Le Festival de Marseille, installé au Parc Henri Fabre, donne l’impression d’un camp retranché dans ce quartier chic. En effet, depuis l’an dernier, la Vieille Charité au coeur du Vieux Panier, n’est plus son lieu névralgique. Ce transfert a certes permis au Festival de se rapprocher symboliquement du Ballet National de Marseille dont le bâtiment jouxte le parc. Pour le reste, ce lieu confirme une tendance lourde depuis onze ans : le festival se coupe de la ville, privilégie la classe bourgeoise et les salariés des entreprises. L’observation du Parc, lors de deux soirées, est riche d’enseignements.
Juste après, sur la droite, trône l’accueil du Festival. De jolies hôtesses attendent comme lors d’un défilé de mode pour maison de haute couture. À l’heure où les institutions culturelles subissent la baisse des subventions, leur grand nombre contraste.
Sur ma droite, un restaurant installé provisoirement. Point d’étudiant (les prix sont élevés) mais plutôt une classe moyenne aisée. Il leur faut du courage pour supporter la longue file d’attente quand vient l’heure de payer.
Tout près, un jardin éphémère. Comme le fait remarquer un spectateur : « c’est le seul jardin que je connaisse où il n’y a rien à bouffer ». Certes, mais la question n’est peut-être pas là. Pourquoi un jardin aussi laid ?


Je pourrais évoquer ce public…majoritairement blanc alors que la ville de Marseille est de toutes les couleurs. Comment ne pas s’étonner de voir les salariés de ces entreprises suivre le match de foot sur leur téléphone portable pendant la si belle chorégraphie d’Emmanuel Gat. Dois-je évoquer les commentaires entendus lors de cette soirée à la fin du spectacle ? Pour « Métapolis II » le contraste est encore plus saisissant : la classe bourgeoise et politique aux premiers rangs, de prés le public d’entreprise, puis en hauteur et sur les marches le public des habitués et les moins fortunés.
À ma connaissance, Le Festival de Marseille est le seul, qui sépare autant les publics. Il y a comme un paradoxe à se réclamer « manifestation pluridisciplinaire » et faire en sorte que les publics ne se mixtent pas. Il y a comme un malaise à utiliser la culture comme produit d’appel auprès des entreprises alors que la mission de Service Public exigerait une ouverture vers la population de Marseille par des propositions artistiques plus en lien avec cette ville cosmopolite.
Au final, le Festival de Marseille ne peut accompagner dans la durée le public vers des œuvres pluridisciplinaires à l’instar d’Avignon, de Montpellier Danse ou du KunstenFestivaldesArts de Bruxelles. Pour cela, il faut une autre vision de la société. Une autre culture du lien. Crédit photo: © Gérard Ceccaldi et Aurélie Martin.
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