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EN COURS DE REFORMATAGE

Matrikis d’Abou Lagraa: je me souviens.

Je me pince pour vérifier que je n’ai pas rêvé. Je scrute autour de moi pour me rassurer. Certaines femmes dans le public sont médusées. Je suis au Théâtre des Salins de Martigues pour « Matri(k)is » du chorégraphe et « scénographe » Abou Lagraa et je n’en reviens toujours pas. Comment est-ce possible ? Où suis-je pour voir une œuvre aussi…les mots me manquent.
Tout commence par un duo d’hommes et une femme qui les observe (métaphorisée par une vidéo projetée sur des voiles suspendues). Ils sont jumeaux et baignent dans un univers aquatique. Ils gesticulent, se cherchent, s’éloignent, se rapprochent, s’enlacent, …Rien. Le vide. Beaux corps luisants. Je m’endors.
Pause de dix minutes pour retrouver mes esprits.
Elles sont huit. Un octet. Une ode à la femme. Pute, soumise, idiote, avec capuche ou sans (c’est au choix). Une scène pour la danse de l’ « octet » (sic), un lit penché pour la « catin », des envolées pour la « féminité », des désarticulations pour le côté « danse contemporaine », des murmures pour des potins tellement féminins. Elles gesticulent, se cherchent, s’éloignent, se rapprochent, s’enlacent…Je bouillonne. Où suis-je ? Dans quel pays ? Où est la femme ? Celle que fait danser avec tant de forces Michel Kéleménis ? Celle que magnifie Russell Maliphant dans «Pusch» ? Celle qui résiste avec Héla Fatoumi dans «Wasla» ? Celle qui combat dans «K 626» d’Emmanuel Gat ? Celle qui vous enveloppe dans « Jeux d’intention » de Raphaëlle Delaunay ? Celles qui vous déshabillent dans « Belladonne » ? Ne cherchez pas, Abou Lagraa ne connaît que la femme des clichés, celle qui ne peut rien changer, rien complexifier et surtout pas les mouvements de son corps. Elle est enfermée dans des gestes tellement linéaires qu’on a envie de hurler pour la libérer.
Femme, je vous aime.

♥ "Matri(k)is" d’Abou Lagraa a été joué au Théâtre des Salins de Martigues les 1" et 14 février 2007.