Revoilà donc nos amis belges avec « In the wind of time » d'Isabella Soupart. Le KunstenFestivalDesArts de Bruxelles a produit ce spectacle qui, après coup, pourrait se révéler être l'une des rares pépites de ces Hivernales.
Ils sont six sur scène, dans un décor qui navigue entre un appartement moderne, une galerie d'art et le hall d'un centre commercial branché. Six à se chercher pour entrer en communication, quoiqu'il en coûte. Ils parlent l'anglais, l'italien, le français. Ce mélange des langues procure une belle musique sans pour autant donner une symphonie européenne. Dans cet environnement marchandisé, nos protagonistes ont de réelles difficultés de communication accentuées par un monde du travail toujours plus productiviste, par une société du marketing qui réduit le lien à la forme. Isabella Soupart traduit ce contexte avec brio.
La danse des hommes est inspirée du Kalaripayatt, technique d'autodéfense adoucie par leurs stratégies maladroites. Leurs mouvements décodent leurs désirs implicites et le décalage entre les positionnements défensifs et leurs paroles amuse. Si les hommes semblent garder la maîtrise du jeu, les femmes expriment leur magnifique féminité par les émotions et leurs capacités à aller d'un bout à l'autre de la scène avec fluidité et grâce !
Pour ouvrir la communication, Isabella Soupart parsème des fragments de dialogues d'?uvres littéraires et cinématographiques (Fellini, Giacometti, Thomas Mann,?), agrandit la scène vers d'autres espaces par la vidéo (où l'enfermement se substitue à la découverte, à l'audace, à la relation amoureuse). Mais surtout, Isabella Soupart fait de son plateau une fresque où les corps deviennent modèle pour artiste peintre ou personnage d'un film de Fellini.
Malgré tout, si je ressens de l'inventivité dans la mise en scène, le propos me paraît peu innovant. À cet environnement marchandisé et productiviste, elle donne peu de clefs pour changer la communication autrement qu'en déplaçant la forme du lien vers l'art. Certes, c'est en soi un joli recadrage, mais ce n'est pas suffisant pour faire d'« In the wind of time » une ?uvre de son temps. Quel étrange paradoxe et quelle prouesse d'avoir pu l'approcher alors que la programmation de ce festival n'est pas à « la prise de tête » !
?????? “In the wind of time” d’Isabella Soupart a été joué le 26 février 2007 dans le cadre du Festival “Les Hivernales” d’Avignon.
A lire la critique de sa dernière création présentée au KunstenFestivalDesArts de Bruxelles le 16 mai 2007, “K.O.D. (Kiss of Death)“