forme, l’événement.
Deux mois et j’aspire à être bousculé, étonné.
Deux mois et j’attends de vous faire partager une émotion, mon engagement pour les artistes.
Deux mois et tout me paraît uniformisé, anesthésié.
Les théâtres et les Scènes Nationales dans la région PACA me semblent ne plus rien avoir à proposer. Les ?uvres assurent la billetterie et rassurent en provoquant le consensus mou. Où est donc passée la prise de risque, la prise de position assumée ? Jamais une rentrée théâtrale ne m’est apparue aussi triste, sentiment accentué par la désertion de la danse de la majorité des programmations.
Alors, je me suis accroché. Au Festival marseillais ACTORAL d’Hubert Colas, l’un des rares metteurs en scène et directeur à assumer quelques prises de risques. J’ai suivi le début des « Rencontres à l’échelle » pour me rassurer qu’il se tramait quelque chose. J’ai fait le voyage jusqu’à Paris pour goûter au théâtre japonais et désirer que le projet de Pascal Rambert pour le Théâtre2Genevilliers puisse un jour s’exporter ici. J’ai rêvé de Marseille, capitale européenne de la culture en …2013
Mais au final, l’ennui. Même mon activité de blogueur m’apparaît bien fade si je la compare à 2007. Je feuillette les programmations et l’envie ne vient pas. Il n’y a pas de projet. Dans un contexte de crise, l’absence de créativité des programmateurs est encore plus visible. Les structures se rassurent comme elles peuvent alors qu’elles se sentent menacées par un pouvoir méprisant. Quant aux spectateurs, nous sommes toujours peu sollicités, sauf quand la menace arrive pour signer des pétitions et alimenter le système en confortant des directeurs « aux pleins pouvoirs ».
Je m’accroche tout en fixant un agenda culturel décidément bien vide. J’écris pour poser un ressenti, tenter de le mettre à distance pour réanimer ma créativité et celle de mes lecteurs , décidément bien silencieux depuis deux mois aussi…

Pascal Bély – www.festivalier.net

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A « TRAMA» musique low-cost contre théâtre de bonne compagnie.

Avec les low cost, les festivals européens se font plus proches tandis que d’autres, en France, nous éloignent, faute de se renouveler et de jouer leur rôle de défricheurs. Cette année, le jeune festival portugais « Trama » de Porto surprend, avec toutefois moins de force qu’auparavant. En effet, si l’édition 2007 avait réussi le subtil maillage entre danse, performance et musique, 2008 a cloisonné ces disciplines. Les concerts de « Shit and Shine », de Philipp Quehenberger et de Ben Frost ont franchement déçu comme si la performance consistait à pousser le son jusqu’aux limites du supportable. Une musique moderne à bout de souffle, dépassée, repliée pour mélomanes autistes. Nous aurions supporté plus d’audace. Il ne fallait pas compter sur un duo californien (Lucky Dragons) pour relever le défi sauf à accepter d’être plongé dans un mouvement hippie sauce « Nature et Découvertes » ! Il nous aura fallu quitter le festival pour apaiser nos sens : l’Orchestre National de Porto jouait à 18h du Wagner dans la magnifique Casa de Musica !
La surprise musicale nous est venue d’Italie, plus précisément de Sicile avec Ernesto Tomasini, accompagné du bassiste Fabrizio Palumbo. Avec sa voix de chanteur d’opéra, ou de rocker ténébreux, c’est une atmosphère tout à la fois lourde (poids des traditions siciliennes ?) et libérée qui nous est restituée. On s’immisce d’autant plus dans cet univers musical que le charisme du chanteur impressionne, droit dans ses bottes et fragile sous une jupe qu’il retourne sur ses épaules, la transformant ainsi en costume militaire ! À écouter un jour en France…

Côté performances, outre le beau défilé de Blanche-Neige orchestré par Catherine Baÿ, Rebekah Rousi a connu des hauts et des bas avec sa lecture marathon d’un Powerpoint. Appréciée au KunstenFestivalDesArts à Bruxelles en mai dernier, elle a dû affronter le premier jour l’amphithéâtre de l’École des Beaux Arts. Ce changement de décor l’a propulsé comme actrice, masquant la performance sous des effets de scène un peu vains. Le lendemain, elle se montra plus à l’aise dans une salle de cours classique, mais face à un public très clairsemé.

« Jerk », mise en scène par Gisèle Vienne à partir d’une nouvelle de Dennis Cooper a séduit le public portugais et d’une façon générale l’ensemble de la critique européenne. Dont acte. Je me suis ennuyé. Joué en anglais (le français a perdu de sa superbe au Portugal !), je suis passé à côté malgré tout le talent du marionnettiste Jonathan Capdevielle. L’univers de Gisèle Vienne (celui des marionnettes), de la pédophilie, de la violence des textes de Cooper ne me touche pas. Comme en 2005 lors du Festival d’Avignon, je ne me reconnais pas dans ce théâtre qui dicte ce que l’on doit introspecter de ses fantasmes. J’ai un problème avec Gisèle Vienne…

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Après Sofia Fitas découverte l’an dernier à Marseille, une autre chorégraphe portugaise surprend.
Tânia Carvaho
promet si l’on en juge par ces trois moments dansés (« Movimentos diferentes, para pessoas diferentes : ?1 Ricardo, ?2 Ramiro, ?3 Bruna »). Trois solos d’une puissance étonnante où le corps fragilisé, tordu, spasmodique dégage la force du modèle face au peintre. Une danse performative, perforante. A suivre en 2009 lors du Festival Uzès Danse.
Porto est en passe de devenir une ligne régulière
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Pascal Bély – www.festivalier.net

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“Trama” sur Le Tadorne:

Pendant “TRAMA”, Porto, ville assiégée.
A Porto, le festival « Trama » laisse des traces.