La première partie de la journée passée en Arles lors des Rencontres Photographiques restera dans nos mémoires grâce au magnifique travail de Béatrice Helg. L'après-midi nous réserve d'autres moments tout aussi saisissants? Nous partons pour la Banque de France ! Cette vénérable institution a eu l'excellente idée de prêter un appartement de fonction (vide) pour la circonstance. En entrant, le choc ! Les pièces sont vides, comme abandonnées. La photographe Sophie Ristelhueber avec « Eleven Blowups » a collé sur les murs des clichés de guerre pris au Liban, en Irak, en Syrie, au Turkménistan. À partir de montages, elle nous offre des vues de trous d'obus dans le tarmac, dans la terre, comme des tombeaux ouverts?Je suis troublé d'être à la fois dans cet appartement et de recevoir ces clichés si loin de moi. Je suis dans une posture du dedans ? dehors. Saisissant.
Cette posture est au centre du travail de Susan Meiselas avec «Recadrer l'histoire» présenté aux anciens ateliers d'entretien de la SNCF. Elle a pris des photos au Nicaragua en 1978 lors de l'insurrection populaire contre le dictateur Somaza. En 2004, elle réalisa des agrandissements de dix-neuf clichés et partit les installer près des lieux où elle les avait pris. Une caméra est là pour filmer la réaction des passants qui sont à la fois dans l'histoire et hors d'elle. La parole des habitants sert de bande-son. C'est magnifique parce que le travail de l'artiste est remis en mouvement : l'histoire n'est pas figée comme elle le serait dans un livre, mais elle s'inscrit dans un processus continu. Là où le film n'apportait rien avec Sarah Moon dans son installation à la Chapelle Saint-Martin du Méjan, ici, il permet aux photos de Susan Meiselas de s'inscrire dans un autre contexte en leur donnant une fonction quasi thérapeutique : l'installation libère les regards, la parole et fait bouger les corps. Susan Meiselas redonne aux habitants une partie de leur histoire. Beau travail.
Justement, David Golblatt, photographe sud-africain est là pour nous rappeler que l'apartheid fait partie de notre histoire. À l'Église Sainte-Anne, ses photos d'hier et d'aujourd'hui de l'Afrique du Sud sont troublantes : que savais-je finalement de l'apartheid ? La force de cette exposition est de m'éclairer sur ce processus d'exclusion qui s'est mis en ?uvre patiemment au cours des années. Plus j'avance en parcourant les murs de l'église, plus les photos se clivent inéluctablement entre le noir et le blanc. Mais au centre, une pièce fortement lumineuse nous permet de découvrir l'Afrique du Sud d'aujourd'hui : hommage aux fonctionnaires communaux noirs, villes en reconstruction, mais un autre apartheid émerge, beaucoup plus souterrain. David Golblatt semble nous alerter que cliver une société est un processus lui aussi mondialisé.
Quelques photographes français se penchent sur l'histoire contemporaine de notre pays. Julien Chapsal avec« Harkis à vie ? » propose une série de portrait d'harkis accompagnés d'une bande-son au ton revendicatif. J'ai du mal à m'arrêter comme si cette interpellation me culpabilisait. Les paroles individualisées donnent à cette exposition un aspect communautaire qui isole. Julien Chapsal n'ouvre pas, mais enferme ces paroles dans un jeu sans fin qui alimente le projet politique communautariste de l’UMP.
Raphaël Dallaporta et Ondine Millot avec « Esclavage domestique » ont pris le parti artistique de photographier en France des immeubles et des maisons, où ont séjourné des personnes réduites à la fonction d'esclave. À côté de chaque photo, un long texte présente la situation. Cette installation me positionne en dehors alors que cela se passe à côté de chez moi. La photo est prisonnière du texte alors qu'elle aurait pu s'en libérer. La photo ne transcende rien : elle reproduit les processus qu'elle dénonce. Rageant.
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Cette posture est au centre du travail de Susan Meiselas avec «Recadrer l'histoire» présenté aux anciens ateliers d'entretien de la SNCF. Elle a pris des photos au Nicaragua en 1978 lors de l'insurrection populaire contre le dictateur Somaza. En 2004, elle réalisa des agrandissements de dix-neuf clichés et partit les installer près des lieux où elle les avait pris. Une caméra est là pour filmer la réaction des passants qui sont à la fois dans l'histoire et hors d'elle. La parole des habitants sert de bande-son. C'est magnifique parce que le travail de l'artiste est remis en mouvement : l'histoire n'est pas figée comme elle le serait dans un livre, mais elle s'inscrit dans un processus continu. Là où le film n'apportait rien avec Sarah Moon dans son installation à la Chapelle Saint-Martin du Méjan, ici, il permet aux photos de Susan Meiselas de s'inscrire dans un autre contexte en leur donnant une fonction quasi thérapeutique : l'installation libère les regards, la parole et fait bouger les corps. Susan Meiselas redonne aux habitants une partie de leur histoire. Beau travail.
Justement, David Golblatt, photographe sud-africain est là pour nous rappeler que l'apartheid fait partie de notre histoire. À l'Église Sainte-Anne, ses photos d'hier et d'aujourd'hui de l'Afrique du Sud sont troublantes : que savais-je finalement de l'apartheid ? La force de cette exposition est de m'éclairer sur ce processus d'exclusion qui s'est mis en ?uvre patiemment au cours des années. Plus j'avance en parcourant les murs de l'église, plus les photos se clivent inéluctablement entre le noir et le blanc. Mais au centre, une pièce fortement lumineuse nous permet de découvrir l'Afrique du Sud d'aujourd'hui : hommage aux fonctionnaires communaux noirs, villes en reconstruction, mais un autre apartheid émerge, beaucoup plus souterrain. David Golblatt semble nous alerter que cliver une société est un processus lui aussi mondialisé.
Quelques photographes français se penchent sur l'histoire contemporaine de notre pays. Julien Chapsal avec« Harkis à vie ? » propose une série de portrait d'harkis accompagnés d'une bande-son au ton revendicatif. J'ai du mal à m'arrêter comme si cette interpellation me culpabilisait. Les paroles individualisées donnent à cette exposition un aspect communautaire qui isole. Julien Chapsal n'ouvre pas, mais enferme ces paroles dans un jeu sans fin qui alimente le projet politique communautariste de l’UMP.
Raphaël Dallaporta et Ondine Millot avec « Esclavage domestique » ont pris le parti artistique de photographier en France des immeubles et des maisons, où ont séjourné des personnes réduites à la fonction d'esclave. À côté de chaque photo, un long texte présente la situation. Cette installation me positionne en dehors alors que cela se passe à côté de chez moi. La photo est prisonnière du texte alors qu'elle aurait pu s'en libérer. La photo ne transcende rien : elle reproduit les processus qu'elle dénonce. Rageant.
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