Pina Bausch / «
Nelkein», “
Le sacre” / Biennale de la danse de Lyon et Monaco Danse Forum
Simon McBurney, «
Shun-Kin», Festival d’Autonme de Paris.
Christoph Marthaler et Anna Viebrock / “
Papperlapapp” / Festival d’Avignon.
David Bobée / «
Hamlet» / Les Subsistances, Lyon.
Pierre Rigal, «
Micro» / Festival d’Avignon.
Il fallait être Suisse-Allemand pour oser métamorphoser la Cour d’Honneur du Palais des Papes et se payer sa(ses) tête(s). “
Papperlapapp” de
Christoph Marthaler et
Anna Viebrock fut décrié, mais je persiste: jamais ce lieu n’a été aussi génialement occupé pour un spectacle qui m’a fait hurlé de rire et frissonner de peur.
À la chapelle des Penitents Blancs d’Avignon, le chorégraphe
Pierre Rigal a lui aussi transformé le site en salle de concert! Avec son groupe, il s’est autorisé dans «
Micro» toutes les audaces pour que son rock chorégraphié soit une révolution.
Il est allemand et probablement africain. Il nous a quittés à la fin de l’été. Avec «
Via Intolleranza II»,
Christoph Schlingensief a osé occuper la scène du KVS-BOL à Bruxelles pour y donner un opéra germano-africain totalement fou pour en appeler à la raison: l’Afrique n’est pas à vendre, mais elle peut nous accueillir.
Personne ne peut la caser et c’est sa chance.
Gisèle Vienne a créé une forêt sur scène pour nous embrumer jusqu’à soulever l’humus posé sur des corps violentés. «
This is how you will disappear” restera pour longtemps une très belle oeuvre théâtrale, chorégraphique et musicale.
Allait-il oser toucher à «
Hamlet» ? Le jeune metteur en scène
David Bobée a créé l’événement de la rentrée dernière en proposant une mise en scène branchée avec des acteurs sensibles pour comprendre la folie du pouvoir. Efficace par les temps qui courent. D’autant plus qu’au cours de l’été,
Olivier Cadiot et
Ludovic Lagarde avec «
Un nid pour quoi faire» nous avaient déjà conté l’histoire d’un roi fou barricadé dans un décor de chalet de montagne. Cette allégorie du système sarkozyste et berlusconien fut spectaculaire, car inattendu dans un paysage théâtral français bien mou à l’égard du pouvoir en place.
Avec son majestueux théâtre de marionnettes, Grégoire Calliés dans «La petite Odyssée” a convoqué petits et grands pour nous entraîner dans la folle histoire des idées où les innovations, l’art et les conflits s’enchevêtrent à partir d’une mise en scène et de décors qui ont mobilisé tout notre «sensible disponible. Notre petit roi n’y fut même pas évoqué…
Encore une histoire de roi et de reine avec «
Bérénice d’après Bérénice de Racine» mis en scène par
Gwenaël Morin. Le spectacle, c’est lorsque la langue de Racine se pare des beaux atouts de la modernité: le texte s’envole, se débarrasse de ses oripeaux et nous fait peuple de Rome et de Palestine, garant de la raison d’État et protecteur de l’amour d’un roi pour sa reine! Entre le théâtre de Grégoire Calliés et celui de Gwenaël Morin, il y a eu
Simon McBurney. Dans «
Shun-Kin», le corps amoureux prend le pouvoir sur la douleur du monde, sur la lente déflagration de nos sociétés individualistes.Un spectacle si beau que l’on aurait pu fermer les yeux.
Et puis, en 2010, il y a eu
Pina Bausch. Il a fallu en faire des kilomètres pour la voir à Lyon («
Nelkein») puis à Monaco («
le sacre»). Deux oeuvres majeures où la scène parsemée d’oeillets ou de terre a vu les corps se fracasser d’amour. La danse de Pina Bausch a laissé ses empreintes.
C’est spectaculaire, croyez-moi.