Le choc. Indescriptible. Magnifique. A voir, revoir, pour ne rien laisser passer de ces sept acteurs ? danseurs. S'approcher d'eux pour ne plus les perdre de vue, de Bruxelles à Aix en Provence. Programmateurs de tous les pays, unissez-vous et faites tourner Toshiki Okada et sa création « Five Days in March ». Parce que nous avons tous besoin de l'art pour saisir le sens de plus petit geste, de la plus infime expression collective de l'humain. Ils sont sept jeunes Japonais à nous raconter leur manifestation contre la guerre en Irak en mars 2003, prétexte pour nous immerger dans leur vie sexuelle et affective. À chaque mot, à chaque phrase correspondent un signe, une posture, un mouvement du bras, un sautillement du pied. Avec Toshiki Okada, le corps parle et c'est loin d'être un jeu de mots. C'est un jeu humain qui vous prend par tous les sens et qui déplace votre regard sur cette jeunesse déboussolée. Elle met tout au même niveau, de la guerre en Irak à la drague la plus élémentaire. La force de cette ?uvre c'est de ne jamais juger, mais de nous aider à comprendre, à les ressentir. Mais surtout, on se surprend à se regarder les observer, non comme des êtres curieux, mais comme nos contemporains d'un monde globalisé dont nous serions un maillon. La «chorégraphie théâtrale » de Toshiki Okada est un puissant regard sur la perte des anciennes idéologies structurantes au profit d'un pacifisme « émotionnel ».
À l'issue de cinquante minutes prodigieuses, le spectacle fait une pause. Je dois partir, l'?uvre d'Alvis Hermanis va débuter dans un autre théâtre de Bruxelles (bravo à l'organisation du Festival pour cette coordination malheureuse). La deuxième partie est donc une inconnue ; j'ai un goût d'inachevé.
Le délicieux goût des autres.
Pascal Bély
www.festivalier.net
?????? “Five Days in March” a été joué le 19 mai 2007 au Kaaitheater Studio dans le cadre du KunstenFestivalDesArts de Bruxelles.
Crédit Photo: Michèle Rossignol.