Le Théâtre des Bernardines convie le public marseillais pour cinq représentations. « Cinq », la nouvelle chorégraphie de Geneviève Sorin est en haut de l'affiche. Quatre soli et un quartet final sont accompagnés par cinq morceaux d'accordéons joués par la chorégraphe en personne. Ce chiffre décliné à l'infini est un repère pour s'accrocher et ne pas sombrer. Je compte les plans-séquences, je cherche le moment de poésie qui va me propulser au-delà de ces solos sautillants, qui finissent par tourner sur eux-mêmes, comme des vieux manèges où les enfants décident de descendre, car le « pompon n'est jamais pour eux ». Tout n'est qu'anodin et cela use ma corde sensible : il n'y a dans ce quotidien routinier rien que la danse puisse apporter. Même quand les mots viennent à son secours, les corps brassent et lassent. Il est loin le temps où je m'ennuyais au théâtre. Ce n'est pas une sensation désagréable (on pense à tout et pour rien), on flotte sans vraiment couler, on scrute un détail (les touches de l'accordéon) puis on se laisse distraire par le portable lumineux de la voisine.
Ils passent ici et là et lassent. Où sont donc ces danseurs pour être à ce point absents ? Sont-ils happés par l'accordéon qui les essouffle à mesure qu'ils s'écartent et se replient. Ils sont cinq dans leur bulle ; il pourrait y neiger et nous chercherions à la secouer pour que cela soit joli. On y verrait bien débouler quelques danseurs et chorégraphes émergents de la scène marseillaise qui transformeraient la neige en pluie pour nous éclabousser comme nous le faisions enfant, juste pour faire sale et emmerder le monde.
Pascal Bély
www.festivalier.net
?????? « Cinq» de Geneviève Sorin a été joué le 12 janvier 2008 au Théâtre des Bernardines à Marseille.
Crédit photo: Eric Boudet
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